« Quand tu écouteras cette chanson » fait partie de la collection « Ma nuit au musée » des Editions Stock, dont le principe est le suivant : demander à un auteur de choisir un musée dans lequel il aimerait passer la nuit, à charge pour lui de mettre ensuite ses impressions et réflexions par écrit.
Le choix de Lola Lafon s'est porté sur le musée Anne Frank à Amsterdam. Elle s'y est rendue le 18 août 2021 et y a passé la nuit, seule avec son ordinateur. Enfin, seule, façon de parler. Pourtant, ce n'était pas tant les fantômes d'Anne Frank et des sept autres personnes qui ont été cachées dans l'Annexe, de juillet 1942 au 4 août 1944, pour échapper aux nazis, entouraient Lola Lafon. Non, ce qui hante le musée, la nuit, ce n'est pas tant une présence, c'est l'absence. L'absence d'objets (l'Annexe est resté tel quel, quasi vide, depuis que les nazis l'ont dévasté), l'absence de vie, l'absence d'Anne Frank, cette jeune fille que le monde entier s'est approprié telle une icône, et dont Le Journal a été et sera lu par des générations d'écoliers.
Lola Lafon déambule dans le musée, hésite à entrer dans la chambre d'Anne Frank, s'interroge sur sa propre légitimité à écrire sur la jeune fille, fait entrer en résonance (sans les assimiler) l'histoire de sa propre famille, juive également, avec celle des Frank, évoque aussi le souvenir d'un ami d'enfance cambodgien, sur le point de rentrer dans son pays avec ses parents diplomates, sans imaginer le danger qu'ils couraient, alors que les Khmers rouges viennent d'arriver au pouvoir.
Lola Lafon tente de nous faire appréhender Le Journal non pas tant comme un témoignage du confinement forcé d'une jeune fille juive et de sa famille pendant deux ans, que comme un texte littéraire en tant que tel, insistant sur le fait qu'Anne Frank voulait faire oeuvre d'écrivaine et souhaitait voir son journal publié. Elle revient aussi sur la construction hollywoodienne du mythe Anne Frank dans les années 60, avec pour résultat un film ultra-lisse, presque rose bonbon, voire kitsch, sans allusion au désespoir ni image des camps de concentration.
Le destin fauché d'Anne Frank serre le coeur évidemment, Lola Lafon écrit très bien, avec beaucoup de sensibilité et de délicatesse. C'est très beau, très juste, mais, pour une raison qui m'échappe, cela ne m'a pas vraiment touchée.
En partenariat avec les Editions Stock via Netgalley.
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