La décence et la moralité sont des denrées relatives. Elles évoluent avec l’opinion de la majorité. Au 21e siècle, dans mon pays, beaucoup d’entre nous portent de telles jupes, il est normal de le faire sans crise de pudeur ou de conscience. Je suis prête à concéder qu’au 18e siècle il en était autrement. Je ne sortirais pas vêtue de la sorte en plein jour ici, non par décence, mais plutôt par respect de la norme, pour éviter de me faire remarquer.
— Eh! Nous approchons de l’allée de l’Aveugle! J’y suis venue assidûment après mon arrivée, dans l’espoir d’y trouver le portail entre nos deux siècles. C’était vraiment déprimant de repartir sans que jamais rien ne se produise.
— Je suis désolé de te rappeler ces moments. J’aurais dû reprendre le même trajet qu’à l’aller. Dépêchons-nous de retourner à la maison.
Ils arrivent au croisement fatidique lorsque François s’arrête.
— Mais qu’est-ce que cela? s’exclame-t-il.
Sophie suit son regard, puis pousse un cri aigu. Une seconde plus tard, elle l’a quitté pour se précipiter vers le tourbillon qui illumine la rue. À la réaction de Sophie, François comprend les conclusions qu’elle tire de ce phénomène inusité. Il hurle son nom. L’appel déchirant stoppe Sophie à mi-chemin. Elle se tourne vers son époux qui, une main tendue, la supplie de revenir. Saisissant ses jupes, elle se met à courir vers lui. Le nuage d’étincelles auréole sa silhouette. Retrouvant l’usage de ses jambes, François la rejoint. Il enlace une Sophie en larmes et qui balbutie de l’empêcher de partir. Il n’a pas le temps de dire deux mots de réconfort, qu’un coup d’œil à la tornade lumineuse le fait frissonner de terreur. L’étrange apparition se dirige vers eux à la vitesse d’un cheval au galop. En un instant, ils se retrouvent en son sein. François enserre plus étroitement Sophie, ferme les yeux et appuie son front contre celui de son épouse. Quelques secondes plus tard, là où se tenaient auparavant le comte et la comtesse de Besanceau, il n’y a plus que poussière tourbillonnante.
M’abaisser à une activité autre que celle de servir Dieu ou le roi serait déroger à mon rang. Je peux choisir entre l’armée, la marine, la politique et le clergé. J’ai préféré acheter une commission dans la marine.
— Ah, vraiment! Allez. Décrivez-moi votre prince charmant.
— D’abord, il devra me traiter en égale. Il sera un ami, un confident avant d’être un amant. J’aurai totalement confiance en lui, comme lui en moi. Je veux un compagnon de vie. Le véritable amour ne peut être jaloux, possessif et contraignant. Personne ne peut m’empêcher de rêver d’un tel amour. Je ne serai assouvie que lorsque je le trouverai.
La femme de mes rêves est celle qui réalisera certains fantasmes que le bon goût m’interdit de vous décrire.
— Mais j’ai un nom.
— Que vous ne pouvez pas prouver être le vôtre. Un nom que vous avez avoué emprunter d’une lettre. Un nom que vous avez oublié en même temps que votre passé. Il vous faut un nom noble pour calmer les sensibilités de l’aristocratie qui n’aime pas perdre la face.
Ce n’est pas de l’amour que je ressens, c’est de l’amitié. Le fait qu’elle soit une femme n’a pas d’importance. C’est plutôt un accident. J’ai tout simplement rencontré un être des plus intéressants, qui a eu le malheur de naître dans un corps de femme.
La réponse de Mike équivaut pour François à une condamnation à mort. Il s'éloigne du groupe et lui tourne le dos. Il a envie de fuir, de descendre de cette tour et de courir droit devant lui. Et puis, à quoi bon ? Le monde extérieur le terrorise.
Malgré tous ses défauts et le potentiel d’abus de pouvoir, la royauté fait partie de la réalité ici-bas. Alors il vaut mieux apprendre à vivre avec elle.
Les femmes ne sont que de la chair à produire des héritiers, ou n’importe quoi d’autre de choquant.