Lilly Sweet

Nous remontons l’allée et je le vois enfin… Mon futur époux. Ses yeux sont rivés aux miens. Il me sourit comme s’il me voyait pour la première fois. Il se penche pour murmurer quelque chose à l’oreille de Joshua. Certainement un truc d’hommes. Mon père lui donne ma main avant de dire à Zack qu’il est le plus heureux des pères. Qu’il compte sur lui pour me donner tout l’amour possible. Zack lui serre la main en bombant le torse. Fier lui? Non si peu! Nous sommes devant le prêtre main dans la main. Nous affichons LE fameux sourire! Vous savez quand vous souriez non-stop à vous en faire mal à la mâchoire? Eh bien, pendant tout le discours de l’homme d’Église nous sommes dans cet état.

Ding ! La minuterie de mon téléphone bip, Zack se précipite sur le test de grossesse, son visage se raidit quand il comprend le résultat. Ça me brise le cœur à chaque fois qu’il voit qu’il est négatif. Il attend cet enfant, notre enfant avec une telle envie. Je suis triste de ne pas pouvoir lui offrir ce dont il rêve. Nous sommes mariés, il ne va plus en mission, nous avons tout pour être heureux désormais. À part le manque d’un enfant. Ma fausse couche suite à ce que j’ai traversé l’année dernière nous a beaucoup plus atteints qu’on le pensait. Mais nous sommes prêts à présent.

- Mademoiselle ?
– Oui ? Pardon, vous m’avez dit quelque chose ?
– Vous avez fait tomber votre stylo. Et fermez la bouche, vous risqueriez d’avaler un insecte, me dit-il en souriant …

« Je vérifie à plusieurs reprises mon téléphone qui reste sans réponse. Je m’attendais à quoi sérieusement? J’arrive enfin chez mon ami après d’interminables changements de transports. Je monte chez lui au 5ème étage avec évidemment l’ascenseur en panne. Je suis à sa porte, essoufflée comme après avoir couru un marathon… Sauf que je n’ai jamais couru de ma vie! Même après un train ou un bus.
— Salut beauté! Whaou! Tu as une de ses tronches!
— Trop aimable Steevy
— Grrr… Tu sais que je n’aime pas quand tu m’appelles comme ça
— Sois plus agréable et je le serais en retour. Donnant, donnant mon ami.
— Allez, rentre et va te rafraîchir un peu.
— Merci.
Je me prélasse sous l’eau chaude. On oublie rapidement tous ces mauvais côtés quand on quitte la région parisienne. Tous ces corps inconnus pressés les uns contre les autres. Ce mélange de sueur, de puanteur, de pollution, cigarette et autres bactéries… Ça me donne la chair de poule… C’est juste répugnant… Beurk! Je sors de la douche complètement apaisée. Je vois que mon sac de voyage a été posé sur le petit meuble.

J'ai peur d'avoir jeté un froid entre nous en lui racontant mon passé ! Je ne voulais pas tout lui dire, mais c'est sorti tout seul ! Impossible de m'arrêter. Et le sentir concerné m'a beaucoup touchée ! Zack est un homme plein de surprises, et des bonnes !

Je n'aurais jamais cru ça hier matin en le croisant à la plage avec l'attitude qu'il avait. Je n'aurais jamais pensé qu'on en arriverait là. Mais c'est bien le cas, je suis sur ses genoux, dans ses bras. Et nous nous sommes avoués nos passés douloureux. Pourtant, j'avais mis en place l'embargo pour justement éviter ça. Mais je me sens mieux !

J’arrive au salon et reste discrète à l’entrée de la pièce en voyant un homme de grande taille, malgré sa posture, on le devine assez facilement. Il est de dos, en train de changer la couche de l’un de mes neveux et j’ai une jolie vue sur son fessier. Son pantalon à pinces le moule divinement, on voit clairement que cet homme prend soin de lui et qu’il a « ne belle musculature. Je l’entends chantonner et le petit répond par de petits bruits. Je ne sais pas qui c’est, peut-être la nouvelle nounou ? Molly m’a dit qu’ils avaient embauché une super On dit quand même nounou pour un homme ? En tout cas, je me ferais bien garder par lui… Je suis déjà sous le charme et je ne le vois que de dos…
Il se retourne et me sourit, mon Dieu ce sourire… il est à tomber, je sens une chaleur s’installer en moi et me rends compte subitement que cette sensation, je ne l’ai pas ressentie depuis bien trop longtemps.
Il s’avance vers moi, ne quittant pas son sourire, mon neveu dans un bras et dans l’autre la couche…
– Vous devez être Julia ?
– En effet, et vous êtes la nouvelle, enfin le nouveau…
Il lève un sourcil, me laissant me débrouiller, je m’enfonce un peu plus dans mes pensées…
– Comment dit-on pour un homme ? Nounou quand même ?
– Oh non ! Je suis un ami d’enfance de Matt.
– Je suis désolée, dis-je confuse, je pensais… enfin… vous vous en doutez maintenant, je suis enchantée de vous rencontrer, dis-je en lui tendant la main.
– J’aurais bien aimé vous saluer, mais j’ai les mains un peu prises.
– Pas de souci, donnez-moi mon neveu, je vous laisse volontiers la bombe.

Tu n'as encore rien vu comme moi.
Je pourrais te rendre heureuse, faire de tes rêves une réalité.
Il n'y a rien que je ne ferais pas.
Aller jusqu'au bout de la Terre pour toi,
Pour te faire sentir mon amour

 Me voilà à notre point de rendez-vous, c'est-à-dire sur le sable, pas loin du marchand de gauffre. Je ne vois personne autour, juste un homme sortir de l'eau qui pose sa planche dans le sable et vient vers moi.
C'est une blague ? Je regarde partout, au cas où des caméras cachées filmeraient ma réaction en voyant cet apollon venir à moi. Il est exactement le type d'homme dont j'ai toujours rêvé, celui auquel je pensais n'avoir jamais accès en dehors de mes fantasmes. 

J'aime Tom, vraiment. Je ferais tout pour lui et je sais qu'il tient à moi plus que de raisons. Mais nous avons fait un pacte il y a de cela douze ans, alors que nous étions gamins. Malgré les années qui passent, il n'a jamais oublié ce pacte idiot que nous avions fait. Donc je me suis faite à l'idée qu'il n'y aura jamais rien entre nous et croyez-moi quand je vous dis que c'est bien dommage. C'est le genre d'homme qui devient encore plus beau en prenant de l'âge.

On entame le cours en douceur avec un peu d’étirements pour réveiller les muscles encore endormis. Après tout, il n’est que neuf heures quinze. À neuf heures et demie, les choses sérieuses commencent. Logan fait le malin, mais se retrouve rapidement au milieu de ces femmes déjà bien entraînées. Et je remarque que son petit sourire réapparaît lorsque Karen vient à lui pour une séance en duo. Il a le rôle de l’homme menaçant. Il a pour but de la surprendre. Je me place dans le coin et regarde la mise en scène. Karen marche et parle avec une autre fille quand Logan arrive en douceur par derrière. Il passe son bras autour de sa gorge afin de l’attirer en arrière pour qu’elle perde l’équilibre.
Elle l’attaque par une des techniques que nous leur avons apprises. Et mon cher directeur de l’ombre se retrouve plaqué au sol, les mains dans le dos. J’applaudis pour féliciter Karen et j’éclate de rire quand il se retourne et que je vois qu’il saigne à la lèvre. Ce petit prétentieux s’est mordu la langue pendant la défense de sa victime.
— Alors, on fait moins le malin, dis-je en l’aidant à se relever.
— Ça va me poursuivre longtemps, j’ai l’impression.
— Tu n’as pas idée. C’est ça de rester le cul derrière un bureau.