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Citation de viedefun


-J'ai vu Mlle Bowman en train de jouer au rounders en sous-vêtements. Sa sœur le fixa, interdite.
-Au rounders ? Tu veux dire, ce jeu avec une balle en cuir et une espèce de bâton aplati ? Marcus eut une grimace d'impatience.
-C'était lors de sa dernière visite ici. Mlle Bowman et sa sœur s'ébattaient avec leurs amies dans une prairie située au nord du domaine, et il se trouve que Simon Hunt et moi sommes passés par là. Toutes les quatre étaient en sous-vêtements - parce qu'il est difficile de jouer avec des jupes encombrantes, ont-elles prétendu. À mon avis, elles auraient saisi n'importe quel prétexte pour courir à moitié nues. Ces sœurs Bowman sont des hédonistes. Olivia plaqua la main sur sa bouche pour étouffer, sans grand succès, un éclat de rire.
-Je n'arrive pas à croire que tu n'en aies jamais parlé !
-Si seulement j'avais pu l'oublier! répliqua Marcus sombrement, en reposant le stéréoscope. Dieu sait comment je vais oser croiser le regard de Thomas Bowman, alors que le souvenir de sa fille dévêtue est encore frais dans ma mémoire. Olivia contempla son frère avec amusement. Il ne lui avait pas échappé qu'il avait dit « sa fille » et non « ses filles », et qu'il était donc évident qu'il avait à peine remarqué la plus jeune. Lillian avait accaparé toute son attention. Connaissant Marcus, Olivia se serait attendue qu'il trouve l'incident divertissant. Même s'il possédait un sens aigu de la morale, il n'avait absolument rien d'un pudibond, et ne manquait pas d'humour, loin de là. Il n'avait certes jamais entretenu de maîtresse, mais Olivia avait eu vent de quelques liaisons discrètes. La rumeur voulait même que, sous son apparence sévère, le comte se montre plutôt audacieux dans une chambre à coucher Mais, pour une raison inexplicable, il était troublé par cette Américaine hardie, mal dégrossie, dont la fortune était récente. Non sans pertinence, Olivia se demanda si l'attirance qu'éprouvait leur famille pour les Américains - après tout, Aline en avait épousé un, et elle-même venait juste de se marier avec Gideon Shaw, des Shaw de New York - affectait aussi Marcus.
-Elle devait être ravissante en sous-vêtements, non ? murmura-t-elle, l'air de ne pas y toucher
-Si, répondit Marcus sans réfléchir, avant de faire la grimace. Enfin, non ! C'est-à-dire que je ne l'ai pas regardée assez longtemps pour évaluer ses charmes. Si toutefois elle en possède. Olivia se mordit l'intérieur de la joue pour ne pas rire.
-Allons, Marcus... tu es un homme dans la force de l'âge, et tu n'as pas reluqué Mlle Bowman en culotte une petite seconde ?
-Je ne « reluque » pas, Olivia. Soit je regarde franchement, soit je m'abstiens. Elle lui jeta un regard empreint de pitié.
-Eh bien, je suis affreusement désolée que tu aies eu à endurer une telle épreuve. Espérons simplement que Mlle Bowman restera vêtue de pied en cap en ta présence durant cette visite, afin d'éviter de heurter une fois encore ton extrême sensibilité. Son ton moqueur lui valut un regard noir.
-J'en doute.
-De quoi ? Qu'elle restera vêtue de pied en cap ? Ou qu'elle heurtera ta sensibilité ?
-Ça suffit, Olivia, gronda-t-il, ce qui la fit glousser
-Allez, viens, nous devons aller accueillir les Bowman.
-Je n'ai pas le temps. Tu les accueilleras, et tu inventeras une excuse pour expliquer mon absence. Olivia ouvrit de grands yeux.
-Tu ne vas pas... Mais enfin, Marcus, tu dois être là ! Je ne me rappelle pas t'avoir jamais vu te montrer grossier
-Pour l'amour du ciel, ils vont passer presque un mois ici ! J'aurai amplement l'occasion de me faire pardonner. Parler de cette fille m'a mis de très mauvaise humeur, et la simple pensée de me retrouver dans la même pièce qu'elle me fait grincer des dents. Olivia secoua légèrement la tête, tout en le contemplant d'un air inquisiteur qu'il n'apprécia pas.
-Hum... Je t'ai déjà vu en présence de personnes que tu n'aimes pas, et tu réussis toujours à te montrer poli - surtout quand tu veux obtenir quelque chose d'elles. Mais, pour une raison ou une autre, Mlle Bowman t'exaspère à l'excès. J'ai ma petite idée sur cette raison. -Vraiment ? rétorqua-t-il, une pointe de défi dans le regard.
-Il faut que j'y réfléchisse encore. Je te ferai savoir quand je serai parvenue à une conclusion définitive.
-Que Dieu me vienne en aide. À présent, va accueillir nos invités, Olivia !
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