Revivez notre journée de présentation de la rentrée littéraire à La Scala et découvrez les essais qui paraissent cet automne !
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0:16 Introduction
0:50 **Le Journal d'Olga et Sasha** d'Olga et Sasha Kurovska et Élisa Mignot
16:44 **Derrière la clôture verte** de Richard Glazar
21:35 **La Chine ou le réveil du guerrier économique** d'Ali Laïdi
28:13 **Earth for all/Terre pour tous. Nouveau rapport au Club de Rome**
32:20 **La Fabrique des animaux** avec Yann Arthus-Bertrand / L'Art faber
33:54 **Les 7 Cabanes** de Lionel Astruc
35:58 **Paysans et citoyens. Enquête sur les nouveaux liens à la terre** de Véronique Duval
39:20 **Invasives, ou l'Épreuve d'une réserve naturelle** de Céline Curiol
45:00 **Le vivant et la révolution. Réinventer la conservation de la nature par-delà le capitalisme** de Bram Büscher et Robert Fletcher
47:52 Cahier militant **Refaire le monde avec Jane Goodall**
49:50 **Naviguer sur les sentiers du vent** d'Olivier le Carrer
57:25 **Énergie ! Comment sortir du labyrinthe de la fatigue** du Dr Anne Fleck
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#rentréelittéraire #essais
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En Inde, nombreux sont les citoyens qui consacrent leur vie à la défense des plus pauvres
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Ils utilisent des méthodes différentes, bellicistes ou pacifiques, plus ou moins radicales, mais tous reconnaissent sans ambiguïté Un seul et même adversaire : la consommation de masse et la mise en scène qui entoure ce modèle de société, en Inde comme dans le reste du monde. Les multinationales, aidées par les responsables politiques ont érigé, entre les consommateurs et l'extraction des matières premières, un mur d'images. Celui-ci met en scène la consommation comme un acte bénéfique pour la croissance, un acte positif, léger, sans conséquence, une distraction aussi facétieuse qu'un scénario publicitaire. En revanche, l'histoire vraie de Hem et cette guerre des matières premières qui fait des milliers de morts n'a aucune place sur cette vaste mosaïque d'information et de communication, aucun écho dans les médias européens. De fait, ce conflit nous ramène à une réalité dissonante et finalement atroce. À la manière d'un vortex, il concentre nos responsabilités éparpillées en un seul et même tourbillon de violence.

L'horreur, le drame de ce premier village brûlé, ces premiers paysans morts n'étaient que le prélude du parcours macabre de cette "marche pour la paix" qui durerait cinq années. Les violences atteignirent un niveau insoutenable dès les tout premiers mois. L'arrivée d'un bataillon indien du Nagaland la première semaine d'aout 2005 vint aggraver encore le carnage. Sur la place du village d'Iril, le corps sans tête d'un villageois avait été pendu pour que chacun puisse le voir. Dans les localités de Vechapal, Hurepal et Harital, dix membres des tribus locales furent encerclés et tués à bout portant. Les têtes de la plupart d'entre eux furent coupées et brandies comme des trophées. Des scènes équivalentes allaient se dérouler régulièrement pendant les mois suivants. Poussés par la terreur, les villageois laissaient toutes leurs possessions sur place et rejoignaient des camps organisés comme des prisons, le long des routes les plus proches. Un vivier idéal pour renforcer les effectifs de la milice. De leur coté, les naxalistes réagirent et firent exploser dès la fin d'aout un véhicule contenant 23 soldats.
Plusieurs observateurs, journalistes et ONG furent bientôt alertés par une trouble concordance; pourquoi les attaques des forces paramilitaires et de la police frappaient elle principalement de sud du Chhattisgarh? Ils découvrirent rapidement qu'à quelques kilomètres de là , les mines de Bailadila devaient être attribuées par la NMDC (National Mineral Development Corporation), entreprise publique d'exploitation minière, à deux grandes entreprises: Tata et Essar.
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Cette apparente coïncidence entre les interventions de la police et l’attribution des terres n’avait rien d’un hasard. Cette flambée de violence intervenait à point nommé et neutralisait précisément les communautés gênant leurs projets. Le tout avait été planifié et mis en scène à dessein : en sous main, ces géant de l’extraction finançaient eux même la milice…

Pour les mêmes raisons, enfermer des semences dans des coffres-forts sous prétexte de préserver la biodiversité est inutile. A la Réserve mondiale de semences de Svarlbard, en Norvège, les graines sont entreposées dans une chambre forte souterraine sur l'île de Spitzberg. Cette banque prétend ainsi conserver dans un lieu sécurisé les semences des diverses cultures pratiquées dans le monde. Ce fantasme ne tient aucun compte des lois de la nature. Ses responsables prétendent garantir ainsi que la semence ne disparaîtra pas. En réalité, ce système ne permet pas à la graine de vivre: elle ne peut pas évoluer et s'adapter à l'évolution des sols et du climat, comme le font les autres graines, qui changent en permanence d'une génération à l'autre. Ressortir une semence de cette chambre forte après des années, dans un environnement où la température aura augmenté de plusieurs degrés, la destine à une mort assurée. Il faut donc promouvoir une gestion dynamique et évolutive de la biodiversité.
Pour autant, Vandana Shiva refuse absolument que sa position soit réduite à une vision optimiste, ou même pessimiste. "Pour ces questions-là, mon esprit est encore très influencé par la théorie quantique,(1) révèle-t-elle. Cela signifie que je peux vivre agréablement dans l'incertitude. Les gens qui sont formés dans un mode de pensée mécanique vivent seulement dans une seule perspective : soit négative, soit positive. Quant à moi, je perçois certes la capacité de destruction existante, ainsi que l'inertie du système actuel. Et je peux donc voir que peut-être cette dévastation ne va pas s'arrêter. C'est une éventualité, admet-elle. Mais je constate aussi le pouvoir grandissant des citoyens et la puissance du mouvement écologiste. De même, je n'oublie pas que nous avons obtenu des victoires, notamment contre l'OMC et contre l'agriculture industrielle", sourit Vandana Shiva.
En effet, l'argent versé à la Fondation n'est pas utilisé directement: il est d'abord investi par son trust (son fonds d'investissement). L'argent que la Fondation consacre à son activité caritative provient donc des investissements faits par le trust dans des entreprises. En d'autres termes, le trust gère les actifs de la dotation et investit dans des entreprises, tandis que la Fondation distribue les dividendes réalisés aux projets subventionnés. Or, les entreprises qui font fructifier l'argent de la Fondation contribuent largement à la pauvreté, à l'injustice sociale et économique dans le monde. Elles sont pour la plupart extrêmement critiquées pour leur participation aux violations des droits humains, du travail et de l'environnement, et à l'évitement fiscal.
L'économie dite verte veut à tout prix, sous prétexte de protéger l'environnement, donner un prix à des services gratuits que les arbres, la terre et les animaux nous offrent: la pollinisation, la production de l'air, le nettoyage de l'eau, la régulation climatique... Mais doit-on disséquer ces macanismes et leur attribuer une valeur monétaire? Cela nous conduit à une nouvelle impasse: la création d'une sorte de marché des services écologiques. Même lorsque nous attribuons un prix à la destruction de la nature, les écosystèmes sont encore vus sous l'angle du marché. monétiser les services écologiques revient à les considérer comme commercialisables.

Quelle est la part de responsabilité des états dans ce glissement vers une perte de souveraineté ?
La conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement (UNCTAD) a récemment envoyé une alerte aux gouvernements du monde. Elle affirme que, s'ils ne réagissent pas pour apporter une vraie protection aux petites exploitations, les populations seront dépassées par une crise d'une ampleur trop importante pour les gouvernements. Le devoir des dirigeants n'est pas de mettre la planète à la disposition des entreprises, mais d'assurer la bonne gestion des graines, des sols, de l'eau, etc.........Ils doivent s'assurer que l'alimentation est produite dans de bonnes conditions pour l'environnement et la société. Les gouvernements devraient avoir l'obligation de défendre les fermiers et de leur donner la priorité, du fait du rôle nourricier des agriculteurs. Les décideurs doivent abandonner la grille de lecture qui présente le spéculateur comme celui qui crée de la croissance. En bout de chaîne, le fermier est le grand perdant alors que, quand la crise va frapper, c'est le premier que nous irons voir pour trouver des solutions. Les agriculteurs devraient avoir une juste rémunération de leur travail, une vie moins précaire et une reconnaissance des dirigeants pour leur rôle fondamental.
En effet, l'argent versé à la Fondation n'est pas utilisé directement: il est d'abord investi par son trust (son fonds d'investissement). L'argent que la Fondation consacre à son activité caritative provient donc des investissements faits par le trust dans des entreprises. En d'autres termes, le trust gère les actifs de la dotation et investit dans des entreprises, tandis que la Fondation distribue les dividendes réalisés aux projets subventionnés. Or, les entreprises qui font fructifier l'argent de la Fondation contribuent largement à la pauvreté, à l'injustice sociale et économique dans le monde. Elles sont pour la plupart extrêmement critiquées pour leur participation aux violations des droits humains, du travail et de l'environnement, et à l'évitement fiscal.
"Vandana Shiva" a dit: les graines libres sont les garantes de notre souveraineté alimentaire et de notre liberté. Nous laissons pas une organisations les accaparer et les mettre sous clé sous des prétextes prétendument philantropiques. Bill Gates est le visage d'un système guidé par l'avidité et l'appropriation. Opposons lui le partage libre et le "don renouvelé". À la fortune et au pouvoir de quelques-uns, opposons la souveraineté alimentaire pour tous, la biodiversité agricole, la solidarité et la liberté d'utiliser les graines comme bon nous semble!

Que peuvent faire les citadins qui n'ont pas de jardin?
Pour commencer, je les engage à cuisiner des ingrédients plus variés et à redécouvrir les traditions culinaires de leur région, de leurs ancêtres. Dans un rapport de mars 2014, le Centre international d'agriculture tropicale a montré que le régime alimentaire dit « globalisé » qui gagne chaque jour du terrain, nuit à la diversité agricole. Il ne repose plus que sur quatre grandes cultures : le blé, le riz, la pomme de terre et le sucre. Non seulement cette appauvrissement est préjudiciable pour l'environnement, mais il affaiblit aussi la souveraineté alimentaire (par absence d'alternative lorsqu' une récolte est mauvaise) et favorise l'obésité, les maladies cardiovasculaire et le diabète. Les consommateurs doivent donc privilégier des plats plus variés, et notamment les spécificités culinaires de leur culture et de leur territoire. Cette diversification de nos assiettes poussera les producteurs à adopter un éventail plus large et contribuera à restaurer l'usage des semences plus variées. Cette diversification accroit la résilience des fermiers et de la population, et rend aussi l'alimentation plus saine : seul un apport varié des nutriments permet de se maintenir en bonne santé.