Ils dînaient, jouaient aux cartes, couchaient ensemble, de façon douce et naturelle. Et un jour, Sonny sut. Il comprit, tout à coup, ce qu’il ressentait quand ils se tenaient la main, quand Luki faisait des petites choses gentilles pour lui. Quand, encore au lit, il grimaçait sous la lumière du soleil, mais le remerciait malgré tout pour le café. Il comprit, tout à coup, pourquoi il dormait si profondément dans ses bras, pourquoi après le sexe il se recroquevillait contre le réconfort de son torse large, et pourquoi leurs rapports sexuels lui donnaient envie d’une prochaine fois. Il aimait Luki Vasquez, purement et simplement.
Mais il pensait qu’il n’était pas sage de le dire, pas tout de suite.
— J’aimerais te regarder travailler.
— Je ne laisse personne me regarder travailler.
— Je ne pleure jamais.
Il tenta de sourire, pour prétendre que c’était une blague. Sonny se tourna pour le regarder.
— Si, Luki, dit-il. Tu pleures. Tu pleures la plupart du temps, et tout le monde le sait sauf toi.
Luki résidait soi-disant chez Sonny par mesure de sécurité, et restait vigilant, ses armes en lieu sûr mais à portée de main, alerte – semblait-il – même dans son sommeil. Il avait fait en sorte que ses agents soient de surveillance en permanence, observant et vérifiant un périmètre d’environ quarante mètres, dont l’arrière de la maison – où, d’après les plaintes de Kim, les arbres et les buissons étaient si épais qu’ils pourraient les embourber et ne jamais les laisser repartir.
— Ouais, dit Luki en souriant.
Pas beaucoup, mais un peu.
— Mon Dieu, chef, tu souris.
— Peut-être.
— Attends une minute... OK, j’ai fini de m’étouffer sous le choc. Maintenant, tu es déjà allé dans ces arbres là-derrière ?
— Une fois, et je n’y retourne pas, mais toi oui.
Luki repoussa sa veste et lui montra ce qu’il y avait là-dessous. Ou une partie de ce qu’il y avait là-dessous, et pas forcément celle que Sonny aurait aimé voir.