Citations de Laurence Nobécourt (218)
Je suis tranquille. J’ai un livre et de quoi écrire. Le temps peut aller, j’entre dans celui qui est hors.
La plupart des couples, absents l'un à l'autre, voyagent seuls à deux.
C'est étrange comme ici les gens seuls semblent davantage "avec". C'est un paysage qui appelle la solitude. Par son immensité, sa puissance tranchante, il témoigne d'une vérité qui ne supporte aucun artifice. Face aux fjords, seule la solitude ne triche pas. L'indifférence du paysage est proche de l'amour.
En moins d'une demi-heure, nous voilà de l'autre côté. En Terre de Feu. Et bientôt en Argentine.
Une joie inexplicable me prend tout entière. Il n'y a rien. Rien. Rien. Sinon des étendues illimitées qui profanent l'habitude du regard et le forcent à se perdre. Des moutons. Aucune clôture. Rien. Des autruches, comme de drôles de chapeaux mondains égarés, plumes au vent. Des flamants roses. Des oies. Rien. Des chevaux. Rien. Parfois un homme. Une maison. Rien. La phrase de Cendrars bat comme un métronome contradictoire. "Il n'y a plus que la Patagonie, la Patagonie qui convienne à mon immense tristesse..."
_ C'est qui schizophrène ? demande brusquement Élie, son neveu et allié.
_ Un superhéros.
Quel est son pouvoir ?
_ Il peut sortir de le réalité, mec !
_ Waouh !
C’est beau quand les êtres s’aiment,Dieu peut enfin aller à la plage.
Mais d’où cela vient-il donc que mon corps entier se mette à sourire. Ma tristesse inutile s’est dilapidée aux quatre vents de cet océan de terre, poussière d’écume insignifiante éparpillée dans ce tourbillon de calme. Le paysage est libre. Libre. C’est le singulier épousé par l’unité du tout. Socrate dit que « la sagesse commence dans l’émerveillement ».
Seul celui qui a totalement accepté la solitude peut prétendre être accompagné. (p. 105)
Ceux qui l'osent ont appris que l'écriture est habitée de sexualité comme le ventre, et qu'il faut s'y enfoncer avec la même ardeur que les consonnes masculines fouaillent la béance des voyelles dans la phrase. C'est au prix de cette conscience-là, et de l'enjeu qu'elle représente, que l'esprit circule entre les lettres et porte le souffle.
Les poètes le savent, les prophètes et les saints : que les mots sont aussi sexuels que le corps des femmes et que le souffle les fécondent s'ils se laissent épouser.
Oui, la vie porte l'absolu et il revient à l'homme de l'incarner ici, qui ne l'atteindra jamais.
Oui, la beauté, la poésie, l'amour, l'éros, la joie, la subversion, l'autonomie, l'indépendance sont des valeurs contemporaines qu'il reste à défendre.
Oui, le but de l'homme est l'amour, toujours plus d'amour.
Oui, n'en déplaise aux marchands, aux esthètes, aux cyniques, aux épargnants, aux religieux et aux athées, la vie se conjugue dans la dépense, le don, l'ouverture, l'acceptation, la perte.
Dans sa réalité triviale,la vie n’a réellement aucun sens.Dans son mystère, elle est sublime.
Quel fil fait tenir les soirées d’ombre jusqu’aux matinées de joie, sinon celui de la confiance ?
Et pourquoi nous ne partons pas ? Pourquoi nous ne quittons pas nos foyers rassurants où l'ennui nous fixe plus sûrement qu'aucun élan nous transcende, pourquoi nous ne filons pas un soir avec trois chemises dans une valise ? Parce que nous avons peur, parce qu'il nous a été enseigné qu'il n'y a point de salut hors du foyer, de la famille, de la sociétè, d'un emploi stable, et pourtant il n'y a rien de plus faux.
Yasuki me dit qu'il y a deux hémisphères sur la terre pour que les êtres humains ne dorment pas tous en même temps ; sans quoi il n'y aurait plus assez de rêves pour faire exister le monde. p 148
Oui, retourner à la littérature, le seul lieu où l’ici et l’ailleurs sont enfin une même et unique existence.
Il appartient aux vrais pauvres, c'est-à-dire aux vrais riches : pauvres d'avoir mais riches d'être.
" La seule réponse à la vie est de s'enfoncer dans la question."
« Plus on se connaît, moins on fait chier les autres. » Car c’est une chose que de se regarder le nombril, une autre que de mener ce travail sacré d’apprendre à se connaître soi-même dans le « souci de soi » qu’évoquait déjà Socrate. « Epimeleia heautou ». C’est là la première générosité véritable à l’égard d’autrui. « Connais-toi toi-même et tu connaîtras l’univers et les dieux. » Comprendre ce qui nous traverse, c’est assurément pouvoir accueillir ce qui agite autrui.
Que puis-je raconter de Unica ? Avons-nous jamais connaissance des êtres auprès desquels nous vivons ? (p. 18)
Implacablement la lumière se répand sur celui qui l’a cherchée au milieu des tourments.Implacablement l’ombre gagne celui qui a cru faire l’économie de la regarder de face.
_ Je vais te dire quelle est la différence entre l'insoumission et la rébellion. Celui qui est rebelle reste fils, il ne fait que s'énerver contre son père. Moutonsnoirs, moutons blancs, tous tondus... Fais attention, Kamel ! L'insoumis, lui, est un homme à part, car il possède son pouvoir personnel.