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3.78/5 (sur 49 notes)

Nationalité : France
Né(e) à : Saint-Chamond, Loire , le 27/06/1949
Biographie :

Lionel Bourg réside à Saint-Étienne.

Enseignant jusqu'en 1989, il se consacre depuis entièrement à l'écriture.

Si son travail l'aura au fil des ans conduit à entreprendre et poursuivre la rédaction d'une sorte de Journal ininterrompu où tout ce qu'il compose, poèmes, petites proses, pamphlets, notations quotidiennes, concourt à établir un rapport au monde critique et amoureux tout ensemble, il n'en continue pas moins de rédiger des textes de plus vaste coulée, lesquels organisent en récits et essais mêlés autobiographie et quête d'une manière de sens.

Son goût de la peinture, des arts marginaux, bruts, premiers, l'ont par ailleurs déterminé à développer une réflexion d'ordre "esthétique" qu'illustrent sa collaboration avec des plasticiens comme ses articles, catalogues ou contributions diverses parfois repris dans ses livres. L.B.


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Source : /auteurs.arald.org
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Citations et extraits (34) Voir plus Ajouter une citation
Lionel Bourg
L’assoiffée.

C’est une brèche. Une déchirure.
Des années de silence et d’effroi qu’il faut bien ravauder, coudre, découdre, assembler comme autant de lambeaux de soi même, petits échantillons d’étoffe qui battent à la brise ou, sur un fil, ces loques, ces parures, de sorte que vivre revient à n’être plus qu’un peu d’argile où s’inscrivent à jamais des amours calcinés.

Cela s’embrouille. Se dévide.

Liens. Lianes. Tresses défaites.
Chevaux de frise au bord des eaux où l’on n’osera se noyer.

Un visage, un corps, semblables à des tessons d’aurore, des étoiles mortes parmi la voie lactée.

Que tombe ainsi cette neige,
Ces larmes d’encre ou de sang sous les paupières qui se ferment.

S’éteigne le regard de l’inaltérable beauté.

« J’ai peur, j’ai mal » dis-tu.

Et soif. Ou faim.
Mais c’est patience, pièce à pièce le monde et la chair qui ne pouvait fleurir, la lutte lente des heures puis, plus lentement encore, les pas tracés dans la poussière,
La lie d’ombre au fond du verre brisé.

Bâtir.
Malaxer la terre.
Comme on pétrit l’absence ou, du bout des doigts, caresse les traits de qui s’est un jour effacé.

Le cœur en miettes.

Fragments d’âme brûlés.
Morceaux de bois.
Caillots d’aube aux parois de la gorge, que l’on ne parvient pas à cracher.

Le calme alors.

Un vase.
Des cartes suspendues dans le vide faute d’identité.

La voix qui n’en finit plus de se perdre comme chacun s’égare sous l’œil indifférent des choses.

Nul ne possède rien.

Des mots peut-être
Des gestes à peine esquissés.
La pluie d’automne et les flaques où sautent les enfants, leurs rires quand l’averse redouble, le goût de cendre dans la bouche des tous premiers baisers.

« Qu’as-tu ? Qu’as-tu ? »

Ce n’est que de la glaise.

Faïence, biscuit, porcelaine candide ou lave comme naissant du ventre, membres épars, sein, paroles au dessus du néant sans cesse chuchotées.

Des coraux. Des madrépores.

Tes mains en forme de coupe afin de puiser l’eau des sources, et t’y désaltérer.

Lionel Bourg.
A FB, céramiste plasticienne.
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Lionel Bourg
Dehors, la pluie titube. Ou la neige;
On se demande ce que l'on attend. Se dit que, pour une fois, il faudrait écouter sans soupçon le lent soupir des choses.
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Lionel Bourg
L’assoiffée.

C’est une brèche. Une déchirure.
Des années de silence et d’effroi qu’il faut bien ravauder, coudre, découdre, assembler comme autant de lambeaux de soi même, petits échantillons d’étoffe qui battent à la brise ou, sur un fil, ces loques, ces parures, de sorte que vivre revient à n’être plus qu’un peu d’argile où s’inscrivent à jamais des amours calcinés.

Cela s’embrouille. Se dévide.

Liens. Lianes. Tresses défaites.
Chevaux de frise au bord des eaux où l’on n’osera se noyer.

Un visage, un corps, semblables à des tessons d’aurore, des étoiles mortes parmi la voie lactée.

Que tombe ainsi cette neige,
Ces larmes d’encre ou de sang sous les paupières qui se ferment.

S’éteigne le regard de l’inaltérable beauté.

« J’ai peur, j’ai mal » dis-tu.

Et soif. Ou faim.
Mais c’est patience, pièce à pièce le monde et la chair qui ne pouvait fleurir, la lutte lente des heures puis, plus lentement encore, les pas tracés dans la poussière,
La lie d’ombre au fond du verre brisé.

Bâtir.
Malaxer la terre.
Comme on pétrit l’absence ou, du bout des doigts, caresse les traits de qui s’est un jour effacé.

Le cœur en miettes.

Fragments d’âme brûlés.
Morceaux de bois.
Caillots d’aube aux parois de la gorge, que l’on ne parvient pas à cracher.

Le calme alors.

Un vase.
Des cartes suspendues dans le vide faute d’identité.

La voix qui n’en finit plus de se perdre comme chacun s’égare sous l’œil indifférent des choses.

Nul ne possède rien.

Des mots peut-être
Des gestes à peine esquissés.
La pluie d’automne et les flaques où sautent les enfants, leurs rires quand l’averse redouble, le goût de cendre dans la bouche des tous premiers baisers.

« Qu’as-tu ? Qu’as-tu ? »

Ce n’est que de la glaise.

Faïence, biscuit, porcelaine candide ou lave comme naissant du ventre, membres épars, sein, paroles au dessus du néant sans cesse chuchotées.

Des coraux. Des madrépores.

Tes mains en forme de coupe afin de puiser l’eau des sources, et t’y désaltérer.

Lionel Bourg.
A FB, céramiste plasticienne.
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Rien.
Une saute de vent, peut-être.
L'air à peine que la brise froisse ou, dans les arbres en bordure de chaussée - tilleuls, platanes—, la respiration lente des feuilles lorsque le soir suspend négligemment les lambeaux de son châle aux volets refermés de la nuit.
Des gouttes de pluie, fines, légères, comme timides encore.
Des passants que l'on croise et, qu'est-ce que c'est? tisane? onguent? pommade? l'odeur d'éther dans cette boutique où l'on ne sait quelles fleurs choisir. Des roses, bien sûr. A moins que des œillets, des dahlias, de petites giroflées, des anémones... L'on regarde, s'attarde, s'apprête à rebrousser chemin, remercie la vendeuse à laquelle on sourit tandis que, dehors, des mômes bondissent de flaque en flaque afin de mieux éclabousser les paroissiens auxquels un étrange destin paraît avoir cousu les paupières.
On traverse l'avenue.
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Lionel Bourg
Il est tard. L'énormité sociale a tout arasé.
Les amants, lesquels s'entretenaient à voix basse, meuglent les soirs dans des estaminets en mimants les poses d'idoles impromptues, se filment puis, la séquence partagée sur un réseau d'ennui collectif, se quittent en échangeant des borborygmes, des SMS, oubliant d'inscrire leurs initiales au secret du cœur percé d'une flèche que même leurs parents, tout benêts qu'ils furent, s'ingéniaient à graver sur son tronc sitôt qu'ils étaient près du plus dérisoire conifère.

(Une Promenade)
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On se souvient d’un sourire.
D’une robe ou d’une jupe.
D’un soutien-gorge maladroitement dégrafé, de draps
qui collaient aux cheveux et du ravissement d’avoir goûté
les fruits — pêches, cerises, abricots — dont nos lèvres ont
gardé le désir.
Il est deux ou trois heures.
La nuit n’en finit pas.
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De Rousseau
Il me faut des torrents, des rochers, des sapins, des bois noirs, des montagnes, des chemins raboteux à monter et à descendre, des précipices à mes côtés qui me fassent bien peur
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Finirai-je ma vie désabusé ? Hypocondriaque c’est à prévoir, et revenu de tout, n’ayant entre les dents qu’une fleur dès longtemps effeuillée, gage d’amour ou d’insubordination, un peu , beaucoup, passionnément, à la folie, pas du tout, le dos voûté, l’œil las, les mains serrant un feuillet sur lequel je n’aurai écrit que mon nom...Envie de paix. De sérénité, certes crispée ainsi que la définissait René Char. Regarder le ciel. Son immensité. Sa béance. Écouter le chant d’un bouvreuil. Voir la pluie, goutte après goutte, laver le paysage ; marcher le long des rues d’une intimidante capitale quand l’hiver, à cinq heures de l’après-midi, gante d’obscurité maisons et trottoirs- mais les vitrines sont belles, qui brillent de mille feux- ; rêver ; caresser le ventre de l’aimée ; boire un grand verre d’eau fraîche ; pleurer, rire ; ne pas trop craindre la mort..
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Oui, quand je me demande pour quoi ma gorge se noue à la vue d'une carrosserie investie par le lierre, ma poitrine se serre face à un morceau de bois mimant, au sein de sa putréfaction, les spasmes d'un oiseau crucifié en l'honneur d'un culte voué à l'impensable, je ne puis guère qu'admettre la perduration d'un désir trouble, lancinant, qui me ferait régner sur l'abandon à son délire d'une matière affranchie de ses harmonies utilitaires.
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(...) que tente-t-il* d'affirmer en dépit des sarcasmes et des mensonges dont prestement on accable les individus qui ont la faiblesse de penser, la faiblesse n'est-ce pas ? que l'homme vaut mieux que l'Etat auquel il a remis son destin, ou que l'armée, la police, les usines et les églises dont il s'est fait l'esclave. Ceci :

"Ce qu'il y a de tragique dans notre situation, c'est que, tout en étant convaincu de l'existence des vertus humaines, je puis néanmoins nourrir des doutes quant à l'aptitude de l'homme à empêcher l'anéantissement du monde que nous redoutons tous. Et ce scepticisme s'explique par le fait que ce n'est pas l'homme lui-même qui décide, en définitive, du sort du monde, mais des blocs, ds constellations de puissances, des groupes d'Etats, qui parlent tous une langue différente de celle de l'homme, à savoir celle du pouvoir. Je crois que l'ennemi héréditaire de l'homme est la macro-organisation, parce que celle-ci le prive du sentiment, indispensable à la vie, de sa responsabilité envers ses semblables, réduit le nombre des occasions qu'il a de faire preuve de solidarité et d'amour et le transforme au contraire en codétenteur d'un pouvoir qui, mêmes'il paraît, sur le moment, dirigé contre les autres, est en fin de compte dirigé conte lui-même. Car qu'est-ce que le pouvoir si ce n'est le sentiment de n'avoir pas à répondre de ses mauvaises actions sur sa propre vie mais sur celle des autres ?"

ou cela, dont l'actualité frappe, la tyrannie serait-elle à cette heure plus totale d'être diluée dans le libre exercice d'une finance qui, on le sait, ne manquant pas de goût, rêve des Médicis :

"La dernière ressource du tyran n'est-elle pas de faire appel au sens esthétique de l'espèce humaine?"





* Stig Dagerman
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