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Citation de lolitajamesdawson


On peut mentir en souriant ou oser dire la vérité. Dire que rien ne va, que le lycée on le hait et qu’à force d’aller mal on a oublié ce que l’on aimait faire. Rares sont ceux qui osent dire la vérité. Simon, lui, a osé. Simon, lui, il ose tout.

Aujourd’hui je me rends compte que ce n’est pas nous qui sommes fous, c’est le monde qui est fou. Et si on est abîmés c’est parce qu’on s’en est aperçus.

Tout le monde fait semblant. Le mensonge comme instinct de survie. Certains dérogent à la règle de l’illusion. Ils sont montrés du doigt. Ils dérangent le beau, le normal, le rond, le simple. Déprimés, dépressifs, malades, perturbés. Moi je crois qu’ils sont simplement lucides.

Les rides du bonheur passé. Elle riait sûrement beaucoup avant de travailler dans cet hôpital. C’est ce métier, je crois, à force de voir des gens qui vont mal, petit à petit vous finissez par ne plus aimer la vie. Et le bonheur disparaît en laissant ses petites marques sur votre visage.

Je retire ma serviette et plonge. Ma tête heurte le bassin d’une grand-mère. Les os des vieux sont moins durs que les nôtres, le temps les ramollit. J’ouvre les yeux, sa peau pendouille. C’est moche.

Je prends ma respiration. Mes poumons se remplissent d’air, je descends. La tête sous l’eau, je garde les yeux ouverts et vais m’asseoir au fond du bassin. L’eau étouffe les voix, tout est calme. Je veux rester, mon corps proteste. Il s’agite, je m’accroche à la dernière marche de l’échelle. Les veines de mes tempes gonflent. J’entends le bruit de mon sang, il tape. Encore quelques secondes, le jeu est risqué. Je ferme les yeux. Si je gagne, les veines éclatent. Mon cerveau explose, et répand sa matière. La piscine est noire. Je suis libre. Si je perds...

C’était avec le petit cutter qui sert à ouvrir les boîtes en carton. Je ne me souviens pas de grand-chose. Je ne voulais pas tacher le tapis du salon, alors j’ai été dans la salle de bains. Je voulais dormir, me vider de toute cette douleur. Mourir ? Non, je ne crois pas. Quand on veut vraiment mourir, on se fout de faire des taches. J’ai fermé les yeux. Le sang coulait, ça ne faisait pas mal.

Dans certains pays, le suicide est interdit. Offense à Dieu, contre-nature, immoral, péché, déshonneur, crime, enfer. D’un point de vue catholique, le suicide est criminel, sauf chez les fous. Ça va, je n’irai pas en enfer. Je me marre.

Si on va plus loin, Dieu, si tu es là-haut, au paradis comme tu dis, pourquoi me reprocher de vouloir te suivre ? C’est pécher que de vouloir te rejoindre, quitter un monde pour un autre ? Dis-moi, Dieu. Parle plus fort, je ne t’entends pas. Toujours pas. Alors quoi ? Tu vas l’envoyer en enfer ? Douze ans et au diable. Sympa Dieu, je ne t’entends toujours pas. Rigolo ce Dieu qui ne se voit pas, ne s’entend pas. Même les fous n’entendent pas ta voix. Tu appelles ça péché, mais c’est toi qui l’as créé. La douleur, le malheur, tu connais, non ? Dieu, plus fort. Alors, rien ? J’abandonne. Va au diable, Dieu. Chez les bouddhistes, ce qui compte, ce n’est pas l’acte en soi mais ce qui nous a poussés à agir. Le pourquoi. Le malheur ? La mort serait suivie d’une renaissance dans la vie suivante. Plus belle, plus grande. Réincarnation. Je te vois papillon, Juliette, comme sur tes dessins.

J’aime pas quand on est fâchés, lui et moi. Les autres, je m’en fous mais Simon c’est pas les autres.

Je me retrouve seule dans le jardin sur le banc sous le magnolia. J’ai mal au cœur. Mais au moins, je ressens quelque chose. Et ça, c’est déjà bien.

— Ton cas relève de l’obsession. Tu lis pour ne pas penser. Tu te réfugies dans tes livres, ce qui t’empêche d’avancer et de te concentrer sur toi.

Ça vous est déjà arrivé de sortir de votre corps et de vous voir de l’extérieur ? Je me regarde : affaiblie, diminuée, impuissante et je me trouve pathétique. Un fœtus de seize ans, écorché par la vie. C’est mauvais, Bianca. Allez debout, réveille-toi.

Les jours ne comptent plus. Ils ne sont plus des repères, juste des jours. Simon était mon horloge. Les aiguilles vers mon cœur.

Je sais que si je veux un jour sortir d’ici, il va falloir que je prenne du poids. Il a raison, je marche sur le fil. Je suis à la limite. Comme si je n’avais pas encore choisi. Vivre ou mourir. Je me maintiens, je stagne mais je n’avance pas.

C’est dur de se voir vieillir quand on a un jour été la plus belle. Celle que les hommes désiraient, les femmes jalousaient. Je comprends mamie. Les années passent, les seins tombent, la peau se détend, les muscles fondent, les cheveux se clairsèment, la peau se creuse, le corps se tasse. Les douleurs au dos, aux jambes, la fatigue. Je suis malade. Non mamie, tu vieillis. Ce n’est pas la maladie, c’est la vie.

J’ai toujours aimé le début de l’hiver, juste les premiers jours quand tu vas à l’école et qu’il fait encore nuit et qu’en en sortant il fait toujours nuit. Il y a quelque chose d’assez magique je trouve.

Il souffle sur la bougie, la flamme s’éteint. Une autre s’allume quand il m’embrasse.

J’ai cru à l’existence du Père Noël jusqu’à mes dix ans. D’après ma famille et les gens de mon école, c’était très tard. Pour moi, c’était trop tôt. On a toujours besoin de croire en quelque chose, surtout quand on est enfant.

J’ouvre les yeux, on est le 24 décembre. Je me rappelle ce que je ressentais, quand j’étais petite. J’étais heureuse, je crois.

Quand j’avais l’âge de Lenny, je voulais moi aussi empêcher les gens que j’aime de mourir, et vivre pour toujours avec eux. Ma vision de la vie et de la mort a quelque peu changé. Non pas que je souhaite la mort de mes proches... mais j’ai souhaité la mienne.

Certains disent que les gens qui tentent de se suicider sont égoïstes. En un sens, ils ont raison. Mais ceux qui tiennent ces propos ne savent pas ce que c’est de n’avoir plus goût à rien. D’être mal au point d’en oublier les personnes que l’on aime et d’être prêt à en être séparé pour toujours. Ce n’est pas une vie que de vouloir mourir. Il fallait que ça s’arrête.

Enfant, je me posais déjà beaucoup de questions du style : « Est-ce que je préférerai être incinérée ou enterrée ? » La question de ma mort. À sept ans, on ne devrait pas penser à ce genre de chose. Les deux options me terrifiaient. Être jetée au feu, et terminer en cendres ou finir sous terre bouffée par des vermines. Il y a de quoi faire peur à une petite fille. Je rêvais de trouver une potion qui me permettrait de rester jeune éternellement. Mes peluches et ma famille auraient vécu pour toujours avec moi. J’ai grandi. L’éternité, c’est chiant et c’est rien. Ce qui n’a pas de fin ne peut exister. On a besoin d’une porte, d’un mur, d’un anniversaire, d’une frontière, d’un cercueil qui marque une limite. Je crois que l’on ne réalise pas vraiment ce que le mot « rien » signifie. Notre cerveau ne peut se le représenter. Pour moi, les gens qui passent à l’acte veulent juste dormir. Une longue sieste pendant laquelle on ne souffre plus. C’est ça l’idée que je me faisais de la mort.

On peut avoir des cancers partout et de tout. Un jour on te demandera quel est ton cancer comme on te demandera quel est ton nom.

On ne cherche pas un cancer, c’est lui qui vous trouve. Alors ça sert à quoi de vivre planqué derrière une vie saine à base de cinq fruits et légumes par jour, sans alcool, et sans risques. À rien si ce n’est à se faire chier toute sa vie.

Ça m’a toujours emmerdée de vieillir. Petite, je disais aussi que je préférais mourir jeune d’un accident pour ne jamais vieillir et rester jeune éternellement.

Mes parents auraient dû se séparer il y a des années afin de sauver ce qu’il restait de leur couple. Aujourd’hui, il ne reste plus rien à part Lenny et moi. Il n’y a plus d’amour entre eux mais deux enfants. Nous sommes le fil qui les relie.

Les années ont passé, un mariage a eu lieu, une maison a été achetée, un job à plein temps a été accepté, deux enfants sont nés et une nouvelle blessure est apparue. Celle de l’usure. Il n’y a rien de plus triste qu’un amour usé.

Il est quatorze heures, elle s’assoit par terre sur le tapis du salon, avec un cocktail au rhum, et reste devant l’écran. Pendant quelques heures, elle a l’impression de combler le vide, sauf que quand elle éteint le poste, le vide est toujours là. La télé reste allumée, même quand elle n’est plus devant, pour le bruit de fond. Le silence angoisse, le son des voix rassure.

Ça vous est déjà arrivé de vous réveiller, et d’être persuadé de la véracité de votre rêve ? Croire pendant quelques instants que votre rêve n’en était pas un. Vos fantasmes se sont réalisés pendant la nuit. Vous êtes loin, vous êtes riche, vous êtes aimé. Puis, la réalité vous frappe, et vous ramène sur terre. Ce n’était qu’un rêve. La redescente est parfois violente.

J’ai beau chercher, je n’arrive pas à comprendre pourquoi j’ai un jour commencé à aller moins bien. J’ai toujours été particulière, différente des autres. Un jour, je me suis réveillée et la différence était devenue un abîme, je suis tombée dedans. Il y faisait tout noir.

Je ne lui ai jamais révélé la vérité. Je n’ai rien ressenti. Le suicide de mon professeur ne m’a pas touchée. J’étais déjà anesthésiée du cœur. Pour être normale et rassurer ma mère, j’ai pleuré.

C’est dangereux, l’amour, et tellement compliqué. Pourquoi on l’aime lui et pas un autre ? C’est dur de raisonner. Pourquoi on décide de faire des enfants, de se marier, de passer sa vie avec une personne ? Pourquoi elle ? On peut répondre : Parce que je l’aime. Parce qu’il m’apporte le calme, et la sécurité. Parce qu’avec lui je ne m’ennuierai jamais. Parce qu’il sera un bon père et que je sais qu’il m’aime. Parce qu’il est fou de moi et qu’il me fait prendre mon pied. Parce que je pourrais continuer pendant des pages et des heures. Moi, je ne sais pas. Pourquoi Simon et pas Raphaël ? Parce que c’est lui. C’est tout. Je le sens. Avec Simon, je suis moi.
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