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Critiques de Lily Brett (45)
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Lola Bensky

Prix Médicis étranger 2014 bien mérité pour l’autobiographique de l'Australienne Lily Brett.

Quand on parle de Jimmy Hendrix et de rock, je craque (comme le livre de Lydie Salvayre ou de Patti Smith).

Le livre débute en 1967 : Lola, 19 ans et reporter australien, est face à Hendrix. Leur conversation est à l’image du roman : tour à tour léger et grave. Jimmy est très sensible au fait que Lola, enfant de rescapés de la shoah, lutte avec ses démons. Elle rencontrera également, Cher, Mick Jagger, Brian Jones, Janis Joplin, Jim Morrison, Cat Stevens.

Emotion, tendresse, humour, sincérité. Le passage qui parle du SS Willaus qui tire sur les enfants de son balcon est d’une force insoutenable. L’alternance avec les stars du rock soulage et est décrit tel qu’il donne l’impression d’y être présent et les rendent humains.

Récit vivant et attachant, difficile à décrire.

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Lola Bensky

Lola porte des bas résille. Même si on est à la fin des années 60 et que les bas résille signent la coolitude d'une jeunesse branchée, elle ne devrait pas: les fils s'enfoncent dans sa chair replète et l'empêchent de se concentrer pendant qu'elle interviewe Jimi Hendrix. Ce n'est pas qu'elle soit intimidée: Hendrix débute, il a son âge et se montre très gentil.

Et même si le musicien est beaucoup moins obnubilé par les régimes que ne l'est Lola, ils se découvrent vite un point commun: une enfance catastrophique. Lui, pupille de la nation, vêtu de haillons; elle née de deux rescapés juste libérés d'Auschwitz.

Pendant ses interviews, Lola finit toujours par parler régimes et camps d'extermination.Si le rapprochement commence par sidérer le lecteur, il est pourtant logique: madame Bensky fait la chasse aux kilos en trop de sa fille, signes indubitables de sa déloyauté. À Auschwitz, seuls les traitres et les assassins ne ressemblaient pas à des cadavres ambulants.

C'est cette information essentielle et pourtant oubliée que fait surgir le livre de Lily Brett: les swinging sixties et ses icônes sont les enfants de la seconde guerre mondiale. Love, drugs and rock n'roll pour réparer l'histoire, la haine et le crime de masse.

Quand, en guise de berceuse, vos parents vous ont raconté qu'au bâtiment 10 "on retirait des organes, on amputait des membres. On transfusait du poison aux gens, on les congelait pour les réchauffer ensuite", difficile de ne pas rechercher la futilité en parlant bigoudis avec Jimi Hendrix.

D'ailleurs, est-ce si futile? La pop culture a érigé la beauté et l'harmonie comme valeurs suprêmes, et la jeunesse des années 60 a voulu que la vie prenne le pas sur la mort.

Madame Bensky a détesté la vie: être juive et vivante, même sans kilos en trop, était déjà un signe manifeste de perfidie. Et finalement, si tant de musiciens sont morts, Jimi Hendrix, Janis Joplin, Brian Jones, Jim Morrison, Cass Elliot, Keith Moon, Otis Redding, n'est-ce pas d'avoir voulu expier d'être encore vivants dans un monde où 45 millions d'êtres humains avaient péri en quelques années de guerre?

À la fin du livre, Lola Bensky et Mick Jagger ont largement plus de 60 ans. Ils se croisent par hasard et se saluent: ils sont deux survivants et d'un geste de la main s'en donnent l'absolution.
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Lola Bensky

Lola Bensky, prix Médicis étranger 2014, est présenté comme un roman inspiré de la vie de son auteur, Lily Brett. Ce n'est pas un roman, selon moi, mais plutôt un ensemble de souvenirs et de professions de foi totalement autobiographiques, ce qui n'ôte rien au plaisir que j'ai eu à le lire.



Trois grands thèmes s'entremêlent dans la vie de Lily alias Lola.



Primo, Lola traine un problème d'embonpoint qui la culpabilise car elle ne parvient jamais à respecter ses plans de régime.



Secondo, Lola est la fille unique de rescapés d'Auschwitz qui ont vu tous les membres de leur famille assassinés de façon épouvantable. Survivre à Auschwitz, ce n'est pas revenir d'un camp de concentration lambda ; il y a une hiérarchie dans l'horreur et Auschwitz est au sommet. On le sait déjà, mais ce n'est jamais inutile de s'en souvenir. Il y a là un héritage dont Lola supporte le poids depuis sa prime enfance.



Tertio, les années 60 : à19 ans, Lola vit à Londres d'un job qui consiste à interviewer des pop stars à peine plus âgés qu'elle : Jim Morrison, Mick Jagger, Jimy Hendrix. Si le premier est un authentique bad boy, les deux autres expriment une étonnante et touchante compassion pour la jeune femme, ses rondeurs et les histoires qu'elle leur raconte sur Auschwitz. On voit même, incroyable anecdote, un Mick Jagger très attentionné, insister auprès de Lola pour la présenter à son ami Paul McCartney.

Deux ans plus tard, Lola est présente au mythique Festival pop de Monterey, où elle sympathise avec les stars et assiste à leurs concerts : Janis Joplin, Jimy Hendrix, the Who, the Mamas & the Papas et d'autres, Otis Redding notamment.



Pauses musicales : entre deux chapitres, je télécharge les tubes mentionnés : Let spend the night together, Light my fire, Wild thing, Purple haze, Ball and chain... Je les redécouvre, près d'un demi-siècle après.

Je n'ai pas besoin de redécouvrir Otis Redding : je n'ai jamais cessé de l'écouter, et particulièrement son concert live in Monterey.



Le dernier chapitre est très émouvant, bien qu'un peu morbide. Malgré toutes ces morts prématurées, malgré Auschwitz, Lola réussira sa vie.



Question pour le traducteur du texte original : pourquoi Lola vouvoie-t-elle les stars alors qu'eux la tutoient ? Elle est intimidée, bien sur. Mais ils ont tous 20 ans. Et c'est une subtilité qui n'existe pas en anglais.


Lien : http://cavamieuxenlecrivant...
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Lola Bensky

Jeune, jolie, mais grosse... Seule aussi, mais ça, au début, cela ne gêne pas beaucoup Lola Bensky. A tout juste vingt ans elle n’a pas peur de parcourir le monde en solitaire, de Melbourne à Londres, New York, puis Los Angeles, magnétophone à cassettes en bandoulière et carnet de notes en main, pour aller rencontrer Jimi Hendrix, Mick Jagger, Brian Jones, Cat Stevens, Jim Morrison,... toute une génération montante d’idoles planétaires en devenir. Excentriques et passionnés, sympathiques (le plus souvent) ou odieux (parfois), ils ne l’impressionnent pas plus que cela : ils ont le même âge qu’elle. Plus que leur musique, ce qui intéresse vraiment la jeune journaliste, c’est leur enfance, leur adolescence si proche encore, les rapports qu’ils ont eus avec leurs parents. Lola confronte, compare, et mesure sa propre singularité familiale à celle de ses interlocuteurs. Quand Lola se présente et raconte qu’elle est “très juive”, c’est en pensant à l’histoire de ses parents polonais rescapés des camps de la mort, à leur passé massacré, “imprésentable” dit-elle ; à sa mère dépressive qui expie sans fin le fait de ne pas être morte à Auschwitz avec le reste de sa famille, et reproche continuellement à Lola son surpoids ; à son père qui s’épuise dans un travail manuel exténuant, et s'évade dans la lecture compulsive de romans policiers sanglants. Pour eux, elle reviendra à Melbourne où elle se mariera et aura des enfants. Puis elle divorcera, émigrera aux États-Unis, mincira, et deviendra écrivain.



Lily Brett n’en fait pas mystère, la vie de Lola Bensky, c’est la sienne. Des portraits de musiciens, des chroniques de concerts et de festivals, elle en a vraiment écrit à ses débuts pour une revue musicale australienne. Comme son personnage, très jeune, elle s’est investie avec sérieux, originalité, et talent dans ce travail de combinaison des différentes facettes d’une personnalité, de reconstitution du puzzle d’une trajectoire artistique. Quarante ans plus tard, Lily Brett applique son savoir-faire à elle-même et livre le portrait sans concession d’une femme sensible, hantée et construite par son histoire familiale dramatique. Elle réussit à mêler étroitement, grâce à l’humour et à l’autodérision, deux contextes apparemment opposés : l’exubérance spectaculaire des sixties, et l’empreinte des atrocités de la Shoah sur les survivants et leurs enfants.



J’ai eu moi aussi des genoux grassouillets quand c’était la mode des mini-robes et des bas résille, je me suis évertuée à copier la coiffure et le maquillage de Twiggy, et j’étais plus Radio Caroline que Salut Les Copains. Mais côté parents, tant mieux pour eux et pour moi, c’était beaucoup plus simple... C’est sans doute pour cela que j’ai été passionnée par les chroniques du swinging London, et un peu moins par les introspections de Lola Bensky adulte. La construction du roman n’étant heureusement pas linéaire, j’ai été enchantée que l’auteur revienne longuement en seconde partie sur ses rencontres au festival de Monterey (juin 1967). L’échange entre Lola et Janis Joplin est un magnifique moment d’humanité et de littérature. Le chapitre final apporte une surprise bienvenue : Lola recroise à New York, quarante ans après Monterey, l’un des “survivants” (Guess who?), de ceux qui n’ont pas été détruits par les drogues, qui n’ont pas lâché prise à 27 ans, comme beaucoup, ni fait écho au vœu d’un chanteur : “Pourvu que je sois mort avant d’être vieux”.
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Lola Bensky

C'est une sympathique autobiographie à peine camouflée de la journaliste de rock Lola/Lily-Bensky/Brett écrite dans un mélange de raffinement et de simplicité. Ce récit aurait pu être un indigeste concentré aux allures un peu mytho ! Convenons que c'est un vrai exploit d'avoir pu approcher et échanger des moments privilégiés avec tous les dieux du rock des années 60 ! Lily Brett réussit pourtant à nous happer avec sa construction en va-et-vient entre les interviews, les souvenirs des parents rescapés de camps de concentration et l'histoire de Lola.



La romancière fait un parallèle entre toutes les jeunes pop stars disparues précocement dans les années 60-70 et les fantômes qui ont toujours accompagné Lola tout au long de sa vie.

Même hantée par la nécessité de revivre le passé de ses parents et ne se sentant pas en droit de vivre sa vie ; malaise propre aux enfants des rescapés ; Lola trouvera sa place, malgré les vides béants et des manques inquiétants.



Derrière les mots, le rire et la dérision habillent subtilement l'émotion.





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Lola Bensky

Un régal, une pépite.

L'auteure réussit avec brio, tendresse et humour à nous emmener dans la tête d'une journaliste australienne travaillant dans un journal spécialisé sur la musique Rock and Pop. Chaque entretien avec les icônes des années 60 et 70, (Mike Jagger, Jim Morrison, Jimi Hendrix, Janis Joplin, Cher, etc...) révèle la psychologie de ces personnalités du showbiz , déclenche chez Lola Bensky, , une "grosse " qui lutte sans cesse contre cet état, ses souvenirs douloureux d'une fille de rescapés des camps allemands.

La construction du texte est absolument géniale.
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Lola Bensky

Ce roman parvient en quelques pages à nous plonger dans divers univers. D’un roman identitaire, on plonge dans le années 60 du milieu du rock’n’roll en passant par des récits croisés de personnes ayant survécus à Auschwitz. En quelques mots, ce roman est complet. Le tout est amené avec humour et fraîcheur ce qui ne tardera pas à apporte un charme supplémentaire à cette histoire.



Une lecture qui va vite, à la lumière du mode de vie de cette époque. En plongeant dans ce roman très rock’n’roll, on vit au fil de la musique, des drogues et d’un besoin d’identité. Ce petit roman sous un air humoristique nous est raconte Lola, une jeune femme perdue mais attachante. Elle se retrouve à un croisement de sa vie, ainsi qu’à un croisement dans nos sociétés. On nous dresse le portrait de cette jeune femme perdue, par le mal de notre siècle : le complexe. Entre complexe et angoisse, elle essaye de se dresser dans ce monde de paillettes et vivre en paix avec elle-même.



Mais ce texte, nous parle également de l’après seconde Guerre Mondiale. Ces enfants de juifs déportés, qui vivent dans un souvenir qui ne leur appartient pas. Comme une mémoire collective, ils essayent de se construire sans réellement comprendre ce que signifie être juif. Entre horreur du passé et avenir compliqué.



Cette petite lecture sera vous toucher par sa joie de vivre. La musique permet ce partage toujours plus intense entre un artiste et son public. Dans ce roman c’est au côté de Jimi Hendrix, Mick Jagger ou encore Janis Joplin que l’on circule. On apprend de leurs musiques, de leurs vies, de leurs angoisses. Chacun vit avec ses peurs ancrées en lui, et tout le monde doit à sa manière les combattre et se relever jour après jour. C’est donc avec une certaine finesse que ce texte nous propose sa vision des célébrités, cette recherche de liberté et d’identité dans la musique.



L’auteure qui a réellement était journaliste musicale, utilise ses propres connaissances pour nous présenter un portrait des plus réalistes sur le début des carrières des plus grands groupe de rock au monde. On réalise le besoin aussi de se retrouver après des événements tragiques de notre histoire. Un besoin de communauté, de se rapprocher ensemble autour d’un même élément de joie : ici, la musique. Peut être devrons nous, nous le rappeler encore aujourd’hui !



Ce texte simple, sera vous émerveiller et je l’espère vous plonger dans des tubes incontournables de notre passé. En espérant que ce petit récit puisse aussi nous faire prendre conscience de ces réflexions : Comment trouver sa place, entre les angoisses du passé et ses propres errances, face à sa propre vie ?
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Lola Bensky

Lola Bensky a les mêmes initiales que son autrice : Lili Brett. Ce récit m’a paru très autobiographique.

Lola Bensky est née dans un camp de personnes déplacées en 1946 m, en Allemagne. Puis ses parents ont émigré en Australie. Dans la première partie, Lola a vingt ans, est journaliste et découvre le rock à travers des artistes comme Mick Jaeger, Jimi Hendrix, Jim Morison, Janis Joplin, Cher….. Dans le Londres des sixties, ils sont tous en train de devenir plus ou moins célèbres.

Lola Bensky revient sans arrêt sur ce que ces parents ont vécu à Auschwitz. Enfant de rescapés, elle essaie d’analyser en quoi ce qu’ont vécu ses parents a une influence sur sa vie à elle …. Une influence considérable puisque la mère de Lola ne s’est jamais remise de la perte de toute sa famille et des tortures qu’elle a subies.

Lola, à 20 ans, est obèse et ne pense que régimes, camps de concentration (et un peu aux personnes qu’elle doit interviewer pour son journal.)

Un livre fort émouvant (à ne pas lire en cas de moral dans les chaussettes : la mort y est omniprésente, ressassée à l’infini)

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Lola Bensky

Difficile d'être la fille de survivants de la Shoah, Lola en sait quelque chose, elle qui porte le lourd fardeau de la culpabilité de ceux qui restent, legs douloureux de ses parents rescapés d'Auschwitz : "Tu devrais être fière qu'ils ne t'aient pas tuée, toi aussi, avait dit un jour Lola à sa mère, alors qu'elle avait treize ou quatorze ans. Renia avait explosé.

Fière ? avait presque hurlé Renia. Fière de voir ma soeur et mon père être assassinés devant moi ? Il n'y a pas de quoi être fier ! Je devrais être fière de quoi ? D'avoir eu le privilège de voir des milliers de corps incinérés dans des fosses géantes, dehors, parce que les fours crématoires étaient trop pleins de gens pour en brûler plus ? Fière d'avoir vu des enfants assis par terre avec la gangrène qui leur mangeait les bras, les jambes, les doigts, les orteils, une gangrène provoquée par des médecins pour mener leurs expériences insensées ? [...] C'est quelque chose dont il faudrait être "fier" ?

- Tu devrais être fière de ne pas être morte, avait répété Lola à voix basse.

- Il n'y a aucune raison d'être fier de ça, avait rétorqué Renia."

Alors, Lola se tait et porte en silence ce poids de la culpabilité, plus lourd qu'une chape de plomb. Problèmes d'obésité, agoraphobie, dépression... elle va lutter toute sa vie pour échapper aux démons d'un héritage maudit.

Rassurés par la simplicité de cette jeune femme ultra-sensible qui fond pour les Caramello et les faux-cils, toute en rondeurs et antithèse de "Twiggy la brindille" le mannequin-star de l'époque, les plus grandes rock-stars des années soixante vont se confier en toute confiance et simplicité à Lola. Dans cette biographie romancée, l'auteure nous révèle des facettes totalement inédites de légendes du rock tels que que Mick Jagger, Jimi Hendrix ou Jim Morisson... des portraits d'ailleurs par toujours flatteurs pour certains d'entre eux !



Servie par une écriture fluide et plaisante, voilà une narration dénuée de toute linéarité temporelle qui mêle habilement les époques, un récit où la gravité côtoie la légèreté. "Lola Bensky", c'est soixante ans d'une vie riche en événements, heureux comme douloureux, couchés sur le papier et livrés sans fards sous nos yeux esbaudis. Un récit intime qui nous offre une réflexion intéressante sur la condition humaine... Si la mort occupe une place majeure et revient de manière récurrente dans les écrits de Lily Brett, on sent aussi combien la vie a d'importance dans son univers.

Aux cendres des défunts, Lola préférera les paillettes des vivants, écartant habilement les mauvaises herbes de son chemin !
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Lola Bensky

Nous sommes dans les années 60. Lola Bensky est une jeune journaliste qui travaille pour le magazine Rock-Out, un magazine de musique australien. Née juste après la guerre dans un camp de transit allemand, Lola a vécu et a été élevée en Australie. Elle est la fille d'Edek et Renia, deux juifs polonais, survivants d'Auschwitz.

Elle n'a pas eu une enfance comme les autres...et tout la ramène à ces terribles événements qui ont rendu muets ses parents et troublé son enfance.

Renia et Edek ne lui ont pourtant pas épargné certains de leurs souvenirs : à quatre ans elle savait déjà précisément ce qui se passait dans les chambres à gaz, à tel point que le jour de l'appel à l'école, elle court se cacher...

A 19 ans à peine elle interviewe les groupes les plus connus du moment à Londres mais aussi à New York, Los Angeles : Jimi Hendrix, Mick Jagger, Cat Stevens, Janis Joplin, Sonny and Cher, Jim Morrison...

Ils ne l'impressionnent pas vraiment car ils ont le même âge ! Elle les questionne avec candeur sur leur enfance, leur rapport avec leurs parents, leur vie quotidienne et pas vraiment leur musique. Car sans diplôme particulier et n'ayant jamais eu d'expérience journalistique, elle ne sait pas que leur poser comme question car, en plus, elle n'y connaît rien en musique rock !

Complexée par son poids, elle se met constamment au régime et se cache sous un maquillage trop abondant et maladroit (et des faux-cils très à la mode à l'époque !). Elle n'en est pas moins craquante...

Armée de son magnétophone, elle écoute ces rock-stars en devenir, parler de leurs problèmes et de leur vision du monde, de musique, de drogue, de sexe et nous raconte en détails ses interviews...

On les découvre sous un autre visage, plus humain.

Mais pour Lola, la confrontation avec ce monde composé uniquement d'hommes est une véritable révolution. Elle se surprend à leur parler d'elle-même, de son sur-poids et de ses régimes, de son enfance, de ses parents et des camps.

Ils lui donnent leurs avis sur la question d'une manière toujours très honnête, la taquinent souvent, et la draguent parfois...

Peu à peu elle reconstitue les pièces du puzzle qu'elle avait commencé à assembler durant son enfance, reconstituant les pièces manquantes de sa vie familiale, peuplée des fantômes de ses dix parents disparus (oncles et tantes), tous victimes de la Shoah...une famille entière.

Comment vivre en portant ainsi les souffrances de ses parents et leur culpabilité d'avoir survécu à leur famille ?

Alors Lola, pour avancer dans la vie, fait des listes, de régimes à suivre ou des membres de sa famille disparue, c'est selon...



Le roman est un constant va-et-vient entre l'enfance de Lola, les sorties en famille, la vie quotidienne de ses parents, avec les amis ou connaissances de la famille, leurs silences ou les bribes de souvenirs des camps.

Puis le roman revient vers les interviews et les découvertes de Lola sur les stars, leur maison ou leur vie et enfin, elle nous raconte quelques instants passés avec ses amies journalistes ...

Malgré le drame présent en toile de fond tout au long du roman, c'est un livre pudique, empli de bienveillance et d'humanité, qui vous fera aussi beaucoup rire, tant l'héroïne est d'une naïveté désarmante et touchante.

Le rire est le penchant du drame, la légèreté de la gravité et c'est ce qui fait la force de ce roman.

Car finalement Lola ne sait pas comment vivre avec tout ça enfoui au fond d'elle. Elle questionne les autres pour y voir plus clair en elle-même...

Elle a beau se faire draguer par des chanteurs qui deviendront populaires, se lier d'amitié avec Cher, elle n'en est pas moins très mal dans sa peau, se trouve trop grosse (surtout aux yeux de sa mère pour qui la grosseur est synonyme de "corruption") et n'y connaît rien au sexe.

Des années après, elle va souffrir de crises d'angoisse voire de panique, de vertiges paralysants, d'insomnies, d'agoraphobie et toujours faire de fréquents cauchemars.

Elle va souvent avoir des fantasmes éveillés où elle sauve quelqu'un de proche, ou un parfait inconnu, d'un accident, arrête une hémorragie, soigne des plaies...et se retrouve félicitée par les proches.

Ce roman, bouleversant est largement autobiographique.

C'est une petite merveille qui se lit toute seule.



Pour en savoir plus...


Lien : http://bulledemanou.over-blo..
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Lola Bensky

Je préfère le terme : Roman Autobiographique à celui d'Autofiction qui fait un peu prout-prout (=pédant). Celui-ci est donc un Roman Autobiographique, et comme dans toute oeuvre littéraire, on peut y juger de la forme et du fond. Sur la forme j'ai un petit reproche à faire ; l'utilisation de la conjugaison m'a parfois surpris et déstabilisé, on passe du présent à l'imparfait de façon étrange et intempestive, mais ce n'est pas grave car malgré cela, l'ensemble tient la route. Pour ce qui est du fond : Lola Bensky est une jeune journaliste australienne, pour le magazine Rock-Out (il s'agit en réalité de Go-Set, le Rock&Folk australien, (peut-être est-ce R&F qui est un Go-Set français ?)). Elle débarque à Londres en 1967 en plein Swinging London. Elle interviewe quelques-unes des stars de l'époque (Mick Jagger, Jimi Hendrix, Jim Morrison ...) puis on la retrouve aux USA avec Janis Joplin ou Brian Jones. Dans ses entretiens, elle est assez détachée, tranquille, pourtant elle trimballe quelques gros complexes, notamment ses rondeurs et surtout, son histoire familiale la hante. Ses parents ont survécu à Auschwitz et le reste de sa famille y a été exterminé. Comme une sorte de thérapie, elle écoute ces musiciens, ces chanteurs lui parler de sexe, de drogues, et de R&R (de bigoudis et de faux cils aussi) et elle leurs dit son histoire et ses angoisses. C'est cette partie du livre qui a été le plus commenté, elle est certes intéressante mais j'ai davantage aimé les chapitres 5 et 8, lorsque Lola a 50 ans puis 60, elle est devenue new-yorkaise et auteure de polars. Elle ressemble un peu à un « Woody Allen au féminin » : juive, new-yorkaise, toujours angoissée mais drôle et philosophe (dans le doute). Elle s'identifie à son personnage : Pimp, la responsable d'une agence de détectives privés, qui est pourtant un peu son contraire (sûre d'elle). Je ne sais pas si Lily Brett a écrit ce livre (est-ce un côté Roman ou un côté Autobiographique ?) mais si c'est le cas j'attends impatiemment la traduction française, on y trouve notamment Shlomo, un détective juif orthodoxe accro au yoga ; hilarant. A la fin du livre, un peu plus de quarante ans ont passé, elle retrouve Mick Jagger lors d'une réception mondaine, lui est toujours aussi classe ; elle, est apaisée, plus sereine (Ils sont deux survivants, non ?). Un beau roman, qui reste nostalgique et drôle malgré un fil conducteur tragique et grave.
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Lola Bensky

De Londres à New-York en passant par Monterrey, Lola Bensky, 19 ans, interviewe les stars en devenir dans l'effervescence des sixties pour le journal australien Rock-Out. Mais, loin d'être un catalogue plus ou moins nostalgique de portraits sur le vif, c'est surtout à une quête identitaire particulièrement intéressante que nous assistons.

En effet, Lola est la fille de deux rescapés d'Auschwitz et interroger Mick Jagger ou Jimi Hendrix lui donne l'occasion de revenir sur son enfance si particulière, de poser en quelque sorte les questions qu'elle n'osera jamais poser à ses parents.

Se trouvant régulièrement trop grosse (elle est toujours en train de se programmer des régimes plus bizarres les une que les autres), Lola, cahin-caha, finira par trouver un certain équilibre et bouclera la boucle en retrouvant plus de quarante ans plus tard le chanteur des Rolling Stones à un dîner très chic.

Les portraits des rock stars sont extrêmement vivants, sensibles et sonnent très justes. On se prend aussi de sacrés chocs en découvrant les informations distillées plus ou moins clairement par les parents de Lola et la manière dont les enfants des rescapés développent des comportements psychologiques semblables. Mais Lola , vaille que vaille, conserve toujours l'équilibre et ne plonge jamais son lecteur dans la dépression. Un roman troublant.
Lien : http://www.cathulu.com
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Show devant

Lu en VO en septembre 2014, je me suis replongée dans l’histoire de Ruth – et de son génial papa Edek, 87 printemps au compteur et charmeur de tout ce qui bouge, y compris de la lectrice derrière son roman « Show devant » – en traduction (par Bernard Cohen) pour les éditions La Grande Ourse (317 pages) avec grand plaisir, je recommande !



Ruth Rothwax a 54 ans, vit à New York et sa boite de correspondance est florissante. Elle a une clientèle étendue et huppée et s’éclate à assembler les mots (elle est d’ailleurs en train d’agrandir son créneau et se met aux cartes postales à messages). Sans être en rien de l’autofiction, il y a beaucoup de Lily Brett en Ruth (comme dans Lola Bensky) et lorsque son père vient s’installer à New York elle accuse un peu le coup. Ses parents, juifs polonais rescapés d’Auschwitz, l’ont élevée en Australie. Edek, 87 ans, veuf depuis déjà 18 ans, emménage donc un beau matin et immédiatement fait tourner Ruth en bourrique. A sa décharge, elle est dans une période un peu flottante, son mari est absent pour 6 mois (ce qui n’était encore jamais arrivé, et ce qu’elle vit très mal) et son envie de créer un « groupe de femmes » ne parvient pas à aboutir. Ruth, plusieurs décennies de psychanalyse à son compteur, a dans l’idée que les femmes ne se témoignent pas entre elles suffisamment de la « sororité » qu’elles méritent; il y a la théorie (elle a tout bon) et la pratique (c’est moins évident). Car en fait Edek la place devant Zofia, polonaise goy flamboyante de 69 printemps, qui va bientôt, avec sa copine Walentyna, bouleverser entièrement leurs vies à tous…



J’ai aimé ce roman dès le titre en VO : « You Gotta Have Balls » ==> Meatballs, that is (traduit en VF par « bolles ») et j’ai aimé surtout par l’immédiate proximité que l’auteur installe avec son lecteur. L’histoire est des plus sympathiques et le très beau personnage d’Edek amuse beaucoup avec son langage très personnel (d’autant que Ruth est très branchée « mots » et a les associations d’idées qui fusent) avant de nous émouvoir aux larmes. Oui, mes yeux ont piqué très fort sur la fin et je trouve ça formidable, pouvoir swooner avec des personnages de 87 ans et une petite-fille à son papa de 54 ans. Cette Ruth veut à toute force qu’on ne l’aime pas, toujours à couper les cheveux en 37, mais ce qu’elle fait est bien différent. Ce qu’elle fait, c’est bien. Une comédie romantique torturée et très attachante, qui parle en plus très bien de cuisine (et offre quelques recettes à la fin).
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Show devant

Brillant, un livre tendre et joyeux qui nous conte une belle histoire d'amour filial.

L'histoire démarre avec un échange entre Ruth et Sonia, deux amies, l'une est avocate et l'autre écrit des lettres pour les autres. Étonnant le travail de Ruth : rédiger des missives pour le compte d'autrui, un métier qu'elle adore puisqu'elle a une passion pour les mots. Ruth explique à son amie que son père s'installe à New York, il a quitté l'Australie pour se rapprocher d'elle. On va suivre les aventures de ce patriarche alerte qui inquiète sa fille. Au départ, il cherche à l'aider dans son travail et devient le responsable du stock. Quel stock ? Des milliers de feuilles qu'il commande, des étiquettes par centaines, un aspirateur robot et des tas d'accessoires plus ou moins utiles. C'est un vieillard envahissant, aux yeux de sa fille et un charmeur pour les autres. Puis il passe de moins en moins de temps avec sa fille, disparaît, se dit débordé. La partie la plus amusante et étonnante du récit démarre alors.

J'ai beaucoup aimé les personnages, ils sont très attachants et typés : le père avec son parler qui vient de ses origines polonaises. La fille, Ruth, qui gronde son père et s'inquiète pour lui. Sonia, sa copine, l'avocate qui a réussi sa carrière mais pas complètement sa vie familiale.

En le lisant, j'ai pensé aux films de Woody Allen : le personnage de Ruth rappelle Woody, torturée comme lui, évoquant ses analyses et se confiant à ses copines. L'histoire se déroule aussi à New York : la ville tient aussi une place importante et l'on se déplace dans les différents quartiers avec eux.

Je me suis régalée : voici un livre émouvant qui dynamise et donne le sourire.

Pas de mièvrerie, une belle leçon de vie.



On voudrait aussi avoir un grand-père de quatre-vingt-sept ans aussi incroyable, ah le pouvoir de l'amour !



À découvrir absolument !
Lien : http://www.despagesetdesiles..
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Lola Bensky

En 1967, Lola Bensky a 19 ans. Elle est jolie, trop ronde et journaliste pour un magazine de rock australien. Elle porte des faux cils et se programme des régimes bizarroïdes, enfile des bas résilles mais n'ose pas bouger en société de peur de dévoiler son embonpoint.



Elle est aussi la fille de deux rescapés d'Auschwitz, et porte le lourd héritage de ses parents, la culpabilité des survivants.



De Londres à New-York elle rencontre et fait le portrait des jeunes musiciens qui marqueront l'histoire du rock. Jeune fille naïve et mélancolique, ses interviews sont aussi l'occasion de questionner sa propre identité et ses racines. Mick Jagger, Jimi Hendrix, Mama Cas, Cher, Janis Joplin nous apparaissent non pas comme des peoples mais des êtres emplis de doutes,de beauté, de talent et bien souvent de gentillesse.



Roman largement autobiographie, Lola Bensky m'a à la fois surprise et charmée. J'ai aimé suivre l'errance de cette jeune fille peu sûre d'elle, marquée par les camps et virevoltant dans le milieu du rock des années 60, puis de la femme indécise qu'elle devient, écrivain, deux fois mariée (Mr Ex- Rock star et Mr Quelqu'un d'autre) et mère en Australie. L'auteur saisit des anecdotes touchantes ou réjouissantes, ce livre est drôle, sombre, original et foisonnant dans ces questionnements. L'on passe de l'horreur d’Auschwitz à la joie turbulente du rock des années 60/70, sans que cela ne nous choque, car nous vivons bien dans ce monde ou le pire et le meilleur se côtoient sans cesse.



Une belle tranche de vie et d'humanité qui nous est contée.



Céline





"Est-ce qu'il y avait une quantité de gaieté limitée dans le monde ? Peut-être que si on ne la surveillait pas de près, sa gaieté, elle pouvait disparaître comme ça, d'un coup."



"Lola découvrait que le passé faisait aussi intrinsèquement partie d'un individu que le fait d'être grand ou petit. Impossible d'effacer sa taille ou son passé par un effort de volonté. Celui de Lola serait toujours rempli de cadavres, de baraquements, de peur, de maladies et de la barbarie des hommes ordinaires."
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Lola Bensky

Il y a quelques semaines, j'ai participé à la Masse Critique organisée par Babelio, et j'ai eu la chance d'être retenue pour lire et chroniquer le livre " Lola Bensky " de Lily Brett.



Je tenais donc tout d'abord à remercier Masse Critique, Babelio et les éditions La Grande Ourse de m'avoir permis de participer à cette masse critique.



J'ai plutôt bien aimé ce livre. J'ai eu un peu de mal à rentrer dedans au début, mais j'ai passé un bon moment avec cette lecture.



On découvre ici la vie de Lola Bensky, 20 ans, qui est journaliste pour le magazine australien Rock-Out, et qui interviewe les stars montantes du Rock de l'époque. Elle se trouve trop grosse et passe son temps a vouloir essayer de maigrir, sans y arriver. De Londres à New-York, de Jimi Hendrix à Jim Morisson, Lola voyage et rencontre une multitude de célébrités. ( Je ne résume pas davantage l'histoire, étant donné que le résumé de la couverture est déjà plutôt complet ^^ ).



Au niveau du style d'écriture, j'ai eu un peu de mal au début, car le récit est à la troisième personne, et je le trouvais un peu trop " descriptif " dans les premières pages, mais je m'y suis vite habituée et au final, j'ai lu le livre facilement. De plus, le style est très vivant, ce qui rend la lecture très plaisante.



On suit Lola au fil de ses interviews, et on découvre par la même occasion les Rock Stars de l'époque. J'ai d'ailleurs trouvé ça très intéressant ! J'ai appris des choses sur l'enfance de Jimi Hendrix, ou sur les Rolling Stones... On sent que Lily Brett connait vraiment bien la biographie de ces célébrités. Et j'ai également trouvé qu'elles étaient très réalistes. Les réponses qu'elles donnent dans les interviews de Lola pourraient très bien avoir été dites par les stars elles-mêmes. Lily Brett à su cerner ces personnages, et se mettre à leur place.



De plus, les interviews sont entrecoupées de souvenirs de Lola, et d'évocations du passé de ses parents, rescapés d'Auschwitz, mais qui ne s'en sont jamais vraiment remis. D'ailleurs, ce qu'elle raconte du passé de ses parents est assez effrayant. A côté du côté cool et rock & roll des interviews qu'elle donne, le lecteur est également confronté à un sujet beaucoup plus grave et sérieux.

Lola compare son enfance à celle des célébrités au fil de ses interviews, et tente de trouver les réponses aux questions qu'elle se pose.



En résumé, j'ai passé un très bon moment avec ce livre, qui m'a plongée au coeur des sixties et m'a fait découvrir beaucoup de choses sur les célébrités de l'époque ! Un roman que je conseille aux gens qui aiment les groupes de rock de cette époque, et à tous ceux qui aurait envie d'en découvrir un peu plus ! :)
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Lola Bensky



Histoire d'une journaliste spécialisée dans les interviews de chanteur et musiciens dans les années 60 racontée comme biographie. Elle commence à Londres avec Mike Jagger et Paul Mc Cartney et continue aux Etats Unis avec Jimmy Hendrix et pleins d'autres. Ces portraits attachants s'entre-mêlent avec l'histoire de sa famille, de ses parents rescapés de la Shoah, et du poids qu'aura sur sa vie la difficulté qu'ils ont d'accepter de vivre alors que leur proche y sont morts. Elle montre avec délicatesse comment le poids de cette souffrance est transmise à la génération suivante, et comment il est aussi possible de vivre malgré cela.
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Lola Bensky

Le roman de Lily Brett, paru aux éditions de la grande Ourse et qui a obtenu le prix Médicis en 2014, est en grande partie autobiographique. C’est à travers un personnage fictionnel, Lola Bensky, journaliste assez atypique, que l'auteure nous raconte sa vie. Lola, tout en interviewant les stars du rock à Londres et à New York pour son magazine australien, Rock-Out -nous sommes en 1967- fait part (aux rockers comme à nous, lecteurs) de ses réflexions sur son régime alimentaire, son drame étant d’être trop grosse, et de souvenirs de la Shoah vécus par ses parents! Fille de parents polonais rescapés d’Auschwitch, elle est née dans un camp pour personnes déplacées en Allemagne et a grandi à Melbourne. Mais si ses parents l’aiment, elle a vite réalisé qu’ils n’étaient pas véritablement présents car ils ne sont jamais sortis des camps de concentration, sa mère surtout qui ne peut s’empêcher de revivre sans cesse le passé .

Si j’ai choisi de lire ce livre, ce n’est pas pour faire un pèlerinage sur les traces de Mick Jagger, Jimi Hendrix, Manfred Mann, Paul Jones, Cher, Jim Morrison et bien d’autres puisque je n’ai jamais aimé le rock (oui, je sais, je suis un anachronisme vivant dans la génération 68)! Mais contre tout attente, pendant la lecture, je me suis intéressée à ces stars que Lili Brett alias Lola Bensky fait revivre d’une manière surprenante dans des interviews pas très orthodoxes et tellement drôles parfois. Elle interroge Jimy Hendrix sur ses bigoudis, aide Barry Gibb a acheté 4 costumes semblables, se lamente sur son poids avec Mama Cass, interroge Cat Stevens sur ses tics de genoux, et se fait voler ses faux cils par Cher! Le ton est nouveau, plein d’humour, inattendue même. Il est aussi plein d’émotion quand elle évoque la courte vie de certains de ces rockers qui se droguaient et priaient pour ne pas mourir vieux.

Si j’ai choisi de lire ce livre, c’est pour rester dans la continuité de mes lectures. Avec Le liseur de Bernhard Schlinck et Automne allemand de Stag Daggerman je venais de découvrir le sentiment de culpabilité et le mal être des enfants de parents nazis après la guerre. Il m’a paru intéressant de savoir comment les enfants des victimes rescapées avaient vécu eux aussi.

J’avoue que là encore le ton du roman surprend. Les atrocités des camps d’extermination, telle que sa mère a pu la vivre, Lola Binsky les distille entre deux interviews, petites anecdotes que l’on reçoit comme une gifle, au cours d’un bavardage à bâtons rompus ou de la découverte d’un nouveau régime amaigrissant. Cette apparente désinvolture donne encore plus de force à l’horreur. Peu à peu l’on s’aperçoit que toute la vie de Lola est hantée par ces souvenirs qui reviennent obsessionnellement. Elle n’a pas connu les camps mais comme sa mère, elle n’en est jamais sortie. Les enfants des rescapés des camps de la mort sont tous, nous dit Lily Brett, d’une manière ou d’une autre, perdus dans un brouillard, en proie à des crises de panique, assaillis de maux physiques et de maladies psychosomatiques. A travers l’autodérision et l’humour, le ton se fait plus grave pendant que l’écrivaine analyse les traumatismes du passé qui l’ont marquée d’une trace indélébile.

Un roman curieux et décalé, passant du rire à la gravité, parlant du pire avec légèreté, pour mieux nous communiquer la souffrance et la détresse qui ont nourri ces jeunes générations et leurs malheureux parents. Un livre à découvrir!


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Lola Bensky

Nous faisons la connaissance de Lola lorsqu'elle a dix-neuf ans et est journaliste pour un journal rock australien. Elle interviewe toutes les stars de l'époque, ce qui donne lieu à d'incroyables portraits, saisissants de naturel. C'est un premier aspect de ce roman, qui a priori ne m'attirait guère et qui pourtant m'a séduite rapidement.



Le deuxième aspect est lié aux origines de Lola. Ses parents sont tous deux des survivants d'Auschwitz. Elle est née dans un camp de transit en Allemagne, avant que la famille ne gagne l'Australie. Ce passé va peser lourdement sur toute la vie de Lola, Il faut dire que ses parents, Renia et Edek ne lui épargnent pas les souvenirs, à quatre ans elle sait déjà précisément ce qui se passait dans les chambres à gaz.



Autre tourment, Lola est trop grosse, surtout aux yeux de sa mère. Sa vie n'est faite que de régimes élaborés, commencés ou pas, suivis ou pas et son aspect ne la satisfait jamais.


Lien : http://legoutdeslivres.canal..
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Lola Bensky

Aucun livre de Lily Brett n’avait été traduit en français avant Lola Bensky. Ce roman paru en mai, d’inspiration très autobiographique, est une belle découverte que les jurés du Médicis ont saluée avec leur prix du roman étranger.
Lien : http://www.lesoir.be/698636/..
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