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Critiques de Line Papin (284)
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Les os des filles

Un matin, Agathe me parle de ce roman. Elle me dit qu'il lui a fait penser fort au mien, dans sa manière sincère d'appréhender sa propre vie. Souvent les gens enjolivent, embellissent. Souvent les souvenirs recréent et subliment. Elle m'invite à le lire. J'aime suivre son regard, elle est de ceux qui me connaissent instinctivement. Alors je le commence. Très mal. Un jour que je suis dans le train. Avec deux bambins qui hurlent dans une poussette à côté de moi. Je n'imprime qu'une phrase sur deux, c'est peine perdue.



Quelque temps plus tard, à Saint Maur en Poche, j'allais être interviewé sur la scène pour parler de mon bouquin. Juste avant moi, il y a Line Papin. J'arrive à la fin de son intervention. Je ressasse des fragments de son roman, de ce que j'en avais glané. Il me restait. Des images entêtantes comme des flashs. Sur scène, je l'ai évoquée maladroitement. Alors que j'étais censé parler de moi, mais je me sens tellement mieux à parler des autres. ça m'a rassuré. Elle m'a aidé. Elle ne le saura jamais.



J'ai su à ce moment-là que j'allais reprendre son roman. Au calme. Après ces tourbillons et ces mouvements incessants, ces odyssées étranges. Je l'ai fait hier. Presque dans la journée et ce matin encore, juste avant l'aube. C'était le bon moment. J'étais près d'elle, en phase. Les Os des filles paru chez Stock en plein dans le regard. Un rendez-vous que j'avais presque manqué, mais qui régulièrement s'est rappelé à moi. J'aime me rendre à ce genre de signe.









L'exil... souvent dans la littérature récente, ce motif est revenu. Cette langueur étrange d'un pays de l'enfance qu'on a déserté et qui demeure en fond de regard. La jeune femme est pleine de ce manque et c'est presque lui qui l'a fondée. Une innocence perdue incarnée dans une contrée volatilisée. Des premiers temps paradisiaques et une mémoire pas encore morcelée. Le passé des femmes de sa famille, Line s'en souvient comme d'un conte. Une légende traditionnelle. Un pays traversé de guerres et de tourments, celles d'Indochine, contre les français et les américains. Ba, sa grand mère au caractère si fort, passionnée d'histoire et de Napoléon, plus tard devenant une figure engagée des premiers temps d'internet. Et puis les trois filles qu'elle enfante, les trois H. Sa mère est la seconde. Elle s'éprend d'un français qui l'emmène vivre dans une belle maison à Hanoï, un ilot d'expatriés. La petite Line s'en souvient comme d'un enchantement, près de sa nourrice à l'amour maternel qui lui passe tous ses caprices. Près de ces amis d'enfance dont elle n'a jamais oublié les noms. Dans cette ville qui de 1995 à 2005 était encore dans une forme d'enfance, pleine de promesses, pleine de possibles et de doutes. Hésitante, bordélique, entre deux mondes.



Toujours chez Line Papin, le lieu renvoie à un état d'âme. L'insouciance et l'allégresse d'Hanoï qui découvre la vie sans embargo comme elle-même découvre le monde, avec exubérance. L'amour. La chaleur, la communauté. Se rattacher à une tradition, deviner ses racines dans le regard des autres. Adopter une cohérence et un début de destin. Et puis être déracinée, brutalement. Revenir aux terres d'origine de son père en Touraine et découvrir cet autre monde. S'apercevoir qu'Hanoi désormais évoluera sans elle. Ne pas se faire aux maisons de pierres épaisses qui portent d'autres souvenirs que les siens. Ne pas se faire à Paris. Dépérir en France. Se repasser sans cesse l'image des silhouettes éplorées qui disparaissaient dans la lunette arrière du taxi qui l'arrachait des lieux qu'elle aimait.



S'affamer. Être maigre à faire peur, avoir la peau sur les os. Incarner son chagrin. Devenir le spectre de tout ce qu'elle a perdu. Ne plus rire. Errer dans un univers qu'elle ne reconnait pas. Dans la France grise, loin de l'allégresse enfantine qui semblait enrober le Vietnam comme un halo. Porter ce deuil. Le figurer presque comme une toile fauve. Être décharnée comme un souvenir caché, interrompu dans sa trajectoire. Personnifier un exil qu'aucun mot ne saurait apaiser. Être orphelin d'une part de soi. Le Vietnam, pour Line, est une mère. Le lien d'affection est tangible et permanent. Même la lumière et les couleurs ne sont plus les mêmes quand elle décrit ses souvenirs de France, où tout, sans cesse est à recommencer. Une série de nouveaux départs qui renient leur passé. L'assimilation qui exige l'amnésie, l'amputation d'une part de soi. La négation d'une identité métissée et multiple. La honte même parfois et le refus de parler la langue de ses ancêtres.



Comment se retrouver alors ? Comment prendre goût à une vie transplantée, à reprendre racine dans un sol inconnu? Comment se souvenir de tous ces lointains, ces figures tutélaires qui nous forgent et dont on est le prolongement ? Comment revenir à un pays qui a bien trop changé pour qu'on le connaisse encore ?



Line Papin porte son monde intimement, en fait le récit. Elle est riche de tous ses visages, de tout son héritage. Elle est jeune encore, et n'a pas perdu la mémoire de l'enfance. On en ressent la beauté, on en ressent les blessures. Mais il y a là de la grâce, une forme de malice, de sagesse et d'intégrité à recoller les morceaux de son passé, à les réconcilier dans l'écriture. On commence ce livre comme on feuillette un album de famille, un temps de l'innocence, avec ses figures légendaires. Et puis la tendresse et la nostalgie d'enfance, la douleur adolescente secrète, indicible, intime. Enfin cette jeune femme, riche de toutes ces facettes et de toutes ses cultures, qui porte en elle des lieux comme des reflets d'elle-même. Des noms de pays comme des journaux intimes. Des lieux qui disent quelque chose de soi, qui nous dévoilent comme des secrets. Des liens qui sont brisés. Des déchirures qui finissent par nous détruire, nous aspirer, nous anéantir dans l'anorexie. De ces endroits et de ces êtres dont nous sommes le souvenir ou le tombeau vivant. Ces hiéroglyphes sur nos intimités.



C'est beau et bouleversant. Elle est dans la lignée évidente de Marguerite Duras, on en reconnait la mélancolie et la musique des souvenirs. Line se tient toujours en équilibre au dessus de son abîme intime, elle soutient ses gouffres, fait partager son impuissance avec une implacable lucidité. Elle raconte les guerres. Celles que sa famille a traversées. Celle intime, qu'elle s'est livrée. L'histoire d'une identité qui s'est construite dans la douleur. L'histoire des os des morts que l'on recueille et qu'on garde dans une petite boite après leur mort.



Je me disais bêtement que, sans doute, Line Papin n'avait pas besoin de moi. Qu'elle a eu de beaux articles et sans doute déjà un beau succès. Sauf qu'elle m'a ému. Et que plusieurs fois, j'ai failli ne pas le dire, que plusieurs fois j'ai failli la manquer, mais que sans cesse ce livre me revenait, dans le regard d'Agathe ou sur scène à Saint-Maur. Jusqu'ici, dans ces vacances et ce beau silence que je peuple des livres et du souvenir des autres.
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L'éveil

Difficile de ne pas voir défiler des images du film L’amant de Jean-Jacques Annaud en lisant ce premier roman. Parce que l’action se déroule à Hanoï, parce qu’il s’agit d’une histoire d’amour, parce que le climat humide et chaud y joue aussi un rôle, ainsi que les chambres non-climatisées. Ajoutons-y une certaine oisiveté et le jeu des différences sociales. Mais si le film – et le livre éponyme de Marguerite Duras – servent à planter le décor, l’histoire est bien différente.

Cette fois, on va suivre la vie de quatre expatriés dans la capitale vietnamienne. Deux jeunes filles, Juliet l’Australienne et Laura la Française et deux hommes, l’un est Français et un peu plus âgé. Son identité ne sera pas dévoilée. L’autre est son ami et confident Raphaël.

C’est lors d’une soirée organisée par un certain Monsieur Klin pour les cinquante ans que Juliet rencontre le Français. Il est serveur à L’Ermitage, l’hôtel où se déroule la fête (pour ceux qui connaissent Hanoï, on peut imaginer que l’auteur s’est inspirée de l’Héritage, situé dans le quartier décrit). Après une soirée bien arrosée, elle s’accroche au bras de cet homme et finit par le suivre chez lui, dans son petit appartement de la vieille ville.

Line Papin donne successivement la parole à l’un et à l’autre. Ce qui nous permet de voir Juliet à la fois surprise de se retrouver au petit matin dans cette chambre inconnue et amoureuse de cet homme. Ce qui n’est pas vraiment le cas de son amant Français tout aussi surpris, mais qui considère leur relation plutôt comme un joyeux divertissement.

Cette nouvelle relation est aussi pour lui l’occasion d’oublier ses soucis. Il doit éviter de rencontrer son propriétaire à qui il doit des arriérés de loyer et en a assez de subir les invectives de son patron. Il va du reste finir par rendre son tablier.

Juliet, fille de l’Ambassadeur d’Australie, n’a pas de tels soucis et peut se réjouir de cette démission, afin de pouvoir profiter davantage de «son homme». Sauf que ce dernier rencontre Laura dont la beauté autant que l’aura mystérieuse qu’elle dégage le fascine.

Raphaël se rend bien compte du danger et tente bien de mettre son ami en garde «avec elle, tu es foutu». Mais on sait bien que le danger peut avoir un effet aphrodisiaque. Comme Juliet s’accroche, voilà notre homme engagé dans une double histoire dont on sent bien que ni l’une ni l’autre ne sont faites pour durer…

Tout comme la vie d’expatrié. D’autant plus que le drame vient se greffer à la comédie de mœurs.

Sensible et sensuel, voilà un premier roman au goût aussi acidulé que les fruits exotiques du marché d’Hanoï. De ceux que l’on goûte avec le plaisir de la surprise et dont on deviendrait vite addict.


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Le coeur en laisse

Disons le tout net: je suis extrêmement déçue à la lecture de ce roman!

Il s'agit tout simplement de l'histoire d'un écrivain arrivé à la quarantaine, tombant éperdument amoureux d'Ambroisie, que je trouve perverse, imbue d'elle-même, antipathique au possible.

Maurice laisse tout tomber pour elle: sa compagne, son écriture, sa personnalité même. Il devient un autre pour lui plaire .

Non seulement j'ai trouvé l'histoire désolante et fade, mais j'ai été étonnée de la pauvreté de l'écriture. Je m'interroge: Est-ce bien la même Line Papin qui m'a tant charmée avec " L'éveil" ou " Les os des filles"?
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Le coeur en laisse

Comment en arrive-t-on à avoir son cœur en laisse ?



Maurice mène une vie simple et sobre avec Isabelle. Mais lorsque Ambroisie rentre dans ce restaurant de Gordes où le couple déjeune, Maurice est subjugué.

Fin de son couple.

Nouveau couple.

Mais quel couple atypique !



2 personnalités si différentes et un mode de vie à l’opposé. Ils vont s’aimer. Mais à quel prix ? N’y a t il pas un sacrifice de l’un vis à vis de l’autre ?

Jusqu’où est-on prêt à aller, à accepter par amour ?



Avec ce roman qui sent la romance, Line Papin décortique une relation plus complexe, avec une certaine emprise de l’un sur l’autre. La relation est elle véritablement égale ?



Très joli roman.

Bon plaisir de lecture.
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L'éveil

Voici le deuxième livre que je lis de Line Papin et cela conforte l'idée que j'avais déjà eu avec "Les os des filles" : c'est une jeune auteure avec énormément de potentiel et un style bien à elle. "L'éveil" est son tout premier roman, publié alors qu'elle avait à peine dix-neuf ans, et dans lequel nous entrevoyons toutes ses capacités narratives. Comment est-il possible d'écrire un livre tel que celui-ci aussi jeune ? le talent, tout simplement.

La narration est très bien construite, alternant entre Juliet et Raphaël et nous permettant ainsi de voir les ressentis de chacun et leur vision différente d'une même chose. Les phrases et les mots se bousculent, coulent, sont parfois hachés, répétés. C'est une farandole de mots et de phrases.

C'est donc une réussite au niveau stylistique, mais le contenu est lui aussi très peaufiné et répond à toutes nos attentes. Line Papin nous parle ici de passion, d'amour dévastateur, de folie et de dépression, d'êtres brisés, écorchés, amochés. de tentatives de vivre tout de même, de mordre la vie à pleines dents, d'actes salvateurs, de tunnels dont on ne voit pas la fin. C'est dur, c'est âpre, à l'image de la langue utilisée.

L'auteure porte un regard très mature sur la vie et sur ses personnages.

Je vous conseille vivement de suivre Line Papin, c'est une auteure qui ouvre le champ des possibles !
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Les os des filles

Ce roman au titre singulier est une biographie poétique et nostalgique. Je devrais plutôt dire un récit du déracinement,

déracinement consécutif aux guerres qui se sont succédé à Hanoï. C'est là qu'on conserve les os - des filles et des autres- " ce que nous avons au minimum, ce que nous avons tenté d'être au maximum"Line Papin se retrouve en France à 15 ans, sans comprendre exactement les choix de ses parents qui ont laisséau Vietnam la grand-mère à laquelle elle était très attachée.

"Puis sans savoir comment, les matins se sont éclaircis, ils sont passés du mauve au parme à l'incarnadin." ..." La vie allait pouvoir recommencer": cette conclusion , pleine d'optimisme, achève ce roman et nous laisse entendre que la jeune Line Papin a trouvé sa voie.
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Les os des filles

C'est l'histoire de Line née par accident à Hanoi, au Vietnam; un pays rendu exsangue par la guerre et les sanctions américaines. C'est aussi l'histoire de trois générations de femmes entre guerre et paix. C'est aussi un récit sur les difficultés de l'exil fut-il volontaire. On ne vit en France comme on vit au Vietnam, là où on a tout laissé. C'est enfin l'histoire d'un long cheminement et d'un retour expiatoire aux sources. Très beau récit.
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Les os des filles

« On ne naît ni par hasard ni nulle part. On naît neuf, entouré d’anciens os. Dans le cœur et dans le ventre, il y a les os de la guerre, de la grand-mère, des os de vétérans, il y a les os laissés par les bombes, les os d’une vitesse, de trois filles, les os des non qu’elle leur a dits, il y a les os de Hanoï, les os du premier fils, les os de ses pensées. Il y a ces os qu’on n’avait pas désirés et qui vont, quoi qu’il en soi, se former. Il y a ces os qu’on ne connaît pas, qu’on porte sans savoir, qui vont tout déchirer. Il y a une vie. Il y a le 30 décembre 1995, à la fin de l’année, dans un hôpital crasseux de cette ville a peine reconstruite qu’est Hanoï, une petite fille qui naît. »



Cette petite fille qui naît , c’est Line Papin, l’auteure, et cette métaphore des os,qui donne son titre au livre, revient à de multiples reprises dans le récit. Cette citation donne aussi une assez bonne idée du style de l’auteure (j’y reviendrai !)



Née d’une mère vietnamienne et d’un père français tombé amoureux du Vietnam, Line connaît une enfance heureuse à Hanoï. Alors qu’elle a dix ans, son père décide de rentrer en France avec femme et enfants. Pour Line, privée brusquement de sa grand-mère adorée, de sa nourrice, de ses amis, de sa terre natale, c’est un déchirement qui va petit à petit la détruire jusqu’à une anorexie sévère.



Des thèmes puissants, donc, dans ce roman : la souffrance de l’exil, le déracinement, la double culture, la dépression et la descente aux enfers de l’anorexie.... Pas vraiment réjouissant, certes, mais intéressant. Et pourtant, je n’ai pas beaucoup aimé ce livre.



La première partie se passe au Vietnam : une trentaine de pages qui racontent succinctement le destin de trois générations de femmes ( arrière grand-mère, grand-mère et mère de l’auteure) dans l’histoire tourmentée de l’Indochine , de 1945 aux années 90, puis l’enfance dans un Vietnam pauvre mais pacifié et joyeusement vivant aux yeux de l’enfant qu’elle est. Mais j’ai été, déjà, très gênée par le style et par le choix de ne jamais nommer sa mère , ses tantes, son père, autrement que « la première H », « la deuxième H » (sa mère), « la troisième H », « le jeune Français ». Une façon de les tenir à distance sans doute mais qui freine l’empathie.



La deuxième partie , si elle décrit avec précision et justesse la lente dérive vers la dépression et l’anorexie et la lutte pour en sortir m’a semblé trop longue et répétitive, très froide aussi, diminuant l’émotion qu’on devrait ressentir. Le passage perpétuel du « je » au « tu « , au « elle » ou même à « la petite fille » , appuyant un peu trop sur la perte d’identité est un peu lassante.



Mais c’est surtout le style et l’écriture de Line Papin qui m’ont dérangée : une alternance de phrases très courtes et surtout de très nombreuses et très longues énumérations répétitives ; un ex parmi de nombreux autres (p 129) :



« Alors, les parents qui passent, c’est quelque chose. Il y en a de toute sorte : les divorcés, les affolés , les énervés, les désemparés, les réconciliés, les doux, les pleureurs, les optimistes, les parents. Ils sont là pour avoir des nouvelles de leur enfant. Ils sont colorés, chemise corail, jean bleu, veste verte, tailleur parme, foulard turquoise, parapluie cassis, chaussures blanches. Ils sont de la ville, de la vie, ils ont encore sur eux une odeur de métro, de voiture, de moto, ils ont un parfum de pluie, de vent, de bruit, ils sont vivants mais ils sont désemparés face à la mort d’une vie qu’ils ont donnée. Ils sont comme des fleurs, de différentes teintes, de différentes formes : les négligés, les chics, les rustres, les maniérés, les très simples, les beaucoup trop, les pas assez, les juste parfaits... »



Et puis il y a ces phrases obscures qui semblent là pour faire joli (ex : « Le fruit avait le goût limpide du néon » ?) ou un brin ampoulées (« Elles veulent mourir vivantes, elles veulent vivre mortes »; « Paris fut belle et pleine. Paris fut étrangère. Paris fut un champ d’honneur »)



Bref, pas convaincue du tout par ce livre !

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Les os des filles

Line Papin est une jolie découverte ! C'est un récit qui a une valeur autobiographique et qui nous embarque dans les années 60, en Indochine, pendant la seconde guerre.

Line Papin se raconte, et raconte son histoire familiale, dans une magnifique écriture. Ce récit est illustré de photos personnelles qui nous rapprochent encore du texte.
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Les os des filles

Vietnam, années 60. C’est la fin de la seconde guerre d’Indochine. Dans la famille de Ba, il y a trois filles, les trois H. La deuxième sœur, mère de la narratrice, a épousé un français. Dans une famille vietnamienne, tout le monde vit dans la même maison et les enfants sont élevés par l’ensemble de la famille, grands-parents, tantes, nourrice. La vie s’écoule dans le vacarme de la rue, la chaleur de la famille, l’impatience de l’enfance, les livres, l’école, les sorties, les chagrins et les découvertes. Pourtant un jour, il faut quitter ce cocon et H part rejoindre Tours avec son mari français et ses enfants.



Il faut alors apprendre d’autres coutumes, vivre sous d’autres latitudes, affronter un autre climat, quitter la tribu vietnamienne et tenter de se faire accepter par cette nouvelle famille, cette ville, ce pays, dans lequel H et ses enfants se sentent étrangers. Arrachée à leur cocon familial, mère et fille vont devoir s’adapter, au risque de se perdre.



C’est cette difficile expérience de la vie que raconte l’auteur...



Lire ma chronique complète sur le blog Domi C Lire https://domiclire.wordpress.com/2020/02/17/les-os-des-filles-line-papin/
Lien : https://domiclire.wordpress...
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Les os des filles

Avec cette histoire, Line Papin ouvre les deux volets de sa maison. Celui du Vietnam et celui de la France. Celui du lumineux et celui d'une noirceur. Le Vietnam, une terre de naissance dans laquelle l'auteur prend racine, s'ancre. Elle est entourée de chaleur, moiteur, d'une forme d'insouciance. Une largesse de sentiments et de sensation est propice à une croissance certaine et à un épanouissement. Attention ! Chaque croissance est fragile, à entretenir, surveiller. Qu'advient-il lorsque cette légèreté et cette forme de candeur environnantes disparaissent brutalement ? Si tout ce qui concourt à vous faire croître et vous nourrir vous sont enlevés, vous flétrissez. Si de surcroît le froid de tout et le manque de tous/tout vous accablent vous attaquent, vous mourrez. La destruction est initiée. Celle de l'intime d'abord : le cœur, le discernement. Puis l'atteinte viscérale se propage alors à la chair, à l'enveloppe. À quelle fin ? Celle de se défaire d'une chair contaminée par ce qui la ronge ? Cette chair tuée laisse enfin apparaître l'architecture du corps : les os. Ceux qui sont les garants de la tenue du corps, ceux qui portent, ceux qui resteront après la mort, ultimes témoignages d'une existence mais pour un temps seulement. Les os des filles.

🖍️ Line, sachez que vous m'avez embarquée dans le voyage de votre enfance, de votre adolescence, dans celui de votre corps et de votre cœur. Ces retours à la source, à votre source m'ont abreuvée d'émotions. J'ai été émue et surprise parce qu'avec vos mots et cette histoire j'ai reçu bien plus que ce que j'avais escompté. Désarçonnée et décontenancée. Troublée. Les larmes aux yeux. Mais finalement voilà bien ce que j'attends d'une lecture. Qu'elle creuse en moi un sillon et laisse une trace . Merci.
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Les os des filles

Line Papin a 23 ans elle est née à Hanoï d'un père français et d'une mère vietnamienne.

Dans ce roman elle part à la recherche de ses racines sur les traces de son enfance, avec trois générations de femmes avec chacune leur combat : contre la guerre, contre la famine et contre la dépression.

Elle a voulu savoir qui était sa mère et sa grand-mère. Elle s'est penchée sur leurs souvenirs, ces femmes qui ont vécu dans la campagne de Hanoï pendant la guerre.

LINE PAPIN, avec une certaine pudeur, raconte le quotidien au Vietnam, le travail dans les rizières, les tickets de rationnement.

Elle y relate ses souvenirs à elle, les après midi à la piscine, son enfance chaude et profonde….jusqu'à ses dix ans où ses parents décident de quitter le Vietnam pour la France.



Pour Line ce sera le début de la solitude, la perte de ses amies, de ses repères avec la nourriture et son environnement. Elle oscille avec un pied en France et un autre au Vietnam, situation qui devient vite inconfortable.

A 15 ans, elle vit à Paris et décide de ne plus se nourrir. Elle ne parvient plus à grandir depuis qu'elle a quitté le Vietnam, elle ne parvient plus à grandir, ni à exprimer ce qu'elle ressent.

Cette douleur d'enfant va la faire sombrer et frôler la mort.

A 15 ans, faut il vivre ou faut il mourir ?



Les os sont le fil conducteur de son roman autobiographique. Il commence par les os des cimetières au Vietnam donc la mort et se termine sur la vie, la vie qui recommence.



LINE PAPIN m'a ému par la maturité de son écriture, elle sait utiliser les mots et les fait résonner avec justesse.



Ce fut pour moi une merveilleuse découverte.
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Les os des filles

J'ai reçu ce livre par les éditions Stock sans rien en connaître, pas même l'auteur.



L'histoire en elle-même est intéressante, et je comprends complètement son besoin de s'écrire, de recréer ce lien brisé, de fouiller dans ses générations passées, de dénouer et tirer les fils jusqu'à pouvoir survivre, enfin.

Mais ça ne fonctionne pas.

J'ai eu bien de la difficulté à rentrer dans l'histoire : le style de Line Papin ne m'a pas touchée, et sa mise à distance émotionnelle.. m'a mise à distance moi aussi. Il y avait un décalage entre l'intérêt (réel) historique et familial, et l'écriture factuelle, lointaine, plate. Dans cette succession de faits, je n'ai pas réussi à me faire une place.

La seconde partie autour de son anorexie, de ce lien brisé entre son pays et elle, sa mère et elle, m'a beaucoup plus parlé, peut-être était-ce moins froidement abordé (encore que).



Si je comprends pleinement cette distance de l'auteur (se mettre en lien avec soi, ce n'est pas évident), je ne suis pas convaincue par le style malgré l'intérêt certain de son histoire.
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Les os des filles

Je suis désolée, je n'ai pas aimé plus que ça. J'ai trouvé ce roman très impersonnel, avec une narratrice qui semblait éloignée de son histoire. Le fait déjà que les personnages ne soient pas réellement nommés (on parle des trois soeurs comme des trois H) m'a dérangée.

En revanche, je pense que le fait qu'il s'agisse d'une autobiographie m'a aidé à finir le roman. On a davantage de compassion pour le personnage de Line, petite fille déracinée qui apprend à vivre dans ce monde en perpétuel mouvement.
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Les os des filles

Je commence ma belle aventure de juré du Prix des lecteurs du Livre de Poche 2020 avec ce roman de Line Papin. J'avais vu cette photo en noir et blanc tourner sur les réseaux sociaux l'année dernière au moment de sa sortie en grand format aux éditions Stock. J'étais intriguée par cette couverture et le résumé me donnait envie de découvrir l'auteure et son histoire. Le prix commence fort avec ce roman, qui n'est pas très long (à peu près 150 pages au format poche) mais très intense.



Line Papin raconte ici sa propre histoire, sa propre vie. Elle est d'origine vietnamienne, est née à Hanoï au milieu des années 90, à une époque où le Vietnam se relève enfin et peut vivre « normalement ». C'est un pays qui a été touché par deux guerres, et qui a eu beaucoup de mal à relever la tête, comme on peut se l'imaginer dans ces cas-là. On va ainsi faire la connaissance de la grand-mère et de la mère de l'auteure. Elle va nous raconter leurs conditions de vie dans un petit village avec tout ce qu'une guerre peut amener comme désastre, la faim, la maladie, les bombes, la mort. Et ces femmes vont survivre. Ba, la mère de Line, va ensuite s'installer à Hanoï où elle rencontrera celui qui sera son mari et père de ses enfants. Il est français. Ils vont vivre dix ans dans cette ville où ils habitent une maison proche des parents de Ba. Ils vivent tous ensemble, avec les parents et ses deux sœurs. Line va ainsi vivre dans une maison où les portes ne sont jamais fermées, où les cousins et cousines entrent et sortent comme elles veulent, où ils mangent tous par terre, où ils sont tous là les uns pour les autres. Les parents de Line vont quitter le Vietnam pour revenir en France, dans la famille de son père, en Touraine déjà, puis à Paris. Line vit très mal ce déménagement et cette nouvelle vie qui, on s'en doute, est totalement différente de celle qu'elle a connue jusqu'à maintenant. Il y a bien sûr en plus, le manque de son pays natal, de sa famille maternelle, et la façon de vivre en France est totalement différente. Ajouté à cela les problèmes que tous les adolescents peuvent rencontrer, on comprend vite les circonstances qui amènent Line à la maladie. Et nous, lecteurs, allons suivre Line dans sa lutte contre elle-même, dans sa guérison et dans son retour aux sources, dans un Hanoï complètement différent de celui qu'elle a connu pendant son enfance. On comprend le choc qu'elle a dû avoir à ce moment-là, les mentalités ont changé, Hanoï est devenue une ville comme les autres, avec son modernisme. Je n'ose imaginer les sentiments que cela a dû susciter chez la jeune femme. Déjà, moi, à ma petite échelle, quand je retourne sur les lieux de mon enfance, je suis choquée des différences qu'il peut y avoir. Ce qui est logique, car ce qu'on voit avec nos yeux d'adulte est bien différent de notre vision d'enfant. Alors, quand c'est en plus dans un pays tout neuf et enfin libre de ses actes, ce doit être encore plus déroutant.



Je me suis très vite attachée à Line et à sa famille. J'ai beaucoup aimé suivre sa grand-mère dans ce petit village vietnamien, la vie de sa mère et de ses sœurs enfants, puis adultes à Hanoï à une époque où tout se reconstruit. Avec ces deux générations de femmes, on voit l'évolution du pays, la différence de vie entre un village pendant la guerre et une ville en période de paix retrouvée.

Bien qu'il ne soit pas séparé distinctement en deux parties, on les ressent à la lecture. En effet, l'auteure nous parle déjà de ses aïeux, du Vietnam pendant une première moitié approximativement, puis ensuite, nous parle de sa vie à elle, de ses propres ressentis, de sa vie en France et de sa déchirure avec son pays natal. Ce livre est une belle fresque humaine, où les femmes ont la place principale. Ce qui m'a le plus frappée c'est que tout cela s'est passé il y a peu de temps. Line Papin pourrait être ma fille, elle est d'ailleurs née un an plus tard de ma dernière fille, et pourtant, tout ce qu'elle vit, toutes les avancées que son pays fait, paraissent tellement venir d'une autre époque alors que cela date de 25 ans...Ce décalage m'a vraiment choquée et intriguée. Pour la France, cette période de renaissance après-guerre remonte aux années 50, pour moi qui n'étais pas encore née, ça me semble très loin. Alors quand je vois une jeune femme de 25 ans expliquer sa vie dans son pays comme le notre il y a 75 ans, j'avoue que j'en ai été perturbée.



Tous ces éléments ont fait je pense beaucoup dans mon attachement pour l'auteure et sa famille. En plus, elle parle à la première personne du singulier, ce choix narratif est somme toute logique. Mais ce « je » permet un rapprochement avec le personnage principal qui est Line. Il permet de rentrer dans sa tête, se mettre dans sa peau et vivre au plus près d'elle, ressentir le moindre de ses sentiments au moment où elle les raconte. J'aime beaucoup ce procédé, je me sens ainsi très proche du personnage et je vis avec lui chacun des événements importants. Et ce que vivra Line est loin d'être facile.



Je dois dire que la lecture s'est faite rapidement, il faut dire aussi que le style fait que ça se lit facilement. Line Papin a réussi à m'entrainer dès le départ avec elle dans son récit, elle m'a pris par la main, et ne l'a lâchée qu'une fois la fin arrivée. J'ai passé un après-midi intense avec elle. Le livre n'est pas très long, mais il n'avait pas besoin de plus de pages. Je pense que cela aurait été de trop, et aurait provoqué trop de répétitions. Là, c'est un condensé d'émotions diverses, j'ai vécu cette lecture intensément au rythme des événements de la famille de Line Papin. J'ai souvent été émue, aussi bien dans la joie que dans la peine. Mais d'un point de vue général, je trouve qu'il en ressort plein de positivité de cette lecture. Au milieu du livre, il y a un encart avec des photos de la famille de Line. Cela m'a permis de mettre des visages sur chacun des membres, que ce soit sa grand-mère, ses parents, ses tantes. J'ai pu ainsi visualiser chacun d'eux, à défaut de ne pouvoir le faire des lieux, vu que je ne connais pas ce pays. Il y a peu de descriptions de paysages, mais cela ne m'a pas manqué, j'ai de loin préféré celles que l'auteure a fait sur les personnages. La signification du titre « Les os des filles » est elle aussi très jolie.



Ce livre est une très belle découverte pour moi, une très bonne lecture, je ressors conquise par le style de cette auteure. J'ai vu qu'elle avait écrit deux autres romans, je pense qu'ils feront partie de futurs achats, j'aimerais beaucoup la lire à nouveau dans d'autres contextes. En tout cas, une chose est sûre, c'est que je vais la suivre de près dans ses futures publications. C'est ce que j'aime dans ce Prix des Lecteurs, faire des découvertes de romans vers lesquels je ne serai peut-être pas allée de moi-même en temps ordinaire. C'est très enrichissant et instructif.
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Les os des filles

Je le ferme. Le dépose sur ma PLL. Reste songeuse. Encore envie d'en parler.

Je ne suis pas sûre que ce soit vraiment le livre qui m'ait touchée. C'est plus probablement cette toute jeune Line, cette fille qui s'est crue si longtemps entre pierre et ciel, entre France et Vietnam, cette toute petite dont les os saillaient et dont la bouche refusait toute nourriture terrestre.

Mais quelle force, quel courage! Cette quête de vie, d'amour, m'impressionne!

Non, ce n'est pas tant l'écrivaine qui me fascine(encore que....) mais bien la personnalité même de l'auteure, cette farouche volonté à trouver sa place, cette énergie à la chercher, et je crois à l'avoir trouvée.

Une place entre Paris et Hanoï, une place entre sa mère, sa Bâ et sa nourrice, une place dans la vie.....Tu sais, Line, je pense sincèrement , et je ne suis apparemment pas la seule, que tu as une très jolie place littéraire! On ne peut qu'être impressionné par ton parcours, et aussi par ton écriture singulière, métissée comme toi, poétique, décalée et gracieuse, touchante, émouvante, rude et pudique à la fois. Je suis admirative , vraiment, et j'ai très envie de lire autre chose de toi. Tu suscites l'amour, sois en certaine!
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Les os des filles

C’est le titre de ce roman qui m’a interpellée. Il m’a ramenée à un souvenir d’enfance. Alors âgée d’environ 7 ans, j’avais entendu ma tante raconter son accouchement et lorsqu’elle avait dit qu’elle avait perdu « les eaux », moi j’avais compris « les os ». Ca m’avait un peu terrifiée, fallait-il perdre un os avant de mettre au monde un enfant ??



Mais dans le cadre du roman, nous avons tout de suite l’explication : « On enterre les gens dans une tombe à leur taille pendant trois ans, au Vietnam. Puis, ce délai passé, la chair évaporée, on transvase dans un coffret plus chétif ce qu’il reste du corps : les os. Les cimetières sont donc faits de petits coffrets d’os. Ce sont eux qui demeurent, singuliers. »



La narratrice, âgée de 23 ans, retourne au Vietnam à nouveau. Elle est en quête de résilience. Son père, français, est tombé éperdument amoureux de sa mère, vietnamienne, quelques années après la fin de la guerre. Il l’a épousée et s’est installé à Hanoï. La petite fille a grandi d’abord auprès de sa grand-mère adorée, Ba, une femme forte ayant affronté deux guerres ainsi que des périodes de famine ; puis avec sa jeune nounou quand ses parents se sont installés dans le quartier résidentiel des expatriés.



Mais à l’âge de 11 ans, son père décide de rentrer en France. La voila transplantée dans la métropole où elle a bien du mal à trouver ses marques. Le choc psychologique est violent pour elle mais passe inaperçu auprès de ses parents. Le mal du pays, de son enfance si joyeuse, si colorée, la ronge jusqu’à la conduire à une anorexie mortifère.



La jeune femme ne retrouvera qu’à l’âge de 17 ans, après un premier voyage seule dans sa famille vietnamienne le courage, la force pour reprendre pied et recommencer à vivre, elle qui n’avait plus que la peau sur les os : « Entre les eaux d’où l’on vient et les os qu’on laisse en partant, il y a tant de charges. Rester, parce que l’on est, c’est une chose que l’on a tous compris ; et nous nous tenons, debout, les pieds dans l’eau, les os en haut, droits, verticaux, nous nous tenons debout sur les os qui nous précèdent, pour ceux qui nous succèdent, pour ceux qui nous entourent. Nous sommes là. Rester, parce que l’on est, c’est à peine un choix, mais nous décidons peut-être de la manière dont nous voulons rester, dont nous voulons être. »



Line Papin aborde dans ce roman, avec une très belle écriture qui m’a réellement touchée, l’exil forcé qui engendre des maux car l’entourage n’y a pas mis « des mots » ; la quête de sa propre histoire pour être pleinement qui l’on est.



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Les os des filles

Le Vietnam son histoire récente,sa misère,sa culture à travers 3 générations de filles;des sacs d'os mal nourries et souvent anorexiques quand elles sont déracinées faute de n'y comprendre rien;l'écriture est hachée,une suite de phrases incisives et désordonnées;le livre est mal construit,sans rrigueur et bâclé,n'exploitant vraiment aucun des nombreux sujets abordés;dommage.;quelques points pour donner envie d'aller plus loin dans la connaissance de cette société pluriell
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Les os des filles

Ecoutée lors de son passage à la grande librairie, j'ai eu envie de découvrir son roman autobiographique. Un livre partagé entre le Vietnam et la France, comme la narratrice déchirée par cet éloignement. Mais comme dans de nombreux livres traitant de ce sujet, est-on exilé d'un pays ou de son enfance ? Telle est la question que l'on est amené à se poser.
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L'éveil

Je ne sais pas comment débuter cette critique parce que j’aurais vraiment voulu aimer ce roman mais qu’il ne m’a pas charmée. Et j’en suis d’autant plus peinée que l’histoire m’attirait beaucoup. Le récit alterne entre deux voix : celle d’un jeune Français et celle de Juliet, ensorcelée dès le début des pages par cet homme énigmatique. Ce procédé m’a plu : j’ai trouvé intéressant que l’on ait les deux versions des événements, deux regards très différents sur un même acte, un geste, un murmure. J’avoue avoir préféré les chapitres plus modernes du jeune Français – même si cela m’a frustrée de ne pas connaître son nom et m’a empêchée de m’y attacher – à ceux de Juliet, trop guindés, trop artificiels et pour moi peu crédibles. C’est au fond ce qui m’a le plus gênée dans cette histoire : que rien ne me semble crédible. Les dialogues sonnent un peu trop lyriques, d’un autre temps, mélodramatiques. Le texte est confus et comme décousu.

Bref, je n’y ai pas cru.

Certains passages sont absolument magnifiques, je tiens à le préciser, mais tellement noyés dans un flot de mots emmêlés qu’ils en sont affadis. Et si les personnages ne m’ont pas touchée, c’est parce qu’ils m’ont paru trop éthérés, trop transparents, pour réussir à devenir réels. C’est joli mais peut-être un peu trop lisse et vaporeux. C’est touchant parfois mais ce n’est pas bouleversant. Il m’a manqué de la consistance, du corps et du poids. A bien y réfléchir, le seul personnage qui pour moi sort du lot est Laura, jeune femme fanée et brisée, qui pourtant offre un peu de puissance au roman, de la rage, et – malgré sa lente déchéance – de la vie. Ce qui reste de vie en elle.

Néanmoins, Line Papin a le talent du détail : une goutte de pluie suintant sur une tempe, un pétale coincé dans des cheveux, un rayon de soleil sur une épaule… c’est poétique et tendre. Elle a une jolie plume, mais je l’ai trouvée plus profonde, plus touchante et plus "vraie" quand elle n’essaie pas de "faire du Duras". Parce que ça ne colle tout simplement pas à notre époque. A l’histoire qu’elle a voulu raconter.

J’ai aimé marcher dans Hanoï, errer dans ces rues que je n’ai jamais visitées, y croiser ses habitants et goûter à certains plats de là-bas. J’ai aimé cette ambiance brûlante où l’air est suffoquant, où les corps transpirent et espèrent, où les cœurs s’égarent et s’attendent.

En bref, même si je n’ai pas aimé ce roman, je n’oublie pas que Line Papin n’a que 20 ans et je ne peux être qu’admirative face à cette maturité évidente, même fragile, même instable. Elle sait écrire l’amour, le désir, la passion. On sent un vrai potentiel en elle qui pour moi ne demande qu’à briller. Alors même si je n’ai pas aimé « L’éveil », je continuerai à suivre cette jeune auteur, curieuse de voir ce qu’elle pourra proposer et avec l’espoir d’être, cette fois, emportée… ?

Un grand merci aux éditions Stock pour la découverte de ce premier roman.
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