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Citation de Nastasia-B


Tous ont leur folie !... Autres sont les tiennes,
Cadix, belle au bleu sombre de la mer !
Dès que des coups de matines s'égrennent,
Tes saints fidèles comptent leur rosaire.
Pour leur salut, la VIERGE a fort à faire
(C'est bien la seule vierge ici, je gage) :
Tant de crimes que diseurs de prières !
Au cirque alors les mène leur usage,
Distraction que jeune ou vieux, grand ou vil, partage.
[...]
La clameur cesse, et, sur de fiers coursiers,
Panaches blancs, éperons d'or, surviennent,
La lance bien d'aplomb, les cavaliers
Prêts pour l'exploit, saluant dans l’arène,
Riches d'écharpes, qu'un trot vif entraîne.
S'ils brillent au jeu dangereux tantôt,
Les cris seront leurs, les yeux qui s'éprennent,
Le plus haut prix des actes les plus hauts :
Les seuls guerredons des rois paieront leurs travaux...

D'une cape fastueuse paré,
À pieds, leste mollet, le matador,
Au centre, brûle de se mesurer
Au roi des troupeaux meuglants. Mais d'abord,
D'un pas prudent, tout le champ il explore :
Rien d'invisible n'aille contrarier
Sa lutte à distance ; d'un dard encor,
Il ne peut mieux sans l'amical coursier...
Condamné à souffrir pour lui et à saigner.

Trois fois, le clairon — le signal ! — s'entend,
Et l'antre s'ouvre, et la muette Attente
Au sein d'un cirque bondé ses suspend.
Une fois bondit la brute puissante,
Regard sauvage, et sa foulée tonnante
Bat le sol ; aveugle, elle ne s'élance :
Son front çà et là menace, elle tente
Ses premiers chocs, par fureur, en tous sens
Jetant sa queue ; en son grand œil rouge ardeur danse.

Il s'arrête, l'œil fixe... Sauve-toi !
Jeune fou, apprête ton trait cinglant.
Il faut périr alors, ou bien déploie
L'art qui réfrénera son fol élan.
D'un bond tournent les coursiers pleins d'allant,
La bête écume, et blessée se démène
— Le clair torrent pourpre flue de son flanc —,
S'affole et souffre et fuit ; les dards s'assènent ;
De sourds mugissements font s'exhaler sa peine.

Il revient. N'y servent ni dard, ni lance,
Ni bonds furieux du cheval qui se tord.
Assaillent l'homme et son fer de vengeance !
Sa lame est vaine, et plus vain son effort.
Un coursier déchiré couche son corps.
Horreur ! L'autre, éventré, montre l'espace
Sanglant où de la vie frémit l'essor
Mourant, il cabre sa faible carcasse,
Porte son maître indemne, et tremble, et tout surpasse.

Traquée, en sang, soufflant, haine attisée,
Au centre se tient la bête acculée,
Blessée, parmi dards, lance brisée,
Ennemis défaits dans l'âpre mêlée.
Les Matadors jouent à le harceler
Avec la cape et l'épée ; il s'échappe,
Traverse tout, foudroyante foulée...
Fureur lasse ! En la main vole la cape,
Voile son œil ardent... Au sol sa masse frappe.
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