Louis Dollot

La traite des Noirs - Pour mettre en valeur leurs colonies tropicales et équatoriales, les Européens prélevèrent en Afrique, non sans d'énormes pertes pendant la capture et le transport, des esclaves noirs. C'est la fameuse traite, grande tare de l'Ancien Régime. Elle a été pratiquée successivement par les Hispano-Portugais, les Hollandais, puis les Anglais qui, au XVIIIe siècle, devinrent les négriers par excellence, quand ils eurent obtenu, au traité d'Utrecht, le monopole de l'Asiento. La Jamaïque, qui, en 1698, comptait déjà 192 000 esclaves sur 210 000 habitants, devint un immense entrepôt de « bois d'ébène ». En dix ans, de 1783 à 1793, les navires négriers de Liverpool transportèrent d'Afrique (de Guinée surtout) en Amérique 308 000 esclaves. L'importance de la traite, qui ne sera abolie qu'en 1815, peut être appréciée par le fait que pendant trois siècles les colonies américaines ont reçu plus d'esclaves noirs que d'immigrants blancs.
Ainsi de vastes régions côtières de l'Afrique se sont dépeuplées, alors qu'en Amérique s'est posé, avec la question noire, un douloureux problème de coexistence raciale.

1305 - [Que sais-je ? n° 224, p. 26]