Citations de Léonor de Recondo (1065)
- Mais, pourquoi tu ne m'en as jamais parlé ?
- Parce que c'était impossible, parce que j'ai honte.
Laurent est fasciné par sa collègue. À l'intérieur, je suis comme elle, j'en suis certain. D'ailleurs nous sommes toujours d'accord. Estelle s'étonne souvent de leur complicité. Elle lui dis, lors de leurs longues conversations du midi, que, si tous les hommes étaient comme lui, sa vie serait bien plus simple.
Aucune importance. Elle la mange debout dans la cuisine, perchée sur ses talons, en se demandant si son regard est différent de celui de Laurent. Non, il ne l'est pas. Ils sont une. Une seule et même personne, un même passé, juste un corps qui n'est pas le bon.
Être un homme signifiait, entre autres, aimer le foot. Mais l'expérience, qui devait être fantastique, s'était avérée pour lui désastreuse. Ce sport s'imposait dans la famille comme l'apothéose de la masculinité. Il n'avait jamais éprouvé aucun plaisir à courir après le ballon rond.
Le petit reste contre la poitrine de Céleste, dans le délice de cette sensation nouvelle, de ce corps offert à l'infini. Ils se tiennent ainsi tous les trois, les corps battants, les cœurs à l'arrêt, s'engouffrant sans hésitation dans ce monde glissant, fiévreux, exaltant, de l'amour.
Le destin l'ébranle à l'hiver de ses jours, alors qu'il pensait se reposer tranquillement sur les quelques lauriers qu'il avait patiemment amassés.
Il se sent bien, il adore raconter à ses frères les histoires de Cranof,modeler les personnages et leurs vies à sa guise, être le maître absolu de la réalité.Il le vit comme une modeste revanche , une juste vengeance, se dit-il parfois, sur l'exil qu'ils subissent.
"Le vent, après avoir traversé le fleuve
Et emporté nos souvenirs de là-bas,
Se pose un instant sur leurs paupières closes."
Epoustouflant, on entre très vite au coeur de l'histoire, les sentiments sont exprimés très justement, profondément. C'est magnifique.
Victoire, en aimant chaque nuit Céleste, en étant aimée d'elle si follement, commence à chérir ce corps qu'elle croyait inutile. Elle ose se regarder nue, et il se révèle à elle. Elle n'a plus peur de cette image jadis morcelée. Elle devient une. L'amour lui a soudain donné une identité propre. Jusque là, elle n'avait fait que se mouvoir à tâtons, aveugle aux autres et à elle-même. Céleste, en la caressant, a défini les frontières de son corps. Elle les a modelées, pétries, chéries, embrassées, léchées, lui indiquant l'infime espace entre elle et le monde.
De la vie on ne garde que quelques étreintes fugaces et la lumière d'un paysage.
Céleste réalise , tout à coup , que l'enfant se meurt
Il a pris la nourriture qu'on lui offrait il s'est reposé comme il devait, mais l'amour était absent, et aucun lait ne le remplace.
Il est seul perdu dans ce monde nouveau.
L'enfant ressent tout .
Il a crié , il a réclamé, et pourtant rien n'est venu.
Aucune main , aucun sein , aucune peau pour le réconforter.
Deux semaines exactement pour se laisser convaincre de ne pas grandir , de se laisser mourir .
Céleste soudain comprend page 126 .
Les femmes vivent dans un monde si étrange, si peu compréhensible. Toujours changeant. Il se perd a tenter de la suivre.
Il est là, au milieu des autres, tous attirés par les sirènes du travail, et peu importe que ce soit pour relancer la machine de guerre. Peu importe que ce soit à la gloire de la haine, de la poudre et des armes, peu importe que cette même poudre vienne pulvériser les battements de cœur ami, d'un frère, d'eux mêmes, le plus important est de survivre aujourd'hui.
L'espoir surgit sur des chemins insoupçonnés...moi qui pensait ne pas être attaché aux choses matérielles, me voici bouleversée à la vue d'un carton rempli d'habits mal pliés.
Les réponses sont en toi et si tu ne les trouves pas, c'est qu'elles n'y sont pas. On ne peut rien les uns pour les autres. Rien. D'accord ?
Elle n'a jamais vu de femme nue auparavant. Sa mère, jusqu'à son mariage, lui avait interdit d'avoir une glace. Elle n'avait, pour sa toilette, que l'usage d'un petit miroir accroché au mur, certes doré et de jolie facture, mais qui ne reflétait d'elle que son visage.
Pourquoi nous a-t-on tant menti durant notre enfance ? Sur la vie conjugale, sur tout ce qui est censé faire le bonheur d'une femme ?
(P200)
"D'abord, je n'ai pas besoin d'aide. Ensuite, tu n'as qu'à m'observer et si tu ne comprends pas, ne me demande pas. Les réponses sont en toi et si tu ne les trouves pas, c'est qu'elles n'y sont pas. On ne peut rien les uns pour les autres. Rien. D'accord ? Alors surtout n'espère pas apprendre quoi que ce soit de moi. Je tolère ta présence, c'est tout. Est-ce clair ?"
Marco bredouille :
"Mais j'ai fait tout ce voyage pour suivre votre enseignement...
- Ne me dérange pas et vole tout ce que tu peux.
- Comment ça "vole" ?
- C'est bien ce que je craignais, tu ne comprends pas..."
Il maltraite l’air de coups de pied. A force de gesticuler il tombe parterre en s’esclaffant. Sa joie est si fraîche, si spontanée, que Michel-Angelo ne peut s’empêcher de la partager.
Soudain, il oublie le prêtre et Marco, Pietro et son poing qui l’a défiguré ; la laideur dont il se sent depuis affublé et qu’il porte comme un fardeau.
Sa colère s’éteint à son insu.
Frère Guido, serviteur de Dieu,
Comment peuvent cohabiter en moi les certitudes d'être à la fois génial et misérable?