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Critiques de Lola Gruber (26)
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Trois concerts

Trois concerts, c’est trois personnages, trois partitions,

Clarisse Villain joue de la musique, elle entend tout, tout le temps, avec une seconde d’avance, et quand quelque chose devient trop dur à penser, elle se cache sous l’escalier,

Rémy Nevel en critique,

Viktor Sobolevitz en joue aussi, il est un des plus grands violoncellistes du monde.



Sobolevitz, un virtuose que le destin va frapper dur. Retiré de la scène et réputé pour ne pas prendre d’élèves, il va pourtant finir par croiser le chemin de la petite Clarisse, sept ans, douée, très douée, si différente de la norme. Une rencontre insolite, une chance et un défi pour tous les deux, avec Remy en accessoire.

Clarisse, Rémy Nevel et Sobolevitz, “trois personnes, six relations”.......Le reste, je vous laisse découvrir......



Avec un style de narration à la deuxième personne du singulier, l’auteur tour à tour s’adresse à ses trois personnages, aux caractères totalement différents, et s’immisce dans leurs têtes et leurs âmes avec brio. Surtout qu’on est ici sur un terrain spécifique, celui de la musique classique et que Lola Gruber est dramaturge et non musicienne. Pourtant elle tient la route sans fausse note, bien que je dirais elle y a été un peu trop ambitieuse dans la multiplication des détails techniques. Pour qui n’est pas familier au langage musicale et au violoncelle, certains passages peuvent paraître un peu déroutants, du moins je le suppose, n’étant pas dans le cas.

Mais l’introspection psychologique est très réussie, surtout celle de Clarisse profonde sonne tellement juste, qu'on se demande s'il n'y a pas un peu ou beaucoup de l'écrivaine en elle. Beaucoup d'émotions aussi dans de nombreux passages comme avec le vibrato que la petite refuse d’exécuter, ou quand Solobovitz essaie de palier sa détresse suite à sa grande perte. Elle couche simplement et merveilleusement sur papier le mystère de l'émotion dans la musique, aussi bien dans l'interprétation que dans l'écoute, "...oublier la partition pour laisser place à la musique ", " Si vous laissez la musique vivre dans votre esprit , vous arriverez peut-être à sentir ce qui est juste." ,...... qui me font penser à la grande pianiste argentine, Martha Argerich.

Lola ici touche aussi un autre point primordial. La musique, de surcroît classique, n'est pas l'Olympe, la perfection n'est pas sa vertu, au contraire elle vient de la Vie, elle en fait partie, "Ce tourbillon c'est ça qu'il faut jouer, c'est ça une danse, écoute un peu ces trois musiciens qui boivent et qui s'en foutent de Bach, écoute, ils en savent plus que toi.". On a même droit à un zeste d’humour espiègle qui apparaît au détour d'une phrase, à l'improviste.



576 pages c’est long mais émouvant et passionnant, même si je ne me suis pas attachée aux personnages. Clarisse reste une fille gauche, où même son talent ne remédie pas à sa personnalité effacée dépourvue de séduction, Rémy, l’opportuniste, est franchement antipathique et Solobovitz , le tyran égocentrique, de même.....pourtant, ils sont si vrais, si humains. Je ne veux pas en rajouter plus, bien qu’il y a beaucoup d'autres choses intéressantes dans ce livre à noter et analyser sur le monde actuel et le marché de la musique et ses coulisses repoussantes, dont les critiques qui peuvent influencer à tort et à travers, un public souvent en manque de repères d’appréciation......pas facile de circuler et de se faire une place dans Le Grand Monde, l’intelligence, l’honnêteté, le talent n’y étant pas d’un grand secours.

Je voudrais juste ajouter que Lola Gruber est douée, très douée, et ce livre qu’elle a mis sept ans à écrire, il faut le lire. Le style narratif pourrait vous fatiguer mais le reste l’emporte ! Je souhaite à ce beau texte et à son écrivaine une excellente nouvelle année avec beaucoup de lecteurs et lectrices !



" Ce qui vient de se passer, tu le sens très fort, ce n'est pas une histoire de bien ou de plus mal.”



Un grand merci aux Éditions Phébus et NetGalleyFrance pour l’envoie de ce très beau livre.

#Trois Concerts#NetGalleyFrance
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Horn venait la nuit

Ce roman absolument passionnant est tombé dans mon escarcelle lors de la dernière masse critique de Babelio que je remercie chaleureusement.

Horn venait la nuit nous plonge dans l'histoire de ces allemands des Sudètes vivant en Slovaquie annexés par Hitler en 1938 scellés par les accords de Munich.

Ilse, l'héroïne principale du roman vit en Slovaquie à cette époque là, ses frères affiliés au régime nazi fuient après guerre pour sauver leurs peaux.

Ilse reste avec sa mère qui pour donner le change se remarie avec un médecin slovaque effaçant la trace de ses origines allemandes. Ce docteur a une fille Édith qui devient la meilleure amie d'Ilse.

Toutes deux se retrouvent à vivre sous le régime communiste instauré par les Russes à "la libération" de la Tchécoslovaquie.

Edith a des mains de fée, par ses massages, elle soulage les plus grandes douleurs. C'est son don qui la sépare d'Ilse, elle doit partir travailler en Hongrie sans son consentement.

Else ,elle a perdu son don dans un accident de gymnastique, son avenir de gymnase n'est plus possible.

Dès lors, c'est dans un théâtre de Brastisslava qu'elle va travailler comme accessoiriste et rencontrer l'amour de toute une vie : Horn.

Cet homme va devenir le pivot de l'histoire du roman s'entremêlant aux destins des deux jeunes femmes.

Un deuxième histoire fait le pendant à celle d'Ilse

Celle de Simon Ungar, un juif hongrois qui décide de partir tenter de découvrir ses origines de la république Tchèque à Budapest. Peu à peu, les histoires de Simon et Ilse vont se rejoindre.



Ce roman est écrit à la manière d'un thriller, d'une enquête passionnante que le lecteur dévore . L'écriture de Lola Gruber côtoie la tragédie, la dérision , la démystification, un humour assez mordant.



J'ai littéralement adoré ce roman que je vous recommande sans hésitation.
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Trois concerts

Bookycooky, merci de m’avoir fait lire cette œuvre grâce à ta critique sur ce site.

D’habitude, je n’aime pas trop les textes à la seconde personne du singulier mais, ici, le ´tu’ donne, à mon avis, une force inégalée, comme si l’auteur nous chuchotait, à nous seul à l’oreille, des confidences. Un bijou de prose, un gros travail d’écriture qui honore tout lecteur qui tourne ces pages. Trois personnages principaux : une violoncelliste, un maître musicien qui s’est retiré de la scène et un critique musical. Impressionnée par l’analyse des forces et des faiblesses des humains. De Clarisse face à : la musique, à son maître’, à l’amitié avec Peter, à son amant, aux réseaux sociaux, aux médias, aux regards d’enfant. Toujours difficile de parler d’un grand roman. Comment le décrire avec mes pâles mots face à d’aussi merveilleux ?
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Trois concerts

Il est des livres qui, dès les premières pages, donnent à entendre une petite musique pas ordinaire. On ne sait pas exactement d'où elle vient : peut-être émane-t-elle de l'originalité de l'écriture, de l'organisation du récit, du portrait des personnages ou bien d'ailleurs encore. En tout cas, cette petite musique, c'est la première fois qu'on l'entend, qu'on la goûte, elle pique notre curiosité, retient toute notre attention et finit par nous lier, et pour longtemps, à l'oeuvre qu'elle nous dévoile...

Par où commencer ?... Car il n'y a pas à proprement parler de commencement ou alors, ils sont pluriels et se rattachent à différentes personnes, époques et lieux. « C'est en vain qu'on cherche le début des choses, on ne trouve jamais qu'une étape et on l'appelle « début », parce qu'on ne distingue que ce qui a déjà commencé ; nul ne conteste que la première note n'existe que par le silence qui la précède, mais personne ne peut dire avec certitude quand ce silence commence. »

Pour tenter de « commencer » tout de même, prenons la première page du roman : un certain « Paul Crespen écrivit à Londres dans sa maison de Tyndale Terrasse » trois Suites pour violoncelles. Ces trois Suites « furent écrites pour Viktor Sobolevitz et celui-ci ne les joua pas. »

Cet homme qui ne joua pas les suites de Crespen, on le découvre chez lui, à Paris, dans son appartement aux volets clos. Il est seul, vit coupé du monde, attend la mort  mais, avant cela, la visite d'un homme, un critique musical, un certain Rémy Nevel.

Ce Rémy Nevel (je ne l'ai jamais senti ce personnage), on le surprend au réveil. Il vient de partager sa nuit avec une femme, une certaine Clarisse Villain, violoncelliste, formée précisément auprès du grand maître Viktor Sobolevitz, qui a toujours refusé de former qui que ce fût.

Alors, évidemment pour Rémy Nevel, cette Clarisse Villain est tout de même un objet de curiosité. Pourquoi elle ? Qu'a-t-elle de si extraordinaire pour que le grand maître, l'ermite misanthrope au sale caractère, ait accepté de la rencontrer alors qu'elle n'était qu'une gamine et de lui donner des cours pendant douze ans ? À elle. À elle seulement. Pourquoi ? Et pourquoi cela intéresse-t-il tant le critique ? Que cherche-t-il ? Qu'attend-t-il d'elle (Clarisse) et de lui (Sobolevitz) ?

Maintenant, faisons la connaissance de Clarisse, je veux dire de Clarisse petite, pour comprendre. Repartir en arrière, à l'un des commencements de cette histoire, de ces histoires qui vont se mêler, s'imbriquer au point de n'en former qu'une. Il nous faut rencontrer cette petite de cinq ans qui entend le son quelques secondes à l'avance et qui joue sous l'escalier parental avec un meuble d'horloger pour faire de la musique. Qu'est-ce qu'on va en faire de cette môme muette bourrée de tics et de tocs, qui tient à l'envers son premier cahier de solfège et travaille toute seule des symphonies ? se demandent ses pauvres parents étrangers à ce monde de la musique. Consulter un spécialiste, le plus vite possible… Oui, c'est la solution...

Trois destins, trois histoires, trois personnages complexes et forts dont on suit les parcours sinueux, douloureux, trois personnages qui se cherchent, s'évitent, se complètent et se nourrissent l'un de l'autre.

Au-delà de ce trio étonnant et très finement analysé, ce roman étonne par sa forme.

Tout d'abord, il y a ce « tu » qui surprend le lecteur dès la page 27, un « tu » qui semble exprimer la grande proximité entre l'auteure et ses personnages dont elle sait les états d'âmes, les secrets, les moindres désirs, un « tu » qui nous conduit au coeur de leur être, de leur mal-être, de leurs tourments. Si ce « tu » m'a gênée au début (mais de qui est-il question ici ? d'elle, de lui, d'un autre ?), très vite, il devient indispensable, la seule et unique façon d'aborder les personnages dans leur intimité, leur mystère, leur ambiguïté.

Et puis, il y a aussi ce récit non linéaire, ces retours en arrière qui permettent de comprendre qui sont ces personnages, pourquoi ils sont devenus ce qu'ils sont, quel terrible événement les a construits, de quelle souffrance ils sont nés. Tout se met en place par petites touches, jusqu'à la fin. Le puzzle prend forme, l'histoire prend sens.

Enfin, et c'est la première fois que je vis cela, lire Trois concerts, c'est plonger dans le monde de la musique, la vivre de l'intérieur au moment même où elle se joue, la sentir, la comprendre. Pour cela, l'auteure (qui n'est pas musicienne) s'est plongée (pendant plus de sept années) dans de très nombreux écrits de musiciens, a écouté leurs témoignages et elle a traduit leur vécu, leur quotidien, leurs sentiments, leurs impressions, l'enseignement qu'ils ont suivi, leurs expériences, leurs galères, leur carrière, leurs compromis, leurs plus grandes joies et franchement, c'est bluffant de vérité!

On découvre un monde, un milieu : celui des musiciens qui doivent vivre, gagner de l'argent, accepter de se vendre (ah la com!), de se produire dans des concerts parfois « alimentaires ». La rencontre entre le monde immatériel, idéal et pur qui est le leur et les préoccupations bassement matérielles auxquelles ils sont confrontés crée un choc terrible, une dualité presque insupportable mais certainement inévitable pour ceux qui tentent de vivre de leur art. Mais tout le monde n'y parvient pas…

Et surtout, l'auteure sait traduire la musique par des mots : on y est, on la vit, on l'entend de l'intérieur, on l'aborde du point de vue de celui qui la joue. Je n'avais jamais ressenti une telle proximité avec la musique à la lecture d'un texte littéraire. Quelle justesse et quelle puissance d'expression !

Lola Gruber est douée, vraiment très douée. Il ne faut surtout pas passer à côté de ce texte incroyable dont, à mon avis, on n'a pas assez parlé. Mais il est encore temps de se rattraper !

Quant à moi, je suis plus que conquise.

On tient là une grande, c'est certain !
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Trois concerts

Un grand roman.

En tout cas à mes yeux.

La musique, le violoncelle, les sentiments humains.



Roman choral comme je les aime, où Lola Gruber nous entraîne aux côtés de Viktor Sobolevitz, musicien virtuose marqué par un drame personnel, de Clarisse, son élève par accident, que l'on voit grandir au fil des pages, perdre ses illusions en même temps qu'elle gagne en assurance, et de Rémy Nevel, critique musical aux dents plus que longues. Trois destins qui s'entremêlent, comme se mêlent les voix des instruments d'un concerto.



Même si la lecture se révèle parfois ardue, avec des changements de narrateur inattendus, des retours en arrière qui parfois nous échappent dans un premier temps, on prend malgré tout plaisir à suivre cette partition virtuose. D'autant qu'il y a une forme de suspense. Qu'est-ce qui relie ces trois personnages ? Quels sont les secrets cachés, enfouis qui affleurent parfois ?



Une très belle partition de Lola Gruber, avec une mention toute particulière pour la façon dont sont rendues les moments musicaux de l'ouvrage, la réflexion sur l'interprétation d'une œuvre. Et qui sont autant de façons de questionner la personnalité de chacun des protagonistes et par ricochets, la notre.
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Horn venait la nuit

Merci à Babelio pour la sélection et aux Editions Christian Bourgeois pour l'envoi du livre.

Ilse blessée suite à un accident de gymnastique vit en plein invasion de la Tchécoslovaquie. Sa mère se marie au un médecin Hubka, elle doit cacher son âge. Plus tard travailler travailler à l'Opéra lui redonnera goût à la vie et sa rencontre avec Horn sera une autre étape.

Simon de nos jours qui vient de perdre son travail et son couple décide de partir à la recherche de sa famille en Europe de l'Est.

Deux histoires qui vont finir par se retrouver.

Une description de ces pays de l'Est sous la guerre, et de nos jours.

Cependant trop de longueurs dans le texte.
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Horn venait la nuit

Dans un entretien, l’auteur explique qu’elle a mis un an à préparer le plan de « Horn venait la nuit ». En 2020, elle s’est rendue en Europe Centrale pour recueillir les éléments nécessaires à la rédaction de ce roman. C’est dire le long travail de documentation qui a été fait en amont de la publication de ce récit.

Une vieille dame à Berlin reçoit une lettre. Qui est-elle ? Elle se souvient. On découvre alors l’histoire d’Ilse Küsser, jeune gymnaste tchécoslovaque de haut niveau dont la carrière est interrompue par une chute. Une soirée à l’Opéra l’aidera à reprendre le dessus. Elle deviendra accessoiriste de théâtre, principalement à Bratislava. Elle cherche ce qui colle aux spectacles, elle crée le décor qui va bien, en lien avec ce qui se passe sur scène. C’est un travail plus exigeant qu’il y paraît mais ça lui plaît. Elle rencontre Horn, tombe amoureuse, mais c’est un homme secret, brisé, elle ne saura jamais tout de lui et le peu d’informations qu’elle arrive à obtenir n’est peut-être pas la vérité. Ça se passe tout de suite après la seconde guerre, la vie n’est pas aisée, les relations ne sont pas naturelles. De qui faut-il se méfier, qui croire, à qui donner sa confiance, voire son amour sans prendre de risque ?

En parallèle, en 2014, on suit Simon, il vient d’être licencié et sa petite amie l’a quitté. Comme il ne sait pas tout sur la famille de son père, d’origine juive, il part en République Tchèque où des gens auront probablement le même patronyme que lui : Ungar. C’est le moment, il a du temps devant lui. Des bribes d’histoires vont jalonner son chemin, l’envoyant d’un lieu à l’autre. Il cherche les liens, dissimule qui il est pour en savoir plus. Il peut suivre une fausse piste, croire un mensonge et s’en emparer comme d’un fait réel. Lui-même se cache derrière différentes identités… Il est tenace et s’accroche à la moindre information, sans pouvoir vérifier.

« Croire. N’importe quoi, tu l’avales. Tu sais que parfois, les gens se souviennent de travers ? Et je suis désolé de te l’apprendre, parfois aussi les gens mentent. »

Les deux approches se recoupent, se complètent, mais chacun interprète à sa façon. Les souvenirs d’Isle sont parfois fragiles, presque confus. Tout se bouscule dans son esprit. Un mot mal traduit, une phrase ou un geste mal interprétés et tout peut être remis en question…. Même le lecteur ne sait plus démêler le vrai du faux.

C’est un roman foisonnant, complet parfois complexe, car on sent que tout ne s’emboîte pas vraiment comme si les réminiscences avaient quelques petites imperfections et c’est bien sûr, volontaire. La vie des personnages est jalonnée par des faits historiques réels et par la mémoire juive, ainsi que des rencontres riches en échanges divers, offrant des portraits forts d’individus de pays et de confessions variés. C’est une quête et une enquête. La quête de soi, de ses origines et les recherches essentielles pour avancer. C’est un texte puissant, à l’écriture fluide qui se lit avec tout un panel d’émotions. On peut sourire, serrer les poings devant l’indicible, ou être heureux lorsque l’amour semble arriver….


Lien : https://wcassiopee.blogspot...
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Trois concerts

« Trois concerts » Lola Gruber (Phébus, 588 pages)

Tout simplement MAGNIFIQUE ! Ce « Trois concerts » est une œuvre !

Clarisse Villain (sic !), petite fille tellement repliée sur elle-même que ses parents la craignent autiste, trouve dès son plus jeune âge dans la pratique du violoncelle le seul moyen d’apaiser ses fêlures les plus profondes. Elle est si douée qu’à 7 ans, elle finit par convaincre Viktor Sobolevitz, génie incontesté de cet instrument, de devenir son professeur, son maître. Retiré de la scène publique depuis la mort dramatique de sa femme, celui-ci reste aussi prisonnier de ses blessures, personnelles et musicales. Le niveau d’exigence du vieil homme portera l’enfant puis l’adolescente vers les sommets de son art. Mais Sobolevitz cache aussi une mystérieuse partition pour violoncelle écrite spécialement pour lui par un très grand compositeur, une œuvre mythique après laquelle depuis des décennies tout le microcosme musical court en vain. Clarisse pourra-t-elle, osera-t-elle interpréter cette pièce magistrale ? Jusqu’au moment où Rémy Nevel vient bousculer l’histoire de la jeune prodige ; célèbre critique musical à l’ambition sans limite, carriériste et séducteur, il n’hésite pas à manipuler Clarisse pour arriver à percer les mystères du vieil homme, sans soucis des dégâts qu’il provoque.

Ce roman est une pure merveille à bien des égards. Certes, j’imagine qu’il a au moins deux niveaux de lecture : l’un pour ceux qui maîtrisent les outils, les codes et le vocabulaire de la musique classique et de son univers, qui sont capables d’entendre intérieurement un morceau à la simple évocation de son titre ; l’autre pour ceux qui, comme moi, malgré une sensibilité mélomane, en sont dépourvus. Alors oui, les références sont nombreuses, les détails techniques fourmillent dans une terminologie qui m’est le plus souvent absolument inaccessible, et pourtant, bizarrement, cela n’a absolument pas freiné mon enthousiasme, je ne me suis jamais senti démuni ou exclu. Et profiter en fond sonore d’un quintette à cordes de Schubert en lisant le passage du roman où il est évoqué !...

Il faut dire que c’est d’abord une histoire, une vraie, particulièrement prenante, les surprises et les rebonds sont assez nombreux pour nous empoigner pendant les 600 pages, au dernier quart du roman on se rapproche d’ailleurs presque d’un suspense digne d’un polar. L’émotion est toujours très forte, permanente, les personnages parfaitement portraiturés – y compris les « personnages » instruments de musique. Lola Gruber en dévoile avec une extrême finesse les ressorts intimes. Il faut lire comment elle démonte avec humour les petites mesquineries d’un orchestre, d’un univers musical et de tous ceux qui gravitent autour, critiques, journalistes ou sponsors en mal d’image. Comment elle fouille avec un tel sens de l’observation ce qu’est un apprentissage, une transmission. Ce qu’est aussi un rétrécissement sur soi. C’est une histoire de musique certes, mais aussi de liens, de rapport maitre-élève, d’oubli de soi pour le meilleur ou pour le pire, de désir amoureux, de soumission et de manipulation, de blessure intime. C’est impressionnant de voir Clarisse tellement habitée par son jeu, comment elle résiste, se soumet, plie, se redresse, se bat, s’enferme et se libère. J’ai lu ici ou là que Lola Gruber n’était pas musicienne ; j’ai un peu de mal à y croire. Comme j’ai du mal à croire qu’elle n’ait pas une expérience profonde du repli sur soi, du rapport d’apprentissage dans un lien aussi fort qu’éprouvant de maître à élève, ou de passion amoureuse, tant son écrit est immédiatement convaincant, tant il touche par les vérités si profondément humaines qu’il analyse. J’ai du mal à y croire, mais il est fort possible que je me trompe totalement, peut-être est-il le fruit d’un énorme travail documentaire, mais adossé à un incontestable talent ; et quel talent ! Et c’est bien cela qui compte. Clarisse revisitant sa manière d’interpréter des danses hongroises sur son instrument après avoir dansé pour la première fois ; Clarisse cherchant, dans sa passion musicale, sa propre vérité, son absolu ; chacune des situations que décrit LG est criante de vérité, rien de sonne faux, c’est aussi cela qui touche le lecteur.

Construit par petites touches, avec des allers-retours dans le temps, des chapitres centrés sur les différents personnages, ce roman très bien structuré témoigne aussi d’un formidable travail d’écriture, plein de trouvailles, mais un travail qui se fait totalement oublier. L’expression est souvent assez orale, puisqu’elle passe par la voix, extériorisée ou pas, des différents protagonistes, des « Je » et des « Tu ». C’est facile à lire, parce que c’est peaufiné, débarrassé de tous les oripeaux inutiles, et pourtant c’est une belle langue, poétique, chaude ou âpre suivant les moments.

Et c’est plein de belles trouvailles

« - Ils sont venus au concert pour qu’il leur arrive quelque chose. Qu’il leur arrive à eux, et pas pour contempler ce qui t’arrive à toi. »

« - Sombre et flamboyant, Cesare Piacentino ferme la marche, flanqué de deux grands femmes lentes enroulées à ses pas. »

« - Bientôt ta propre personne ne suffit plus à loger le dégoût que tu éprouves pour elle, le dégoût alors se répand, jusqu’à te gouverner en maître et t’interdire sa société. »

Et cent autres…

Je ferme ce roman tout crayonné de mes soulignages, et je me dis à nouveau que lire est une chance, une grande et belle joie. Merci Lola Gruber.

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Trois concerts

Clarisse Villain joue de la musique, elle entend tout, tout le temps, avec une seconde d'avance, Rémy Nevel est un critique, et Viktor Sobolevitz, un des plus grands violoncellistes du monde. Ces trois là vont jouer une partition à trois. Un jour que le destin les met en présence, le virtuose dont la vie n'a pas été rose, semble trouver dans sa rencontre avec Clarisse, jeune fille, extrêmement douée, un défi à relever. Ces trois là seront au cours du roman finement analysés. le récit, souvent à la deuxième personne, a de quoi surprendre. Peut être est ce dû au passé de dramaturge de Lola Gruber ...Je n'ai pas été emballée par cette lecture. l'histoire y est sympathique mais on ne parvient nullement à s'approprier les personnages. Impossible de se sentir à l'aise dans la lecture ... peut être est ce moi ? peut être aussi le manque de chaleur à l'égard des personnages, décortiqués comme des insectes à la manière d'un chercheur ... en outre, le vocabulaire technique employé a aussi de quoi s'interroger ... j'ai beau avoir une certaine culture générale, je ne suis pas spécialiste dans le domaine de la musique ... bref , je suis passée à côté de ce roman... Dommage ! L'histoire était belle. Merci à netgalley pour le prêt de récit.
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Trois concerts

Tu te dis que pour parler de « Trois concerts », tu pourrais faire comme l’auteur, qui use tout du long de ce « tu » de proximité, en suivant le parcours de Clarisse Villain, sa violoncelliste, enchevêtré dans celui de Viktor Sobolevitz son maître et traversé par celui de Rémy Nevel, ambitieux critique musical et pour elle un petit séisme des sens. Tu penses qu’il faudrait reprendre tout le livre pour en voir apparaître clairement la subtile composition, musicale, sans aucun doute, avec un premier thème, une ligne mélodique, celle des Trois Suites que Paul Crespen composa pour Sobolevitz et qu’il ne joua jamais, repris ensuite pour hanter toute la partition. Sobolevitz, violoncelliste d’origine russe (l’auteur rend parfaitement compte des échos de sa langue natale dans son utilisation du français) autrefois adulé puis devenu musicien maudit (et le lecteur veut savoir pourquoi), reclus dans sa misanthropie et qui pourtant accepta de donner des cours à Clarisse, âgée de 7 ans lorsqu’elle le rencontre. Mais Clarisse n’est pas une petite fille comme les autres : les mots se fraient difficilement un chemin chez elle, la musique lui est plus familière mais sa perception si particulière des choses et son attitude peu avenante dressent ses professeurs du Conservatoire contre elle. Dire que Clarisse, à mille lieues d’adopter les codes de communication en vigueur, sera ensuite mal armée pour s’engager dans une carrière de soliste est un euphémisme, dans ce milieu où le paraître occupe de plus en plus de place.



Tu écris cela et tu te rends compte que tu n’as pas encore évoqué le talent de l’auteur pour parler de la musique, celle qui se fait, se joue, se vit. Tu as déjà apprécié cette manière que peut avoir la littérature de se frotter à elle, dans « Une forêt de laine et d’acier » ou dans « Le temps où nous chantions ». Ici encore, tu as été admirative, saisie par la grâce avec laquelle l’écrivain capte pour le retranscrire en mots ce qui semble du seul domaine du son, impressionnée par sa capacité à rendre les couleurs d’une mélodie et les difficultés techniques auxquelles se voit confronté l’instrumentiste, sans parler du supplément d’âme à apporter dans son exécution. Tu constates que, bien que mélomane, ta méconnaissance totale dans ce domaine (la musique côté partitions) te rend sans doute incapable d’apprécier la performance des interprètes à leur juste valeur et tu découvres à quel point l’habillage de la prestation (sa mise en scène, le physique du musicien, sa présence sur les réseaux sociaux etc.) peut aussi influer sur la perception des auditeurs/spectateurs.



Tu es sortie de ce roman enchantée de ce voyage musical, avec une furieuse envie d’écouter du violoncelle (d’ailleurs tu n’as pas attendu la fin du roman pour le faire). Tu sais que Clarisse Villain, héroïne singulière, te restera longtemps en mémoire et tu vas aussi, désormais, observer d’un œil plus averti tout ce qui concerne la « promotion » des interprètes de la musique classique.


Lien : https://surmesbrizees.wordpr..
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Horn venait la nuit

Des vies en parallèles, celles de Isle et Simon entre Bratislava et Budapest pendant les années 1950 et « les rigueurs » du communisme après l’invasion de la Tchécoslovaque par Hitler »

C’est une promenade grave et magnifique, parce que les personnages qui sillonnent le roman seraient des gens ordinaires s’ils n’étaient pas secoués par l’histoire, bousculés par le hasard, frappés par le destin qu’ils assument pourtant avec panache…

Mais au delà de la construction superbe de cette aventure rocambolesque, c’est l’écriture de Lola Gruber qui happe le lecteur, non pas de façon linéaire mais par à coups. Elle rentre dans votre âme avec l’intention d’y faire des vagues , déclenche une tempête émotive et se retire tranquillement jusqu’à vous surprendre encore et encore..

L’auteur casse vos certitudes, vous déstabilise au détour d’une phrase.. Lola Gruber est une conteuse née.

Vous terminez le roman comblé, épuisé, drogué par les mots, émerveillé comme un enfant, inconditionnellement accroc, et plus instruit enfin…

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Horn venait la nuit

Bouleversant - Coup de cœur!

"Si l’on pouvait seulement dire à la vie aussi, « Laisse-moi tranquille ! ».. Mais elle revient toujours, elle s’accroche à votre dos comme une hydre et elle.. vous étrangle"

De l’Histoire - du voyage - du drame – de la mort - de l’amour - une quête de soi –des âmes qui se cherchent mais ne se trouvent pas. Tout ce que j’adore.



Ici, direction l’Europe centrale. D’abord en Tchécoslovaquie et Hongrie à partir des années 40, nous suivons le personnage d’Isle pendant la guerre puis sous le régime communiste.

En parallèle, il y a Simon, détective amateur et maladroit qui parcourt l’Europe centrale en 2013 à la recherche de son histoire familiale.  J’ai adoré découvrir cette époque de l’histoire de la République Tchèque, Slovaquie et Hongrie, que je ne connaissais pas particulièrement.

Il m’est arrivé de lire plusieurs romans sur l’histoire de l’URSS et du bloc soviétique mais jamais sur ces pays-là spécifiquement. Immersion totale.    



Et puis. J’ai été percutée par l’histoire d’Isle, cette jeune femme qui essaie de survivre à la vie. Une vie que j’ai trouvé d’une tristesse infinie - et en même temps tellement belle - troublée par les pertes, par les drames et par un amour si fort et si grand qu’il a définit l’ensemble de son être et de sa trajectoire.

C’est fou de se dire qu’un destin tient à si peu. Un jour. Une très brève rencontre. Elle était là, il était là. Horn, un personnage mystérieux, plein de secrets, plein de fêlures. Il manie les mots, raconte des histoires, rien n’est vrai, tout est faux, on ne sait plus.

Alors, c’est un coup de foudre, et toute une vie qui bascule. Cela m’a fait penser à cette phrase de Charles Bukowski  et qui résume ma sensation tout le long de la lecture « Il n'y a pas de vide plus grand que lorsque quelqu'un entre dans votre vie, la chamboule et s'en va. »

Bref, lisez-le.
Lien : https://www.cinquantedeuxliv..
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Horn venait la nuit

Une bonne critique du Monde littéraire et un titre mystérieux m'ont conduit vers "Horn venait la nuit" de Lola Gruber



Certes, des premières pages un peu confuses et le 3457e récit d'askhenase revenant sur les traces de ses ancêtres ont failli m'arrêter illico (la formule des extraits qu'Amazon expédie gracieusement sur la liseuse est également un fort obstacle à dépasser les deux premiers chapitres de tout bouquin).



Poursuivant malgré tout, je suis rentré dans le roman au fur et à mesure que le récit se structurait et que l'askhenaze memoriel se faisait tout petit au fil des pages.



Et, au milieu du roman, en guise de récompense, un chapitre miraculeux d'une cinquantaine de pages, celui justement où "Horn venait la nuit". Ici le roman est atteint par la grâce, on est quelque part entre le Albert Cohen de Belle du Seigneur et Kundera.



Ces hauteurs atteintes on redescend doucement la montagne dans la deuxième partie où l'askhenaze reprend beaucoup de place et ou petit à petit les fils de l'intrigue politico-policiere se denouent (je suis quand même resté perplexe d'un "pas fou fou" glissé dans le texte).



A lire au moins pour ce chapitre miraculeux, et pour la magie qui réapparaît à chaque fois que le nom de Horn est prononcé.
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Horn venait la nuit

À Berlin, celui d'après la chute du mur, la vieille Ilse Küsser ouvre une enveloppe sur laquelle ont été inscrites toutes les adresses où elle a vécu. Autant de petits cailloux mémoriels qui façonnent une longue existence.

À l'intérieur de l'enveloppe se trouve une lettre dont on connaîtra la teneur à la toute fin du récit de Lola Gruber qui exploite cet artifice pour plonger son héroïne dans son passé.

Encore enfant lorsque Hitler envahit la Tchécoslovaquie. Elle perd successivement son père et ses frères, et sa mère sombre dans la folie. Passionnée de gymnastique, elle rêve d'en faire son métier. C'est lors d'une compétition qu'elle croise de regard d'Edit, une fillette aux pouvoirs miraculeux qui deviendra son amie. Une autre rencontre sera décisive : celle avec le mystérieux Horn, dont la figure hantera sa vie...

À ce cheminement mental s'oppose le voyage physique de Simon Ungarn. Largué par sa compagne, viré de son travail, il profite de la perte de ces attaches pour partir en quête de ses origines, une démarche étonnante de la part d'un jeune homme peu ambitieux, plutôt flemmard et obsédé par Jules Verne et le film « Casablanca » !

Ses racines, compte tenu de ses mauvaises relations avec son géniteur tout juste décédé, il ne les connaît pas.

Muni d'une bien maigre information – le lieu de naissance de son grand-père paternel -, il prend la direction d'Olomouc, cité de l'actuelle Tchéquie, puis de Bratislava « où les Ungar avaient jadis été des juifs miséreux, et bientôt réduits en fumée ».

Avec « Horn venait la nuit », ample et ambitieuse fresque historique, Lola Gruber nous embarque au cœur d'une Mitteleuropa marquée par une succession de drames qui ont façonné les peuples : déplacement de populations, haine entre les communautés, antisémitisme, nazisme, communisme, nationalisme exacerbé, censure...

La Hongrie est l'archétype du pays qui a subi tous les soubresauts du 20e siècle et du premier quart du 21e.

Séparée de l'Autriche à l'issue de la Première Guerre mondiale qui décide de rattacher des territoires en majorité magyarophones aux états voisins, elle subit le régime autoritaire d'Horthy avant de passer sous un pouvoir tout dévoué à l'Allemagne nazie. Dès la victoire des Alliés, les Soviétiques la domineront jusqu'au début des années 1990. Après une petite vingtaine d'années d'expérience démocratique, elle porta au pouvoir Viktor Orban avec les conséquences que l'on connaît.

« Horn venait la nuit » est un roman époustouflant de virtuosité et, paradoxalement, souvent drôle. Par la magie de la fiction et les portraits de Simon et, surtout, de la magnifique et solitaire Ilse, il fait surgir le tragique de l'histoire broyeuse d'hommes obligés de choisir entre le bien et le mal, la trahison et la loyauté, mais plus souvent situés dans une zone grise. Parce qu'il faut bien survivre.

Une lecture indispensable pour mieux comprendre le monde dans lequel nous vivons. Parce que le passé est une dimension du présent.



EXTRAITS

Les Russes […] te violent et te refilent la vérole, et après ils te sortent la photo de leur mère ou de leur Svetlana chérie, avant de se mettre à chialer, c'est encore ça le plus dégueulasse.

Les Tchécoslovaques, ce bon peuple modéré, démocrate et doux, ils ont chassé les Allemands comme des brutes.

Si l'on pouvait seulement dire ça à la vie aussi : « Laisse-moi tranquille! »... Mais elle revient toujours, elle s'accroche.

Maintenant, on gagne sa vie en donnant des cours d'égoïsme.

Selon le principe totalitaire, tout ce qui n'est pas obligatoire est interdit, et tout ce qui n'est pas interdit est obligatoire.
Lien : https://papivore.net/littera..
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Trois concerts

Parlant de ses suites, le compositeur Paul Crespen a déclaré "Chacune contient ce qui manque à l'autre". Ces suites auraient dû être créées par le violoncelliste Viktor Sobolevitz, puis après un événement tragique, elles le furent (mal) par un autre, et finalement jamais jouées depuis des décennies, même si Sobolevitz restait libre d'en décider. Mais, reclus, ayant mis un terme à sa carrière, fuyant tout contact ou presque, lui seul sait où sont ses partitions et l'enregistrement de l'Arpeggione avec sa défunte épouse.

Remy Nevel est critique musical, doué, ambitieux, sa fascination pour Sobolevitz pose question (on aura la réponse bien plus loin) et il fait connaissance (intéressée?) de Clarisse Villain, violoncelliste atypique qui fut élève de Sobolevitz pendant des années.



Au fil des pages, on passe d'un personnage à l'autre, voyant comment les fils se tissent, apprenant à les connaître, gare aux détails révélateurs, et pour ma part m'attachant beaucoup à Clarisse, perdue dans ses interprétations et travailleuse acharnée, cherchant la quasi perfection. Lola Gruber décortique finement l'approche des oeuvres, mélangeant souvent pensées de l'instrumentiste et jeu de l'instrument, c'est fascinant même si on ne connaît pas grand chose au violoncelle et la musique. Bien d'autres personnages gravitent autour de ce trio, et l'ensemble donne un roman foisonnant qui m'a emballée!
Lien : http://enlisantenvoyageant.b..
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Trois concerts

La musique par les mots.



Ce roman nous plonge dans le destin de Clarisse, une enfant sombre et morose, dont la vie va se métamorphoser grâce au violoncelle.

Un voyage musical, à tracers la musique classique et, les trois personnages centraux. Clarisse l'élève du grand Viktor Sobolevitz, amoureux intransigeant d'art, et Rémy Nevel, critique musical ambitieux.

On lit se roman avec avidité à travers une partition de mots qui nous enracine cette petite musique dans un coin de notre tête et qui nous fait du bien.

Lola Gruber raconte la musique avec les mots comme personne à mon humble connaissance.

Un roman ponctué par une analyse psychologique sur notre soif de pureté et de reconnaissance.

Je recommande vivement ce roman. Un véritable coup de cœur.
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Trois concerts

J’ai adoré. Je ne sais pas vraiment pourquoi, je sais qu’il y a des manques, des choses qui me sont insupportables d’habitude, mais, j’ai adoré.

Au début il faut se faire à l’écriture, particulière. Un tutoiement constant, une façon de nous glisser dans la tête des personnages. Mais suffisamment maîtrisé pour que l’on y accède rapidement, et qu’on oublie peu à peu cette pirouette.

Ensuite il y a les personnages. L’auteure ne nous les offre pas tout entiers dès le début, ça peut être déroutant. Mais c’est tellement intéressant de les découvrir peu à peu, comme eux se découvrent. Et ce ne sont pas des personnages creux, sans relief. Vous n’aurez pas le vieux qui jouait comme une Dieu, la jeune fille blonde filiforme qui fait tomber tout les hommes, loin de là. Ils ont des failles, des doutes, des interrogations, des moments où ils ratent leur chemin, et où ils le retrouvent.

Et enfin, il y a la musique. La vraie. Celle des mots et celles des notes. Je crois que c’est ça qui m’a le plus conquise. Bien sûr au début je me suis demandé si ça n’était pas un livre pour initiés. Qui peut mieux comprendre que ceux qui ont déjà passé des heures sur une partition, avec un professeur qui vous parle de tout sauf des notes, mais en fait qui ne vous parle que de ça? Mais je crois qu’on peut apprécier ce livre même sans ça, et avoir ensuite envie d’écouter des heures et des heures de violoncelle.

D’ailleurs j’ai lu ce livre en écoutant les morceaux dont l’auteure parle (sauf un, l’essentiel, mais vous comprendrez en lisant le livre). Il devrait être fourni avec un album, ou tiens, une playlist Deezer, même si je vous l’accorde le son est pas top si on est un mélomane averti. Mais si on est un lecteur curieux, ça devrait aller!

Alors voilà, c’est vraiment un livre parfaitement réussi, pas forcément « facile », mais une fois qu’on tombe dedans, on n’en ressort pas facilement.

J’en ai même lu quelques passages à mon fils de bientôt 8 ans, lui qui parfois se bat avec son violoncelle comme un boxeur…
Lien : https://stephalivres.wordpre..
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Horn venait la nuit

Une fresque exaltante dans les méandres d'une période opaque de l'histoire de l'Europe centrale.
Lien : https://www.lefigaro.fr/livr..
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Trois concerts

Clarisse Villain voit les choses différemment, mais surtout entend avec une seconde d'avance. Un avantage pour cette jeune violoncelliste en herbe, qui par ailleurs n'a pas la même facilité que les autres dans les relations sociales... Elle se retrouve finalement être la seule élève d'un violoncelliste de renom, qui la prend sous son aile musicalement. Cependant, la vie de musicien professionnel n'est pas si facile à saisir, surtout quand on n'a pas la même vision du monde que les autres. Clarisse va s'y frotter a plusieurs fois, tentant de briller par sa musique avant tout, mais étant toujours perçue comme l'élève de son maitre...
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Trois concerts

Comme dans l’un de ces spectacles où l’on siège par accident, sans même connaître le programme musical qui s’offrira dans un instant, j’ai ouvert le dernier roman de Lola Gruber avec l’avide envie de me laisser surprendre. Et j’en suis sortie ravie! Trois Concerts retrace trois destins bien distincts et, à la manière des notes liées sur une portée, ils finiront par composer le même air qui nous restera longuement en tête. Clarisse Villain, enfant silencieuse qui apprend le violoncelle dès son plus jeune âge, le fera auprès de Viktor Sobolevitz, l’un des plus mystérieux interprètes du répertoire violoncellistique. Nous la voyons grandir, franchir les étapes de cet art fatal et complet, jusqu’à se fondre dans la méthode stylistique de son maître. Elle affronte les concours aseptisés où bien souvent la beauté physique et la notoriété historique d’une nationalité prennent le pas sur le réel talent. Viendra ensuite, Rémy Nevel, critique musical populaire et premier amant de Clarisse qui l’instrumentalisera à sa manière pour accéder à son tour aux feux des projecteurs. Ce livre polyphonique à la rythmique exemplaire nous donne à voir le monde hermétique et énigmatique de la musique classique. Madame Gruber maîtrise sa baguette de chef littéraire avec justesse et sans fausse note, elle s’éloigne de tous stéréotypes et clichés communs à cette sphère artistique intransigeante.
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