A l'occasion des Nuits de la lecture 2021, et pour lancer officiellement le Prix Facile à lire Bretagne à Saint-Méen-le-Grand en janvier 2021, la médiathèque avait prévu des lectures musicales en partenariat avec l'Ecole de Musique du Pays de Brocéliande.
Le contexte sanitaire a compromis l'organisation de cette présentation avec du public, mais Christèle Bichot, la responsable de la médiathèque, a pu bénéficié de l'aide précieuse de Véronique Piron pour enregistrer en vidéo des lectures, accompagnées par ses élèves mévennais de l'Ecole de Musique.
Une Nuit de la lecture 2021 inédite, que la médiathèque et l'Ecole de Musique proposent à tous de découvrir en vidéo, un grand merci !
Dans cette vidéo, Christèle Bichot, responsable de la médiathèque de Saint-Méen-le-Grand, présente et lit des extraits de "Nous serons heureux" de Luc Baba (éd. Weyrich), tandis que les élèves de l'Ecole de musique l'accompagnent au piano et à l'alto.
#livre #Bretagne
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Lorsqu'un journaliste lui demande qui est Brel, il répond : "C'est un garçon qui s'est révolté en écrivant des chansons".
La Belgique est un pays de brume et de vent, de dunes et de pluie, avec ce ciel bas, ce ciel gris où montent les clochers noirs des cathédrales.
Il a inventé la poésie en noir et blanc, une façon de rire sans fermer son coeur, un copain pour les mômes tristes.
Un tel montant pour des livres? demande l'expert. C'est impossible.
Trois mètres de large, la bibliothèque, trois mètres de pages. Vingt mille lieues sous les mers, des collections, Bobin, une dédicace à la plume, des tranches de cuir, tant d'évasions coutumières. J'ai répertorié, vous pouvez...
Mais vous les avez lus?
Et certains plus d'une fois. On sait comment vont les soirs d'hiver, chez nous, et lire...
Mais si vous les avez lus, il y a un coefficient de vétusté, monsieur.
- C'est un beau mur, oui. Ça te renverse quand tu essaies de voir la corniche, tellement c'est haut, ça te renverse. Et ces corniches, un aigle, il pourrait y faire son nid.
Est-ce que les rivières ont une âme? Elles ont un souffle. Est-ce qu'elles changent de nom quand elles sortent de leur lit?
Il ne fera plus bon vivre au bord de l'eau.
-Si je reste chez Angèle, c’est parce que je ne sais pas comment on fait pour aller quelque part. Je m’occupe des patates et des pois, voilà ce que je fais. Des fois je suis debout au milieu de la chambre et j’ai envie de demander mon chemin, je le connais pas et je regarde par la fenêtre et je me dis putain de rosiers, saloperies d’abeilles, et je maudis les moineaux en me demandant pourquoi on ne me les a jamais présentés. C’est trop tard, maintenant. On nous a bien appris à bénir les murs, et le jour où tu veux passer de l’autre côté, t’as l’horizon qui te fauche les jambes, t’es à genoux, et tu rentres et tu regardes par la fenêtre. Enfin j’essaye, je me dis que c’est juste une question de semaine. (p. 138-139)
Dans les lieux où l’on voudrait ne pas être, les oreilles et les yeux souffrent, enchaînés, mais il existe un remède : se trouver bien. La chambre d’hôpital est le lieu idéal pour cet exercice du nénuphar. L’homme est un un nénuphar qui a reçu le pouvoir d’imaginer, on ne peut pas lui enlever ça. Et ma chambre n’est pas un désert de plomb. J’y ai trouvé hier de quoi pleurer de bonheur, il suffit à présent que je m’en souvienne, que je choisisse bien ma façon d’ouvrir ou de fermer les yeux.
Le luxe qui m’est offert, c’est le temps, et c’est précisément le plus beau cadeau que l’on puisse offrir à un écrivain. Le monde est son espace mais il rêve de temps. (p. 65)
Je vis dans un pays de méditation malmené par les grues de chantier. bâti par malheur, urbanisé jusqu’à l’effacement de son âme de terre et d’eau. Il faut faire abstraction pour vivre encore entre Arlon et Bruges. peindre ou peu importe.
Créer.
Créer, pour agrandir l’espace, ajouter des champs infinis d’images et de rêves, des paysages de ce réel infime, profond, hérité de siècle collectifs, nourri au partage des premiers peuples, à leurs premières guerres, aussi.
D’ailleurs, créer n’existe pas. On se souvient, dans l’oubli de ce que l’on connaît. On se souvient de ce qui nous dépasse, et des pans de lumière et d’ombre nous traversent. En certains lieux, l’ombre l’emporte. (Divagations pour les peintres, p. 75)
La timidité du monde
Ne se cache pas dans les pierrres
Elle n'est pas insecte sous la pierre
Elle est le sang d'encre et l'or bleu
Dans les veines de l'arbre fossile