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Citations de Louise Browaeys (92)


Elle n'est pas inerte, la nature, elle est vivante et déchaînée ! Notre monde a déclaré la guerre à la nature. Tu comprends ? J'ai un sentiment d'impuissance face à l'ampleur de la menace. J'ai peur de ce qui vient et de ce qu'Aurélien devra vivre, je me sens découragé devant les souffrances, le pillage, l'atteinte aux générations futures, l'engourdissement psychique et la surdité face à l'état de notre monde...
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J'ai remarqué que dans les moments de joie ou de douleur, dont les effets sont, somme toute, assez proches : on pleure, on sue, on parle tout haut, on tourne en rond dans sa chambre, on lève les bras au ciel, on se pince les cuisses, et bien qu'une joie soit plus difficile à communiquer qu'une douleur, on ne sait pas dans l'immédiat si on doit garder cette sensation si multiple pour soi seule, jalousement, ou si l'on doit la partager, au risque d'atténuer son effet car il faudra parler, la communiquer à l'extérieur, et en quelque sorte sauter dans le vide à pieds joints et les yeux fermés.
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Ses yeux dorés étaient comme deux jeunes abeilles, qui tantôt me considéraient avec intérêt et tantôt semblaient chercher un pollen plus sucré ou simplement plus accessible.
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Le passé est un géant qui grandit à mesure que nous rapetissons - jusqu'à disparaître ;
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Je comprenais qu'il y avait sur un corps (comme sur la Terre) des zones plus sensibles dont la fonction première est d'être cultivées : c'est-à-dire de recevoir des baisers. Il faut les traquer et les chérir ; on pourrait passer une nuit à les chercher sans relâche.
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Le désir se nourrit d'une lumière dont la source demeure invisible.
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N'oublie pas de boire de l'eau, dit toujours K. Il faut nourrir le cycle de l'eau. Toute cette eau que j'ai bue a dû sédimenter dans mes estuaires et aider à dénouer des choses. À liquéfier les caillots de sang, à accompagner les poussées de sève. J'ai des phrases entières qui me reviennent, comme des guirlandes surgies d'un passé où j'étais continuellement allongée. À moins que ce passé n'existe pas, lui non plus ? Je finis par douter de tout. Comme si l'eau que j'avais bue était allée chercher ces phrases d'une façon ou d'une autre au fond d'une nappe phréatique.
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K dit qu'il faut choisir les jours de pluie pour sortir. La pluie fait selon lui comme un voile opaque qui empêche de voir la réalité en face. Et ne pas voir la réalité a beaucoup de bénéfices dont celui de pouvoir se concentrer sur ses souvenirs, à l'intérieur, et les dérouler en toute tranquillité. La pluie implique un repli en soi-même.
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Les phobies sociales, les troubles anxieux, la dépression et les dépendances ont explosé, tu comprends... les guerres, le terrorisme, la crise écologique, tout cela aggrave l'anxiété des gens. On se demande tous, à un certain moment : vais-je perdre mon travail, mon toit et l'eau courante ? Mes enfants vont-ils tomber malades les uns après les autres ? La Terre va-t-elle entièrement brûler avec nous ? Vais-je finir à l'abattoir comme un veau, à la casse comme une vieille voiture ou à la décharge sous des monceaux de plastique ?
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Alors j'écris cette Reverdie pour celles et ceux dont le ventre gargouille et qui n'ont pas de jardin où planter des pommes de terre, qui rêvent d'un saule pleureur penché au-dessus d'un ruisseau - ou simplement d'une feuille de laitue qui croque sous la dent. Pour celles et ceux dont le seul jardin est la littérature, dont le champ n'est que lexical et qui ne connaissent des feuilles que la blancheur d'un format A4. Pour celles et ceux qui ont toujours tenu dans leurs mains des crayons et jamais des brouettes ou des râteaux. Pour celles et ceux qui aiment s'égarer dans un roman comme dans un labyrinthe de charmille, découvrant immanquablement en elles, en eux, tant de petites lumières qui ne demandent qu'à scintiller. Et surtout pour celles et ceux tombés amoureuses, amoureux, bien après que les autres autour d'elles, autour d'eux, ont été mariés, installés, entourés d'enfants et de tabliers.
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J’ai des phrases entières qui me reviennent, comme des guirlandes surgies d’un passé où j’étais continuellement allongée. À moins que ce passé n’existe pas, lui non plus ? Je finis par douter de tout.
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Puisque je ne peux pas sauver la forêt amazonienne, ça commence avec la tentation de sauver une autre partie de la vie, plus intérieure. Puisque je ne peux pas dans l'immédiat, être maraichère, ça commence avec l'envie d'écrire un livre de fragments sur la couleur verte.

Je veux décrire comme cette couleur, le vert, qui est celle du renouveau, m'a fait cheminer de robe en robe, d'homme en homme et de livre en livre. Je veux que chaque paragraphe soit un petit buisson qui parle et fructifie. Je veux que rien n'y soit enfermé. Je veux y trouver refuge comme dans une cabane avec mes enfants et tenter d'y transformer les mots en ailes de libellules. Tantôt vertes, tantôt farouches.

La couleur verte a apaisé mes colères et accru mes audaces.
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Audionaturaliste, un métier qui consiste à écouter et énumérer les bruits du monde - de plus en plus humains. Le bruit du vivant représenterait douze téraoctets. (Avant que tu m'expliques ce que signifiait cette unité de mesure, j'imaginais des monceaux de têtards) On y trouve des pets de gorille, le bourdonnement des butineurs, l'iceberg qui dérive, les grognements du morse, la parade du grand albatros des iles Crozet, les vastes prairies d'Italie remplies de grillons. On y trouve aussi les bruits qui n'existent plus, comme celui de l'outarde canepetière - qui habitait jadis la Beauce - ou de la reinette méridionale, une grenouille qui en 1977 coassait tellement fort en Camargue que l'on " se serait cru devant une mare africaine, écrasé par un mur de sons ". C'est à peu de chose près ce que je ressens lorsque nous faisons l'amour suffisamment longtemps, le matin, dans une sorte de chaos primordial jaune et bleu, moi à califourchon sur toi, juste avant que le soleil ne se lève.
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Dans le fond, ce que j’aimerais, c’est simplement repeupler une mémoire vierge. Ma mémoire est un muscle engourdi. Aussi indocile que les autres. Je voudrais la repeupler avec suffisamment de pragmatisme et de sens de l’harmonie comme s’il s’agissait d’un bâtiment vide. Comme si j’ordonnais au directeur d’un musée fraîchement recruté, il faut coûte que coûte remplir l’espace, oui, combler l’air, nommer les étagères, ranger les plumes, étiqueter les coquillages, entasser les objets. Pour ne plus avoir mal et échapper à cette constante sensation de noyade. Pour ne plus sentir cette démangeaison à l’endroit de l’amputation cérébrale. Pour ne plus avoir la sensation de respirer par le chas d’une aiguille. Vous comprenez ? Vous comprenez ? Lui répéterais-je en m’approchant et en pointant mon doigt sur lui jusqu’à effleurer un bouton de sa chemise. Plus je me concentre pour retrouver des souvenirs, plus je nage dans un brouillard tiède et informe, presque fétide…
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Et je discernais déjà, en enjambant l’évidence du lien que nous allions construire ou simplement imaginer, je discernais déjà comme les pépins dans un agrume, les décalages, les glissements de terrain, les dissonances qui plus tard, à peine quelques semaines plus tard, nous resteraient coincés entre les dents et nous conduiraient à la séparation. La séparation dont on voudrait se consoler avec des mots. Alors qu’elle signifie justement que nous ne pouvons plus nous toucher, ni avec des mots ni avec des gestes.
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Maman était obsédée à l'idée de ne pas avoir de souvenirs. Je me demande dans quelle mesure elle avait tout oublié. Elle a écrit peu avant de mourir qu'elle pensait que l'intégralité de nos souvenirs, à nous tous, serait un jour mélangée, et resteraient les lambeaux d'un même tissu illisible, étincelant, séchant au soleil des serpillières.... Ainsi la vraie vie et la mémoire se dérobent ; il reste toutefois un lambeau. Maman avait aussi écrit : les raisons que l'on a de vivre sont précisément celles qui nous poussent à mourir.
page 299
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« Nécessité de faire des recherches sur la forme aiguë de dislocation des fonctions psychiques comme semblent en avoir vécu des dizaines de femmes depuis quelques années à travers le monde. Exclusivement des femmes ? On recense des cas graves, avec démence et perte quasi totale de la mémoire, parmi les militantes contre les mines d’or en Guyane, les Ukrainiennes du mouvement Femen, des Islandaises en guerre contre l’industrie de l’aluminium, les Américaines qui ont tenté de dénoncer la pollution de Love Canal près des chutes du Niagara, les Japonaises qui ont lutté pendant des années pour la reconnaissance de la maladie de Minamata, les jeunes yézidies esclaves de Daech, les ardentes défenseuses du fleuve Gualcarque au Honduras et les Canadiennes en lutte contre les gaz de schiste. Aucune étude sérieuse n’a encore été conduite sur le sujet, mais je suspecte une corrélation forte entre la lutte de ces femmes pour des causes écologiques perdues et leur dislocation psychique (douze cas seraient recensés comme tels), qui surviendrait en grande majorité à la suite de souffrances physiques brutales, de harcèlements insidieux ou, le plus souvent, de l’indifférence absolue de l’ensemble de la population. Leurs souffrances personnelles semblent inextricablement reliées aux essais nucléaires, aux marées noires, à la mort des récifs coralliens, aux coulées de boues toxiques, aux conditions de vie des poulets en batterie, aux calottes glaciaires en train de fondre, que sais-je, à la disparition des oiseaux. »
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La sincérité est rare, presque inexistante, mais si elle advient tout le monde détourne le regard avec dégoût.
page 233
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La vie est comme ça : une succession de gifles.
page 84
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Mais tout est secret. Oui, tout est secret. nous avons tellement besoin de secrets que nous en créons en permanence, comme des confitures. Il faut en mettre partout, pour combler les trous. Inventer des secrets pour le bonheur de les éventer ensuite.
page 155-156
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