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Citation de Charybde2


Petit personnel

Ils disent qu’un jour le monde s’arrêtera de courir aussi brutalement que vous vous êtes effondrés.
Ils disent qu’ils vous comprennent, que vous n’avez plus besoin de faire semblant.

Ils connaissent les boîtes qui se déguisent en famille parce qu’il est plus pratique de laver son linge sale en famille que dans une boîte.

Ils connaissent la loyauté du petit personnel envers les maîtres de maison.

Ils connaissent les haltes entre les lignes, les pauses entre les pages, les plages dans les histoires de neige et de carnage.

Ils connaissent les trous, les tranchées dans les curriculum vitae, les papelards tendus devant les visages creusés, les tentatives de découper le ciel en morceaux neufs, les ruses pour habiller le train-train, les mehins, le cahin-caha,
de cuir et de satin.

Ils connaissent les cadastres informels,
les champs de coton urbains,
la combustion des corps dans les champs de coton urbains
et le défilé ininterrompu des civières invisibles
et le début, pour qui s’écroule, gueule en terre, des justifications, des justificatifs, de la paperasserie, du charabia administratif et de la balle crevée qui ricoche entre les services.
Ils connaissent les réponses à assener pour vous protéger.

Aussi longtemps que
votre peau donnera
au plus insignifiant des tocards
le droit de vous balancer une injure à la gueule
quand bon lui chante !
Aussi longtemps que
vous habiterez un corps
que l’on peut siffler dans la rue
comme un vieux clébard !
Aussi longtemps que
des camarades termineront leurs mois,
termineront leurs jours,
en caviar
pour les cochons.

Ils répètent qu’un jour le monde s’arrêtera de courir aussi brutalement que vous vous êtes effondrés.

Ils répètent qu’un jour on aura à nouveau besoin de vous.
Pour faire de bruit.
Pour que les regards restent complexes.
Pour que les mômes de demain grandissent en un seul morceau,
ne se pendent plus,
ne se flinguent plus,
de tristesse ou de honte.

Ils parlent de silence, de spasmes, de derniers soubresauts.
Ils parlent d’ombres, de fantômes, de déposer
draps et masques.
Ils parlent du retour de l’été.
De savates d’or et de poussière noble.
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