La transformation physique de Ramos au cours des deux dernières années, elle la perçoit nettement sur les photos, maintenant qu’il est mort. La douleur dessille, elle n’admet aucune myopie. Elle parvient désormais à observer avec détachement. D’ailleurs, ça lui vient naturellement : ce qui est difficile, c’est plutôt de surmonter le désarroi et la répulsion immédiate que lui inspirent ces portraits. Son visage avait gonflé, son regard était devenu fuyant – y flotte un secret qui l’absorbe et l’inquiète. Vraiment, c’est cet homme, son grand amour ? Ce sont ces yeux, durs, perdus, qui ont fait que pendant des années, elle s’est sentie regardée en profondeur, dépouillée, comprise, prise ?