"-Ca te dit quelque chose Jean Michel Gravier?
Le plus souvent, je n'aimais pas vraiment dire que je ne connaissais pas. Une manie gardée de l'enfance Depuis j'avais appris que l'avouer faisait grandir un peu.
"Non pas du tout."
-"C'est sûr, quand il est mort en 1994, tu devais être gosse. Il était journaliste, une vraie plume, et dans notre métier, dans les années 80, c'était une petite star, un chroniqueur reconnu. Je l'ai rencontré un peu plus tard, j'avais vingt ans, au début des années 90. Mais je sais qu'il a joué un rôle très important pour pas mal de gens dans la culture. Il a presque fait ressortir un film de Jean Jacques Beinex. C'est lui qui emmené Valéria Bruni Tedeschi à son premier festival de Cannes. Il a filé des bons plans à des producteurs qui en ont fait leur fortune. Et puis c'était un ami, un proche d'Adjani, de Barbara aussi. Tu l'aurais adoré"
"Ecrire sur Gravier, quand on a trente ans, quelle drôle d'idée ! Il vous aurait filé deux baffes !"
Je suis unie à un homme qui répète régulièrement que « l'héritage n'est pas un droit de l'homme ». Les enfants que nous aurons peut-être n'auront pas les mêmes souvenirs que moi. Je ne le regrette pas. (page 128)
Chacune de mes rencontres m'éclairerait alors un peu plus sur qui il était. Un peu moins sur ce qui fait que l'on laisse ou non une trace de nous.
Ne cherche-t-on pas la notoriété pour donner de nos nouvelles à ceux qui nous ont oublié ?
Passeurs et petites mains savaient fabriquer de grands moments.
Les acteurs sont des actrices comme les autres.
Ils avaient passé six ans ensemble et ils étaient toujours là, malgré tout, malgré rien même.