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Citations de Linda Lê (328)


Linda Lê
Cherche détresse vénale
Empoisonneuse au véronal
Cherche Vénus à valium
Tueuse munie de parabellum
Cherche solitude en alerte
Fugueuse inexperte
Cherche issue de secours
Impasse valant le détours
Cherche violence subite
Clandestine en transit
Cherche voyou faisant la belle
Voyelle dans poème fou
Cherche querelle à la vie
Esprit qui toujours nie
Cherche sel de la terre
Rabatteuse de l'enfer
Prière d'envoyer

Télégramme dévoyé
Prière de décliner
Identité falsifiée
Prière de rédiger
Lettre à couteaux tirés

Cherche fossoyeuse d'illusions
Trafiquante d'irraison
Cherche amante au désastre fidèle
Buveuse de champagne au fiel
Cherche égorgeuse aux mains pures
Petite sœur aux lèvres sûres
Cherche arnaqueuse sans remords
Collectionneuse d'amours mortes
Cherche meurtrière en sursis
Incendiaire dans la nuit
Cherche âme sœur pour noces vénéneuses
Prédateur pour alliance belliqueuse
Vous que l'odeur de mon sang remue
Venez à moi dans l'attente du pire
Je viens à vous les mains nues

(L’âme sœur, interprétée par Jacques Dutronc)
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Linda Lê
Entrez, (m'sieur) dans l'humanité

Entrez, m'sieur dans l'humanité!
Gagnez la foire aux vanités
Hâtez-vous, préparez vos glandes
Bousculez femmes et enfants
Réclamez vos dividendes
Faites main basse sur les premiers rangs
Voyez-vous, j'aimerais mieux pas
Entrez, m'sieur dans l'humanité!
Les langes noués, les lits défaits
Amours de pissotière
Ou coeurs purs à la boutonnière
Vautrez-vous en simple appareil
Choisissez votre place au soleil
Voyez-vous, j'aimerais mieux pas
Entrez, m'sieur dans l'humanité!
L'échelle est mise, les crasses permises
Les dents longues, le sourire douillet
Laissez vos frères dans la mouise
Vous serez sans inconvenance
Tartempion, roi de la finance
Voyez-vous, j'aimerais mieux pas
Entrez, m'sieur dans l'humanité!
Le genou sur un prie-Dieu…

(chanson de Jacques Dutronc)
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Tu ne tenais pas de discours grandiloquents sur la fraternité, mais tu portais toujours une attention aux obscurs, aux vulnérables, pas uniquement parce que toi-même tu te rangeais parmi ceux-là, mais parce que les puissants pleins de certitude, ceux qui veulent à tout prix attirer la lumière sur eux, te faisaient craindre que ce monde ne devienne vraiment irrespirable.
(p. 100)
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Ma résolution de devenir écrivain s'affermit en lisant les grands auteurs – Flaubert, Dostoïevski, Shakespeare – l'un après l'autre. Mais je commençais à ressentir profondément ma différence. Auparavant, j'étais une Vietnamienne qui parlait mal ma langue et avait la tête farcie de culture française. Maintenant, j'étais une étrangère qui aspirait à écrire aussi bien que l'indigène. Il y avait en moi une fêlure que j'essayais de comprendre en me tournant vers les écrivains qui ont trahi leur langue natale : Conrad le Polonais écrivant en anglais, Cioran le Roumain et Beckett l'Irlandais écrivant en français. Chacun, en investissant la langue qu'il a choisie, m'apparaissait à la fois comme un voleur et un donateur.

(p. 41)
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Comme les montreurs de foire qui ne sortent jamais sans leur perroquet juché sur leur épaule, l’homme qui quitte sa patrie est condamné à porter sur son dos un lutin chargé de lui rappeler sa trahison. Vient le jour où le mauvais esprit saute à terre pour désigner du doigt le renégat avant de disparaître en fumée. Privé du seul lien qui le rattachait à ses origines, l’exilé se laissera dépérir de remords.
(p. 53)
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Les recherches ne me prirent pas longtemps. Plusieurs sites de librairies proposaient, d’Unica Z., L’Homme-Jasmin (à mon grand dépit, moi qui aurais tant voulu, en entrant dans le cercle des lecteurs d’Unica, faire partie d’un club très fermé). J’ignorais que je venais aussi de rejoindre une autre communauté, celle des collectionneurs d’œuvres consacrées aux grandes épreuves de l’esprit : le texte d’Unica Z. est sous-titré Impressions d’une maladie mentale.
(p. 73).
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En amour, répétait-il, on est toujours la dupe de quelqu’un, surtout de soi-même.
(p. 42).
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Une phrase, sortie des ténèbres de son esprit, l’obséda : « Il n’avait pas dormi de la nuit… » Serait-ce le début de son récit, le sien ? A quoi bon lutter pour la possession de cette œuvre ? Il n'avait pas le sens de la propriété. À quoi bon? Puisque Louis réapparaîtrait dès qu'il prendrait sa plume, et que l'écriture est toujours une imposture.

(p. 119, fin du roman)
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Je me crois un écrivain dans sa tour d'ivoire, je ne suis qu'un minus habens perché sur son nuage.
(p. 31)
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Ne pas se soucier du « bien écrire » ne signifie pas ne guère se préoccuper de ce qu'implique le fait de préférer un verbe particulier, d'élire tel mot plutôt que tel autre. Cela relève même, dit Amos Oz, d'un choix moral - « Les mots peuvent tuer : nous le savons que trop, mais ils guérissent aussi parfois, dans une certaine mesure. » Il se rappelle avoir souvent été consterné par les mots (« puissant », « formidable », « explosif ») employés pour le lancement de ses romans dans des pays dits civilisés. La dégradation, la corruption du langage, souligne-t-il à la suite de Victor Klemperer, annoncent souvent les pires barbaries : « Partout où des groupes particuliers d'êtres humains sont désignés sous les termes “d'éléments négatifs”, de “parasites” ou “d'étrangers indésirables”, par exemple ils seront traités tôt ou tard comme des sous-hommes. » Au bout du compte la question la plus essentielle que se pose l'homme de mots n'est-elle pas de savoir comment ferrailler contre l'injustice, la violence, le préjugé, en agissant de telle manière qu'il ne peut être accusée de faire des phrases ?

(p. 167-168)
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Un livre qu'on vient de lire entre aussitôt dans un compartiment de la mémoire que l'on peut assimiler à une sorte de salle d'attente. Pas encore vraiment rangé, pas encore installé dans le lent processus d'oubli qui va malgré tout le gagner, soit il s'éclipse très vite, soit il prolonge et densifie le réseau d'associations que sa lecture a fait surgir.

(Jean-Christophe Bailly, p. 101)
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Après les cours, il se promenait seul à travers les rues du Quartier latin, observait les passants, jetait un coup d'œil aux vitrines, dévorait des yeux les devantures des librairies en songeant : « Un jour, j'y serai ! »
(p. 22)
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Otto Freundlich, exécuté à Sobibor en 1943, avait lui aussi fui devant les nazis. Il conçut durant ses derniers jours la maquette en carton d’un Phare des sept arts. C’était le testament de l’auteur de la mosaïque Hommage aux peuples de couleur : il cherchait à traduire, à travers ce Phare, l’idéal d’un monde qui aurait conservé l’esprit du siècle des Lumières et demandé à des artistes sans compromis d’être les guides de leur époque.
(p. 153)
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Sa lucidité l'obligeait à reconnaître que, s'il était facile et séduisant de se dire de nulle part, il l'était beaucoup moins de vivre en ce fichant de définir les contours d'une appartenance, même de pure convention. S'il était facile et séduisant aussi de croire qu'il suffit d'ériger des barrières entre soi et autrui pour défendre sa singularité, il l'était moins de vivre chaque jour son splendide isolement.
(p. 82)
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J'erre dans les rues du pays de mon enfance.

(p. 48)
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Kriss
On a transformé le meurtre de mon père en fait divers. On a classé l'affaire parmi les crimes de rôdeurs. J'attendais le retour de Stan pour que le fait divers devienne un mythe sanglant. Elle a tué un dieu. Un autre dieu devait la punir.

Stan
Pardonnez à votre frère sa faiblesse humaine.

(p. 75)
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Lorsque j'avais douze, treize ans et que j'empruntais des romans à mon père, je me demandais comment on en écrit un. Interpelle-t-on le lecteur, comme le font parfois les auteurs malicieux? Y met-on des bouts de soi-même et des miettes de son savoir ? En ce temps-là, je composais d'abominables vers, pour dire en gros que la vraie vie est ailleurs. Je tenais aussi des carnets intimes, pour dire en gros que je n'avais pas ma place sur terre. (p.13-14)
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au lieu de mettre au point une action d'envergure j'ai lancé des pétards mouillés qui ont à peine fait trembler les vitres alors que je voulais faire sauter les fondations du monde tu n'as pas su t'abstenir dit l'Homme célèbre il a fallu que tu écrives des livres pour te chauffer les muscles des livres pour rien des livres pour la page du même auteur des livres qui sont trop verts qui agacent les dents des livres qui sont à moitié gâchés et quand on regarde la page du même auteur c'est un peu comme quand on regarde la photo d'une grande famille on se dit que c'est une suite d'erreurs, on se dit au lieu d'avoir le nez collé sur son entêtement à rallonger la liste du même auteur le même auteur aurait mieux fait de rester un peu plus longtemps dans son bain à se détendre un peu plus longtemps devant le cheminée à écouter le crépitement du feu un peu plus longtemps avec ses amis à finir les bouteilles de vin un peu plus longtemps les soirs d'été à guetter les escadrilles d'oiseaux qui passent au-dessus de la maison un peu plus longtemps dans le jardin a regardé les lapins courir vers les fourrés tout ce temps perdu lui aurait appris qu'il fallait mieux profiter des choses simples plutôt que d'écrire des livres à demi réussi pour ces gens moyennement cultivés ces livres qui au mieux lui font grimper quelques échelons qui mieux le font passer du statut de l'écrivain-qui-s'appelle-comment- déjà au statut de l'écrivain-qu'il-faut-avoir-lu ces livres qui l'ont rendu crispé hargneux toujours prêt à mordre au mollet de celui qui veut prendre sa place son strapontin dans le carré où l'herbe est plus verte alors que s'il était resté un peu plus longtemps à tremper dans son bain un peu plus longtemps à finir la bouteille de vin un peu plus longtemps à écouter les jacassements de pies ses idées se seraient décantées il se serait épargné cette moitié de livre un livre doublement ratée puisque son échec l'a obligé à le réparer par un nouvel échec un autre livre à demi réussi pour gens moyennement cultivés un nouvel échec qui a permis aux gens moyennement cultivés de soupeser ses petites crottes de les faire évaluer par la Commission du goût un nouvel échec qui a permis à des constipés n'ayant jamais réussi à lâcher la moindre œuvrette de touiller son vomi de renifler ses odeurs c'est lamentable toute la peine qu'il s'est donnée pour épater les pue-de-la-gueule qui ne font que tourner dans leur bouche la chique des autres qui ne font que répéter ce qu'ils ont entendu dire par d'autres pue-de-la-gueule qui eux-mêmes n'ont fait que mâchouiller les idées volées à des charognards de la pensée c'est lamentable dit l’Homme célèbre toute la peine que tu t'es donnée pour épater ces pue-de-la-gueule qui mâchent crachent encensent répandent partout leur puanteur jettent sur tout leur bénédiction et s’en tirent avec un pas mal tamponné sur des bluettes comme sur des chefs-d'œuvre qu'ils fourrent dans le même convoi en partance pour le néant les pue-de-la-gueule de la culture dans les calamités de cette fin de siècle dit l’Homme célèbre leur haleine empeste tout l'atmosphère est envahie par les relents de nourriture mal mâchée vite évacuée ces cracheurs de médiocrité bien-pensante dit l’Homme célèbre il faut les fuir ! quitte à ne fréquenter que des fous et des idiots il vaut mieux entendre toute la journée des évidences et des insanités des élucubrations et des radotages des insultes et les mêmes histoires qui ne font rire que le futé qui les raconte plutôt que de supporter la compagnie des petits grimpions qui se calent les joues de bons mots refont le monde aux frais de la princesse et sont les premiers à détaler quand leurs savants échafaudages s'effondrent sur les passants qui n'en peuvent mais les petits maîtres dit mon ami l’Homme célèbre il faut leur faire la peau !

(p. 45-48 de l'édition de poche « Titre 143 »)
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[...] il fallait porter dans une main un fusil, dans l'autre un livre : celui qui n'avait que le fusil finissait par se rendre coupable de tueries aveugles, et celui qui n'avait que le livre en venait toujours à se perdre dans les brumes de l'idéalisme.
(p. 138)
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Ils se souciaient peu, Hô Chi Minh et Mandelstam, de la réputation qui leur était faite. Le premier, paria, combattant, stratège meneur d’hommes, devint le libérateur auréolé d’une gloire qui, sur le tard, semblait lui peser. Le second, démiurge blessé, traîna sa mauvaise réputation jusqu’à sa mort, jusqu’à ce qu’une fosse commune reçût sa dépouille.
(p. 144)
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