Leticia Joguin-Rouxelle

Je ne veux plus jamais retourné là-bas. Je me sens tellement ivre de liberté ! C'est bon de sentir le soleil glisser sur ma peau. De ne plus avoir d'ordre, de pouvoir, faire ce qu'il me plaît... Pourtant cette nouveauté m'apporte un sentiment étrange... Je suis inquiète parce que ma vie était une routine calculé alors que cette affranchissement est imprévisible.

Je pense. Je ne suis plus le matricule 160325. Je suis Marnie, un être humain doué de facultés extraordinaire mais je ne suis pas le monstre qu'ils ont essayés de me faire croire.

Alors que je me réveille vers dix heures avec si peu de sommeil, la première chose qui me vient à l'esprit c'est Elle.
Elle n'est pas connectée, mais j'ai besoin de lui souhaiter une bonne journée, j'ai besoin de penser qu'elle aura ce sourire sur le visage par ma faute et uniquement, la mienne. Et je termine par ce mot, encore, comme s'il était une évidence à employer avec elle... Princesse...
Elle me fait penser à ces souveraines des temps anciens, avec leurs diadèmes sur la tête, le genre de femme qui lorsqu'elle rentre dans une pièce, toute l'attention se concentre sur elle.
Le genre de femme qu'il est impossible d'oublier.
Le genre de femme qui n'aurait pas dû croiser ma route.
Et pourtant, pourtant c'est plus fort que moi, j'ai ce besoin insatiable de lui parler, de lui écrire, de se raconter nos vies, de se raconter se qu'on est.
Avec elle je ne porte pas de masque , je n'en ai pas envie et je me sens tellement léger.
C'est comme si toutes les turpitudes de mon existence m'importent peu quand je suis avec elle, même si elle n'est là que virtuellement...

Je mange Grace, je dors Grace... Je vis ses mots et je sens les miens résonner en elle.
On se découvre, on se cherchent comme deux adolescents qui s'éveillent. Non, qui se réveillent.
Elle m'a réveillé, elle m'a donné quelque chose d'unique et je cherche encore ce que c'est.
Mais, je veux prendre mon temps avec elle, je ne veux pas qu'elle s'enfuit et pour une fois je n'ai pas envie de partir non plus.
J'ai ce sentiment de la connaître depuis toujours, rien de ce qu'elle dit n'est stupide ou bizarre, peut-être parce que tout me paraît normal et naturel avec elle.

Hey Lilian! Putain reprends-toi!
Revois-la, saute la et après on verra...

Mais chaque discussion finit irrémédiablement par la même chose : elle m'attire viscéralement, bien que je ne l'aie vue qu'une seule fois et je commence à la désirer plus que je ne l'aurais imaginé.
Je coupe court à notre conversation amicale, banale et romantique.
J'en veux plus

« Ut emergit lux dat occulta tenebrarum. Quot facit, ut eam ostium in abscondito. »

( Que la lumière permette à ce qui est caché de surgir de l’ombre. Qu’elle crée une porte

lui permettant de sortir sans être vue.)

Une lumière rouge vive émana de la feuille de chêne en or massif. C’était ses rubis incrustés qui la faisait briller si intensément.

Le bijou se met à vibrer, habité par une sorte de foce invisible si bien que bientôt Mathilde

n’arriva plus à contrôler sa force.

La feuille de chêne flottait dans l’air et irradiait la pièce de cette lumière incandescente.

Là, à cet instant précis, Mathilde la vit. Recroquevillée dans un coin de la pièce.

Comme prostrée.

Et sur ce lit, cette Taïla qui semblait dormir.

Tout était vrai..

Mathilde se félicita intérieurement de ne pas avoir été raisonnable, pour une fois
dans sa vie.

Note à moi-même : ne pas écouter ses fichues hormones.

Ne pas tomber amoureuse. Je ne sais plus quoi faire, je suis paumée. Ce n'est vraiment pas le moment. Pas du tout même.

Je sens encore la morsure de ses mains sur mon corps, ma peau le réclame entièrement en moi. Comment j'ai pu un seul instant imaginer que je pouvais aimer quelqu'un d'autre que lui?

Et comment faire pour avoir le droit de ressentir tout ça en plein jour, sans se cacher?

Je ne veux plus jamais être dans l'ombre, dans la promiscuité et la misère. Je veux avoir cette part de bonheur et de soleil qui incombe à tout à chacun.

Si vivre se résumé à ça, je n'en veux pas. Je veux tout.

Parce que j'y ai le droit, à cette existence sans barrières, ni barbelés, à cette liberté totale d'être qui je suis. Le monde dois changer.


Je m'appelle Marnie, je ne suis plus le matricule 160325; je suis une jeune femme qui veux en découdre avec la terre entière et je jure sur ce que j'ai de plus cher que vous vous souviendrez tous de mon nom. Rien ne m'arrêtera, c'est terminé de fuir, d'essayer de leur échapper, je ne veux plus courir. Je veux prendre le temps de marcher et de profiter de cette planète qui nous a vu naître. Aujourd'hui, je sais qui est le seul rempart à détruire pour exploser ces chaînes qui nous obstruent tous : La Présidente, Eléanor Covington Wilks.


Je me relève déterminée, je sèche mes larmes, je n'ai plus le temps pour les secrets, les mensonges et les coups bas. Je n'ai plus le temps de trouver des endroits où me dissimuler. Je n'ai plus qu'un seul objectif en tête : New-York.

"Je n’ai même pas de mots pour exprimer ce que je ressens, elle me fait un effet de dingue, comme si je ne pouvais pas résister à son corps.
Si je suis loin d’elle, si je n’entends pas sa voix, si je ne vois pas son visage, ça va, j’arrive à gérer…
Pourtant, elle, elle me rentre dedans, elle me déstabilise, elle me provoque, elle sait qu’elle a tout à perdre en s’y prenant avec moi comme ça, mais elle y va quand même. C’est comme si elle avait peur de rien et je l’admire pour ça.
Parce qu’elle ne lâche pas, elle ne me lâche pas."

Mon frère est un leader, il est celui qui conduit les troupes au combat, mais il n'est certainement pas celui qui y prend part.
Il est celui qui rassemble les foules, avec de jolis discours et de belles idées, mais il n'est pas celui qui prend les armes, il n’est pas celui qui met le premier coup, ni le deuxième d'ailleurs.
Il n'est pas celui qui se jettera dans la fosse aux lions, sans casque et sans protection. Il n'est pas celui qui sourira à l'ennemi, tout en le pourfendant et encore moins celui qui prendra sa vie, rempli de rage et de courage.
Mon frère n'est pas un gladiateur, même s'il a l'étoffe d'un empereur, c'est son empreinte charismatique, qui fait de lui le souverain de sa clique...
Hamza n'aime pas le danger, Hamza le fuit.
Hamza aime le confort, le luxe et l'argent facile. Mais pour obtenir tout ça, il ne veut pas non plus faire le moindre effort.
Hamza n'est clairement pas un soldat, même s'il se prend pour un roi...

Je ne peux pas tourner la page, je ne peux pas zapper ce que j'étais, comme ça, juste en claquant des doigts ou pour les beaux yeux de Sadia.
Je crois bien que l'heure n'est plus aux mirages, l'illusionniste a fini son tour de magie et il est en train de faire naufrage.
Quand tu pagaies comme un taré pendant des années, quand tu essayes de balayer toutes tes conneries, de cacher ton casier, tes petits vols et braquage à main lamée...
Il y a toujours quelqu'un pour te rappeler, qui tu es et d'où tu viens.
Comme si c'était imprimé sur ton front, tatoué avec affront " Kaïra un jour, Kaïra toujours"...

Elle lui répétait souvent de faire attention aux garçons et de ne pas croire à leurs belles paroles et promesses...
"Souvent, ils ont l'apparence des anges, mais le diable se cache derrière cette belle façade.."

– Tu n'est dangereuse que pour toi-même. C'est à toi et toi seule que tu fais du mal en imaginant de telles choses. Je t'apprendrai à te contrôler. Ecoute-moi, ne fait pas de bêtises…