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Citation de Hardiviller



Faire un pas de côté et laisser à l'actualité ses conclusions , s'en remettre à la fiction , aux lignes droites préférer le motif du pointillé , ces traces laissées par Mercy Short , Mary Jamison et Patricia Hearst que je découvre lors d'une résidence à Smith College ( Massachusetts )

Elles ont 17 ans en 1690 , 15 ans en 1753 et 19 ans en 1974 . Leur point commun : elles choisissent de fausser compagnie au futur étroit qu'on leur concoctait et désertent leur identité pour en embrasser une nouvelle , celle des " ennemies de la civilisation " de leur époque , les natifs américains pour les deux premières , un groupuscule révolutionnaire pour la troisième .

La rencontre est au centre de Mercy , Mary , Patty , la mienne et celle de mes personnages , Violaine et Gene Neveva , avec celle qui , en 1975 , tourna brièvement le dos au capitalisme pour se rallier à la cause de ses ravisseurs marxistes : Patricia Hearst .

Sa voix rythme le récit , défait les territoires idéologiques et dévoile l'envers de l'Amérique , elle porte en elle une question qui se transmet de personnage en personnage , question-virus qui se transforme en fonction du corps qui l’accueille : que menacent-elles , ces converties , pour qu'on leur envoie polices , armées , prêtres et psychiatres , quelle contagion craint-on ?

Patricia Hearst met à mal toute possibilité de narration omnisciente , à son épopée ne conviennent que des narrations multiples .

Si mon précédent roman interrogeait la façon dont les systèmes politiques s'affairent autour des corps de jeunes filles , Mercy , Mary , Patty s'attache à l'instant du chavirement , du choix radical et au procès qu'on fait subir à celles qui désertent la route pour la rocaille , des procès similaires sur trois siècles , au parfum d'exorcisme

Mercy , Mary , Patty est semé du sable des Landes où se déroule le récit , ses grains minuscules enrayent la fiction d'un monde " civilisé " , auquel on se devrait de prêter allégeance .
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