Qui n’a jamais été en contact intime avec un véritable éveillé ne peut imaginer ou même pressentir ce qu’est ce niveau ultime d’être, où « tout est pareil et pourtant tout est différent ». Et pourtant, par la communication secrète entre les humains, via l’inconscient, par la fine oreille qui entend malgré nous, un message subtil circule.
Le rêve, le songe n'est plus, comme chez les anciens, une source de sagesse et de conseils, le chemin juste désigné par l'ange, mais accomplissement hallucinatoire de désirs inavoués.
Cachez ce sein que je ne saurai voir ", tentons nous de dire avec pruderie... Cela ne fait que nous précipiter dans la réalité brute... Même si c'est difficile à admettre, nous sommes sans arrêt confrontés aux enjeux du pouvoir : dans notre lit avec notre conjoint, dans notre jardin avec notre voisin, dans la cour de récré avec les copains, à l'église, à la mairie, dans l'autobus, chez le psychanalyste, chez le médecin, auprès du gourou, au cinéma, dans les histoires vraies ou pas vraies... partout, là où ça respire et se réunissent les humains, le pouvoir est convoqué.
Le pouvoir évoque très souvent pour nous le soufre du diable, tant nous l'assimilons volontiers à ses abus. Beaucoup d'entre nous refusent de s'y intéresser, voire refusent tous les liens sociaux. Misanthropes, ils se lavent les mains de toute compromission, espérant ainsi échapper à cette difficile question qui est au coeur de toutes nos activités et de notre vie affective.
Les saints peuvent encore nous protéger et nous inspirer, les écrivains modeler notre pensée et nous influencer, les peintres et les poètes nous enchanter, les monstres hanter notre sommeil et notre histoire (la grande et la petite), ils habitent notre inconscient familial et collectif...
Méconnaître l'ombre est le plus fréquent, car nous redoutons de nous laisser déborder par ses forces obscures, nos démons. Il est pourtant capital de s'y intéresser de près, si l'on entend ne pas se battre contre elle sans relâche, en s'échinant à vouloir tout contrôler.
La beauté du monde appartient à celui qui la voit, elle est partout pour celui dont les yeux du coeur se sont ouverts. Ce qui est rare ce sont ces yeux capables de voir le beau, partout où il se trouve. Quelle souffrance de ne plus voir que le laid !
Même quand ils ne respirent plus - dans l'au-delà - certains humains gardent d'étranges pouvoirs sur les vivants, alimentant nos histoires de vampires, pour le meilleur et pour le pire.
Dans les liens de pouvoir au sens archaïque du terme, c'est le plus faible qui s'adapte. Dans les liens d'amour, c'est le plus puissant qui s'adapte.
Pour s'exercer avec justesse, le pouvoir doit donc s'attacher à éviter deux écueils : l'excès et le défaut de présence