On dit des femmes qui écrivent leur expérience de vie qu'elles « se » racontent, que leur récit est « personnel ». Le journal intime d'un homme, en revanche, semble contenir des vérités universelles. S’atteler au récit du monde a longtemps été l'apanage de ceux qui pouvaient l'arpenter, ces « récits de grands voyageurs ». Aux femmes, on abandonnait l'examen des sentiments, on leur concédait un savoir de l'intime, de l'intérieur, qu'il soit domestique ou sexuel. (p.99)