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Critiques de Loïc Demey (68)
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Aux amours

« Les rêveries ne vont pas à la ligne, d'une pensée dépend une autre pensée, une action laisse place à la prochaine (…) je vais à vous venez à moi, les pronoms se confondent, le conditionnel et le futur, seul compte et vit ce que mon imagination crée. (… ) Au fil de mes rêveries je règne en créateur, en juge et maître, je suis l'initiateur et le disciple d'un enchaînement d'épisodes dont vous êtes le personnage récurrent vers qui tout se dirige, mon regard, le vent dans les canyons, les ergs mouvants des déserts, l'assoupissement du soleil, les nappes de brouillard s'extirpant de la lagune, l'écho qui se débat dans la vallée ».



Le narrateur se laisse aller à la rêverie. Il s'adresse à une femme qu'il attend mais qui ne vient pas, peut-être la femme de sa vie, tour à tour appelée Lise comme le subjectif présent du verbe « lire », Sibylle comme la prophétesse, Elpis comme la personnification grecque de l'espoir. Une seule et même phrase sur cent pages, sans point, sans majuscule pour dire l'absence de cette femme fantasmée, insaisissable et inaccessible.



L'idée est forte mais j'ai été très rapidement submergée par un torrent de mots échevelés sans jamais vraiment parvenir à toucher la vérité du texte. J'ai souvent eu envie de dévier, de sauter des lignes même si certains passages ont su m'atteindre notamment dans leur capacité à évoquer la sensualité d'une rencontre et son caractère charnel.



Loïc Demey propose une prose objectivement très belle faite de variations stylistiques virtuoses pour raconter cette errance amoureuse. Il y a également énormément de références érudites, presque un jeu de rappels et d'échos … Verlaine et son rêve familier, Baudelaire et sa passante, Gaston Miron et sa marche à l'amour, Homère, Gaston Bachelard. Et comme fil conducteur, un poète italien ( que je connaissais pas ) Otto Sfortunato. Presque trop de références, plus toutes celles que je n'ai pas perçues ... ludique mais cela m'a encore plus détourné du propos, je crois.



La poésie est sans doute la forme littéraire la plus exigeante car elle fait encore plus appel à notre sensibilité intérieure pour entrer en résonance avec la proposition de l'auteur. Malgré ses qualités formelles, clairement, cette carte du Tendre ne s'est pas imprimée en moi, je le regrette.



Lu dans le cadre des 68 Premières fois 2022 #5

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Je, d'un accident ou d'amour

Il y a des livres vers lesquels on vous pousse. Où vous ne seriez pas allé spontanément.



Il y a des libraires tellement passionnés qu’ils vous traquent sans ménagement et vous lancent vers des œuvres, vers des écrivains. Je ne remercierai jamais assez celle qui m’a malmené et presque obligé à lire cet ouvrage.



Dans ce livre, il n’y a pas de verbe. Et pourtant tellement de verve.

Je l’ai lu deux fois déjà. Et je le relirai encore.



Une première fois, d’une traite, sans respirer, cliquetis de mots à la mitraillette qui m’ont offert mille sensations, mille sentiments, mille images.

Je l’ai relu ensuite en déshabillant la moindre virgule. En déculottant le moindre mot. Pour le plaisir de déflorer une à une les aspérités du texte. Tenter de toucher un peu plus ce véritable travail orfèvre.



Cette absence de verbe fait que tout crépite. Que tout palpite. Que tout prend sens en se délestant.



Il y a une urgence à lire, comme une sensation de tomber à l’intérieur même de ce livre. De cette histoire. De cet accident.



Ici, chaque mot est à sa juste place. Se suffit à lui-même.



Ici, on va te parler de toi, de Je. Et tu vas être enveloppé par sa musique. Par sa beauté. Par son urgence.



Dans ce livre, il y a la plume unique de Loïc Demey.



Je répète. Loïc Demey.



Si tu aimes les mots. Si tu aimes ressentir, deviner, palper, vibrer, t’interroger, te laisser aller, t’émouvoir, te laisser surprendre, …



Tu ne peux pas pas passer à côté.



Ce livre est une expérience qui raconte quelque chose d’unique. De fou. D'inimaginable et d’incongru.



Une histoire d’amour. Sans verbe. Une douce hérésie. Une folle littérature.

Je suis tellement heureux d'avoir osé.



Il y a des livres qui restent longtemps dans la tête.



Comme une déflagration.



Un accident. Ou d'amour.

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Aux amours

Il y a des ouvrages que l'on abandonne pour mieux les retrouver et il y en d'autres que l'on lit d'une traite.

Lorsque vous découvrirez Aux amours de Loïc Demey, tout de suite vous serez transportés sur le chemin de la rêverie et votre esprit vagabondera à son tour...

Cet ouvrage poétique demande néanmoins une certaine concentration du fait du choix de l'auteur dans l'utilisation atypique de la ponctuation qui rend Aux amours si particulier.
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Je, d'un accident ou d'amour

Pour finir l'année en beauté, j'ai envie de parler d'un de mes coups de cœur de 2016: Je, d'un accident ou d'amour de Loic Demey.

Ce livre est un petit bijou à mi-chemin entre le roman et la poésie.

Sa particularité est d'être écrit sans verbe, mais au bout de deux pages on ne s'en rend même plus compte tellement les mots s'enchaînent et nous emportent dans cette histoire d'amour née au jardin du Luxembourg.

C'est un livre plein de sensibilité , chaque court chapitre est un moment de pur bonheur de lecture.

J'ai dévoré ce livre en 20 minutes, mais j'en ai savouré chaque mot et j'aime en relire parfois un passage. J'en suis ressortie avec l'impression d'avoir fait une découverte littéraire , ce dont je remercie vivement ma libraire et mon ami Fannyvincent.

Enfin, cerise sur le gâteau, l'auteur est lorrain et enseigne dans le collège de la ville dont je suis originaire.
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Aux amours

Esméralda, Béatrice, Pénélope, Shéhérazade...



En une phrase qui court sur cent pages, Loïc Demey raconte la quête d'un homme pour la femme dont il est épris, la cherche et la rêve. Un premier roman à la fois original et exigeant.



Peut-être avez-vous noté la frilosité des éditeurs à qualifier les ouvrages qu'ils publient. Désormais, on laisse au lecteur le soin de découvrir ce qu'est un roman, un poème en prose, un récit. Cette entrée en matière pour souligner combien Loïc Demey fait preuve d'originalité. Après trois recueils de poésie, il nous offre un premier roman sous forme de longue phrase, de lettre à l'être aimée.

Une quête qui commence par ces trois mots «Où êtes-vous» et va se boucler 100 pages plus loin avec cette même interrogation «où êtes-vous lorsque je patiente aux amours». Constat d'échec à retrouver la femme qui a suscité tant de passion, tant de désir, tant d'envie? Oui et non, car si la belle et sensuelle Lise lui échappe encore, l'auteur aura pu poser sur le papier ce chant d'amour, dire la palette de sensations qu'il éprouve, recherché dans sa mémoire tous les petits détails qui racontent leur rencontre, des couleurs du papier peint à la température qu'il faisait et de sa façon de se vêtir au paysage traversé.

Certes, il faut se laisser happer par ce texte qui devrait dérouter plus d'un lecteur, mais si l'on plonge, alors l'exercice est aussi vivifiant qu'une traversée en apnée. Un exercice qui nous offre aussi de suivre les circonvolutions d'un cerveau qui, pour ne penser qu'à une seule chose, voit cependant affluer de nombreuses images, rêves, envies. Oui, Lise est une fête, oui, Lise est un fantasme, oui, Lise est le creuset de l'imagination de cet amoureux transi.

Un amoureux qui pourrait bien être le héros malheureux d'un opéra, d'un drame transposé en Italie ou il répondrait au nom de Sfortunato, et après avoir vidé deux bouteilles de vin, n'hésiterait pas à «échanger son âme contre un morceau de son ombre» pour enfin pouvoir approcher sa dulcinée, la jeune femme blonde à la robe en coquelicots, et alors se voir incapable de prononcer un mot. Un malheur qui va alors le plonger dans le désespoir. Jusqu'à ce que l'imagination ne reprenne le pouvoir.

Car on peut aussi lire cette phrase comme un hommage à l'art qui permet de transcender la douleur, à la littérature qui ouvre la route des possibles. Si Lise est insaisissable, alors elle peut aussi devenir une autre héroïne, Esméralda, Béatrice, Pénélope, Shéhérazade...

«Du plus loin que vous êtes je crois à votre venue, j'inventorie chaque signe mouvant du panorama, je veux dire les lieux prétendus de mon corps que vous habitez, l’endroit de ma pensée où vous résidez, j'espère ainsi qu’on espère sous le ciel dont les étoiles déjà ont succombé au temps, déjà se sont endormies lorsque leur brillance nous atteint, nous affecte et nous console de n'être que des grains façonnant un rocher sublime».




Lien : https://collectiondelivres.w..
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Je, d'un accident ou d'amour

Non je ne boude pas mon plaisir de vous parler de Je, d'un Accident ou d'Amour. Un livre offert par ma fille est déjà un petit bonheur, quand c'est un recueil de poèmes, je goute sans retenue, laisse tout tomber pour me plonger dans le nirvana de la lecture.





Je lis page 15, "Excès d’août et de lumière", moi, je suis dans le Connemara sous un ciel ombragé et une température de novembre, je tente, une translation vers le jardin du Luxembourg où je suis né.

"Cette fille sur une chaise verte du jardin du Luxembourg, voiliers miniatures et lecture de poche". Ainsi commence ce texte où le « je » ne sait plus où il habite, habité qu'il est déjà par Adèle aux yeux verts, couleur de thé.





Comme pour le promeneur, je me suis laissé emporter par cette bohème au pays de l'amour, sans réfléchir aux mots qui se déplaçaient au gré des sentiments d'Hadrien, des aveux et des angoisses des amants, des vides et des pleins, que les mains retenues dénouaient ou qui dérivaient sur des vents comme ceux du Connemara.





Loïc Demey inter change un verbe par un nom ou un adjectif, l'amour est confusion, comme un grand chambardement du langage des amants.



Toute la prose se chamboulait, "la rue se nuit, le ciel se lune", page 27 et vous laissent, "Je me chancelant, je me trac". Alors il faudra bien suivre Hadrien car, "Elle me chuchotements d'amour à l'oreille".



Ce court texte est un poème de 15 pages, une histoire d'amour. Entre les doigts de Loîc Demey le récit de l'amour d'Hadrien et d'Adèle, déploie ses couleurs, lui l'accidenté aveugle et Adèle la lectrice de McEwan qui attend que "le trains se rails". Ce conte amoureux est une pure merveille, comme si les mots les plus simples pouvaient à eux seuls faire émerger une farandole de désirs.





La poésie trouve sur ce chemin une nouvelle ébullition, un rythme convainquant, une accroche du lecteur dans une poésie de complicité, quand page 27, "Elle me peau, je la pulpe des doigts". La musique des corps décline une fantasia, où tous les sens s'invitent pour écouter, et voir les cœurs danser.





Non je ne suis pas surpris par la qualité de ce long poème en prose. Oui je m'interroge quand ce manuscrit de 15 pages, est salué avec un tel enthousiasme. Peut-on encourager la création littéraire à un tel degré de jeûne.

La remise en cause de notre écriture académique, ne devrait en aucune façon réduire la création poétique mais l'exploser.





Oui je ressens un net regret, ou plutôt, je mots Adèle absence. Géométrie à sens unique, Adèle lettre seulement lettres.

"Elle se voie ferrée. Je me sans voix. Elle se chemin de fer. Je me sans issue. On s'impasse". P 41



Trois ou quatre textes de plus exprimant Adèle nous aurait enchanté passant de fragments amoureux à une éclosion de sentiments féminins.

Lecteur j'aime voir vivre les personnages.



Les plus grands noms de la poésie contemporaine se sont fait souvent un dogme d'être étudié avant d'être lu.

Loïc Demey innove dans un procédé, qui utilisé avec économie sera toujours d'une grand réjouissance, banalisé ce sera bien difficile d'être accepté par le grand public, au détriment de très belles plumes.





Reste que je, d'un Accident ou d'Amour est brillant et une vraie réussite.

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Aux amours

L'imagination de l'auteur nous emmène dans une déambulation entre un homme qui espère rencontrer une femme et ce sera un rendez-vous manqué. Il espère, mais ce n'est qu'une illusion. Tout peut arriver. Cet homme attend l'amour et cela se ressent. Un récit plein d'amour qui nous permet de rêver comme l'auteur. Les mots se répondent et la liberté est présente.

Un récit intérieur où l'on se laisse porter par cette poésie et par les mots. Un monologue fait d'une seule phrase, qui se lit en une seule fois, pas d'arrêt, ce livre se laisse lire d'une seul traite. Là cet homme, nous fait part de ses sentiments amoureux, de ses déambulations et de ses rêveries.

J'ai bien aimé l'écriture de ce livre ainsi que la poésie et ses mots. On aurait envie de lire cette histoire à voix haute car les sentiments se mêlent et s'entremêlent pour notre bonheur.

Merci aux 68 Premières fois et aux Éditions Buchet-Chastel qui m'ont permis de découvrir ce livre.

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Je, d'un accident ou d'amour

Hadrien voit Adèle. C'est le coup de foudre, l'obsession. « Plus rien d'importance depuis cette fille sur une chaise verte du jardin du Luxembourg, voiliers miniatures et lecture de poche. Instinctivement, je pas vers elle et lui paroles futiles. » Aucun verbe conjugué, si ce n'est quelques participes passés à la fonction adjectivale, pour décrire le ravissement d'amour, l'étourdissement de la rencontre. « Depuis, ma pensée se désordre. Mon langage se confusion. » Il y a pourtant Martin et Delphine, partenaires respectifs d'Adèle et Hadrien, mais la raison ne fait plus le poids quand le quotidien a oublié la folie douce. « On se calme plat. Je me morne, elle se plaine. Elle se train-train, je me ligne droite. On se routine, on se déroute. » Pendant quatre jours et quatre soirs, l'accident répare : constat d'amour.



Passée la première surprise face à ce texte nominal, la lecture coule, fluide et belle, sensuelle et évidente. Les mots qui remplacent les verbes sont parfaitement trouvés et ils portent l'action avec précision. Résumer la poésie ou toute forme d'inventivité langagière est chimérique. Je vous conseille donc de plonger dans ce court texte de pure fantaisie amoureuse.
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Je, d'un accident ou d'amour

Voici un livre autour duquel je tournais depuis un bon moment, attiré par son originalité, et par les louanges dont il fait l’objet de la part d’une libraire messine.



Ce livre, très court, raconte une histoire d’amour brève, intense, passionnée. Celle vécue à Paris par Hadrien et Adèle. Une histoire d’amour du genre à vous faire tourner la tête, à vous faire perdre vos mots… les verbes surtout.



Car la caractéristique de cette histoire est d’être écrite sans verbes. Cela surprend l’espace d’un instant, mais je m’y suis habitué sans aucune difficulté. Bien au contraire, j’ai trouvé que cela donnait un rythme particulier au récit, que cela le rendait particulièrement poétique.



On ressent l’envie de lire cette histoire à voix haute, afin de savourer encore plus les mots et les émotions qu’elle inspire.



J’ai lu ce roman, l’ai relu dans la foulée. C’est une expérience de lecture étonnante, mais sincèrement formidable.

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D'un coeur léger

Le carnet retrouvé du Dormeur du Val, s'inscrit totalement dans la tradition républicaine des articles et des nouvelles qui ont fleuri au lendemain de la déroute de l'empire en 1870.

N'en déplaise à certains patriotes, la réalité dépasse la fiction. Bazaine ne sort pas grandi de cet opuscule retrouvé par Loïc Demey.





Le récit est conduit par le dormeur du Val, ce soldat français, engagé, pour avoir tiré le mauvais numéro, Il raconte sa guerre, à sa fiancée, avec candeur, et puise dans sa passion le courage de poursuivre.





J'aime cette lente dégradation, du moral des troupes françaises, les mots peu à peu se tordent de douleur, flanchent sous un soleil de plomb, les armes à la main, le chassepot est privé de ses plombs. Page 26 ; "il ajoute notre corps d'armée se démembre", propos qui succède, " ah! Comme tonneront bientôt nos canons sur la Prusse, page11."





Bientôt ce sera la bérézina, parfois imagée par une note d'humour grinçant ; "sans couverture, sans marmite, ni paquets de cartouches il est bien plus aisé de circuler." Page 29. Ou bien plus loin le 31 juillet, " j'ai tiré mon premier coup de guerre. Pan ! Et l'écorce d'un chêne s'est ouverte en crevasses, j'ignore tout du prénom des arbres."





Peu à peu, le texte se disloque, bafouille sur les horreurs de la guerre, " ils ont donné aux chiens ta guibole pourrie ! Il rit gras, il s'agite, puis bave et maintenant il dort. Page 42." On pressent la lente et inexorable démobilisation du jeune soldat. Ses mots d'amour se feront moins présents la mort s'insinue dans ses notes. Page 34, il écrit: J'avais effacé ce que nous sommes, comment tu m'aimes. Comme tu es mon amour. voudrais-tu encore quelques jours m'y attendre."





La fin est la rencontre improbable entre le soldat et le poète Rimbaud. C'est l'occasion pour Loïc Demey de saluer son maître, et de repeindre quelques scènes inoubliables comme la Bohème, et redessiner ce trou de verdure où chante une rivière.



D'un Cœur léger, est le titre paradoxal donné à ce un récit qui s'enfonce peu à peu dans le noir, l'auberge à la grande ourse, sera un cachot, et l'amour si fervent du soldat se noie dans le frais cresson bleu.



Le langage poétique de l'auteur, est au service de la mélancolie, c'est un homme seul qui semble avancer vers sa propre mort.

La qualité de l'écriture de ce poète devenu un jeune romancier est un régal, où "Metz frétille en plein soleil, grouille et scintille", et où l'amour trouve de belles élégances.

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Je, d'un accident ou d'amour

C'est chez Tulisquoi que ce petit bijou a attiré mon attention. Pourtant, en lisant chez elle la quatrième de couverture, je me suis demandée ce que c'était que ce machin. Je n'étais pas très attirée. Puis j'ai lu son billet, l'impression forte que ce texte lui avait faite. Et surtout, elle donnait un extrait qui m'a vraiment séduite. Alors, j'ai tenté.



Effectivement, les premières lignes sont perturbantes. Mais la préface aide bien à se mettre dans l'ambiance, à comprendre la logique. Les verbes, qu'ils soient conjugués ou à l'infinitif ont tous été troqués contre des adjectifs ou des adverbes, sur le modèle d'un poème de Ghérasmi Luca. On se trouve alors entre poésie et nouvelle (vu la longueur, je ne parlerai pas de roman).



Et, rapidement, la magie opère. La poésie emporte le lecteur, le bouleverse, de la même façon qu'Hadrien a été bouleversé par sa rencontre avec Adèle. Car Hadrien, pourtant en couple, est littéralement subjugué dans le jardin du Luxembourg à Paris par une jeune femme. C'est le coup de foudre. Qui va l’emmener jusqu'à perdre ses verbes.



On se laisse emporter par les sensations que ces phrases sans verbe font naître. Car le lecteur est forcément totalement investit dans sa lecture, il comble les vides, met de lui-même. Et s'approprie totalement le texte. C'est lui mais en même temps tout le monde tellement le sujet est universel.



Ça pourrait être un peu poussif, ce procédé. Et pourtant non, c'est surtout chamboulant. Un coup de cœur.
Lien : http://nourrituresentoutgenr..
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Aux amours

"à bien y réfléchir, les rêveries ne vont pas à la ligne, d'une pensée dépend une autre pensée, une action laisse la place à la prochaine"

De la même façon, les pensées du narrateur naviguent vers elle, ou elles, cette femme, cette autre, toutes ces femmes qu'il attend, qu'il espère, qu'il invente, se crée, s'imagine, découvre, comprend, écoute, aime, sent, touche, caresse, toutes celles qui sont, seront, ont été, celle qui enfin, peut-être, sans doute, le comprendra, l'aimera, l'espère à son tour, belle, insignifiante, quelconque, gracieuse, jolie, grande, petite, sublime, qu'importe pourvu que ce soit elle.



Quel étonnant roman, poème, livre, qui se lit sans point ni virgule, sans respiration ni ponctuation, qui se vit, se respire, s'essouffle, s'espére ou se désespére, qui dit, qui rêve, qui cherche, qui découvre, qui attend.



Espoir, espérance, point de suspension...
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Je, d'un accident ou d'amour

"Je, Hadrien. Et Adèle en tête. Elle m'obsession. Ses grands yeux verts dans mon regard me folie, ivresse d'Adèle. "

Je, Leila aka Leeloo, lecture cet OLNI (Objet littéraire non identifié). Je conquête au plus haut point. Je désarçonnement absolu, mais je aucune lassitude à la lecture, ni problème de compréhension, je investissement franc dans ce livre à mi-chemin entre poésie et nouvelle. Je remplissage des vides sans appréhension ni difficulté.

A ce stade, vous devez vous demander si vous allez continuer à suivre ce blog, si je me fiche un peu de vous, ou si vraiment je suis tellement « enlivrée », que j’en perds mon français, et bien non ! J’ai commencé cette chronique dans le même style que l’auteur, tout en sachant que je ne pourrai l’égaler. Il a tout simplement eu l’idée d’omettre les verbes, qu’ils soient conjugués ou à l’infinitif, et les a troqués en noms, adjectifs ou adverbes. Il nous fait vivre en peu de pages (48) la fulgurance d’une rencontre, entre Hadrien et Adèle.

Adrien est en couple avec Delphine, le coup de foudre pour Adèle lui fait perdre la tête, Delphine et le verbe.

« On se trente ans passés avec pas l’envie de seul. On se fatalité, on se facilité. On se quotidien, on se tablette tactile et téléphone portable au petit-déjeuner. Le soir, on se télévision on lit. Elle se séries, je me navets. Et l’on se corps de moins en moins. Notre couple s’usure. Jusqu’à la corde.[…] On se calme plat. Je me morne, elle se plaine. Elle se train-train, je me ligne droite. On se routine, on se déroute. Dans le fossé. »

Sans verbe, mais avec verve, il sublime l’amour, cet amour qu’il décrit : « On se tête-à-tête, elle s’Aphrodite. Je m’aphrodisiaque. Je lèvre sa nuque, elle langue mes lèvres… »

Je ne vous en dis pas plus, sauf qu’ill vous suffit d’apprivoiser les premières lignes, et je vous assure, vous ne le lâcherez plus !


Lien : http://leeloosenlivre.blogsp..
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Je, d'un accident ou d'amour

Est-ce une nouvelle ou un poème? Je n'ai pas la réponse mais ce court texte (ou nouvelle) est un OVNI. L'histoire est celle d'une rencontre entre Hadrien et Adèle au parc du jardin du Luxembourg. Un coup de foudre immédiat. S'en suivent des promenades, des discussions, le premier baiser échangé et un accident pour Adrien. Ses verbes se sont envolés. Qui de l'amour ou de l'accident a déclenché ces symptômes chez lui? Et Adrien raconte. Un récit sans aucun verbe où les mots se mélangent.



"Excès d'août. Je me lit, je me draps et les rideaux tirés. Je me cigarette roulée et m'absence la force de dehors. J'invention une maladie au bureau. Je me fièvre et me courbatures, je me vomissements : probable insolation. Plus rien d'importance depuis cette fille sur une chaise verte du jardin du Luxembourg, voiliers miniatures et lecture de poche. Instinctivement, je pas vers elle et lui paroles futiles. Le soleil d'abord, la chaleur ensuite. McEwan enfin. Elle me réponses courtes, elle se mèche de cheveux châtains et fins derrière l'oreille. Elle se surprise puis me spontanément. « Oui », « bon ». « Sur la plage de Chesil ». Je causeries d'autres choses, de musique. D'elle. Je lui proposition d'un café en terrasse, elle acceptation si un thé. Vert."



L'intuition prend le relais, on imagine la phrase, on complète avec ses propres mots et chaque lecteur en fera son propre texte. Ce qui frappe, c'est la poésie et les sensations qui en surgissent : "On s'été, on s'éther. On s'éternité. "

Le procédé n'est pas lassant, il délie le langage et sublime l'amour.



Ce livre est une expérience à part, une petite friandise à déguster sans modération! C'est frais, original et terriblement réussi !
Lien : http://claraetlesmots.blogsp..
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Je, d'un accident ou d'amour

Je, d'un accident ou d'amour est l'histoire d'un homme en couple qui, au détour d'une balade au jardin du Luxembourg, tombe amoureux d'une autre. C'est l'histoire d'un accident de parcours amoureux qui rend notre héros comme aphasique verbal. C'est l'histoire d'un texte très court remarquable par le langage qu'il propose et impose, par l'effort qu'il demande au lecteur en traduction linguistique, en aspiration des mots et des adjectifs, en reconstruction de langage, en interprétation des images.



Je, d'un accident ou d'amour remplit tous les contrats : l'exercice littéraire, l'ovni littéraire (à mi-chemin entre poésie et roman), le récit et l'émotion. 

Quoi dire d'autre de ce tour de force ? Qu'il est suffisamment court pour ne pas provoquer un ennui à long terme, qu'il permet de distinguer les scènes essentielles (ces moments de formation d'un couple - la rencontre, les instants partagés, le premier soir, la première difficulté, etc-), que sa forme intrigue et renforce le fond (parce que l'attention du lecteur est essentielle, parce que lire prend ici tout son sens.).



Voilà, je vous souhaite de découvrir cette œuvre de Loïc Demey qui date de 2014. J'ai eu la chance de la rencontrer sur mon chemin de bibliothèque, je vous souhaite le même bonheur.



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Lao du placard

Quel roman émouvant de Loïc Demey, magnifiquement et sobrement illustré par Clothilde Staës.



Lao s'est enfermé depuis toujours dans un mutisme profond, car sa maman a sombré dans la mélancolie depuis trop longtemps.

Personne ne s'est trop inquiété jusqu'à cette terrible rumeur : Lao est un enfant du placard. C'est ce qui se dit et se répète maintenant à l'école.

C'est quoi au juste ?

Comment se relever ? Lui, qui a toujours su analyser le monde extérieur par des chiffres et des mesures.

Est-ce que les cris, et les mots viendront ?



Beaucoup de justesse et de poésie, pour des thèmes peu évidents à aborder avec les enfants.
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Je, d'un accident ou d'amour

Petite pépite !



Ce livre est un récit, à la fois poétique et percutant.

Exercice de style rédigé sans verbe, l'auteur nous livre les fragments d'une histoire d'amour, et les quelques jours d'une rencontre folle dans Paris.



C'est simple et très court.

Mais il me trotte encore dans la tête, la musique de cette romance.
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Aux amours

Le contrepoint exact de la critique précédente. Oui, une lecture tout à fait singulière et qui désarçonne. Mais justement, n'est-ce pas là ce qu'on attend d'un livre dont la couverture, si belle, est déjà une promesse ? Quel plaisir de se laisser surprendre par cette unique "phrase de 100 pages, sans point ni majuscule, comme un monologue qui n'en finit pas". C'est particulièrement beau une histoire d'amour qui n'en finit pas, non ? Il est question de désir, de rêverie, d'histoire sans cesse réinventée, un long poème à lire, relire, relire encore, pour renouveler le plaisir de se perdre autant que de se retrouver.
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Aux amours

Aux Amours de Loïc Demey

Buchet-Castel



Parfois, on me reproche d’écrire des phrases trop longues. Je la crains cette fichue phrase indigeste, je la redoute et je la traque.

Le roman que je viens de lire ne fais qu’une centaine de pages et une ligne.

Une seule et unique phrase pour décrire l’attente d’une femme qui ne vient pas.

Mais moi, je n’aime ni les prouesses ni la modernité. J’aime les choses simples, des phrases entrecoupées de silences, des virgules, même le point-virgule, ce mal aimé de la ponctuation. J’aime me reposer au bout d’une phrase. J’aime reprendre ma respiration.

Imaginer la commode en bois de noyer sur laquelle joue un vieux tourne-disque.

Imaginer Otto Sfortunato, sa vie bientôt révolue dans son appartement aux fenêtres calfeutrées.

J’aime imaginer le chemin que peut prendre l’attente dans ses moindres détours !

Surtout quand les mots, les lignes et les descriptions qui en parlent sont si jolis.

Je ne sais pas trop comment l’écrire mais...

Ce soir je suis déçue, un peu frustrée aussi, de refermer un livre que je n’ai pas su aimer.



Merci encore et toujours aux @68premieresfois qui nous pousse dans des lectures et des réflexions en dehors des chemins établis.







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Aux amours

Difficile pour moi de trouver les mots pour décrire cette lecture.

Un homme attend une femme et nous entraîne dans ses rêveries.

Son histoire dure cent pages mais en une seule phrase.

Il faut donc être bien concentré(e) pour pouvoir suivre le narrateur dans ses chemins sinueux de traverses.

Un livre qui me laisse perplexe malgré une belle écriture.

Ai-je aimé ou pas ? Je ne saurai le dire…
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