En ce 17 janvier 1774, Laure du Fresnoy intègre la très prisée maison d'éducation, le Couvent de la Reine. Malgré l'appréhension qui l'assaille à l'idée de quitter pour la première fois ses parents, elle est bien décidée à se montrer digne de la chance qui lui est octroyée. Très vite, elle se lie d'amitié avec deux de ses condisciples, la belle et rebelle Elise de Blois-Rubentel et l'éprise de justice, un peu garçon manqué, Louison d'Elbée la Grand-Maison. Elles ne sont pas trop de trois pour se mesurer aux jumelles Agathe et Mathilde de la Borde Velly et leur cour. Surtout que celles-ci sont enragées depuis que Laure et ses amies ont gagné le concours de poésie en l'honneur de leur bienfaitrice, Madame Adélaïde, l'ainée des filles du roi Louis XV, et sont invitées au bal de la dauphine, Marie-Antoinette, à Versailles... Laure y croise Anne, une jeune héritière, qui lui confie un secret. Cet événement risque bien de bouleverser son destin...
Vous l'aurez compris, Le couvent de la Reine est un roman historique. Toutefois, la volonté de l'auteure est claire : "faire découvrir l'Histoire aux jeunes autrement que par la voie scolaire et académique."
Et elle réussit pleinement son pari. Même si le contexte est historique, les moeurs et personnages rencontrés collant au plus près de la réalité de l'époque, nos héroïnes n'en vivent pas moins une aventure humaine où se côtoient amour et amitié... des thèmes universels et intemporels.
Laure et ses amies restent avant tout des ados même s'il est vrai que les préceptes éducatifs de l'époque sont à cent mille lieues de ce que nous connaissons aujourd'hui.
"Les pensionnaires n'avaient pas le droit de se quereller, de conclure des marchés entre elles, de faire des échanges, d'écrire des lettres en cachette, et les divertissements (danse, jeux de cartes, romans, chansons...) leur étaient proscrits. Toutes les élèves savaient tricher pour faire fi des interdits."
Ceux-ci mettent également en lumière la place laissée aux femmes dans cette société de nantis. En ce sens, nos trois amies sont en avance sur leur temps, chacune à sa manière. Laure rêve de devenir poète et se demande pourquoi elle n'y aurait pas droit autant que les hommes. Louison est particulièrement éprise de justice et est sensible aux droits de l'homme. Elle s'offusque notamment de la traite des Noirs qu'elle juge inhumaine ! Elise, quant à elle, semble au premier abord plus superficielle et, pourtant, cette aventure va lui mettre du plomb dans la tête et on pressent qu'elle deviendra une jeune femme libérée qui ne se soumet que difficilement à l'étiquette et aux carcans de la société de l'époque.
A ce trio de choc, s'ajoutent deux garçons de charme. Deux jeunes gens bien nés qui partagent les mêmes idéaux chevaleresques de galanterie et de courage. Entre les deux, le coeur de Laure balance, ce qui augure d'autres rebondissements dans le tome 2.
Il est peut-être temps de vous dévoiler un petit coin du voile sur la trame de cette histoire. Qu'est-ce qui mobilise tout ce petit monde ? Je vous en laisse la surprise ! Sachez seulement qu'il est question d'amour, de trahison, de complot, de Nouveau Monde et de demoiselle en détresse...
Si j'ai piqué votre curiosité, n'hésitez pas à vous plonger dans ce Versailles du XVIIIe siècle. Vous aurez lu ce titre en moins de temps qu'il ne faut pour le dire. L'écriture de l'auteure est agréable et si elle a à coeur d'utiliser le plus souvent possible les termes de l'époque, ceux-ci sont expliqués en notes infrapaginales et n'alourdissent en rien le texte.
Petit plus, chaque début de chapitre est illustré par de jolis petits dessins tout en finesse d'Alice Dufeu. On lui doit également cette très belle couverture. Ses personnages me font penser aux fées de Chloé Rémiat (pour ceux qui connaissent)... Seul bémol, ceux-ci pourraient justement évoquer un caractère féerique qui n'est pas de mise dans cette série.
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