Poésie - Quelqu'un - Louisa PAULIN
La chanson du silence
Viens, nous entendrons, ce soir, la chanson du silence,
la chanson qui commence,
quand s'achève, la nuit, le chant du rossignol;
la chanson qu'on entend à la douce croissance de l'herbe,
la chanson de l'eau vive
qui se repose, un moment, au reflet d'un rameau;
la chanson de la branche
qui frissonne et qui danse
délivrée du poids amoureux d'un oiseau;
la secrète chanson berçant l'ombre bleuâtre
du lis défaillant de promesse printanière,
qui attend, pour fleurir, un signe de l'azur.
Lointain rêve
Mon Dieu, qu’il sera doux d’être une vieille dame
avec des cheveux blancs très flous,
avec des robes d’un gris mauve
comme les ramiers de septembre,
avec des joues un peu froissées
comme les roses de novembre
dans le jardin abandonné.
Avec un cœur tout apaisé
et qui ne sera plus tremblant
comme une herbe battue de vent.
Mon Dieu, qu’il sera doux d’être une vieille dame,
assise à l’ombre de sa vie,
avec de fines mains pâlies
et jointes sur des souvenirs,
avec de lentes mains lassées
comme deux ailes repliées
sur le pur silence de l’âme.
Nouvelle année, année nouvelle
Dis-nous qu'as-tu sous ton bonnet ?
J'ai quatre demoiselles
Toutes grandes et belles :
La plus jeune en dentelles,
La seconde en épis,
La cadette est en fruits
Et la dernière en neige.
Voyez le beau cortège !
Nous chantons, nous dansons
La ronde des saisons.
[ Je vous souhaite à tous
quatre saisons qui chantent
pour une année qui danse
et qui vous soit très douce...
mila ]
Silence de l’automne
Silence de l’automne quand le vent s’est posé,
Doux comme une plume de palombe
Echappée de la noire main du chasseur.
Silence blond de l’automne
Où l’on entend la dernière guêpe
Et le plus caché au plus profond du cœur.
-
Silenci de l’auton
Silenci de l’auton quand lo vent s’es pausat
Doç coma una pluma de palomba
Escapada de la negra man del caçaire.
Silenci saure de l’auton
Ont s’ausis la darrièra vèspa
E lo mai escondut al plus prigond del còr.
« Direm a la nòstra nena », éd. Vent Terral, 1984, 92.
Rêve
Nous rêverons, dans le soir, à des sources perdues,
bourgeons d’eau et musicales fleurs de lumière
qui jamais, jamais plus,
ne vous vêtiront d’amour, ô pauvres terres nues !
Miracle du silence, de l’eau, de la lumière,
ô beautés perdues !
Quel vent vous a bues,
ô vous, sources perdues,
qui ne pouvez plus fleurir ?
Nous rêverons, dans la nuit, à des sources perdues
et je poserai mon front sur tes belles mains nues.
Mes larmes, non plus, tu ne les verras pas fleurir.
-
Sosc
Soscarem, dins la nuèit, a de sorgas perdudas,
borrons d’aiga e musicalas flors de lutz
que jamai, jamai plus,
vos vestiràn d’amor, ò pauras tèrras nudas !
Miracle del silenci, de l’aiga, de la lutz,
ò belòias perdudas !
Quin vent vos a begudas,
ò vos, sorgas perdudas
que podètz plus florir ?
Soscarem, dins la nuèit, a de sorgas perdudas
e pausarai mon front sus tas bèlas mans nudas…
Mas lagremas, tanpauc, las veiràs pas florir.
Œuvre poétique / Òbra poetica, J. Blanc éditeur, Valence d’Albigeois, Vent Terral, 2015. Version française de l’auteure.
Je ne veux pas descendre malgré tous ces gens qui me tirent par tous les bouts. Je comprends trop bien ce soir Heine "Ils m'ont blessé, les uns avec leur haine et les autres avec leur amour". Les indifférents blessent aussi, quoi qu'on dise. Ils vous happent, déchirent vos beaux haillons et vous jettent à la boue de gré ou non et on les subit, on les subit....