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Citation de MegGomar


Nous nous laissons flotter dehors. La lumière de l'été finissant s'écoule comme du sang, interminablement. Mes parents partagent une bouteille de vin sans remarquer que je bois plutôt de la citronnade, que je n'arrive pas à finir mes pancakes. Nous sommes assis sur la galerie, à l'arrière la maison. Ils adressent des signes aux voisins, trottinent jusqu'à la clôture pour bavarder, essuient la sueur qui perle de leur front. Nous faisons des projets pour rester, nous enfuir, nous cacher, vivre normalement. Nous décidons de rester vigilants, puis discutons pour savoir si oui ou non la vigilance est une stratégie. Et pendant tout ce temps, alors que le soleil décline, nous baignant dans un embrasement magnifique, mon coeur se fend peu à peu. L'or profond aux reflets orangés est pure nostalgie. Une très ancienne clarté se diffuse déjà sur cette belle vie que nous partageons. Je deviens lourde, enracinée dans ma chaise longue. Tout ce que je dis et tout ce que disent mes parents, les amis qui vont et viennent, la saveur piquante de la citronnade, le vin sur leur langue, les cris d'oiseaux ensommeillés et les écureuils qui s'élancent de branche en branche, sans criante, dans les hautes cimes des vieux érables et des féviers, tout cela est en phase terminale. Il n'y aura plus jamais d'autre mois d'août sur terre, pas comme celui-ci ; il n'y aura plus jamais cette sorte de bien-être et de justesse. Les oiseaux changeront, les écureuils tomberont des arbres, et qui se rappellera comment on fait le vin?
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