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3.75/5 (sur 57 notes)

Nationalité : France
Biographie :

Louise Chennevière est une écrivaine française.

"Comme la chienne" (2019) est son premier roman.

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Louise Chennevière Pour Britney - éditions P.O.L - à l'occasion de la parution aux éditions P.O.L de "Pour Britney", de Louise Chennevière, à Paris le 17 juin 2024 - et où il est notamment question de Britney Spears et de Nelly Arcan. "Ce que je vois quand je regarde la photo de cette petite fille à l'aube de ce siècle nouveau, c'est qu'elle ne sait rien encore de ce que le monde va lui apprendre, et qu'être une petite fille est pour elle une joie parce que ça veut dire pouvoir devenir Britney Spears et que Britney Spears pour elle alors, c'est chanter et danser, c'est être dans son corps, sans crainte et sans distance, se sentir très vivante, c'est se tenir, très loin de la peur mais."

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Citations et extraits (31) Voir plus Ajouter une citation
"Ce qui m’a bouleversée dans son expérience c’est de me dire, quoi que vous fassiez, chanter des chanson pop ou écrire des grands livres de littérature, vous serez toujours ramenée à votre blondeur et à la taille de vos seins. C’est grotesque, quand on y pense."
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Toutes les femmes que j’ai admirées après ont eu un destin brisé : elles ont fini folles, suicidées…
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"J’ai dû me moquer d’elle comme tout le monde en me disant "elle a pété une case" cette Britney".
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Oui j'aurais préféré, n'avoir rien à en dire parce qu'on n'écrit jamais que sur les choses quand elles sont mortes, quand elles ne sont plus, et que j'aurais voulu me tenir moi, pour toujours à l'instant de ce bonheur avec toi.
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Louise Chennevière
C’est pas qu’elle déteste la vie, non, pas exactement. C’est juste qu’il y a toujours eu, dans sa vie, quelque chose qui prenait trop de place. Ce quelque chose, c’est elle. Elle s’imagine parfois la vie dans un autre corps que ce corps-là, haï, mutilé, qui n’en peut plus. Elle n’en veut plus. Elle ne veut rien d’autre que s’en débarrasser au coin d’un jour comme on abandonne une chienne sur le bord de la route, sans se retourner. Mais on l’aime. Alors on veille à ce qu’elle n’y parvienne pas. On la maintient, si ce n’est en vie, du moins dans ce corps. Ce corps qui à force de n’avoir pas servi, de n’avoir pas fait l’amour, de n’avoir pas dansé, de ne pas s’être baigné dans les vagues, de n’avoir plus senti le soleil chauffer sur sa peau, n’en était plus un, rien qu’une pauvre enveloppe, si mince et si pesante pourtant.
Ce corps si froid, presque glacé, qui voudrait seulement : glisser dans l’invisible. Mais ce corps que tout le monde regarde, juge, quand, lentement, elle marche dans la rue, ce corps que l’on observe, mesure, examine, et elle-même qui se guette, s’épie, comme on surveille un ennemi, son propre corps pourtant et qui la surprend au coin d’une rue, au détour d’un reflet, envahissant un instant l’univers tout entier. Oui, depuis longtemps l’univers n’est plus que cela, son corps. Et la mort y rôde, comme chez elle. Le monde n’est plus qu’un squelette.
Elle se demande encore comment font les autres pour vivre avec ça, un corps, parfois, en regardant simplement les gens marcher dans la rue, comme si c’était si simple, marcher, et comme si ça ne coûtait rien, se lever, et courir, s’étirer, et danser, et pourquoi elle n’y arrivera jamais. Et elle a questionné les psys, les médecins, et sa mère, toujours on lui a répondu que ce n’était pas de sa faute à elle, que c’était normal de ne pas parvenir à exister après ça. Oui, c’est normal, c’était juste la pénétration dans son corps de son père, une nuit, enfant. Et son corps qui n’existe pas sans cette nuit-là.
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Louise Chennevière
Sur le palier d’à côté, un couple vient d’emménager. Comme chaque nuit la petite pleure, les parents se déchirent. Ils ont dû tellement la désirer, pourtant, leur petite chose de rien du tout. Elle a dû beaucoup caresser son ventre la fille, beaucoup rêver. Elle a dû acheter des tas de vêtements, des petits bodys roses, elle a dû sentir monter en elle comme une vague puissante, comme le lait dans ses seins, l’amour maternel. Il est tard désormais, et tous les trois crient dans le silence de la nuit. Et moi ça me prend comme ça parfois, quand j’arrive pas à dormir, l’envie de crier aussi, de leur gueuler des horreurs, de taper contre le mur, l’envie d’entrer par effraction, et de faire ce qu’elle ferait jamais la fille, étouffer le bébé sous son petit oreiller, le faire taire une bonne fois pour toutes.

Jamais je n’ai été enfant. Ma mère ne l’aurait pas permis, elle était comme moi ma mère : les gosses elle détestait ça. Moi, je l’ai vite compris et j’ai essayé de me faire toute petite, de me faire pas enfant, de me faire adulte, sérieuse, et silencieuse, dans un coin. Ce n’était jamais assez. Je ne lui en ai jamais voulu. Longtemps pourtant je me suis demandé comment j’étais arrivée à ma mère, à elle qui voulait tellement pas de ça, à elle qui voulait tout sauf ça, cette chose étrange, chronophage et coûteuse, elle bossait déjà tellement. Je lui étais arrivée de nulle part, un jour comme les autres, alors que rien dans son corps n’avait trahi le secret, dévoilé les mystères, que son ventre ne s’était pas arrondi, que ses seins n’avaient pas gonflé, que ses jambes ne s’étaient pas alourdies, qu’elle détestait toujours autant les fraises et bouffer. Ma mère était très maigre. Oui, j’étais arrivée comme ça, d’on ne sait où, sur simple malentendu, d’un oubli, sortie de la nuit profonde de tous ses tapins, du sexe des centaines d’hommes qui étaient passés par elle, comme un affreux complot.
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C’est une histoire de haine. Je l’avais vue, enfant, brûler dans les yeux de ma mère et la lueur de cette flamme-là n’a jamais cessé de brûler en moi depuis.
Cette histoire doit remonter loin, aussi loin qu’aiment à remonter les psychanalystes, à la plus tendre enfance, aux mains épaisses et larges de ma mère saisissant mes cheveux, empoignant mon petit cou, plus loin encore, aux coups de mon père sur ma mère enceinte, et sur ma mère si jeune, si frêle, son amante. Ça doit remonter plus loin, bien plus loin que moi, bien plus loin que ma mère. Cette haine vient d’ailleurs, n’est pas la nôtre. Pourtant, c’est moi qu’elle brûle.
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Louise Chennevière
Mais tu pressens vaguement qu’il y a quelque chose qu’on a mis là, dans ce tu es une femme, que tu ne peux congédier si facilement, qu’il te faut affronter. Et cette douleur-là qui t’habite et te hante, t’obsède, tu devines, à force de la pratiquer, que tu n’en es pas seule responsable. Oserais-tu penser que peut-être tu en hérites ? Venue du fond du monde, portée par tous les discours, ravivée au feu des bûchers inlassables, des brasiers calcinant les chairs, scintillant dans les yeux avides des hommes, cette haine venait d’ailleurs, n’était pas la nôtre. Tu penses à toutes celles qui avant toi l’ont éprouvée, tu penses à tous ces mots qui ont manqué, et que les femmes se taisent dans les assemblées, et ne pas parler le latin, et la parole confisquée pour l’éternité, et leur propre pouvoir volé. Des voix pourtant bruissent dans le silence.
Et il y a comme quelque chose qui vient échouer en toi, un peu d’écume des siècles, quelques restes du monde. Soit alors, à la hauteur de ce que ces restes exigent, de ce que demandent ceux qui, ont par le monde, été réduits au silence. Celles. Assume-le, assume-les. Celles qui ont été réduites au silence. Ce silence c’est ton histoire, ma vieille, ma petite, ma chérie. Dans le vacarme de l’histoire, ne reste de vous, que ce mutisme, ce trou, et dans la nuit de la peinture, le silence comme un écho sur vos lèvres entrouvertes, déjà prêtes à se clore à nouveau, comme si vous aviez toujours su que vos voix ne seraient jamais entendues. J’écoute résonner ce silence, rebondir cet écho. Des fantômes peuplent ma solitude. Invoquer les esprits, les mânes des morts. Tu as envie, mais tu as peur : fouiller les invisibles.
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Je ne peux parler en mon nom, car de nom je n’en ai pas. Dire je serait déjà mentir, car ce je, noir sur blanc, sur cette page, dans le livre, n’est pas mon lieu. Longtemps pourtant tu t’es tenue dans le mensonge, et dans le langage, avant de comprendre que ces mots n’étaient pas les tiens. Qu’ils ne permettaient pas de te dire telle que tu es. Longtemps tu as dit je, comme si c’était seulement possible, te tenir seule, en toi. Le miroir s’est brisé et tu as volé en éclats. Tout était trop propre, trop simple, facile. C’est dégueulasse. Recoller les morceaux tu voudrais. Comme des fragments de toi. Mais toi qui es-tu ? Et as-tu le droit de parler, toi, en ton nom ? Et avec quels mots, et comment dire la dépossession ? Et la honte, et les caillots de sang dans la culotte, et le sang qui ne vient plus ? Et ce trou d’ombre ? Et la douleur du corps qui fait défaut, qui se terre, dans les recoins, les cavités, les cloaques de l’existence ? Et toi qui femme, n’es qu’un corps tout entier ?Mais tu recules devant le nous car, tu sais sa tyrannie, et qu’aucune douleur ne se partage, sauf à mentir et tu voudrais : sortir du mensonge. Ne pas le redoubler. Pourtant, il te semble que cette douleur qui te blesse n’est pas la tienne seule, que d’autres aussi l’ont éprouvée et qu’elle n’est pas de ta faute. Qu’elle est celle que le monde a forgée pour toi. Car à bien creuser le silence, à fouiller la merde, à remuer les invisibles, il te semble qu’il y a quelque chose qui vous lie. C’est, peut-être, cette façon particulière de n’être pas soi, d’être toujours déjà une image. D’être toujours déjà, d’abord, une femme.
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Louise Chennevière
Tu te tais. Depuis trop longtemps tu te tais. Dans la cohue des villes, dans le bruissement des siècles, dans ta petite chambre, tu te tiens en silence. Alors que tu voudrais simplement : avoir le courage de dire les choses, telles. Mais tu es lâche, et il y a une telle distance entre ce que tu aurais voulu dire et ce que tu vis. Engluée dans ton existence, prisonnière de ton corps, toi qui aurais tellement voulu être un héros et, dire les grandeurs du monde.
Mais tu demeures allongée dans ton lit, les mots comme les sanglots ruissellent dans tes entrailles, ta gorge. Tu entrouvres légèrement les lèvres mais rien de toi ne s’échappe, tu plisses le coin de tes yeux pour frayer un chemin aux larmes, mais tes yeux, ta bouche sont secs, arides comme les champs après les campagnes de terre brûlée. Un arrière-goût de cendre. Tout autour est étonnamment calme, presque serein et tu n’y peux rien. Tu ne sais ce qui t’empêche d’agir, de parler, et de vivre, l’on t’a dit que c’était toi seule et d’abord tu l’as cru. Il te semble pourtant comme un bâillon posé sur ta bouche, et ton corps lié, ligoté par mille et une cordes invisibles, nouées savamment et de main de maître.
Où es-tu donc passée ? Et qu’est-ce qui t’a engloutie ? C’est peut-être ce silence.
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