![]() |
Les offrandes de Louis Carmain
Maude possédait, un peu pour cette raison, un pistolet. Aussi, disait-elle, parce que l’objet donne de la crédibilité. Elle avouait l’avoir brandi une fois dans une enquête de haut niveau. Le vol d’un serpent corail. Elle avait tiré dans le bras d’un trafiquant de reptiles manchot qui menaçait l’animal d’un canif tout en la sommant de reculer. L’ophidien fut blessé pendant l’altercation; le propriétaire refusa de payer pour ce salopage. Le manchot perdit l’usage de son bras. Un fiasco à la suite duquel Maude cessa graduellement de porter l’arme. Elle ne la prenait que pour visiter ses clients les plus radins. C’était pour eux comme si l’arme justifiait ses tarifs. Sinon, pas besoin. Il suffisait de parler, de choisir les bons mots. Peu de mots. Se taire. |