Prendre soin de son enfant intérieur avec Mélanie Josquin, psychologue
"Le calme... Pouvoir rester là, sans peur, en sécurité. Cela la submerge comme un océan de douceur. Sa vie entourée de récifs et de tempêtes ne l'a pas épargnée, elle avait oublié ce qu'étaient la tranquillité, l'insouciance."
"Le pardon n'est pas une gomme magique qui enlève les mots qui ont blessé, les images terribles. Son père les a enfermées dans une tour de douleur, de peur, de colère. Sortir du silence est le pont, la passerelle vers une liberté retrouvée. Celle de vivre, celle de penser."
En avance à son cours de boxe,en tenue, une bouteille d'eau dans une main, une serviette éponge dans l'autre, Gabrielle ressasse le dernier cours où Sam, le gros tas de muscles, l'avait rabaissée gratuitement en la gratifiant d'un "t'es juste bonne à faire la cuisine ! "
Dans la jungle des pseudos, difficile de savoir qui se cache derrière les mots. C’est si facile de commenter derrière un écran, se lâchant sur un clavier.
La photo circule toujours ? interroge ensuite son père.
-Aurian l’a supprimée et il a dit à ses potes de faire pareil. Vu le contenu, elle a été censurée, mais elle a déchaîné une vague de conversations… et elle a été screenée et partagée…, précise Apolline d’une voix à peine audible.
-Tout à fait, elle reste forcément quelque part, c’est ce qui pose problème. De toute façon, même si elle a été bloquée, le préjudice reste entier pour votre fille, précise le professeur. Il s’agit d’une image pédopornographique qui peut se retrouver entre les mains de n’importe qui…
Elle se penche sur le bastringue, le vide en contrebas semble lui tendre les bras. Le train passe alors à grande vitesse, faisant trembler la rambarde, animant d’une secousse intense chaque fibre de son être. Cette sensation dans le bas-ventre la bouscule. Une porte de sortie? Vient-elle d’entrevoir une lumière au bout de ce tunnel oppressant, au fond duquel elle se débat, seule?
La fin. S’envoler, ailleurs. Ne plus penser. Loin des yeux, des sarcasmes. La solution l’effleure, la traverse.
Elle l’aime, mais n’est pas sûre de vouloir de vouloir et pouvoir pardonner, même si cela la torture de devoir le balancer.. Comment pourrait-elle lui faire confiance à l’avenir ? Il lui envoie : « Pardon, pardon, pardon.. ». Pardonnera, pardonnera pas ? Elle ne sait pas. Son cœur penche vers un infime « peut être », sa tête lui souffle un « non » ferme. page 125
Elle regardait sa mère évoluer dans la pièce, son dos devenait virgule, tellement elle le courbait pour ne pas affronter l'homme de la maison.
la tour d'amour qu'elle avait construite s'écroule subitement. Comme un animal qu'on vient d'abattre froidement, violemment, elle se terre au sol car ses jambes viennent de l'abandonner...
Citation sélectionnée par Naël
Elle se rappela le jour où, en classe, sa copine cherchait un synonyme de "détester". La maîtresse avait dit "haïr". Cette haine grandissait ; ce sentiment, qu'elle ne vouait jusqu'alors qu'aux lentilles de la cantine ou aux araignées noires cavalant parfois sur le sol de la maison, était maintenant destinée à son père.