En mettant en crise le réel, Fantômas s'annonce, sur le mode ludique ou sérieux, comme une figure menaçant l'ensemble du champ des possibles.
Mythologies de Fantômas, p. 124
Aucune trouvaille ne paraît invraisemblable au lecteur, précisément parce que la vraisemblance est portée par la masse des récits qui servent d’intertextes aux romans, et parce que le lecteur (et en particulier le lecteur de l’époque) familier avec les conventions de ce sous-texte qu’il perçoit en permanence, juge les événements non à l’aune d’une logique réaliste, mais à celle d’une littérature qui fonde son plaisir sur l’excès
Le monde de Fantômas ne renvoie pas tant à la réalité qu’à la déformation fantasmatique qu’en offrent les journaux de l’époque
Décrire le destin de Fantômas, c’est donc se concentrer sur les œuvres autour desquelles se nouent les discours produits sur le personnage, décrire la résonance particulière de ces quelques œuvres clés, en expliquer les raisons contextuelles, et tenter de déterminer les effets de prolifération qui se dessinent à partir d’elles
l’homme qui plane sur la ville est l’incarnation d’une violence, menaçante et sans limites, sans visage, sans motivation, sans signification », un fantôme sans visage, une « quintessence du personnage, autrement dit du masque (persona) derrière lequel il n’y a rien que l’on ose voir
l’expression d’une vérité masquée quelque peu monstrueuse sur notre monde, ressuscitant les vieux fantasmes des bas-fonds de la ville, présentant une violence résistant à la pacification sociale et révélant des rêveries de révolte et de transgression