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Critiques de Lisa McInerney (21)
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Miracles du sang

Dans les pas de Ryan Cusak, jeune dealer de vingt ans et pourtant déjà pas mal d’ancienneté, qui essaie de monter un business juteux avec la mafia napolitaine. En effet cet irlandais aux racines italiennes a profité de ses visites à sa nonna dans la baie de Naples pour mettre au point un trafic d’extasy avec sa bonne ville de Cork.



Des cachets de première qualité que la jeunesse étudiante des beaux quartiers vont s’arracher. Ryan, pianiste éclairé et DJ branché connait bien la nuit, mais lorsque l’on évolue parallèlement dans le milieu extrêmement hiérarchisé du grand banditisme, il faut vraiment faire attention à tout. Tu vois jeune homme tu aurais dû réfléchir à deux fois avant de coucher avec la belle Nathalie.



Évidemment tu ne savais pas qu’elle était aussi la maitresse de ton boss, mais qui va te croire ?



Ce pourrait être une histoire à la Scorcese, une guerre des gangs avec mafia dans la bonne ville de Cork. Mais dans cette grande cité portuaire d’Irlande, Lisa McInerney s’attache surtout à la dérive d’une jeunesse sans repère. Tragédie shakespearienne, drame racinien avec Bourdieu en sous-texte, la prose de McInerney frappe fort et sec, le lecteur, comme passé à tabac, ne doit sa respiration qu’aux lettres que le jeune héros, grandi trop vite, écrit à sa mère trop tôt disparue.



Un roman noir humaniste de haute volée.
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Hérésies glorieuses

Hérésies glorieuses est un splendide premier roman, aussi sombre qu’il se dévore. Je l’ai lu à sa sortie en grand format chez Joelle Losfeld en août 2017, mais n’en ai écrit aucune chronique – cet automne-là fut une période de grand chagrin pour moi […] Sa parution en poche le mois dernier a été une belle occasion de le relire et de me laisser encore mieux embarquer du côté obscur de l’Irlande. Lisa McInerney passe la mignonne petite ville de Cork à la moulinette saignante de sa plume agile et crue, caustique, drôle et poétique à la fois. Hérésies glorieuses, c’est la pierre qui attire ton oeil au bord du chemin et entaille profondément ta paume lorsque tu t’en saisis. La main en sang, tu ne peux néanmoins t’empêcher de sourire.



« Je lui ai mis une beigne avec la Sainte Caillasse, dit-elle. Je voulais pas lui laisser l’avantage, des fois que ce soit le père Noël »



Tout commence par un type tué par une sainte caillasse. Maureen ne l’a pas fait exprés, c’est juste qu’elle a pris peur et n’avait que cette bondieuserie sous la main. Il faut dire que vivre au rez de chaussée d’un ancien bordel désaffecté, ça peut rendre nerveux. C’est son fils Jimmy qui l’a installée là en la ramenant de Londres… combien de temps qu’ils ne s’étaient pas vus ? Quarante ans ? Depuis la naissance de Jimmy, en fait. Maureen, pour cause de grossesse hors mariage dans l’Irlande catholique et conservatrice que l’on sait, n’a pas eu le choix : elle a dû abandonner son fils à la naissance. Rejeton qui est aujourd’hui devenu le plus gros caïd de Cork, « compact et menaçant comme Godzilla, la mine aussi riante qu’une carrière désaffectée. »



En fait de briser un crâne, la sainte caillasse a aussi fendillé le sol sur lequel se meuvent nombre de personnages. Il y a Tony Cusack, un pauvre type alcoolique et père de six enfants, chargé de faire disparaître le corps. Il y a son fils, Ryan, quinze ans, l’ange déchu de l’histoire, qui brille autant que ses ailes tendent à prendre feu. Ryan et son grand amour, Karine d’Arcy. Il y a Robbie Donovan, le macchabée, qui en fait était venu récupérer un scapulaire oublié dans le bordel par sa petite amie, Georgie, qui y tenait beaucoup, il lui venait de sa mère. Georgie, droguée et prostituée, dont Ryan est le dealer et qui connaît la sinueuse Tara Duane, voisine des Cusack, celle qui porte « l’avidité comme une seconde peau ».



Et le sol fendillé n’en finit pas de craquer et de tous les faire trébucher les uns sur les autres. La lecture accélère et on voudrait au moins que Ryan et Karine soient sauvés… J’avoue être restée scotchée par le talent déployé par Lisa McInerney dans ce premier roman. Tout y est. Le rythme impeccable, l’écriture, un régal – et cette traduction de Catherine Richard-Mas ! -, l’inventivité flamboyante qui fait toujours aller l’histoire un peu plus loin qu’on ne l’aurait cru possible ; et cet inestimable ingrédient secret, celui qui rend très attachante une histoire pourtant pleine de noirceur et de tristes destins broyés. Hérésies glorieuses est à découvrir sans modération.



« Je trimballe ma rage comme un sac de chatons couinants ; pas moyen de noyer ça. »
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Hérésies glorieuses

Un beau roman noir irlandais avec plusieurs personnages, tour à tour héros de l'histoire, au point que chaque lecteur peut choisir son héros final. Pour moi, c'est Ryan, mais Maureen n'est-t-elle pas la véritable héroïne, même si elle a tué au tout début? Les femmes jouent un rôle majeur dans ce roman tout en paraissant victimes qu'elles soient prostituée, mères éloignées de leurs progénitures, amante ingénue ou croqueuse d'adolescent "tout en bite". Elles meurent aussi d'accident ou de meurtre. L'alcool et la drogue ont aussi leur place et même la religion pas dans sa meilleure représentation. J'ai vraiment aimé ce texte tumultueux, aux dialogues directs, voire très acides, jamais terminés. La ville de Cork est le cadre de l'histoire et la Lee a également sa place jusqu'à la fin. Cela me fait un peu penser à certain roman de Larry McMurtry et donc l'auteur pourrait imaginer une suite.
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The Rules of Revelation

Une grosse déception que ce 3e tome, d'autant que j'ai adoré les deux premiers. Dans ce 3e opus, qui conclut l'histoire de Ryan Cusack, les mêmes problèmes ressurgissent, on pinaille, on tergiverse, l'intrigue piétine. De plus le passage par les pensées de tous les personnages m'a fatiguée plus qu'autre chose car la tonalité reste la même, comme si les personnages étaient interchangeables. En somme, je ne suis pas du tout convaincue par leur évolution. Ryan en rock star ne me paraît pas crédible et la place des femmes me paraît d'un autre âge, entre Karine qui ne vit que pour Ryan, laisse en plan son métier d'infirmière pour zoner sur le canapé de ses parents , la méchante Natalie, la corruptrice, en femme d'affaires impitoyable, la pathétique Georgie dont la personnalité change du tout au tout dans ce volume.

Bref je n'ai vraiment pas adhéré à ce 3e tome.
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Miracles du sang

Un second tome dont l'humour mordant et acide ne se dément pas. L'intrigue se concentre davantage sur Ryan Cusack qui a à présent 21 ans et sur ses origines italiennes. Construit comme une série, ce roman nous mène de cliffhanger en cliffhanger dans un dédale d'émotions, entre agacement et empathie envers le personnage principal.

Si ce tome n'est pas un coup de cœur comme le premier, il n'en est pas loin. J'ai pris grand plaisir à suivre les tribulations de Ryan dont la moralité douteuse n'enlève rien à son côté touchant.
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Hérésies glorieuses

Gros coup de cœur pour ce roman social irlandais à mi-chemin entre la série Shameless et le roman de Nicolas Mathieu, leurs enfants après eux (mais sans se prendre trop au sérieux).

Avec une bonne dose d'humour noir, l'auteure nous entraîne dans les vies tragiques d'une myriade de personnages plus paumés les uns que les autres, pétris de bonne volonté, mais prenant des décisions calamiteuses. Avec eux, nous sillonnons les endroits les plus malfamés de Cork, partageant leurs déboires. Certes, le tableau est sombre, mais chaque personnage possède une infime possibilité de rédemption, mot qui ne peut être pris à la légère dans ce contexte irlandais.

Pour ma part, j'ai été très touchée par le personnage de Ryan Cusack, jeune homme attendrissant et trop tendre dans ce monde de brut.

Ce roman étant le premier tome d'une trilogie, j'ai hâte de lire la suite.
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Hérésies glorieuses

Je découvre de plus en plus la littérature irlandaise actuelle que j’apprécie. Je n’avais pas vu ce titre lors de sa sortie en grand format, mais je ne crois pas que j’étais prête à le lire non plus. Appréhension d’un texte trop « cru » trop « réaliste », oui on a des à priori. Entre temps j’ai rencontré des irlandais fort sympathiques. Et puis on évolue aussi en tant que lecteur, heureusement ! Et on sort de sa zone de confort pour tout à coup se rendre compte que c’est un roman magnifique que l’on a entre les mains.



Après ce petit préambule je vais essayer de vous partager ce coup de cœur littéraire.



Une mention pour la magnifique couverture qui résumé en partie une tranche de vie, Le visage resté en partie dans l’ombre, la beauté sensuelle, la place du corps et des muscles et ce tatouage de vierge Marie… « Hérésies Glorieuses » !



Les 500 pages de ce roman vont vous faire vivre des émotions fortes, et vous aurez du mal à le poser. Tant de vies sur le fils du rasoir entre les pages et entre vos mains ne vous laissent pas indifférents.



Ce qui m’a particulièrement plu c’est que le fond et la forme sont étroitement liés. Je viens de vous dire qu’on a des personnages forts, pas forcément sympathiques que l’on va voir dans des situations plus ou moins dramatiques. Mais je crois que ce qui les rend encore plus prenantes c’est la façon dont elles sont amenées.



Ce n’est pas simplement la vision d’une population en marge des bas fonds de Cork. Cela pourrait sonner comme un roman noir voir un polar avec des truands qui gèrent la prostitution, la drogue et le crime organisé. Et autour gravitent des laissés pour conte de la société, les losers et les petites frappes. Lisa McInerney les place sur différents plans. Leur place dans la société, dans leur communauté et petit à petit dans leur intimité.



Ce que j’ai adoré c’est le côté très visuel, cinématographique. On découvre un personnage et ce qu’il vit. Puis au chapitre suivant c’est un autre. Et on enchaîne avec une autre scène une autre vie. Mais on se rend vite compte que A nous a déjà parlé de B avant de le rencontrer, puis B nous parlera de A et de C ou D… et lorsque ce nouveau personnage apparait on le reconnait même si on va le voir sous un autre angle. Et c’est comme si la caméra avait tourné autour de lui pour nous montrer une autre facette de lui. Et tout cela va tisser une vaste tapisserie de cette partie de la ville de Cork.



On va aussi découvrir des personnages à différents âges. Les adolescents qui ont encore des chances de s’en sortir ou de plonger, des êtres au point de bascule. Puis il y a ceux qui ont entre 20 et 30 ans qui semble déjà vieux tant ils sont esquintés. Ceux qui ont entre 40 et 50 ans soit ils dirigent soient ils sont en bout de course, s’ils ont survécu. A part un ou deux personnages rares sont ceux de la tranche au-dessus.



Du bouillonnement de l’adolescence révoltée à la chute de l’adulte déchu on a un panorama assez sombre. Cependant il y a des moments merveilleux d’espoir et d’amour, tout n’est pas pourri ou corrompu dans ce royaume.



Les années passent et on se rend compte que finalement on est dans un creuset. Le monde est petit dans ce microcosme et tous se retrouvent liés d’une façon ou d’une autre. Il y a un effet boomerang quand on s’y attend plus la tâche de sang ressort.



Les personnages féminins sont aussi présents que les personnages masculins mais ils ne jouent pas dans la même cour. Il y est beaucoup question de prostitution et du rapport au corps. Sexe, maternité, drogue et alcoolisme, violence en tour genre, elles ne sont pas épargnées bien au contraire.



En arrière plan on a la société avec l’école, la religion et la familiale et à chaque fois les dérives les mauvaises décisions qui ont des conséquences sur l’avenir et sur la place dans la société.



Ce que j’ai aimé c’est aussi la langue, j’avais peur de trouver une langue crue voir argotique mais pas du tout. Lisa McInerney (ou/et sa traductrice) joue plus avec le rythme beaucoup de phrases courtes percutantes et des phrases légèrement plus longues. Alternance de dialogue et de narration. Parfois à la troisième personne en suivant un personnage plus qu’un autre, puis de temps en temps un chapitre à la première personne (en italiques). Jeu de rythme et de regard.



Ce roman est un roman qui m’a marqué car il parle de révolte et de colère tout en parlant de démission et résignation, comment réussir à s’en sortir ?



J’arrête de vous parler de ce roman car il faut que vous le découvriez avec vos yeux.



C’est le début d’une trilogie…
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Hérésies glorieuses

A Cork, Ryan Cusack, 15 ans, s’ennuie ferme au lycée. En dehors de l’école, il passe son temps avec sa petite amie, Karine, et il deale pour se faire de l’argent. Ryan ne sait pas trop ce qu’il va faire de sa vie dans une Irlande en perdition. « De toute façon, qu’est-ce qu’on pouvait lui enseigner ? Le pays était niqué. S’il devait prendre la voie la plus sage, il avait le choix entre l’aéroport et la file d’attente du chômage. » Une chose est sûre, il ne veut pas ressembler à son père, Tony, alcoolique, violent et petit malfrat sans envergure. Le roi des magouilles à Cork, c’est Jimmy Phelan. Il domine la ville et fait régner la terreur. Mais tout va basculer quand Jimmy ramène à Cork sa mère, Maureen. Cette dernière va provoquer une série de catastrophes et Jimmy va embaucher Tony pour faire le ménage.



« Hérésies glorieuses » est le premier roman de Lisa McInerney et le moins que l’on puisse dire, c’est qu’il est prometteur. Elle nous plonge dans une Irlande désespérée, sans aucun avenir après la crise de 2008. Le désespoir, la violence sociale sont le quotidien des habitants de Cork. Il ne leur reste que les trafics ou l’addiction (drogue et/ou alcool). C’est également une Irlande où le poids de l’église catholique est encore écrasant. Les filles-mères sont celles qui subissent le plus la réprobation de la morale catholique. Elles sont ici représentées par Maureen et Georgie. La première a clairement acceptée de revenir à Cork pour se venger de ce que l’Irlande lui a fait subir et pour sa vie gâchée (elle a du abandonner son fils et fuir son pays).



Lisa McInermey entrecroise avec brio les destins de ses personnages. Chacun est particulièrement bien caractérisés, chacun a une voix, une histoire. Le personnage de Ryan est sans aucun doute le plus touchant. Le jeune homme est intelligent, doué pour le piano mais son milieu social décidera de son destin.



La grande noirceur du livre et des destins des personnages est servie par une écriture crue, réaliste mais également empathique. Jamais Lisa McInerney ne juge ses personnages, elle nous plonge à leurs côtés avec force et énergie.



« Hérésies glorieuses » est un formidable premier roman, un portrait sombre et décapant d’une Irlande désespérée.
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Hérésies glorieuses

C’est un roman noir, qui décrit une certaine frange de la société de Cork qui se débat avec l’alcool, la drogue, la pauvreté, la violence, mais le tout avec humour et dégoût de soi. C’est un petit milieu dans lequel tout le monde se connaît depuis l’enfance et connaît la trajectoire de chacun. Pourtant l’amitié dans un tel contexte est un vain mot. Chacun pour soi et Dieu pour les autres. Le héros est un beau garçon de 14 ans quand nous faisons sa connaissance, il a une petite amie et fume des pétards alégrement en dealant pour un plus vieux que lui qui l’a pris sous son aile, pour se faire de l’argent de poche. Il est l’aîné d’une fratrie de 6 enfants, orphelins de mère et dont le père alcoolique, parvient tant bien que mal à tenir sa nichée hors des besoins fondamentaux, mais n’a pas l’esprit assez clair pour donner une quelconque notion d’éducation. Beaucoup de personnages plus paumés et en souffrance les uns que les autres, gravitent autour du héros, Ryan, beau intelligent avec un don pour la musique qui se débat avec son adolescence et son amour/mépris pour son père.

L’élément déclencheur du chaos qui va détruire la sorte « d’équilibre » de ce petit monde sera le meurtre par inadvertance d’un pauvre drogué, souteneur, venu récupérer un objet pieux pour sa compagne/gagne-pain, dans un ancien bordel reconverti par le caïd mafieux de la communauté, en lieu de résidence pour sa mère retrouvée. Contrainte par une famille bigote sectaire, comme beaucoup de ses congénères à abandonner son petit quand elle s’était retrouvée enceinte hors mariage. Tout le roman, très bien construit, est le développement de l’effet domino, causé par cette mort inopinée.

Très bon roman, que l’on lit avec délectation, dans lequel l’auteure traite les évènements les plus violents en les enrobant d’absurdité, de dérision et d’humanité, ce qui aide le lecteur à poursuivre sa lecture sans trop frémir.

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Hérésies glorieuses

Traduit par Catherine Richard-Mas



Ma première lecture irlandaise de la rentrée littéraire. Cork, je connais. C'est tout mignon. Mais ici, Lisa McInerney choisit de vous emmener visiter la face sombre de la ville : l'underground. le Cork des paumés, de ceux qui vivent de petites et grosses magouilles entre amis, qui ne sont jamais tout à fait des amis. Méfiez-vous aussi des petites mamies...



Ca commence par un meurtre commis par inadvertance. Une vieille dame, Maureen, assomme un type qui s'est introduit dans sa maison. Un cambrioleur, ou quelque chose du genre. Sauf qu'elle n'a pas fait que l'assommer : elle l'a dézingué. C'est ballot. Avec quoi ? Un bâton ?... Meuh nan, ce serait trop banal ! Je vais vous le dire parce que vous ne devinerez jamais : une bondieuserie, "une sainte caillasse" ! le genre de truc qu'on achète à Lourdes. le miracle ne s'est pas produit : le mec n'a pas ressuscité, il est bel et bien raide mort, sur le carrelage de sa cuisine, qu'il a copieusement massacré au passage, avec tout le sang qui a giclé. Sérieux, les joins sont foutus ! Maureen, rudement embêtée tout de même par l'ampleur des dégâts, et cette chose encombrante qu'est un cadavre, appelle son fils Jimmy à la rescousse. Jimmy, le parrain local, pas fou, touche pas à ce genre de truc : il fait appel à une connaissance pour faire le boulot : Tony Cusak. Tony, père isolé à la tête d'une marmaille de 6 enfants, alcoolo à ses heures perdues, chômeur professionnel, n'est pas franchement enthousiaste, mais bon, faut bien vivre ! Et dire non à Jimmy, c'est courir davantage de risques que de faire disparaître un cadavre et refaire un carrelage...

Sauf qu'un cadavre, avant d'être un cadavre, c'était quelqu'un. Avec une histoire. Il se trouve que Georgie, une ado qui a fugué de chez elle, a fait la connaissance du cadavre, quelques années auparavant. Il s'appelle Robbie O'Donovan. Son premier amour. "La trentaine. Rouquin. Un grand dépendeur d'andouilles". Qui l'a mise sur le trottoir. le parfait gentleman, quoi :) . N'empêche, Georgie cherche depuis quelque temps Robbie. Pendant ce temps, l'aîné de Tony Cusak, Ryan, 15 ans, est amoureux de Karine, une fille canon, de la bourgeoisie locale. Amour partagé, sauf que Karine en bave avec Ryan qui penche du mauvais côté : il deale. Il se fait virer du lycée. Il se trouve qu'il est le pourvoyeur en drogue de... Georgie, la camée à "la mine de crevade". Pourtant, le deal de Ryan est de ne surtout pas vouloir ressembler à son père...

A son âge, on a les hormones qui travaillent. Il suffit qu'on ait comme voisine, une nana à la masse comme Tara Duane pour que ça dérape encore un peu plus, surtout quand on a un père comme Tony Cusak : il ressemble peut-être à "un type déglingué", mais si une femme touche à son fils mineur, c'est lui qui déglingue. ""Tara Duane", fit Tony (...) Chaque fois que j'entends le nom de cette connasse, ça me bouffe mon espérance de vie". Sauf que cette Tara Duane est aussi la voisine de Jimmy et elle se à qui elle se plaint quand Tony descend la fenêtre de son salon à coup de cross de hurling. Jimmy se demande ce qui a bien pu mettre ce grand déglingué de Tony, un zeste couillon, dans une rage pareille si ce n'est une histoire de fesses : "Pour quelle autre raison est-ce qu'un type irait massacrer ta maison ? Tu t'es gourée d'étiquettes sur les poubelles ? Tu as gueulé toute la nuit en écoutant ABBA à fond ?"

N'empêche que fracasser la maison de sa voisine à coup de cross de hurling, alors qu'on est déjà alcoolo et au chômage, c'est pas fait pour arranger la garde de vos enfants... C'est la preuve que vous êtes fêlé ! Même si ladite voisine est une "méga-fouteuse de merde en personne", que "ça fout les jetons", que "cette gonzesse est complètement déchiquetée" (sérieux, ça fait envie !) le juge voit une agression, c'est tout. On se retrouve rapidement dans une "chierie d'enfer et putréfaction totale". Comme si ça ne suffisait pas, mamie Maureen touche aux allumettes...



J'avais pu goûter au sens de l'humour de Lisa McInerney au mois de mars, au festival franco-irlandais mais je n'avais pas encore lu son livre...

Ce roman est complètement dingue, fou, barré. J'ai rigolé comme une bossue, je me suis planquée x fois derrière ma lecture pour cacher mon fou rire dans les transports en commun. Lisa McInerney a une imagination débordante, un style sans fioritures : elle enlève tous les filtres, une b**e c'est une b**e (je n'écris volontairement pas le mot pour ne pas avoir des pervers qui atterrissent sur ce blog - Lol !). Les bondieuseries et tout ce qui va avec, en prennent pour leur grade, et pas qu'un peu ! Ce n'est pas un roman pour vierges effarouchées ni sainte-Nitouche. Et encore moins pour les grenouilles de bénitier. :) C'est complètement immoral mais délicieux.



Si j'ai beaucoup ri, c'est pourtant une histoire dramatique et même sordide. Mais l'humour ravageur et corrosif de Lisa McInerney est d'une efficacité redoutable. C'est plein de morts vivants, de walking dead pas du tout catholiques... Tous les personnages sont incapables de se sortir du pétrin dans lequel ils sont parce que de toute façon, le "pays est niqué" : le choix qui s'offrent à eux, c'est "l'aéroport et la file d'attente du chômage".

On s'attache davantage à Ryan qu'aux autres personnages parce que c'est un révolté qui ne veut pas ressembler à son père mais il ne sait pas comment se sortir du guêpier dans lequel il s'est mis. Il dit même à Georgie qu'elle a gravement une sale tronche, à force de se shooter, ce à quoi elle rétorque : "Misère de moi ! Un dealer qui me conseille d'arrêter la drogue !" :) Il ne prend pas le bon chemin, même avec Karine qu'il aime vraiment. Il en a conscience, mais son environnement social fait qu'il ne peut pas agir autrement : c'est un engrenage infernal. Comble de l'ironie, Karine fait des études d'infirmières, "parce qu'il faut bien que quelqu'un retape tout ce monde". Il est clair qu'elle a du boulot !



La fin est émouvante. Je sais qu'il y a une suite (le deuxième roman de Lisa McInerney), centré sur le personnage de Ryan, justement.



J'ai souvent eu l'impression que ça tournait au cartoon, entre Maureen qui ressemble à un "épouvantail congelé" et un "gusse" qui "saute sur scène comme s'il avait des frelons dans le caleçon" ! Et j'en passe... Un roman très vivant, c'est certain, ça saute et ça rebondit dans tous les sens.

Une plume au langage châtié et truculent, qui a dû être une gageure à traduire en français.



On ne sort pas indemne d'un tel roman, qui, s'il fait rire, n'en est pas moins fracassant. Une lecture marquante, c'est certain !

Un roman à découvrir pour les amateurs de sensation et d'humour caustique !



Le livre a été primé par deux fois en 2016 : il a été récompensé par le Baileys Women's Prize for Fiction et le Desmond Elliott Prize . Il va être adapté en série TV.

Lisa McInerney était aussi blogueuse ; elle se consacre maintenant à l'écriture de fiction.
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Hérésies glorieuses

Si c'est ce que l'on appelle roman contemporain, je me dis que ce n'est pas pour moi :) ... Le roman est bon, il est très bien écrit et comme cela se passait en Irlande, cela aurait pu me plaire. Le côté religieux , rédemption m' a un peu ennuyée, mais c'est peut-être dû aussi à la société irlandaise que finalement je ne connais pas vraiment.

Ce roman ne m'a pas touché ...mais ce n'est pas pour ça que cela ne sera pas le cas, vous qui me lirez. Allez jeter un oeil aux bonnes critiques ;) de 4 ou 5 étoiles.
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Hérésies glorieuses

Les chemins détournés, haine et impuissance, de la rédemption. Cork et ses petites frappes, ses putes et ses alcoolos. Un meurtre pour un scapulaire et tous les personnages de ce roman elliptique se heurtent et se mentent. Hérésies glorieuses ou le bûcher d'une Irlande encore très marquée par le discours religieux dont chaque personnage espère, à sa sauce, le salut. Lisa McInerney signe un premier roman qui sans une once de jugement happe le lecteur.
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Hérésies glorieuses

Un livre qui se passe en Irlande aurait toutes les chances de me plaire. Mais il est rare qu'un contemporain parvienne à me fasciner réellement. Hérésies Glorieuses n'y est pas parvenu. Il n'est pas mauvais, loin de là. Il peut même être extrêmement drôle par moments, notamment les passages avec Maureen, qui a été forcée d'abandonner son fils à sa naissance car elle était fille-mère. Le livre a le mérite de mettre en lumière une société en lutte avec ses démons, dans un état de quasi-schizophrénie face à un catholicisme bigot tout-puissant. J'ai eu cependant du mal à me connecter aux autres personnages, je n'avais pas de réelle empathie pour eux et je les trouvais finalement un peu trop clichés, sans relief. Karine par exemple ne semble être qu'un personnage fonction et son manque de profondeur nuit sérieusement à la crédibilité de l'histoire d'amour pure et passionnelle qu'elle vit avec Ryan. En bref, le livre n'est pas mauvais mais plaira sûrement plus aux amateurs de contemporain.




Lien : https://lageekosophe.com/
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Hérésies glorieuses

« Cork serait-il le meilleur endroit au monde ? C’est en tout cas ce que pensent ses habitants. Vous remarquerez rapidement que cette rafraîchissante ville cosmopolite du sud-ouest de l’Irlande inspire une dévotion inégalable de la part de ses habitants. » www.ireland.com



Voilà une citation qui ferait certainement hurler de rire la pétillante Lisa McInerney, qui ne travaille certainement pas pour l’office du tourisme de Cork mais vient par contre de lâcher un bon pavé dans la mare aux canards : « Hérésies Glorieuses », son premier roman, sonne définitivement le glas de cette ville d’Irlande et de ses prétentions touristiques. Ad patres, le « Arse End of Ireland » le trou du cul de l’Irlande pour reprendre son expression favorite, également titre du blog qui lança notre auteure sur les routes de l’aventure littéraire.



Telle une Zola celte et cinglante, Lisa McInerney tire un portrait noir aux lignes grinçantes des âmes damnées errant dans les bas-fonds de cette ville, sombre dédale qui suinte le vice et la folie, la pauvreté et l’égarement. Un ado dealeur et frondeur, une pute toxico, un père alcoolo, une voisine pédophile, une mère mystiquo-pyromane et son fils malfrat : tels sont les personnages dont nous suivrons l’aride et iconoclaste destin aux atours de balbutiements erratiques, de virée malsaine et cocasse vers un vide absolu. Une ébauche de rédemption ? Certes, le thème est central, mais les personnages semblent prisonniers d’une tragédie familiale et personnelle aux accents névrotiques avancés et somme toute indépassables. Une trace de tendresse ? Peut-être dans le portrait de Tony, dont la complexité et la véracité forment sans doute la plus grande réussite du livre.



La suite de ma chronique sur le site des nyctalopes !
Lien : http://www.nyctalopes.com/he..
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Hérésies glorieuses

Un roman réaliste, corrosif, impitoyable, revigorant, un bijou de noirceur à découvrir !



On se pose un moment à Cork, Irlande, où l’on croise le magouilleur Jimmy Phelan qui vient de rapatrier sa mère au pays après un exil anglais forcé, et où l’on suit leurs retrouvailles dérapantes, surtout quand la Maureen en question dézingue par erreur un type, déclenchant un sacré foutoir dans les affaires du fiston et de tout un tas de gens dont Tony et Ryan Cusack qui vont voir leurs trajectoires vriller, même si le tableau n’était déjà pas joli joli.



Excellent roman noir, social, humain, dans lequel Lisa McInerney brosse avec panache les paumés, les bancals, les marges vacillantes, avec une galerie de loosers magnifiques aux petits oignons.



Avec Hérésies glorieuses, l’autrice entame une trilogie dans laquelle nous suivons en particulier le jeune Ryan qui a une quinzaine d’années au départ, dealer en devenir aux côtés duquel nous nous frottons à son père, homme de main à la petite semaine, rencontrons sa petite amie Karine qui laisse ses origines bourgeoises au placard, Tara Duane, voisine commère à ses risques et périls, Georgie, prostituée camée romantique, entre autres figures épiques, désespérées ou avides. A travers elles, Lisa McInerney brosse les marges et les bas-fonds, avec en toile de fond les relations humaines, l’éducation, la maternité, la violence.



C’est à la fois noir, tragique et magnifique, et cerise sur le gâteau, c’est particulièrement bien amené, avec des phrases courtes percutantes, des changements de rythme, des moments d’introversion, des points de vue qui s’alternent, et un certain sens de l’humour.



Un premier roman noir qui fait sacrément plaisir à lire, tragique mais non dénué d’humour, aux visages à baffer autant qu’attachants, où l’on pense à la fois à John Fante, Robert McLiam Wilson, Irvine Welsh, John King ou Earl Thompson, entre autres pointures du noir et de la chronique sociale, rien de moins, c’est dire s’il faut se jeter dessus !
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Hérésies glorieuses

Coup de coeur pour ce roman irlandais qui décape. Pour moi, c'est un peu Ken Loach qui rencontre les Sopranos, et vous comprendrez que je suis fan de ces deux références... On retrouve une critique des rouages de la misère sociale et affective et une analyse sociétale de la délinquance en partie produite par le système (tout le monde en prend pour son grade : l'école, la police et surtout l'Eglise); c'est le côté Ken Loach. Pour le côté Sopranos, on a ces crapules qu'on n'arrive pas vraiment à détester qui se fourrent dans des situations rocambolesques et un humour et une drôlerie décapants (il y a de la mère de Tony Soprano dans Maureen).

Je ne vous dévoile pas l'histoire, c'est un vrai plaisir : les personnages se rencontrent et c'est un véritable jeu de dominos.

C'est @sosos_books_moods_and_more qui m'a tentée, j'ai trouvé la première édition en occasion mais #editionsdelatableronde viennent de le sortir en poche. Il y a une suite que j'ai très envie de me procurer.
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Miracles du sang

Ryan Cusack est dealer à Cork en Irlande. Il joue sur 2 tableaux, mais pas seulement avec eux...

Sa rencontre avec Maureen et Natalie vont l'entraîner dans une succession d'événements qui risquent de l'amener à un point de non-retour.



C'est le deuxième roman de l'auteure. Elle a repris un des personnages du premier roman. Je ne l'ai pas lu et cela ne m'a pas gêné dans ma lecture.

L'auteur a fait un bon travail de recherche sur les drogues et les discothèques. Elle a une bonne connaissance de son pays en terme de coutumes et d'histoire.

Elle a réussi à faire d'une histoire de base simple, un roman recherché.

La lecture à été fluide, addictive. Je voulais connaître la suite des événements même si j'ai pu deviner certaines choses.

Le personnage de Ryan Cusack est attachant. C'est un homme avec des blessures mais qui a une double personnalité. Côté dealer il est dominant, parfois violent. Mais il a un côté plus sensible dans ses relations aux femmes et avec le piano..

De plus, il est tiraillé dans sa double culture : italienne et irlandaise. Il a du mal à savoir où se situer.

Il y est question de deuil aussi, celui de sa mère. Pour pallier à ce manque, il lui parle ( chapitres en italique). C'est ce qui le rend d'autant plus humain, sensible.

C'est une histoire qui peut sembler simple de prime abord mais qui est finalement riche en émotions, sentiments, ressentis.

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Hérésies glorieuses

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Hérésies glorieuses

On jette un œil sur Internet pour en savoir plus sur ces fameuses Hérésies glorieuses que l’on a entre les mains. « Prix Desmond Eliott en 2016 », un livre présent dans le top 10 des romans noirs du New York Time’s Book Review, une adaptation télévisuelle en cours de préparation … Difficile de garder son calme lorsque l’on s’apprête à découvrir une telle pépite supposée et annoncée. Le livre débarque, en effet en France, chez Joëlle Losfeld (merci, au passage), auréolé d’une traduction brillamment réalisée par Catherine Richard-Mas.

Qu’en est-il, après lecture ? Lettres it be vous livre tout de suite son avis pas plus tard que maintenant !



# La bande-annonce



Après quarante ans d’exil, Maureen retourne à Cork pour retrouver son fils, Jimmy, qu’elle a été forcée d’abandonner. Une nuit, lorsqu’elle tue un inconnu en le frappant violemment à la tête, elle déclenche une série d’événements qui va secouer toute la ville de Cork et révéler différents personnages en marge de la société irlandaise.

Ryan, 15 ans, qui deale et donnerait tout pour ne pas ressembler à son père alcoolique. Sa petite-amie Karine, magnifique et issue d’une classe aisée, avec laquelle il vit un amour pur et passionné, jusqu’à ce que la réalité les rattrape. Tony, dont l’obsession qu’il voue à sa voisine menace de les détruire, lui et sa famille. Georgie, une prostituée qui feint une conversion religieuse aux répercussions désastreuses.

En renouant avec son fils Jimmy, Maureen découvre qu’il a grandi dans le quartier le plus dangereux de la ville et qu’il est devenu un gangster redoutable, mais cette meurtrière involontaire est heureuse de pouvoir compter sur lui pour la sortir de cette situation. En cherchant tous les moyens possibles pour expier ses nombreux péchés, et en premier lieu le meurtre qu’elle a commis, Maureen risque cependant de détruire le plan mis en place par Jimmy, et surtout de les mettre tous en danger.

Dans un style vrai, cru et aussi poétique, Lisa McInerney dresse le portrait touchant, drôle et irrésistible de personnages pris au piège, qui voudraient s’en sortir mais courent tout droit à leur perte.



# L’avis de Lettres it be



L’Irlande, la drogue, le sexe, la jeunesse qui s’enfuit et s’en fout … La quatrième couverture donne le ton d’un ouvrage qui s’annonce « dynamite ». Et, autant le dire tout de suite, pour un premier roman, c’est solide, costaud, béton. Une mère revient hanter la vie de son fils abandonné des années plus tôt. Cette mère, elle n’a rien fait de méchant : elle a juste buté un innocent en voiture. Ca commence comme ça. Ambiance …



La suite de la chronique sur le blog de Lettres it be
Lien : https://www.lettres-it-be.fr..
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Hérésies glorieuses

Avec « Hérésies glorieuses », son premier roman, l’écrivaine radiographie une furieuse Irlande dans la lignée de Melvin Burgess, Hubert Selby Jr ou Irvine Welsh.
Lien : http://www.lemonde.fr/livres..
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