Une nuit, La Régente reconnut dans ce souterrain les catacombes, d’après les descriptions romantiques de Chateaubriand et de Wiseman ; mais au lieu de vierges vêtues de blanches tuniques, elle voyait errer, dans ces galeries humides, étroites et basses, des larves dégoûtantes, décharnées, revêtues de chasubles d’or, de chapes et de manteaux de prêtres qui, au contact, étaient comme des ailes de chauves-souris. Ana courait, courait à perdre haleine sans pouvoir avancer, à la recherche de l’ouverture étroite, préférant y déchirer ses chairs plutôt que de supporter la puanteur et le contact de ces masques repoussants...
Comme un lion dans sa cage le diable baillait sur son trône. J’ai d’ailleurs observé que tous les puissants, sur la terre comme au ciel et même en enfer, sont très attachés à l’appareil majestueux et solennel de leurs prérogatives, sans doute parce que la vanité est une faiblesse naturelle et surnaturelle, du vent dont se gonflent les mondes d’ici et d’ailleurs et il se peut même qu’elle les fasse tourner et les gouverne. Le diable baillait par faim des espiégleries dont il se trouvait alors privé car c’était la Semaine Sainte.
Tout comme le comédien meurt d’ininition à cette époque de l’année, le diable se consumait d’ennui et ingéniosités de ses courtisans ne suffisaient pas à distraire son esprit qui se trouvait triste et abattu faute de crapuleries, d’infamies et austres prouesses de son goût.
Ana, immobile, avait vu sortir le Magistral (...) "Ce chanoine était amoureux d'elle! " Oui, amoureux comme un homme et non d'un amour mystique, idéal, séraphique comme elle se l'était imaginé. Il était jaloux, mort de jalousie...Le Magistral n'était pas le grand frère spirituel, c'était un homme qui, sous sa soutane, dissimulait passion, amour, jalousie, colère. Elle était aimée d'un chanoine! Ana frissonna comme au contact d'un corps visqueux. (...) Ana se rappelait les paroles de son père: " Le clergé corrompait les consciences, les prêtres étaient comme tout le monde, le célibat ecclésiastique n'était qu'un masque."
Comment s'étonner dès lors, après cette dénonciation des mœurs cléricales, qu'il ait été cloué au pilori par l'église et les conservateurs les plus réactionnaires, à une époque dominée par un catholicisme intransigeant.
Un roman un peu long à démarrer. Une fois qu'on a réussi à rentrer dedans, il devient passionnant et on enrage presque de ne pas avoir le tome 2 sous la main !
Le récit se révèle au final bien construit et sait ménager le suspens pour le tome 2.
"De tal palo, tal astilla" ce qui signifie telle mère, telle fille