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3/5 (sur 7 notes)

Nationalité : France
Biographie :

Lionel Fintoni a longtemps vécu en Afrique, au Moyen-Orient et dans différents pays européens.

Désormais établi à Aix-en-Provence, il est traducteur­-interprète.

"Il ne faut jamais faire le mal à demi" (2017) est son premier roman.


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Citations et extraits (2) Ajouter une citation
Maxime Vial monte en hâte les marches qui conduisent à la régie technique de la salle de conférences. Il est en retard, comme souvent. C’est une sorte de maladie chronique chez lui. Il n’y a rien à faire. Il a beau se préparer à l’avance, même la veille parfois, il est incapable de s’organiser pour être ponctuel, ce qui n’est pas sans poser de problèmes, surtout professionnellement. Son assistant ne manque pas une occasion de le lui rappeler. Il est repassé à son bureau dans la précipitation très tôt ce matin, car il avait oublié de copier le document PowerPoint qu’il va utiliser. Il a exécuté la manoeuvre rapidement, dans une urgence désordonnée devenue un mode de fonctionnement presque pavlovien en raison de l’excitation que cela génère chez lui. Pourtant, il n’aime pas agir ainsi, mais là il n’avait pas le choix. Il ne peut même pas recourir à sa plaisanterie habituelle selon laquelle il est en avance sur le retard prévu.
Il pousse la porte de la régie et entre dans une sorte de couloir occupé par une multitude d’écrans, de pupitres, de tableaux, et où s’activent les techniciens audiovisuels du centre de conférence. Il aperçoit une porte donnant sur les cabines d’interprétation. Dans l’une d’elles, deux interprètes lui tournent le dos, sans doute concentrés sur la préparation de la conférence.
L’un des techniciens s’approche et lui indique un ordinateur portable installé près de la console du son.
« Bonjour monsieur, vous êtes ?
— Vial, Maxime Vial : je passe en second ; j’ai ma présentation
sur une clef, je vous la donne ? »
Le technicien tend la main sans répondre, habitué aux orateurs stressés parce que convaincus que sans leur présentation le monde va s’écrouler et la conférence sera un désastre. Il prend la clef USB, l’introduit dans le port de l’ordinateur.
« Le nom du dossier ?
— CISSI, il y a un fichier intitulé PrézCISSI1. Vous en avez pour longtemps ?
— Non, quelques instants ; c’est gros ?
— Pas vraiment : une trentaine de diapos. »
L’un des interprètes entre dans la régie et s’adresse au technicien sans regarder Maxime.
« Tu me l’envoies dans la cabine ? C’est toujours bon à prendre. Ça ne vous gêne pas, monsieur ? On les efface juste après, de toute manière. »
Maxime comprend que l’interprète lui a parlé sans le regarder.
Il se sent indésirable dans ce lieu réservé à une catégorie de personnel des congrès que les participants ne croisent généralement pas ; au mieux, ils les entendent.
Le technicien répond à l’interprète sans lever les yeux de l’ordinateur :
« Je te la balance sur le poste que vous avez en cabine, le fichier n’est pas lourd. Tu n’as pas besoin de le charger sur ton ordi. C’est le dossier CISSI.
— Est-ce indispensable ? demande Maxime brusquement inquiet, sans pouvoir se l’expliquer.
— Vous n’avez rien à craindre, monsieur, lui lance l’interprète qui est reparti dans sa cabine, nous sommes habilités Secret Défense et nous avons signé des accords de confidentialité.
Les techniciens effacent le fichier immédiatement après votre passage au pupitre. Le dossier reste sur le système du centre congrès, nous ne faisons pas de copie. »
L’assurance de l’interprète agace Maxime. Il se sent démuni. Ces gens manipulent le dossier sans qu’il puisse véritablement vérifier ce qu’ils font. Si seulement il était arrivé à l’heure, il n’en serait pas là, à poireauter devant un technicien aux allures de chanteur rasta et un interprète cravaté qui lui
parle sans le regarder. Il se demande si c’est une déformation professionnelle.
Le technicien retire la clef de l’ordinateur, la tend à Maxime et lui adresse un sourire rassurant.
« Voilà, c’est tout bon. C’est vous qui commanderez le passage des diapos depuis le pupitre. On a encore quelques minutes pour faire un test son, si vous voulez. Adrien, t’as des questions pour monsieur ? »
L’interprète répond de la cabine sans se retourner.
« Non, c’est bon. Je vais jeter un oeil au dossier ; si je note quelque chose, je viendrai vous voir. Have fun ! »
Maxime récupère sa clef et quitte la régie sans même dire au revoir, pressé de se retrouver parmi les membres de sa tribu. Il dévale les escaliers, longe la salle de conférences et entre dans la pièce réservée aux orateurs où il va pouvoir souffler, boire un café. Le président de session, bien connu
dans le monde du consulting informatique, l’aperçoit, lui fait signe d’approcher. Au passage, Maxime note la présence d’une hôtesse accorte dont la fonction semble plus proche de celle de la potiche accueillante que de l’employée utile.
« Maxime, à la bonne heure, te voilà ! Viens, je vais te présenter aux autres orateurs. »
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Satisfait, il contemple son oeuvre, sourit ; du travail d’artiste. Il a bien choisi l’endroit. Dans ce petit bras de Marne, à distance de toute zone habitée, le courant est suffisant pour maintenir le corps en surface et produire les mouvements des vêtements et des cheveux. Quelle merveille, ces cheveux ! D’un roux flamboyant dont l’éclat est magnifié par les reflets de l’eau et les lumières du soir.
Il aime beaucoup la robe aussi ; la jeune femme avait bien choisi. Le tissu donne au corps une fluidité nourrissant une illusion de vie. Le visage est serein, pâle, bientôt blanc, dégageant un érotisme troublant.
Fixées aux branches d’un arbre mort cachant la scène, les cordes qui retiennent la jeune femme sont invisibles, de même que la sangle qui passe sous ses aisselles, dissimulée par la robe. De l’ensemble émane un sentiment de paix à la sensualité amplifiée par les ondulations, les jeux de l’eau et des mèches de cheveux, le chatoiement des couleurs, les lents mouvements des bras et des jambes en vaines tentatives inconscientes de survie.
Il recule de quelques pas, s’accroupit pour obtenir une vue rasante, sourit à nouveau. La végétation de bordure cache une partie de la scène. Il vérifie à nouveau qu’il n’a rien oublié, rien laissé qui puisse aider les enquêteurs. Il se targue de perfectionnisme. Après tout, la police n’a rien trouvé pour les deux précédentes, alors pourquoi en serait-il autrement aujourd’hui, même avec les indices qu’il fournit à l’avance ?
Il se penche, cherche dans son sac, se saisit de l’appareil photo Polaroid avec lequel il prend un premier cliché de la jeune femme. Il attend quelques instants que l’image apparaisse, agite la pellicule pour accélérer le séchage puis examine le cliché et décide que tout est prêt.
Il pose l’appareil photo, prend un scalpel et, tout en faisant en sorte de ne rien altérer dans la mise en scène, entaille le poignet de la jeune femme, dans le sens longitudinal du bras.
Il se relève, observe les volutes produites par le sang qui s’échappe du poignet d’albâtre. Il fait quelques photos, attend le résultat. Définitivement satisfait, il rassemble ses accessoires, efface ses traces avec un balai de bruyères et quitte les lieux.
Sur le chemin du retour, dans sa voiture, il observe la vie tranquille d’une ville à la nuit tombante après un de ces dimanches banlieusards gris et pluvieux qui ne servent à rien.
Il lui tarde de retourner à son travail, à ses patients, à ces gens qui ont besoin de lui et qu’il aide avec tellement de plaisir et de satisfaction.
Il se demande qui trouvera le corps et combien de temps il faudra à la police pour comprendre l’indication qu’il a fournie.
Pour recruter sa prochaine victime, il dispose maintenant d’une nouvelle adresse internet qu’il activera demain matin.
Généralement les premières réponses arrivent après quelques jours. Finalement, ce petit crétin obsédé par le cul se révèle très utile.
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