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Critiques de Lloyd Jones (45)
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La cage

Qui êtes-vous ?

Prononcez-vous sur l'innommable de votre condition humaine ! Votre irruption soudaine à proximité de notre réalité annonce une catastrophe à venir, le déclin d'un monde, le nôtre. Celui où l'on peut se cuirasser toute la journée au soleil glorieux de l'insignifiance ; là où nos sourires édentés n'entravent pas la mastication du quotidien ; qui êtes-vous ? Pourquoi vous trouvez-vous parmi nous ?



Point de réponse à vous apporter, hélas. Interrogez l'écume avortée des floraisons du désert ; instruisez-vous des couleurs fragmentées de vos songes ; amplifiez l'intuition au-delà des clôtures animales ; nous ne faisons que traverser l'illusion d'un lieu auquel vos appétits ont donné le nom de foyer.



Votre itinéraire primitif, sans destination, offense notre mère Inertie, déshonore notre divinité Statu Quo. Pour votre bien ; coopérez. Votre mutisme désarticule causes et conséquences, démasque nos archaïques angoisses. Vous êtes les spectres de la fatalité, les charognards qui accourent à l'odeur de nos cadavres. Mais nous ne sommes pas encore morts, messieurs les Etrangers, d'ailleurs nous ne mourrons jamais. Jamais. Car nous sommes justes et civilisés. La cage, voilà votre destination !

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Certes, ce roman kafkaïen évoque le destin des humains en détresse migratoire, qui en attendant Godot sont parqués dans des enclos.



Mais... je m'interroge : serais-je xénophobe ? Aurais-je peur de cet autre qui est en moi, sous la secousse du paraître, inquiétante étrangeté qui se love en moi-même. Dans ce monde pluriel qui bannit la singularité, ne suis-je pas de ceux qui chérissent leur cage ? De ceux qui, jadis oiseaux lyres aux poèmes mystiques, se sont tus parce qu'on leur reprochait leur mauvaise haleine...



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La cage

Quel livre étrange !

Deux étrangers arrivent dans un hôtel dans un pays non cité (enfin , il y a plein de moutons et l'auteur est Neo Zélandais !.)

devant l’incapacité à communiquer et à expliquer leurs origines et la raison de leur présence à l’hôtel, les étrangers commencent à susciter la suspicion. Les "locaux " décident de les isoler dans un cage , sans remettre en cause la notion de liberté.

Ce livre est l’illustration du malaise des migrants lors de l'arrivée dans un nouveau pays . L'auteur réussit diaboliquement bien à évoquer l'évolution des sentiments des accueillants: Joie, curiosité, empathie puis gène , rejet, "animalisation " . Tout ça à travers un livre où l'absurde de la situation voire des dialogues pousse le lecteur à réfléchir à la situation d'accueil réelle des migrants. En cela, le livre réalise un magnifique tour de force.

Il n'empêche qu'il y a des longueurs et à mon sens quelques incohérences, qui renforce la côté absurde mais qui ont aussi passablement érodé mon intérêt.

Cela reste tout de même une façon originale d'aborder le thème de l'immigration.
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Donne-moi le monde

Début assez déroutant car raconté par une collègue femme de chambre sans que soit cité le nom du personnage dont c'est l'histoire, une jeune noire qui, femme de chambre dans un hôtel luxueux, en Tunisie, deviendra chef d'équipe grâce à son travail irréprochable jusqu'au jour où elle sera séduite par Jermayne, client de l'hôtel, noir résidant à Berlin. Enceinte, il prend grand soin d'elle jusqu'à ce que quelques jours après l'accouchement, il lui enlève son fils après avoir eu soin de lui faire signer des papiers dont elle ignore la teneur. Dès lors, elle n'aura plus qu'un but, Berlin où elle veut retrouver son fils ! Imaginez, le voyage en bateau vers Lampedusa, île devenue tristement célèbre par le nombre de réfugiés qui y accostent, encore vivants ou rejetés par la mer, elle va s'y échouer après de longues heures de nage. Ensuite, ce sera la débrouille, des moments éprouvants et enfin, son arrivée à Berlin. Là, elle s'appellera Inès et devra payer Jermayne pour les moments passés avec son fils, Daniel ; et puis ...

Le livre est divisé en cinq parties, pour chacune, le narrateur est un personnage ayant un rôle important dans l'histoire de celle que nous appellerons Inès, puis viendra sa version et le roman s'achève avec la maman qui élève Daniel.

"Donne-moi le monde" c'est l'histoire d'une mère prête à tout pour revoir son fils !
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Mister Pip

Jamais entendu parler de ce livre ni de son auteur.

Nancy Huston, dans "L'espèce Fabulatrice" le cite à plusieurs reprises et c'est elle qui m'a donné envie de le lire.

Pour faire simple, l'action se situe de nos jours, sur une île paradisiaque pas loin de l'Australie, en proie à une guerre civile. Tous ceux qui le pouvaient ont fui, et ceux qui restent sont coincés, isolés, victimes de l'une et l'autre "armées". Au fond, cela pourrait se passer "tranquillement" puisque la nature est suffisamment généreuse pour leur apporter leur subsistance : les pêcheurs pêchent, les femmes font la cuisine et les enfants, les enfants s'ennuient puisqu'il n'y a plus d'institutrice.

Dans ce village, un vieil anglais, M. Watts, dont les excentricités amusent les enfants, va décider de "faire l'école" et pour ce faire, va motiver ces enfants jusque là laissés à eux-mêmes à venir régulièrement suivre son enseignement. Il n'est pas instituteur. Sa brillante idée sera d'une part de lire chaque jour un chapitre de son livre préféré « De grandes espérances » de Dickens, mais aussi de faire venir, à tour de rôle l'un des parents qui racontera son expérience, sa croyance. Et c'est ainsi que l'enseignement prend forme, qu'un dialogue s'instaure, intime entre chacun des élèves et leur maître non sans éveiller une sourde rivalité de certains parents envers ce drôle de « professeur » prenant de plus en plus d'influence. Et nous lecteur émerveillé, nous assistons au développement de tout un imaginaire dans la tête de ces gamins : ils se passionnent pour l'histoire. Le héros, Mister Pip, devient pour chacun d'eux une réalité, un ami et pour les adultes un "étranger" invisible.

Le problème, c'est que ce « Mister Pip » devient une sorte de célébrité mais une célébrité corporellement ... absente, pour tous ceux qui n'ont pas lu le livre. Or, les guerriers, il n'y a rien qui ne les agacent plus que d'entendre parler de quelqu'un qu'ils ne connaissent pas. Ils viendront donc dans le village pour que ce « Mister Pip » leur soit livré. En représailles, puisque les villageois restent muets, le village sera brûlé et le livre, caché dans une maison partira en fumée.

Seconde brillante idée de instituteur improvisé : faire reconstituer tout le roman par ses jeunes élèves qui vont plonger dans leurs mémoires, pour retrouver, « déterrer » quelques anecdotes, quelques locutions qu'ils assembleront ensemble pour reconstituer le roman de Dickens. Bien sûr, on ne peut s'empêcher de penser à « Fahrenheit 451 » avec ses hommes-livres. Mais plus encore, l'auteur nous fait toucher du doigt comment chaque lecteur s'accapare une histoire, la fait sienne, comment par la lecture nous créons un monde parallèle complètement personnel et qui restera à jamais secret et intime.

La suite de l'histoire est cruelle et pourtant, le livre refermé il ne reste que de l'émerveillement. Quelle chance a eu cette délicieuse Matilda qui nous raconte cette histoire vécue pendant son adolescence, cette rencontre tellement improbable qui lui a fait découvrir LA littérature, tout un imaginaire, et permis de démarrer une nouvelle vie. C'est en la faisant parler cette petite Matilda que Llyod Jones rend un hommage plus au pouvoir des mots, à la magie des belles histoires qui marquent les vies et permettent de dépasser les douleurs subies. Petite Matilda deviendra grande et sera elle aussi un vecteur de mots.

Même si je ne suis pas toujours entièrement convaincue par ce qu’écrit Nancy Huston dans « L'espèce fabulatrice » je la remercie de m'avoir offert l'opportunité de découvrir un si bel auteur.
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Mister Pip

J’ai pris ce livre en main, attirée par sa couverture. La lecture de la 4e m’a séduite et je l’ai emmené avec moi. Je ne le regrette pas.

Ce récit tendre et intelligent ne nous conte pas seulement l’histoire de Mathilda sur son île de Bougainville, mais il nous laisse entendre comment la littérature peut changer nos vies.



Nous sommes en décembre 1991 et l’île est soumise à un embargo total suite à la rébellion des habitants contre les exploitants australiens des mines locales. Quelques rares hommes restent au village avec les femmes et les enfants. Parmi eux, Mr Watts, seul homme blanc de l’ile, marié à Grâce, une indigène. Ayant décidé de rouvrir la classe pour les enfants, lui qui n’est pas enseignant va les éduquer d’une part en invitant régulièrement leurs mères à venir partager un savoir qu’elles possèdent et d’autre part, en leur lisant « Les Grandes espérances » de Charles Dickens. Cette lecture de l’Angleterre victorienne deviendra pour les enfants, une échappatoire aux violences quotidiennes qu’ils subissent.



Brillamment menée, l’intrigue nous réserve moments de tendresse, d’humour et de grande violence. La narratrice, Matilda, petite noire d’une île du Pacifique, s’identifie à Pip, petit londonien du XIXe siècle qui lui ouvrira les portes d'un monde insoupçonné. Elle trouvera dans ce récit la force qui lui faut pour supporter sa vie et décider ensuite d'en changer.

Ce roman initiatique est une vraie merveille d’humanité et de chaleur humaine ainsi qu’un hommage fantastique à la littérature et à la magie des mots.

C'est mon premier coup de coeur de l'année.

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Mister Pip

"M. Watts nous offrait en partage une portion du monde, où je pouvais me réfugier aussi souvent que j'en avais envie."



J'ai déniché Mister Pip sur Babelio après ma lecture de l'envoûtante Répétition, en tant qu’œuvre néo-zélandaise (ce qui, il faut bien l'avouer, ne court pas les rues ni les librairies).



Sur une île du Pacifique aux allures d'un univers de Véronique Ovaldé (voir Ce que je sais de Vera Candida), les enfants ne vont plus à l'école depuis bien longtemps. Jusqu'au jour où M. Watts s'improvise en maître d'école pas comme les autres. Mi-clown triste mi-sérieux, il manie comme personne l'arme de la littérature en embarquant ses petits élèves dans une relecture pas comme les autres des Grandes espérances de Charles Dickens.



"On ne l'avait jamais fait la lecture en anglais auparavant. Ni à moi, ni aux autres. Nous n'avions pas de livres chez nous, les seuls qui nous étaient passés entre les mains avant le blocus venaient de Port Moresby et étaient écrits en pidgin. Quand M. Watts se mit à lire, nous observâmes un profond silence. Le monde accueillait des sonorités nouvelles. Il lisait lentement, nous donnant à entendre la forme de chaque mot."



Dans cet espace littéraire à mille lieues de leur quotidien, les petits, et bientôt les adultes, trouvent un refuge à nulle autre pareil, initiés par le curieux M. Watts, et qui leur coûtera plus cher qu'ils ne l'imaginent.



"M. Watts nous offrait en partage une portion du monde, où je pouvais me réfugier aussi souvent que j'en avais envie."



Malgré des critiques élogieuses, Mister Pip m'a modérément conquise. Le ton naïf de l'enfance qui sonnait faux, le rythme un peu bancal ne m'ont guère appâtée. Pourtant Mister Pip n'est pas sans qualité, loin du compte. Après une amorce un peu longue, et au fur et à mesure des progrès de la narratrice Matilsa, se révèlent une poésie un peu magique et un récit plu profond qu'il 'y paraît de prime abord. Finalement pas si mal.
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Donne-moi le monde

Dans un pays d'Afrique, une femme de chambre d'un hôtel met au monde un enfant. Quelques jours après, le père enlève l'enfant et l'amène avec lui à Berlin. La jeune femme quitte son travail, son pays et part pour retrouver son fils. L’histoire de cette jeune femme à la peau noire est racontée par les différentes personnes qu’elle croise lors de son périple.





Ce périple débuté en Afrique pour rejoindre l'Allemagne passe par les côtes Siciliennes et les routes d'Italie. La jeune femme n'a qu'un sac en plastique et ses quelques phrases en anglais formatées d'employée d'hôtel. Un camionneur, des chasseurs, une femme collectionneuse d’escargots, un pasteur, un français venu chercher une autre vie à Berlin, un vieil homme et d'autres encore… Tous l’ont croisée, aperçue ou côtoyée et ils racontent. Des récits au ton sincère, hésitant voire méfiant et dans lesquels ils livrent leurs versions. Des fais où mensonges par omission, vérité travestie s'invitent pour tenter quelquefois de masquer la honte ou l'indifférence. Mais, il y aussi des mains tendues qui n'attendent pas de retour, d'autres qui se rétractent ou qui sont simplement calculatrices.

A travers tous ces témoignages, la jeune femme semble imperturbable, presque invisible tant elle semble s’effacer et déterminée à ne pas montrer qui elle est vraiment. Pour retrouver son enfant, elle est prête à tout et elle ira jusqu’au bout.



la suite sur :

http://fibromaman.blogspot.fr/2012/07/lloyd-jones-donne-moi-le-monde.html
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La cage

"La cage" de Lloyd Jones est une parabole. Deux hommes font mystère de leur identité et semblent incapables de communiquer à propos de la catastrophe qui les a fait fuir leur pays natal. L'hospitalité qui leur est accordée change bientôt en suspicion et incompréhension. Les rouages d'une mécanique inexorable s'installent et les étrangers sont mis en cage. Ce texte pointe une actualité inquiétante et de grands enjeux sociétaux du moment.



Le récit est long et lent, les négligences répétées, parfois odieuses, contribuent à induire la sensation accablante d'une intolérable captivité.

"C’est un monde étriqué fait de logiques illogiques, niché entre l’absurde de Franz Kafka et l’attentisme de Samuel Beckett.", écrit "Le Monde Diplomatique" en rappelant l'hypocrisie et la cruauté de notre époque.
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Mister Pip

Un très bon roman qui est passé inaperçu.

J'ai été attirée par l'originalité de la couverture.

Il y a de l'humour de la tristesse de la nostalgie.

Cette façon d'aborder la société de cette île la Nouvelle Zélande à travers l'histoire d'un héros de roman de Dickens est très originale et surprenante.
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Mister Pip

C’est la guerre civile à Bougainville (années 90) qui a inspiré ce curieux roman croisé sur un blog (celui d’In Cold Blog me semble-t-il ?). Il s’agit ici d’un vibrant hommage à la littérature, à l’imagination, seuls remparts contre la violence et la folie des hommes. C’est grâce à l’instituteur, M. Watts, le seul Blanc de l’île, que la petite Matilda va pouvoir trouver son salut lorsque les événements tragiques découlant de cette guerre civile vont l’engloutir, elle, sa famille et les habitants de son petit village.

Il lui faudra la compagnie de Pip, celui des Grandes Espérances, et l’univers de l’Angleterre victorienne pour fuir la cruauté et l’absurdité de la guerre, et finalement trouver son destin ailleurs, en terre étrangère.

Certains passages sont difficilement soutenables, j’aurais préféré davantage de suggestions de la part de l’auteur, mais heureusement, ce n’est pas ce qui domine dans ce roman. Ce dernier nous offre matière à réflexion dans bien des domaines et rappelle l’importance de la lecture. Lire n’est pas un acte anodin, et pour l’auteur, c’est presque un acte de foi.

La traduction m’a beaucoup plu, l’histoire est captivante et originale (ah, les leçons de choses données par les mamans à l’école resteront dans les annales…), malgré les innombrables variations qui ont déjà été écrites sur le pouvoir des mots et de l’imagination, et puis, pour une fois, il m’a semblé que lire avait cessé d’être une activité solitaire. C’est par le truchement du roman de Dickens que Matilda côtoie le monde et rencontre d’autres gens qui vont influer sur son existence. L’auteur, outre un don certain pour restituer l’atmosphère d’un lieu, a donné vie à une galerie de personnages qu’on ne saurait oublier de sitôt. Matilda et sa mère Dolorès, M. Watts.

Bref, nouveau coup de cœur pour moi que je vais m’empresser de faire connaître dans mon entourage…

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Mister Pip

Mathilda se souvient de Mr Watts, le seul blanc restant de Bougainville, petite île du Pacifique ravagée par la guerre civile. Elle a 13 ans lorsque cet homme énigmatique et singulier, surnommé Bel Oeil, décide de faire découvrir aux enfants l'oeuvre de Dickens "les grandes espérances . Mr Watts leur avait fait là le plus beau des dons : l'Evasion. Grâce au pouvoir de la littérature et de l'imagination tout le village avait alors oublié la triste réalité de la guerre. Mais la guerre était là; dure, brutale...



Relief, clair-obscur, légèreté, gravité viennent à l'esprit à la lecture de cette oeuvre lumineuse, portée par le fragile et humain Mr Watts et l'aura omniprésente de Dickens. Une île magnifique, paradisiaque, le rêve, la littérature, les drôles de récits des villageois...et comme en contrepoint brutal, la guerre, son lot de violences, de barbaries. Dans ce va-et-vient violent entre enfer et paradis, entre beauté et horreur, le lecteur se laisse totalement chavirer par l'humanité qui se dégage de ce beau texte.

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Mister Pip

Voilà un livre qui donne furieusement envie de lire et de relire - toujours plus – le même livre s’il le faut – même si, comme dans cette histoire, il n’y a que deux livres dans la petite île perdue au fond du Pacifique en proie à une féroce guerre civile, en 1961, là où vit la narratrice, la jeune écolière Matilda.



Ces deux livres sont au centre du roman: la Bible tout d'abord, le seul trésor de la mère de Matilda, abandonnée par son mari sur l’île avec sa fille. L’autre surtout est l’histoire de Mister Pip, le héros des Grandes Espérances de Charles Dickens dont une page est lue chaque jour par l’unique instituteur, M. Watts, le seul Blanc de l’endroit, l’époux de Grâce, une femme Noire dont il s’occupe avec soin en la traînant partout avec lui dans un chariot, vu son poids.

On ne sait pas grand chose le concernant. Ce sont les habitants qui lui ont demandé de s’occuper de leurs enfants, quand leur île a été coupée du monde par la révolte des rebelles, en lutte contre l’impérialisme australien. Il prétend ne pas connaître grand chose si bien qu’il se contente de lire et de donner la parole aux parents qui veulent bien parler de ce qu’ils connaissent le mieux.

Bientôt cependant les enfants se passionnent pour les aventures de Pip, surtout Matilda qui raconte avec enthousiasme le récit quotidien à sa mère. Celle-ci devient vite jalouse de ce Pip et de M. Watt. Elle sent sa fille échapper à son influence.



Cependant, les luttes se resserrent autour de l’île épargnée jusque là.

Des combattants arrivent pour rechercher M. Pip. Qui est-il ? Qui est ce M. Dickens dont on parle dans toutes les familles?



Ce n’est que le commencement: le pire est à venir.

Quelle merveille, ce livre!


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Mister Pip

Ayant lu certaines critiques du livre, j'ai commencé par lire Dickens avant de lire Mister Pip. Ce ne fut pas une aprtie de plaisir car je n'aime pas trop l'auteur et son style mais cela m'a bien aidée à entrer de suite dans l'histoire.



Ce roman est un bel hommage à la littérature victorienne. Un peu anachronique cependant car on n'imagine pas enthousiasmer des enfants d'une ile du Pacifique avec un roman qui est à cent lieues de leurs préoccupations et de leur mode de vie. Et pourtant, cela fonctionne. Mathilda, notamment, va s'identifier au héros dont lui parle Mister Watts et s'y accrocher comme à une bouée de souvetage.



Ce récit est un vrai régal et une bouffée d'air frais dans un monde de brutes. Il est humain, tendre et fort.

J'ai adoré.
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Mister Pip

L'histoire se déroule dans les années 1990 sur l'île de Bougainville dans le Pacifique alors que la guerre civile fait rage. Des rebelles se sont organisés pour se soulever contre l'impérialisme Australien qui a main mise sur les productions minières. Mathilda et sa mère vivent dans un petit village de pêche où ne réside qu'un seul blanc, M. Watts. En raison des conflits l'école n'est pas toujours la priorité mais un jour elle ouvre à nouveau et c'est M. Watts qui se propose de leur faire classe. Il décide de leur faire lire "De Grande Espérances" de Dickens. Jour après jour il va lire le livre entier à ces élèves d'abord intrigués puis fascinés par le récit. Les habitants ne sont pour la plupart jamais sortis de l'île et ne connaissent comme livre que la Bible. Tout le monde se demande qui est ce Dickens et si quelqu'un l'a déjà vu? Et pourquoi les enfants n'ont-ils plus que le nom de "Pip" à la bouche? La découverte du roman dépasse rapidement les murs de l'école et intéresse tout le village. La rumeur va même sortir de leur peuplade et créer des problèmes. Les familles de l'île sont d'autant plus intéressées par la classe de M. Watts qu'il a toujours intrigué tout le monde. L'une des leurs, Grace, est un jour arrivée sur l'île avec cet homme. Lui, seul blanc, elle, un peu folle.



Mathilda se projette rapidement dans l'histoire de Pip. Elle y trouve un écho à sa propre vie, son père qui les a abandonnées, sa mère dont elle a parfois honte car elle ne connaît que les superstitions et les principes religieux. En s'attachant plus que de normale à ce roman elle va voir son destin profondément bouleversé.



Le récit est très mystérieux au début. Il faut du temps pour comprendre qui sont ces personnages, ce qu'ils font et pourquoi leur quotidien semble instable. Il nous faudra à vrai dire tout le roman pour découvrir les secrets de la plupart des personnages, mais alors, que c'est beau et poignant!



Mister Pip est un magnifique roman d'une intelligence remarquable Il parle de la portée et de la force de l'imagination. À travers la découverte de cette œuvre de fiction les enfants vont percevoir des dimensions de leur esprit qu'ils ne connaissaient pas. C'est aussi un récit d'apprentissage bouleversant sur la confrontation de deux cultures, avec ses impasses et ses moments de grâce. Le parcours de Mathilda est terrible mais elle sort victorieuse de cet enfer, en un sens. Le portrait de M. Watts est aussi très fort. Les révélations finales sont assez étonnantes et ne font que renforcer l'une des thèses principales de ce récit : à savoir la possibilité d'inventer, le monde, mais aussi soi-même et de ré-inventer sans cesse.



Par ailleurs l'histoire ne pose jamais un regard manichéen sur ses personnages ; il n'y a pas les indigènes d'un côté et la voix de la civilisation qui serait incarnée par le seul blanc de l'île. C'est d'ailleurs pourquoi le professeur invite les parents des enfants à partager leurs connaissances devant la classe. Il ne juge pas, quoique comme Mathilda on ne rentre jamais vraiment dans son esprit qui nous demeure assez mystérieux. Pour moi c'est vraiment un grand livre d'apprentissage sur les pouvoirs de la lecture.
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La cage

Une fable acerbe et glaçante, absurde et grinçante sur la question de l'accueil des migrants et la relation à l'autre, à l'étranger. Lloyd Jones place au centre de son histoire une difficulté de compréhension que la barrière de la langue ne peut expliquer seule. La peur balaye la sympathie et les étrangers sont animalisés, sous le regard d'un narrateur, intrigué, concerné, mais étrangement passif.
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Mister Pip

Une petite île du Pacifique dans les années 1990. Guerre civile et blocus : personne ne peut quitter l'île. Un seul Blanc dans la population, M. Watts. Il propose de devenir l'instituteur de la vingtaine d'enfants présents. Attention, son enseignement n'aura rien d'académique : le vieil homme lira un chapitre par jour de son livre culte, De grandes espérances de Dickens, qui sera prétexte à discussions. Pour transmettre les croyances locales et le savoir ancestral (marin, botanique, culinaire…), les parents viendront prendre le relais sous son oeil intéressé.

Tout en reconnaissant modestement ses lacunes dans bien des domaines, M. Watts fait figure de patriarche philosophe auprès de ses élèves. Ses méthodes et son tact sont admirables, il parvient à faire rêver et s'évader les enfants, à leur évoquer des modes de vie aux antipodes des leurs - ceux de l'Angleterre victorienne en l'occurrence - et à leur rendre familiers des personnages fictifs.

Hommage à Dickens et à la littérature en général, ce petit roman m'a d'abord charmée. Mais je me suis rapidement lassée : tout cela tourne en rond, on en revient toujours au même, et c'est probablement beaucoup plus intéressant si l'on connaît l'œuvre mentionnée, ce qui n'est pas mon cas. La narratrice Matilda m'a semblé tellement inconsistante que j'oubliais sans cesse qu'il s'agissait d'une jeune fille et non d'un garçon... Bref, je ne suis pas très convaincue par ce roman malgré l'idée intéressante : un héros de Dickens au centre d'une intrigue de la fin du XXème siècle et dans des lieux exotiques.
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Mister Pip

C’est sur un blog que j’avais lu une critique très positive de ce roman. Cela m’a intéressée et je me suis donc lancée.



En fait, ce roman est tout de même extrêmement violent. Je ne m’attendais pas du tout à ça (la bloggeuse, je ne me souviens plus qui, en avait un tout petit peu parlé, mais je n’avais pas retenu cet aspect..) et j’ai donc été très surprise.



Je ne connaissais pas l’existence de ce conflit, de cette guerre civile. Je suis donc allée me renseigner sur le net, afin de bien comprendre comment ce conflit sécessionniste avait finit par faire plus d’une vingtaine de milliers de victimes en même pas dix ans (entre 1988 et 1998).



C’est un bel hymne à l’imagination, à la littérature et à la force des êtres humains.



Les enfants n’ont tellement plus rien, qu’ils retrouvent des forces dans un monde imaginaire, qui finalement devient plus réel et passionnant que le monde affreux et violent dans lesquels ils vivent.

Ils se réfugient dans un monde certes pas parfait, mais qu’ils peuvent contrôler. Et surtout, ce monde n’a rien à voir avec la vie qu’ils mènent, c’est pour cela qu’ils s’y plaisent. Personne ne peut (encore!) contrôler les pensées, les rêveries des gens. C’est la seule force qu’il reste aux êtres humains qui n’ont plus rien.



Ce "monsieur Pip" devient aussi réel que n’importe quelle personne sur l’île et Mathilda se rend compte qu’elle peut penser à un personnage de roman comme à un ami.



Hélas, l’imagination n’est pas toute puissante et la guerre n’en a rien à faire. La vie réelle les rattrape dès que des rebelles, ou des soldats font leurs apparitions. Le contraste entre les séances de classe, les pensées de Mathilda (qui prend ces lectures très au sérieux) et leurs peurs quotidiennes face aux soldats est saisissante.



J’ai beaucoup aimé la gentille petite guerre que la mère de Mathilda livre à Monsieur Watt, le seul monsieur blanc, quand elle sent que sa fille s’échappe à son influence. Elle prend monsieur Watt comme responsable, alors qu’elle ferait mieux d’accuser l’imagination. Ce que monsieur Watt leur donne, c’est un moyen de rêver. Elle -pour protéger sa fille- veut continuer à tout contrôler. Quand elle sent que sa fille lui prête moins d’attention, cela l’effraye et elle fait tout pour reprendre le contrôle de son enfant.



[Attention, je dévoile la fin]





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Un beau roman, un très bel hommage à la littérature et à l’imagination des enfants, je ne peux que le conseiller. Par contre, je préviens, c’est un roman d’une certaine violence et d’une grande tristesse.
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Mister Pip

J'avoue qu'au début (jusqu'à la moitié du livre au moins), j'ai eu du mal à accrocher mais je pense que cela vient surtout du fait que je n'avais pas lu De Grandes Espérances de Charles Dickens. Du coup, les nombreuses références faites au texte (M. Pip n'est autre que le héros de ce livre) ne m'ont pas parlé : il me manquait une certaine connivence avec la narratrice, Matilda et j'ai donc trouvé de nombreuses longueurs à ce livre. Néanmoins, j'ai aimé le message porté par M. Watts : il tente de leur faire découvrir un nouveau monde, celui de l'imagination, leur offre un moyen d'évasion dans cette guerre qui fait rage entre les Peaux Rouges et les rambos et dont ils sont otages. En parallèle de cette lecture qu'il leur fait, il encourage également les parents de ses élèves à venir transmettre leur savoir, leurs traditions et j'ai trouvé cela très important. Le thème de l'ancrage, des racines est bien présent également ne serait-ce qu'à travers ce personnage, seul blanc parmi les noirs, considéré comme un étranger car venant justement d'un monde inconnu (la Nouvelle-Zélande). Il restera une énigme pour le lecteur du début à la fin, même si quelques éléments de réponse nous sont apportés. Pourtant, il va apprivoiser ce petit monde et même la mère de Matilda, Dolores, un vrai pit-bull, tenace, fervente religieuse, lorsqu'elle a une idée en tête, impossible de lui l'enlever et pourtant, malgré ses mauvais côtés, je l'ai adoré, au moins autant que M. Watts. On sent bien que tout cela n'est qu'une carapace pour cacher sa tristesse et sa colère envers son mari, qui a déserté le foyer. Sa rivalité avec M. Watts cache également autre chose : elle sent son enfant s'éloigner d'elle, son admiration pour son professeur exacerbe sa jalousie. C'est une façon maladroite de lui montrer son amour mais Matilda ne le comprendra que trop tard...

Malgré ce cocon créé par M. Watts, la guerre va les rattraper et j'avoue que c'est véritablement là que toute mon attention a été captée : j'ai été véritablement touchée, bouleversée par la perte subie par notre jeune héroïne et l'ai suivi pas à pas dans sa reconstruction.



En bref, je vous conseille de le lire après avoir lu De Grandes Espérances, je pense que l'on apprécie mieux la lecture ou à condition de l'avoir déjà lu mais à vous de voir. Pour ma part, il m'a donné envie de me plonger dans le texte de Dickens et je pense que je relirai ensuite Mister Pip pour l'apprécier davantage. Dans tous les cas, c'est un livre marquant, qui restera en moi pendant longtemps, je pense....
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Mister Pip

Faire revivre Dickens, au XXe siècle et dans une île perdue de l'Océan Pacifique, c'est le pari effectué par Lloyd Jones, non sans un certain succès. Car si l'on croit que l'histoire de Pip n'occupe qu'une part minime de l'intrigue principale, on se trompe lourdement : les deux histoires se contaminent mutuellement, s'enrichissent et se complètent en permanence. Pip devient un héros à part entière aux côtés de Matilda, pour qui il est devenu, plus qu'un ami, une idole, au point de causer le malheur du village lorsque la sombre réalité rattrapera les habitants. Exotique, dépaysant, original, les qualificatifs ne manquent pas pour évoquer cette œuvre étonnante, et pourtant ce qui la caractérise peut-être encore plus, c'est son universalité : la haine et la folie des hommes n'ont pas de frontières, et les affrontements décrits dans le roman pourraient devenir bien plus proches de nous qu'on ne le croit. Lloyd Jones excelle à varier les tonalités, mêlant habilement humour et gravité, dans un roman initiatique surprenant. Écrit dans un style concis, sans fioritures, mais non dénué d'une certaine poésie, empreint d'une sagesse qu'on croirait directement inspirée des peuplades du Pacifique, cette œuvre séduit par sa simplicité en même temps que par sa complexité : les événements viennent constamment perturber la trame initiale, obligeant les personnages à révéler leur vraie nature. Dès lors, vont régner lâcheté, trahison, sadisme, cruauté gratuite, mais aussi humanité, héroïsme, bravoure. On se laisse embarquer sans en avoir l'air dans cette histoire originale et particulièrement bien construite, et l'on voit avec plaisir l'héroïne évoluer page après page, gagnant en sagesse et en maturité grâce aux enseignements de son "ami" Pip... (la suite en cliquant sur le lien ci-dessous !)
Lien : http://ars-legendi.over-blog..
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Donne-moi le monde

L'héroïne est décrite au travers des récits des personnes rencontrées, ce qui efface quelque peu son statut et laisse au lecteur l'impression d'un personnage insaisissable. Les témoins de cette vie racontent et les vérités ne semblent pas être toutes semblables ...

Une belle histoire, forte, riche. Un style unique.
Lien : http://bibliobleu.blogspot.f..
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