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Critiques de Lisa See (428)
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L'île des femmes de la mer

Aujourd'hui, je vais vous parler des Haenyeo. Ce sont des femmes qui plongent en apnée pour ramasser des coquillages, poulpes et autres fruits de mer et assurent ainsi la subsistance de leur famille alors que les hommes s'occupent des enfants et des repas.

Société matriarcale, me direz-vous? Eh non, il s'agit d'une société matriafocale, c'est à dire centrée sur les mères et la famille maternelle. Ce sont elles qui effectivement assurent le financement de la famille, notamment des hommes et l'école des garçons. Mais pendant qu'elles plongent, souvent au péril de leur vie, à part s'occuper des marmots, les hommes n'en fichent pas lourd et passent leur temps à jouer et à picoler. Ca vous rappelle rien?



Dans ce récit qui se situe à Jeju, île en Corée du sud, nous suivons la destinée de Young-Sook et Mi-Ja, deux jeunes plongeuses liées par une solide amitié jusqu'à ce que la guerre et l'occupation par les japonais vienne mettre un terme à ce lien très fort qui les unissait.

Ce n'est donc pas seulement l'histoire des ces femmes au destin tragique mais, à travers leurs récits, celle d'un pays, la Corée, qui va traverser plusieurs occupations, arrestations, déportations, tortures et massacres en série qui continueront même après le partage de cette nation en 2 pays frères ennemis.

Et qui seront les principales victimes des ces traitements bien souvent inhumains? Oui, bien entendu, les femmes, qui comme dans toutes les guerres sont les proies faciles des bouchers barbares qui pullulent pendant les conflits.

Donc, c'est un livre dur, âpre même si parfois nous avons de belles histoires avec ces femmes extraordinaires qui font preuve d'une résistance hors du commun, propre à cette tradition des haenyeo.

Je vous conseille néanmoins l'histoire de L'île des femmes de la mer, un magnifique récit, tellement bien raconté par cette américaine d'origine coréenne, Lisa See et si j'osais, allez vous l'attendez tous, je vous dirais que ce roman est corrément magnifique! ;-)



Pour moi, c'est un coup de coeur!
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Fleur de Neige

Magnifique roman qui nous fait plonger au coeur des traditions de la Chine de l'ancien régime, telles que le bandage des pieds ou l'apprentissage d'une langue secrète pratiquée exclusivement par les femmes : le nu shu. Le texte est très émouvant, l'histoire des deux héroines du roman est passionnante. Un très beau livre, vivant, riche, empli d'émotions et de poésie. Un superbe texte qui fait voyager dans l'espace et dans le temps. Une belle découverte de cet auteur que je retrouverai avec joie et intérêt.
Lien : http://araucaria20six.fr/
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Fleur de Neige

Comment vous dire ma joie, comment exprimer la puissance de ce que j’ai pu ressentir en refermant ce livre. Vous savez, cette impression de légèreté et de bien être qui accompagne la fin d’une mission accomplie. Si vous saviez comme je suis heureux d’en avoir fini avec ce bouquin qui m’a profondément ennuyé.

Pourquoi suis-je allé au bout? Parce qu’il m’a été offert par un ami à qui j’ai promis mes impressions et qui ne m’en voudra pas de n’avoir aucune complaisance pour ce titre. L’ami sachant que je charge souvent la mule quand je n’aime pas, ben… c’est parti.



Pratiquement cinq mois pour venir à bout des 378 pages, j’ai pris mon temps. Sans déflorer l’histoire, j’ai quand même profité du décès d’un personnage pour respecter une période de deuil de plus de trois mois en déposant le livre là où j’étais sur de l’oublier.

Plus de trois mois et quelques lectures plus tard, j’ai repris Fleur de neige et… je me souvenais de tout, les personnages, l’histoire, enfin quand je dis l’histoire… Je m’étais arrêté à la page 203 et je me souvenais bien que pendant les 202 premières, il ne s’était absolument rien passé dans cette Chine du XIXe siècle.

Dès le début j’ai eu la sensation que je revivais un moment déjà vécu il y a quelques années devant un film (Chinois ou Mongole je sais plus trop) sur Arte. Critiques top et tout et tout.



— Sympa de m’avoir attendu, c’est bon vas-y.

— De quoi tu parles?

— C’est cool d’avoir mis sur pause.

— J’ai pas mis sur pause, c’est commencé là.

— C’est la box qui merde, l’image a pas bougé depuis trois minutes.

— Cinq minutes.

— Allez lance la lecture, j’me lève tôt demain.

— Mais j’ai pas mis sur pause.

— Ya des piles dans la télécommande?

— Regarde, tu vas rien comprendre, une fois de plus.



Avec la bretonne qui partage mon quotidien, nous avions tenu à peu près un p’tit quart d’heure entre fou rire et consternation devant ce plan fixe d’un homme allongé dont la seule action consistait à un battement de cils toutes les deux minutes et un frémissement de narine tous les deux battements de cils. J’ai jamais su comment ça finissait.

Fleur de neige, c’est un peu comme ça que je l’ai vécu. Cent pages sur le bandage des pieds et la torture des gamines par la bande à Velpeau. Cent pages sur les préparatifs de deux mariages arrangés selon les traditions, à l’ancienne comme dirait aujourd’hui un directeur du marketing chez Justin Bridou ou chez Lactalis. Cent pages sur les pondeuses qui espèrent au loto de la procréation non assistée par l’amour, gagner un fils à chaque tirage. Cent pages pour terminer sur la colère, la vengeance et la culpabilité. Le tout pour une histoire d’amitié, si je me fie aux nombreux billets lus ici.

C’est vrai que la torture, si on me demande dans un sondage dans la rue, je suis pas pour. Que ce soit la bande à Velpeau, la bande à Basile ou la bande au néon, sur des gamins en plus, ça partait pas terrible le bouquin. J’ai trouvé un peu long…

Le mariage, je suis pour et pour tous, enfin tous ceux qui veulent tant que c’est pas pour moi. Là c’était pas pour moi mais j’ai pas accroché non plus. Cent pages pour me raconter qu’au huitième jour du quatrième mois lunaire, entre deux heures moins sept et trois heures vingt quatre si le futur mari (qui a peut être 9 ou 10 ans à ce moment de l’histoire) fait pipi au pied d’un chêne orienté sud sud ouest, Fleur de neige aura un fils plutôt qu’une fille, j’ai trouvé un peu long…

Par contre coté traditions, là, c’est comme pour la torture, je suis pas pour. Sous aucune forme. Ici on oscille entre l’atelier couture et le délire broderie ascendant tout est programmé pour tes quarante prochaines années. J’ai trouvé un peu long… là aussi.

Pour ce qui est du reste (je vais grouper ça gagnera du temps), j’ai trouvé très long et n’ayons pas peur des mots, j’ai trouvé le tout très chiant.



J’ai lu un certain nombre de critiques où les « magnifique » « bouleversant » etc etc sont légion et pourtant, à la surprise générale, je vais rejoindre les trois babélioteurs sur les 866 lecteurs déclarés de Fleur de neige, ayant mis une étoile.

Fleur de neige, c’est le prototype même du bouquin qui n’est pas pour moi. Ce n’est pas qu’il soit mauvais mais ce genre de bouquin ne m’intéresse pas. Les grandes sagas racontées par l’ancien qui se souvient me laissent toujours à la porte voir de l’autre coté de la rue. Si en plus comme dans Fleur de neige, je trouve que l’écriture est sans relief, sans vie, sans couleurs, sans odeurs, que je sais que la page suivante sera aussi plate que la précédente, que j’ai l’impression de relire les mêmes phrases à l’infini, je m’ennui rapidement.

Le sujet aurait pourtant pu m’embarquer s’il avait été abordé différemment. La condition féminine dans la Chine du XIXe siècle abordé sans aucune révolte, juste de la résignation, quel dommage. Une révolte au moins dans l’âme aurait été la bienvenue, aurait donné un peu de contraste au tout.

Et puis cette fin avec le truc qui tue, le rebondissement (pas violent non plus comme rebond) cousu de fil blanc (atelier couture) qui amène le personnage principal à sombrer dans la culpabilité en cherchant à émouvoir le lecteur, quelle tristesse…

Ah Fleur de neige et sa laotong Fleur de lis (personnage principal), quel bouquet… inodore pour moi malheureusement. Même pas une Fleur de cactus pour mettre un peu de piquant.



Merci à toi qui m’a offert ce livre qui nous permet aujourd’hui d’en plaisanter entre nous. Et puis les gouts et les couleurs… on ne peut pas tomber pile à chaque fois, heureusement.

Sinon, j’ai trouvé un peu long quand même.

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Fleur de Neige

Ce livre je l'ai gardé longtemps avec l'idée de le relire, lu bien avant mon entrée sur le site. Une histoire dure mais poignante, elle a laissé chez moi des traces plus profondes que les empreintes du Yéti dans la neige des montagnes du Tibet. Le titre originel donnerait "Fleur de Neige et l'éventail secret". L'éventail a malheureusement disparu dans la version française comme par magie. Un titre c'est important, tant qu'à le modifier, alors "Amitié et destinées" qui sonne comme un drame antique. Je garderai donc le secret sur l'éventail et me concentrerai sur l'amitié. J'aime l'idée du livre qui voyage, se transmet de mains en mains, acquérant ainsi un supplément d'âme. Je vais aussi vous amener à la découverte du paravent caché.



J'ai eu le grand plaisir de voir de ces paravents chinois au musée de la compagnie des Indes à Port-Louis : assemblages de plusieurs panneaux en bois massif laqué, souvent noirs aux motifs d'or raffinés, rien à voir avec ces paravents qui dévoilent ou laissent deviner les formes, l'opacité est totale, l'ensemble suffisamment solide et volumineux que pour contenir un assaillant. Il sera temps d'en reparler.



Fleur de Lis, Fleur de Neige, la première pauvre paysanne, la seconde de bonne famille, leur destin dépendra de leur mariage et leur mariage de la richesse de leur famille ou de la beauté de leurs petits pieds. Ainsi débute cette histoire, par d'interminables allées et venues les pieds bandés, à l'étage sur un parquet, cela prend des heures, des jours, voire des semaines jusqu'au sinistre craquement final. C'est casse-pied, je l'avoue. N'aurais-je pas pleuré tout mon soûl à huit ans sur Tintin et le Lotus bleu que... . Mais existe une autre tradition, celle que j'appellerai de l'amitié indéfectible orchestrée par la marieuse pour les filles pauvres aux pieds parfaits. Un foyer d'accueil chez une famille aristocratique leur est trouvé, ainsi en fut-il pour Fleur de Lis...



L'ami à qui j'ai offert le livre a détesté. Il n'y a pas eu rencontre. Ce n'est pas grave, je sais que la lecture est pareille à une promenade. Particulièrement sous le ciel changeant de Bretagne le même paysage diffèrera d'un jour sur l'autre et les émotions ressenties pareillement, la mer toujours la même et autre à la fois. Je pense que beaucoup de lecteurs savent cela. En face d'un beau paysage il est tentant de faire des photos, elles seront bien évidement affectées par la couleur du ciel et le cadrage. Perso, même pour un paysage j'aime bien intégrer un avant plan. Souvent cela prend plus de temps car il faut choisir et l'objet du détail et ce que l'on garde dans le champ. Vient alors la décision sur la focalisation, la plupart focalisent sur l'infini, j'aime régulièrement donner de la netteté sur ce qui est à l'avant plan. Choix tout à fait personnel et comprenons nous bien je ne suis pas en train de dire que c'est comme cela qu'il faut faire une photo, ou qu'il faut lire, ni en aucun cas de tenter d'amener mon ami à revoir son jugement. Je prétends juste que c'est pareil pour une lecture ; et pour celle-ci, je confirme avoir centré mon attention sur "Amitié et destinée" laissant dans le flou le décor, les costumes, les coutumes et les à-cotés. Comme au théâtre, n'accordant crédit qu'au jeu des acteurs. Ce livre prend alors une dimension intemporelle et universelle. Et c'est alors qu'apparaîtra le paravent caché.



Le Lotus bleu m'a mis au courant depuis ma tendre enfance des revers de fortune qu'ont entraînés en Chine le jeu et l'opium, j'ai donc assisté sans surprise à la lente déchéance de Fleur de Neige de part l'inconduite de son père. En pareil cas beaucoup s'enferment dans une spirale de lamentations sur l'injustice de leur sort, attribuant au seul destin tous leurs malheurs. Mon souvenir est que Fleur de Neige affronte plutôt courageusement la tempête des évènements qui se déchaine sur elle et se dévoue énormément pour en atténuer le négatif. A l'inverse Fleur de Lis doit à la seule grâce de ses petits pieds un bon mariage et de là une vie aisée. Mais combien totalement redevables aux faveurs du hasard n'en attribuent-ils pas tout le mérite à leurs seules actions ? Cela ne serait qu'un demi-mal si pour entretenir cette illusion ils ne devaient faire usage du paravent caché. Il faut bien se protéger des misères du monde, les cacher derrière le paravent. Et puisque par leur propre vertu ils considèrent avoir fait que la vie leur soit douce, s'enchaîne forcément l'implacable réciproque : celle ou celui dans le malheur ne doit s'en prendre qu'à ses erreurs. Ainsi donc au malheur s'ajouteront l'opprobre et les reproches. Ce paravent inavouable restera longtemps caché, en premier lieu aux yeux de Fleur de Lis. Le décor a voulu que cette histoire se passe au XIX siècle en Chine, mais le drame est universel et intemporel.



Alors là oui, j'ai vraiment pleuré aux destinées souvent croisées, à cette Amitié plusieurs fois perdue par bêtise, par éloignement, par paresse, par lâcheté...



Fleur de Neige et Fleur de Lis, Tintin et Tchang, Hervé et Tchang des figures d'amitié ; leurs histoires m'ont laissé des traces aussi profondes que les empreintes du Yéti sur la neige du Tibet dans lesquelles je tente encore d'inscrire mes petits pieds. Et voilà pourquoi, plutôt que le relire, j'ai offert ce livre en symbole, comme un gage...
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La mémoire du thé

Ce roman conte l'histoire et l'évolution d'une des minorités du Yunnan, aux confins de la Chine, au sud - Ouest, la tribu des Akha de 1988 à 2016—- arrivés dans ces montagnes depuis six générations ——

On y cultive et élève le thé selon des méthodes archaïques depuis des temps immémoriaux.



Les Akha vivent une vie rudimentaire ,précaire, croient en plusieurs Dieux , respectent les Esprits de la forêt.

Aucune évolution technologique n'y avait encore trouvé sa place : pas d'électricité, ni téléphone ,ni cinéma, ils évoluent selon des principes et coutumes arriérées , superstitions et rituels religieux ,croyances dépassées. ( pour une occidentale ) .



Un nombre incroyable de rituels , traditions et croyances auxquels se livraient cette tribu .!



A- Ma la mère de l'héroïne Li- Yan , très puissante au sein de cette hiérarchie désire que sa fille devienne sage- Femme comme elle .

Li- Yan aura la chance d'apprendre à lire et à écrire, reconnaîtra les thés , les vendra, les exportera après bien des épreuves ...Je n'en dirai pas plus...



Cet ouvrage en plus d'une histoire d'amour malheureuse est une ode au thé : cueillir les feuilles, les sécher, «  tuer le vert »,puis chauffer les feuilles ,les pétrir, les sécher de nouveau, pour les faire fermenter et les mettre en galettes.



On y découvre aussi le fameux « Procédé » pour réaliser le Pu'er , ce thé si particulier des montagnes du Yunnan, ce thé exceptionnel , très recherché , vendu des prix fous .



Connaisseurs , exportateurs revendeurs viendront chez les Akha pour leur faire découvrir le Pu' er .

Leurs conditions de vie s'amélioreront .



Outre la description de paysages magnifiques , la nature du Yunnan, ses montagnes et ses collines , ses arbres à thé et la brume qui les enveloppe , l'auteur a fait des recherches sur l'adoption des enfants en Chine

——Les enfants volés à leurs familles pour des adoptions illégales et légales aux Etats- Unis, ainsi que d'autres aspects sombres de l'enfant unique.

——La dégustation des thés simples et élégants, , les mystères chimiques du Pu'er, les effets du changement climatique sur les théiers anciens du Yunnan.

——-Le style de vie des Akha ( les rejets humains) et leur idée d'être un maillon d'une longue chaîne .

——En fait, cet ouvrage est très riche d'enseignements, il s'inscrit dans la Grande Histoire de la Chine depuis les confins de la RÉVOLUTION CULTURELLE jusqu'a sa MODERNITÉ ACTUELLE.

—-L'histoire et l'ode au thé sont enrichissantes, on apprend et découvre beaucoup.











Les personnages sont attachants, notre héroïne passe de l'épaisseur de LA JUNGLE au béton, constamment DÉCHIRÉE entre ——-SOUMISSION ANCESTRALE —- aux traditions inhumaines ——-à la modernité——au fil des ans et des expériences ....

J'avais lu avec plaisir «  Fleur de Neige » de Lisa See il y a quelque temps .

Encore une critique trop longue, lecteurs veuillez - me pardonner.

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La mémoire du thé

C'est un livre rafraîchissant et dépaysant que je viens de finir. J'avais vu de nombreuses critiques sur Babelio qui m'ont plu et cela m'a donné envie de le lire. Je me suis plongée directement dans l'histoire. Dans les années 90, au sud-ouest de la Chine, dans un village de montagne "La source du Printemps" vivait une famille très modeste de la culture du thé. Li-Yan, devenue adolescente, la seule enfant de cette famille à savoir lire et écrire, rejette les traditions ancestrales. Elle est douée pour les études, mais sa mère qui est la sage-femme du village voudrait la former pour qu'elle l'a remplace dans quelques années. A l'âge de 12 ans, elle l'emmène pour la première fois, chez une femme prête à accoucher. Malheureusement, cette femme aura des jumeaux et c'est la pire chose qu'il puisse arrivé, s'ils vivent, tout le malheur s'abattera sur le village. Les jumeaux sont étouffés. Li-Yan est bouleversée mais c'est ainsi dans les traditions. Quelques années passent et Li-Yan fait face à une grossesse non désirée. La seule chose à faire pour elle c'est de se marier avec le père de l'enfant. Malheureusement, le père est parti faire fortune afin de faire des offrandes à la famille de Li-Yan pour se marier avec elle. Lorsqu'elle accouche , le futur marié n'est pas revenu et se doit de l'abandonner et va le déposer à l'orphelinat accompagné d'une galette de thé.

L'histoire peut paraître à la fois un peu mièvre et terrible, mais l'autrice, Américaine d'origine Chinoise, à fait un véritable travail documentaire sur l'histoire du thé, sa culture, son traitement, sa preparation, ses différentes sortes de thé et notamment sur le Pu-erh, un thé sombre. Moi qui en boit régulièrement j'ai trouvé cela très intéressant.

Cela me fait penser, à un échange sur le thé que j'avais eu avec Osmanthe sur ce site.

Ce qui m'a plu : le dépaysement total de ce roman, la riche documentation apportée par l'auteure sur le thé, l'adoption d'un enfant et les liens qui se tissent de près ou de loin.

Ce qui m'a moins plu : Autant les rites et coutumes étaient très intéressantes au début du récit, autant à la fin, j'ai trouvé cela répétitif et un peu ennuyeux.

Une belle saga, si vous aimez ce genre de lecture.



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Fleur de Neige

Chine, XIXè siècle.

Bien que née dans une famille de paysans pauvres, Fleur de Lis est repérée par une entremetteuse pour la beauté de ses pieds. Elle se voit donc proposer, à condition que ses pieds soient correctement bandés, un bon mariage dans une riche famille. Pour faire d’elle, une fille vraiment exceptionnelle, l’entremetteuse la met en contact avec Fleur de Neige, une aristocrate née le même jour, la même année, à la même heure. Les deux fillettes seront laotong, un lien d’amitié indéfectible plus fort encore que celui qui unit des époux. Elles ont sept ans quand elles se rencontrent pour la première fois et vont au fil des années échanger confidences, promenades au temple et messages secrets calligraphiés sur un éventail. Quand sonne l’heure du mariage, Fleur de Lis, grâce à sa laotong et à la grâce exceptionnelle de ses petits pieds bandés, s’élève dans la société en intégrant une famille riche et puissante. Fleur de Neige n’a pas cette chance, sa famille est ruinée, son père a mauvaise réputation et elle doit lier son destin à un boucher qui la traite durement. Le rapport de force s’est inversé : la fillette pauvre est devenue riche, l’aristocrate sombre dans la misère. Sauront-elles faire perdurer leur amitié malgré tout ?



Un roman passionnant qui, au-delà du destin mouvementé de Fleur de Lis et Fleur de Neige, évoque le sort des filles, puis des femmes dans la société chinoise du XIXè siècle.

Dans les familles, surtout les plus pauvres, les filles sont un poids. Elles sont vouées à partir pour servir leur belle-famille à qui elles devront obéissance. Mais pour arriver jusque-là, il faudra passer la dure épreuve du bandage des pieds. Une terrible souffrance qui peut conduire à la mort et qui font d’elles des mannequins désarticulés incapables de marcher longtemps. De toute façon à quoi bon pouvoir se déplacer ? Les femmes vivent dans leurs appartements et n’ont sur le monde que la vue que leur offrent les persiennes toujours baissées.

Elles n’ont pour seul utilité que de donner un fils à leur mari qui lui, peut les affamer, les battre comme plâtre et leur imposer une ou plusieurs concubines.

Dans ce monde de frustrations, de douleurs et d’humiliations, l’amitié qui unit les deux protagonistes est un refuge, une consolation. Elles communiquent entre elles dans un langage secret, le nu shu, une écriture interdite aux hommes et partagent confidences et secrets. Pourtant il sera difficile pour Fleur de Lis d’être fidèle à ses promesses d’amitié éternelle. Sa belle-famille fait pression pour qu’elle abandonne sa laotong déchue et miséreuse…

Une belle histoire racontée avec sensibilité et pudeur.

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Fleur de Neige

Le roman de Lisa See évoque la Chine au XIX siècle, et nous parle de la condition de la femme. Attachée au poids des coutumes ancestrales la vie des femmes est renoncement, soumission, obéissance et souffrance.

Elles mènent une vie servile dans leur foyer. Il n'y a pas d'échappatoire possible, elles restent cloitrée dans l'appartement des femmes, leur mariage est arrangé dès leur plus jeune âge. Viendra ensuite une vie de dévouement sans faille à leur belle famille.

Ainsi va être scellé le sort de Fleur de neige et Fleur de Lis. Cependant elles sont « Laotong » ou âme-soeur, elles se sont jurées amour et fidélité. Cette amitié va être un refuge et un réconfort, ensemble elles endurent l'atroce période du « bandages des pieds », elles brodent et reçoivent une éducation de femmes accomplies. Elles communiquent dans un langage mystérieux aux hommes le « nu shu » et se consolent dans de tendres confidences la nuit sur l'oreiller.

Même si l'histoire est dure, triste et très douloureuse, ce livre est une merveille de délicatesse. Lisa See écrit tout en finesse, avec sa sensibilité féminine exacerbée, elle nous happe dans cet univers de la société chinoise et nous bouleverse profondément.

Lisa See écrit un très beau roman mais pas seulement, car on sait qu'elle s'est très bien documentée… Un livre donc que l'on oubliera pas.



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La mémoire du thé

Faire d'une pierre deux coups: lire "La mémoire du thé". C'est une très jolie lecture et en plus j'ai appris plein.

Dans la province du Yunnan au sud-ouest de la Chine vit l'ethnie des Akha. Venus au sud par le plateau tibétain il y a des siècles, ils se sont installés entre les montagnes, le Mékong et le fleuve Rouge. Je découvre un peuple, un peu comme les Chinois d'ailleurs. Il n'y a pas si longtemps que les Chinois ont reconnu plus d'une cinquantaine d'ethnies.

"La mémoire du thé" nous parle de ce peuple et bien sûr du thé. Animiste, ils honorent plusieurs dieux et respectent les esprits de la forêt. Nous en apprenons beaucoup sur leur mode de vie, leurs rites, traditions et superstitions aussi. le récit débute en 1990, donc presque contemporain, mais, dans ce village de montagne, nous sommes encore bien loin des progrès qui se propagent dans toute la Chine. La vie est rythmée par les saisons, par les cultures, le riz et bien sûr le thé. On nous dit tout de la culture du thé. Cueillir les feuilles, les sécher puis "tuer le vert", chauffer les feuilles dans le wok, les pétrir, les sécher de nouveau pour finalement les faire fermenter et les mettre en galettes. Les connaisseurs, revendeurs, exportateurs viendront chez les Akha pour leur faire découvrir le Pu'er, ce thé exceptionnel, tant recherché, vendu des prix de fous et qui transformera à jamais leur vie, leur mode de vie, leurs façons de faire et de vivre. Et Lisa See nous parle des femmes de cette ethnie. Aïe! Filles et personne sont synonymes. Heureusement, ça change. Le progrès n'est pas que mauvais. Ici, une jeune fille aura l'occasion de s'éduquer, d'aller dans une grande ville, et sera formée pour connaître, reconnaître les thés et les vendre, les exporter. Elle participera donc à l'essor de sa communauté. Elle deviendra une commerçante respectée. Il y a de l'espoir. Et bien sûr , il y a une histoire d'amour déçu et une autre plus heureuse. C'est une jolie histoire, c'est émouvant et surtout c'est très respectueux.
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Fleur de Neige

Ce livre relate la condition des femmes – ou plutôt la non-condition des femmes – dans la Chine du XIXème siècle à travers le destin de deux femmes Fleur de Lis et sa laotong Fleur de Neige.



Quel calvaire pour ces femmes qui acceptent leur sort sans se plaindre et même l'encourage.



Un conditionnement qui commence dès l'enfance avec entre autres la tradition du bandage des pieds des fillettes, un véritable supplice qui s'étale sur plusieurs années et qui les estropie à vie (quand elles n'en meurent pas : une fillette sur dix n'y survit pas). Si j'avais entendu parler de cette coutume, je n'en avais pas mesuré l'ampleur et la violence. 7 cm serait l'idéal de l'érotisme chinois ! …Et donc du pied parfait. Ça me parait surréaliste. J'aurais fait office de monstre de foire à cette époque, ou bien j'aurais fini soubrette et esclave sexuelle, le lot traditionnel des filles aux grands pieds…



« Dans l'espoir que ma famille me témoigne la plus élémentaire tendresse, j'ai accepté comme on l'a exigé de moi d'avoir les plus petits pieds bandés du district - et donc que mes os soient brisés, broyés, remodelés. Lorsque la souffrance s'avérait insoutenable et que mes larmes mouillaient mes bandages ensanglantés, ma mère venait me parler à l'oreille et m'encourageait à supporter une heure, un jour, une semaine de tourments supplémentaire, en me rappelant le bonheur qui m'attendait si je tenais bon un peu plus longtemps. »



La narratrice, Fleur de Lis, a plus de quatre-vingts ans quand elle décide d'écrire son parcours.



Alors certes, le rythme est très lent et il faut bien reconnaitre qu'il ne se passe pas grand-chose.

Certes, il y a quelques redondances et longueurs

Certes, j'ai quelque peu manqué d'empathie envers la narratrice Fleur de Lis

Certes, j'aurais apprécié que les événements historiques comme la révolte des Taipings ne servent pas uniquement de décor et soient un peu plus explicités

Certes, certes …



Et pourtant, ce livre est passionnant.

Pour quelqu'un comme moi, peu familière avec la culture chinoise - pour ne pas dire, qui n'y connait rien du tout – ce livre m'a littéralement immergée dans le quotidien d'une jeune fille puis d'une femme au coeur des traditions, des croyances, des usages qui régissent les relations familiales au sein de la famille biologique comme de la belle famille. Ça fourmille de détails sur les coutumes de l'époque. J'ai découvert énormément de choses comme l'existence du nu shu, l'écriture secrète des femmes.

Certains passages sont très durs, les femmes n'ont aucune existence propre mais c'est écrit avec le recul d'une personne âgée et beaucoup de douceur. Une belle découverte.



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Fleur de Neige

Ce très joli, très doux et très délicat roman fait entendre la voix de femmes chinoises à la manière de Pearl Buck. Enfin ,c'est le ton de la narratrice qui est tout en délicatesse, car le contenu réel est plutôt violent...

C'est une histoire de filles dans une société intensément patriarcale, donc une histoire de dressage mental et physique. Les blessures infligées à l'esprit et au corps pour soumettre sont inouïes. Il y a notamment une description du bandage des pieds telle que je n'en n'avais jamais vue. En fait, je me rends compte que je ne savais pas ce qu'était réellement cette coutume, qui consiste en réalité à casser les os de la voûte plantaire et à faire tomber les orteils-de sorte que les femmes ne peuvent littéralement plus marcher de toute leur vie hors de leur maison...Quant au dressage mental, c'est l'obéissance absolue qui est demandée aux filles, et l'étouffement, bien sûr, de toute ambition, toute volonté, toute idée personnelles. Une annihilation de la personnalité qui vaut toutes les dystopies modernes et se révèle beaucoup plus efficace : jamais l'idée qu'il puisse en être autrement ne traverse l'esprit des femmes. le mot de rébellion n'existe pas pour elles. C'est tout simplement inconcevable. le monde extérieur, de toute façon, elles ne le connaissent pas. C'est celui des hommes, et un mur infranchissable les en sépare. Hommes et femmes ne communiquent pas. Ce sont deux espèces différentes.

Une seule terre de liberté dans ce monde étouffant comme un pied bandé : l'amitié entre deux femmes, établie comme un contrat de mariage entre deux familles, par une entremetteuse. Fleur de Neige et Fleur de Lis sont Laotong. Elles se sont jurées fidélité jusqu'à la mort. J'ignorais tout aussi de cette belle coutume qui permet aux filles d'embellir considérablement leur condition misérable. Leur affection mutuelle est très profonde, mais le destin est retors...

J'ai beaucoup aimé ce récit, plein d'émotions rentrées mais sans mièvrerie. Je l'ai trouvé fin et subtil, et il m'a appris pas mal de choses que j'ignorais totalement. A lire, donc, il me semble, si les thèmes vous intéressent...
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L'île des femmes de la mer

Haenyos. Île de Jeju-do. Corée du Sud

Comme moi ,beaucoup d’entre vous ne connaissent pas cette surprenante île où vit une société matriarcale depuis le 19° siècle

L’activité principale est la pêche sous marine où seules les femmes quelquefois âgées ont droit de participer

Avec beaucoup d’ironie , ces fameuses Haenyos considèrent que les hommes n’ont pas la capacité physique de plonger notamment dans les eaux froides nettement en dessous de 15°C.

Ils sont bien plus efficaces en restant à la maison pour les tâches ménagères et l’ éducation des enfants

Présentées comme cela, ces femmes fortes dans tous les sens du terme m’ ont paru bien sympathiques

Années 1930. Young-Sook et Mi-Ja sont deux jeunes amies qui rêvent d’intégrer ce groupe très hiérarchisé au niveau des compétences et de l’âge

L’histoire de cette amitié est très belle et j’ ai cru, à ce moment, que c’était le sujet du livre

Mais Lisa See, avec beaucoup de talent et aussi avec de solides notions historiques, nous fait rentrer dans l’ Histoire de la Corée et notamment les relation plus que houleuses avec le Japon

L’île sera occupée par les Japonais mais je vous laisse découvrir la suite de ce livre très riche et passionnant à tous les niveaux

Vous y découvrirez aussi la place du chamanisme , qui reste toujours très présent .

Je suis sûr que, comme moi, le livre terminé, vous irez faire vos recherches sur ces femmes très attachantes , féministes avant l’heure

Ce livre est une vraie bonne surprise car je m’attendais à une histoire plus convenue

L’ irruption de l’Histoire dans le récit lui donne une vraie force et permet de découvrir une période bien sombre de la Corée et du Japon

Je ne connaissais pas Lisa See mais j’ai bien envie de découvrir les autres livres de cette auteure extrêmement connue

Je comprends maintenant pourquoi
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Fleur de Neige

Fleur de Neige et Fleur de Lis. Deux femmes. Qui se sont jurées fidélité à la vie, à la mort… Une amitié intense, pleine, profonde. C’est beau. Mais cette amitié se place dans une Chine d’ancien régime. Une Chine de traditions, d’us et coutumes qui ne servent pas nécessairement les femmes. Un « dressage » physique et mental. Le bandage des pieds, pratique tellement bien décrit dans ce roman, nous fait mal. Pratique faite pour cloîtrer les femmes à demeure, en les empêchant de marcher par la douleur. Et l’avilissement de l’esprit par l’obéissance absolue et par le refoulement de toutes idées, désirs, volontés… C’est violent… Mais il n’en demeure pas moins que ce roman est magnifique. Il est empli d’émotions, vivant, poétique. Une très belle lecture !
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L'île des femmes de la mer

****



Sur l’île de Jeju vivent les haenyeo. Dans cette société matrifocale, elles ont un rôle primordial. Ces femmes exceptionnelles plongent en mer, en apnée, et subviennent aux besoins de leur famille. Elles maîtrisent leur champ de mer à la perfection, ne récoltant qu’à la bonne saison et en bonne quantité afin de ne pas épuiser les trésors du fond de l’eau. C’est à travers le regard de Mi-Ja et Young-sook, deux jeunes filles qui vont nouer au fil des ans une amitié solide, qu’on découvre le quotidien des habitants de Jeju. Mais cette île de Corée va connaître de nombreuses tensions et la relation des deux haenyeo va elle aussi être malmenée…



C’est toujours un plaisir de se plonger dans les romans de Lisa See. Documenté, détaillé, son univers est un dépaysement garanti.



Roman historique, l’île des femmes de la mer nous permet de découvrir le monde des haenyeo. Ces femmes plongent jusqu’à 20 mètres de profondeur, récoltent et vendent les produits de la mer. L’argent qu’elles gagnent sert à la vie de la famille, à l’éducation des enfants et aux offrandes aux déesses de l’île.



Les 2 personnages principaux, Young-Sook et Mi-Ja sont, comme dans de nombreux romans de Lisa See, des femmes courageuses, fortes et qui gardent la tête haute. Blessées par la vie, elles font face aux difficultés et aux deuils sans jamais perdre de vue leur objectif : être les meilleures mères possibles.

Leur amitié, qu’elles pensaient indéfectible, vole pourtant en éclat. Alors que Mi-Ja se débat avec sa culpabilité, Young-Sook elle n’arrive pas à dépasser sa colère et la trahison de sa sœur de cœur…



Dans le froid des fonds marins, ou le dos courbé sur leur champ de terre, le regard de ses femmes nous dévoile tout l’amour qu’elle porte à leurs enfants, la foi en leurs déesses, la difficulté du pardon. Leur destin exceptionnel force l’admiration, la tendresse et le respect…
Lien : https://lire-et-vous.fr/2021..
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Fleur de Neige

Superbe roman, c'est un vrai coup de coeur.

Lisa see nous raconte l'histoire de la chine au XIXème siècle à travers fleur de lys et fleur de neige. C'est une magnifique histoire qui nous apprend à travers les traditions, la condition des femmes de ce siècle.

Je ne trouve pas les mots pour dire ce que j'ai ressenti en lisant ce livre, j'ai déjà eu l'impression de ne plus être en France mais en Chine et j'ai appris des tas de choses. Beaucoup d'émotions, dans l'histoire de ces deux femmes et leur famille. Je m'en veux d'être aussi peu inspirée pour parler de ce livre car il mérite vraiment d'être lu et relu.
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La mémoire du thé

Ce qui m'a surpris à la lecture de cet ouvrage c'est la confusion des époques qu'il incruste dans l'esprit de son lecteur. Les chapitres sont pourtant datés de notre époque contemporaine mais on conserve longtemps la curieuse impression que l'intrigue se tient en des temps anciens, tant les références culturelles reposent sur des traditions ancestrales archaïques.



Il s'agit-là très certainement, de la part de l'occidental que je suis, d'une méconnaissance du décalage, qui a d'ailleurs persisté longtemps chez nous aussi mais à moindre mesure, entre le monde rural et le monde citadin. Sans doute plus marqué encore en Chine du fait de la taille du pays, de l'ancienneté de sa culture, et de la dureté des régimes autoritaires qui ont étouffé les velléités de progrès tout au long de son histoire.



Si l'on en croit l'auteure, Lisa See, à la toute fin du 20ème siècle la dévotion aux esprits des ancêtres commandait encore aux gestes de la vie courante. Des croyances à la vie dure pouvaient conduire à considérer la naissance de jumeaux dans une famille comme une malédiction, assimilée qu'elle était à une portée animale. Dans les lois qui prévalaient encore au sein de l'ethnie Akha, à la fin du 20ème siècle, les jumeaux étaient considérés comme "rejets humains", tués dès leur naissance, les parents bannis du village et condamnés à le quitter à jamais.



Il faut progresser dans l'ouvrage pour se faire à l'idée que son intrique se tient à une époque toute récente en suivant Li-yan, celle que sa mère appelle tout simplement Fille, pour lui rappeler son statut inférieur tant la primauté est donnée au garçon. Li-yan aura toutefois l'inestimable chance de faire des études et accéder au monde du téléphone et des ordinateurs.



Le thé est le sujet central de cet ouvrage. Sa lecture m'a fait me précipiter sur les références documentaires désormais à portée de clic de souris pour visionner ce qu'il est convenu d'appeler la cérémonie du thé. Manière de consommer la boisson millénaire, étrangère à l'entendement de notre culture nombriliste occidentale. Celle-là même qui nous porte à mépriser les us et coutumes différents des nôtres.

Resté aux sachets de thé du supermarché du coin, j'avoue humblement avoir découvert que la feuille qui infuse dans l'eau frémissante peut voyager et vieillir avec profit sous forme de galettes. Le Pu-er, dont il est question dans cet ouvrage, fait partir de ces trésors soustraits à des arbres centenaires qui prospèrent dans les montagnes du Yunnan, fief de l'ethnie akha, berceau de Li-yan.



Au-delà d'une intrigue et son dénouement somme toute assez classiques, on glane ce que l'on peut des ouvrages qui nous ont alléchés à la lecture des commentaires sur Babelio. Belle ouverture pour ce qui concerne l'univers du thé pour l'amateur de café que je suis. (Et de Bourgogne, avec modération bien sûr, ne méprisons pas notre propre patrimoine).



Il y a aussi dans cet ouvrage que j'ai finalement apprécié, une bonne analyse psychologique des tourments qui peuvent perturber les enfants adoptés quant à leur origine, les raisons de leur abandon, avec le mal-être qui hante inconsciemment l'esprit de ceux qui ont été coupé de leurs racines. Un bon moment de lecture.





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Fleur de Neige

Magnifique, bouleversante, grandiose, les qualificatifs me manque pour décrire, en quelques mots, une œuvre aussi troublante.



“When a girl, obey your father; when a wife, obey your husband; when a widow, obey your son.”



Ce roman nous livre toute la fatalité à naître femme dans une Chine ancestrale qui croule sous des traditions vieilles de milliers d'années. Née pour obéir, endurer, souffrir et catalyser tous les avatars du destin (avoir ou non des enfants, leur santé, la moralité même de leur mari, de leurs familles..), la femme est responsable de ses propres malheurs ainsi que ceux des autres !



L’histoire commence lorsque Madame Wang, entremetteuse de jumelage, annonce à la mère de Fleur de lis que dans un autre village, une petite fille du nom de Fleur de neige est née le même jour et la même année que sa fille. Elle vient d’une famille aisée, de rang social élevé et elle a beaucoup de points communs avec Fleur de lis. Malgré la pauvreté de sa famille, cette dernière deviendra la laotong (âme-sœur) de Fleur de neige, pour sa grande beauté et la perfection de ses petits pieds. Elles échangeront leurs secrets, et apprendront le «nu shu» (calligraphie que seules les femmes connaissaient).Elles attendront que leurs familles organisent leurs mariages et désireront mettre au monde des fils, car donner naissance à un garçon, c’est le couronnement de la vie d’une femme. Toutes deux s’entendent à merveille jusqu’au jour où l’élévation de Fleur de Lis et la déchéance de Fleur de neige changent leur relation. Cette situation renversée des deux héroïnes aura des rebondissements qui nous rendront les personnages attachants. C’est alors que Fleur de lis découvre que sa laotong l’a trahie.



On dit en portugais, qu'il n'y a pas de rosas sem espinhos (des roses sans épines) dans la mesure où il faut souffrir pour être belle. Mais casser des os pour l'être dépasse mon entendement... J'ai failli pleurer de douleur en imaginant les os des pieds se briser, j'ai failli pleurer lorsque Fleur de Neige acceptait son sort avec résignation, j'ai failli pleurer, lorsque Fleur de Lis s'est enfermée dans sa bulle et n'a pas voulu voir au-delà de sa maison et n'a pas compris ce que Fleur de Neige disait dans sa douleur. Je me suis énervée contre les deux, l'une pour ne pas comprendre, l'autre pour ne pas s'expliquer.



Un roman culte, des moments chocs, une angoisse profonde et persistante. Il y a du sang et des larmes et certains passages peuvent paraître outrés ou mélodramatiques, mais Linda See a su éviter les pièges du manichéisme et rendre ses personnages plus qu’attachants .Un voyage exotique dans le temps et l’espace dont on sort ému, meurtri mais enrichi !

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Le Pavillon des Pivoines

À quelques mois de se marier, Pivoine obtient la permission de son père d’assister à une représentation de son opéra favori, Le pavillon des Pivoines. Cette œuvre est largement déconseillée aux jeunes filles chez qui elle est censée provoquer un mal d’amour fatal. Lors de la représentation, Pivoine s’éprend d’un jeune et beau poète. Mais elle est depuis son enfance promise à un époux qu’elle ne connaît pas. Toute la passion découverte dans l’opéra transcende Pivoine qui finit par mourir d’amour alors que le bonheur était à portée de sa main. « L’amour pouvait-il être assez fort pour survivre à la mort – non seulement une fois, mais à trois reprises ? « (p. 53)

Mal honorée par sa famille, Pivoine devient un fantôme errant. Toujours pleine d’amour pour son poète, Ren, elle décide de prendre en main son bonheur en accompagnant ses épouses successives. Et surtout, à travers elles et en devenant leur « sœur-épouse » elle espère que son grand projet de commentaire du Pavillon des Pivoines verra le jour. Les années passant, elle attend aussi que quelqu’un achève le rituel qui lui permettra d’accéder au rang d’ancêtre et achèvera ainsi sa longue et misérable errance.

Ce roman propose une réflexion assez intéressante sur l’éducation des filles : faut-il les former aux arts du ménage ou développer leur esprit ? D’aucuns sont partisans d’une femme-bijou, ornement de la maison : « Les filles doivent être aussi délicates que des fleurs. Il importe qu’elles marchent avec élégance et se balancent avec la grâce d’un lys : c’est ainsi qu’elles deviennent plus précieuses que des joyaux. » (p. 82) Ce sont souvent les mêmes qui voient d’un mauvais œil les filles utiliser leur cervelle : « L’activité littéraire fait planer une lourde menace sur le monde des femmes. J’ai vu trop de jeunes filles perdre la santé et la joie de vivre parce qu’elles refusaient d’abandonner leur pinceau. » (p. 327) Réfléchir serait-il donc mauvais pour la santé mentale et physique des jeunes filles à marier ?

Avec une naïveté tout d’abord charmante, puis largement agaçante, l’auteure décrit les émois d’une jeune fille qui s’éveille à sa propre sensualité et à sa propre conscience. « Avais-je perdu ma pureté en rencontrant un inconnu et en acceptant qu’il m’effleure avec les pétales d’une pivoine ? » (p. 146) Charmant, n’est-ce pas ? Tout comme l’expression « le jeu des nuages et de la pluie » qui décrit l’acte sexuel. Mais après une dizaine d’occurrences, cela finit aussi par lasser. Le roman est un peu trop policé. Ne serait-ce l’arrière-plan historique et culturel, Le Pavillon des Pivoines serait presque à classer dans les Harlequins de moyenne catégorie !

Heureusement, Lisa See présente une histoire de la femme en Chine et cela donne un vrai souffle et un intérêt certain au texte. Les exemples de femmes qui ont refusé la réclusion domestique sont légion et il se fait jour l’émergence d’une conscience féminine politisée, en dehors des appartements privés. C’est ainsi que se développe une opposition à la dynastie mandchoue des Qing qui a renversé les Ming. L’occupant ne se méfie pas des femmes, qui plus est de celles qui ont les pieds bandés. « Le combat des femmes qui écrivent consiste davantage à se libérer de ce qui entrave leurs pensées que des limites imposées par leur liberté de mouvement. » (p. 350) Loin de chanter uniquement les oiseaux et les papillons, les cercles littéraires féminins s’emparent des sujets politiques et sociaux. C’est ce que Lisa See dépeint avec talent en parallèle de l’errance de Pivoine.

Dans son précédent roman, Fleur de neige, l’auteure avait décrit certaines traditions chinoises proprement féminines, comme le bandage des pieds et le langage secret des femmes. Ce roman fait la part belle aux traditions liées au culte des morts et aux esprits, frappeurs ou non. On découvre aussi la pratique d’une médecine ancestrale où l’écoute du corps passe aussi par l’écoute de l’âme. Même si le tout est largement romancé, le sujet reste intéressant en dépit de longueurs certaines dans le texte.

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L'île des femmes de la mer

MAGNIFIQUE



Que voilà un bien beau roman ! Emotionnel, intelligent et qui nous permet d'appréhender l'histoire de la Corée au 20ème (que je ne connaissais pas vraiment d'ailleurs).

Young-sook, jeune fille coréenne fait la connaissance de Mi-Ja, jeune orpheline, fille de collaborateurs avec les Japonais. Elles deviendront amies.

Nous sommes dans les années 40, le Japon a envahi la Corée.

L'île de Jeju où elles vivent est très spécifique socialement ! Les femmes sont plongeuses er récoltent les champs marins. Elles ramènent de quoi manger et font donc un job ultra physique. Les hommes restent à la maison pour s'occuper des enfants, faire à manger,...

Ces femmes, ces sont les Haenyeo qui ont la faculté physique de plonger jusqu'à 20 mètres de profondeur. La maman de Young-Sook est chef de son collectif de pêche, et va donc apprendre aux filles à plonger.

Le temps passe, les filles sont mariées ce qui nous permet aussi d'appréhender les différnces de culture entre la Corée des villes et celle des champs.

Les américains chassent les japonais, le communisme monte. Le soulèvement de Jeju du 3 avril 1948 éclate et il marque la fin de l'amitié entre Yong-Sook et Mi-ja. Young-Sook y perdra son mari et un de ses fils, le mari de Mi-Ja est du mauvais côté de la barrière.

La vérité permettra le pardon, et celui-ci sera apporté en 2008 par une jeune américaine.



Ce roman est un perle à plus d'un titre. J'ai adoré sa façon de décrire la société rurale de Jeju et la vie des Haenyeo. Il m'a appris énormément sur les événements en Corée au milieu du siècle dernier et l'implication des Etats-Unis dans ceux-ci. Enfin, l'histoire est jolie.

A lire !
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Filles de Shanghai

Pearl, vingt et un ans et sa soeur May de trois ans sa cadette, vivent une vie privilégiée dans le Shanghai de 1937. Belles et indépendantes, elles fréquentent la jeunesse dorée européenne, souvent dans la concession française et sont modèles pour des affiches promotionnelles qui vantent les produits de beauté ou l'exercice physique symbolisant la bonne santé. Mais un revers de fortune de la famille va les plonger dans une situation qu'elles auront du mal à surmonter. Pour honorer leur pere qui s'est engagé envers une famille chinoise exilée en Californie, elles doivent accepter un mariage arrangé avec les deux fils de la famille...L'invasion de Shanghai par le Japon va jeter les deux jeunes femmes et leur mère sur la route de l'exil, décidées à rejoindre leurs maris, non pas pour vivre avec eux, mais avec l'objectif de se rendre indépendantes financièrement et enfin s'émanciper dans ce nouveau pays, dont elles parlent parfaitement la langue. Mais le chemin va s'avérer long et difficile, aux prises avec des passeurs malhonnêtes, des soldats qui violent les femmes en fuite, puis le long séjour à Angel Island, en attendant la validation de leurs situations administratives et la reconnaissance de leurs mariages.



Filles de Shangai est une fresque historique qui mènent deux soeurs, qui, après une jeunesse privilégiée dans la ville émancipée de Shangaï, vont devoir fuir après le bombardement de la ville par les Japonais. Un long chemin parsemé d'épreuves difficiles pour les jeunes femmes qui gardent toujours à l'esprit leur objectif de devenir indépendantes, mais c'est sans compter avec la famille des beaux-parents et surtout du chef de clan, qui, dès leur arrivée à Los Angeles, va les placer sous sa coupe, les surveillant constamment.

Avec ce roman, Lisa See aborde le destin des chinois qui s'exilent après l'invasion japonaise et surtout leur difficile intégration dans un nouveau pays dans lequel les moins éduqués ne parlent pas la langue, se contentant de reproduire la société patriarcale qu'ils connaissent, restant entre clans, perpétuant les traditions. Ces visions de la vie, aux antipodes de celles des deux soeurs, vont leur être imposées et peu à peu infuser jusqu'à ce qu'à une appropriation totale. C'est un roman d'adaptation et de résilience dans lequel les deux soeurs, doivent malgré leur volonté, lâcher leurs idéaux pour faire face à la réalité de leur situation.

Deux très beaux portraits de femmes et un contexte historique passionnant sur l'histoire de cette ville à part qu'était Shanghai dans les années trente, et la diaspora chinoise de Los Angeles.
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