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Critiques de Luc Baranger (23)
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Crédit Revolver

Mortant , né sous X est élevé par Victoria et Pablo et devient copain comme cochon avec leur chien nommé Poum en souvenir du Parti Ouvrier d'Unification Marxiste au sein duquel Pablo avait combattu pendant la guerre civile espagnole. Affublé d'une telle famille, Mortant prend vite une conscience politique, devient militant, intègre un groupe anar. Mais l'héritage de Pablo, un flingue va lui porter la poisse : dix sept ans de taule...Mortant crie à l'erreur judiciaire !

A sa sortie, il va parcourir le monde et se faire justice à sa manière...

Luc Baranger est un sacré auteur qui a roulé sa bosse et son blues un peu partout. Elevé lui-même par un couple au caractère bien trempé, il y a de lui dans ce roman noir anar à fleur de peau.

On voit du paysage de l'Oklahoma au Vanuatu et on rencontre toute une faune bigarrée politisée ou non, du mouton au charognard bling bling, sans jamais trouver le temps long. On croise aussi un paquet de beaux salauds qui se dorent la pilule au frais de la princesse. Et il y a mon préféré, Ferdinand, un ancien qui jacte l'argomuche, celui de la Série Noire. Ce captivant roman de Luc Baranger ferait un sacré scénario pour un film.

Avec Crédit Revolver, t'es bien armé pour passer le confinement !
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Dès les pâlissements de l'aube

En 1918, en Argonne, Dall Dawn, un Indien Lakota se fait remarquer par son courage dans les tranchés de la Grande Guerre. Au péril, de sa vie , armé de son couteau fétiche à la main, un Bowie-knife, il franchit les lignes allemandes pour rapporter des scalps. Celui que l'on considérerait comme un "sauvage" force désormais le respect et l'admiration de ses"supérieurs". Mais que fait-il dans cette guerre qui n'est pas la sienne et pourquoi prend-t-il tous ces risques ? Ce serait, paraît-il pour recevoir la médaille du courage (Distinguished Cross) remise en main propre par le général Pershing...

"Dès les pâlissements de l'aube" est une formidable épopée sur la vengeance. D'une plume flamboyante, l'auteur Canadien Luc Baranger nous plonge dès les premières pages dans la fureur des tranchées et nous fait revivre, quelques chapitres plus loin, la déroute de Custer à Little Big Horn dans le Montana et le terrible massacre de la tribu des Miniconjous à Wounded Knee dans le Dakota. On y suit à la trace le parcours de l'Indien Dall Dawn, de son Dakota natal au Canada et jusqu'en Europe où il parade aussi dans le fameux cirque de Buffalo Bill Wild West Show. Quel destin incroyable ! Il m'a tenu en haleine jusqu'à jusqu'à l'épilogue et le dénouement final. Je ne peux que tirer mon chapeau à Luc Baranger qui a su, à travers Dall Dawn, faire revivre le triste sort et l'injustice qu'ont subi les indiens d'Amérique. Son roman noir Crédit Revolver m'avait déjà touché ; là, on est encore un cran au-dessus. "Dès les pâlissements de l'aube" m'a ouvert les yeux !

Je remercie Babelio, Masse critique et les éditions Equateurs pour ce roman qui est un gros coup de coeur !
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L'Extravagant Monsieur Parker

Savez-vous qui est cet extravagant Monsieur Parker dont la mère de la famille McLaughlin nous invite à faire la connaissance sous la plume de Luc Baranger ?

Le nom ne vous dit rien ?

Normal. Tout le monde le connaît, mais sous un autre patronyme célèbre. En tout cas c'est ce qu'il prétend le jour où il livre ses premières confidences à Maureen, la mère, chargée des travaux ménagers chez ce vieil homme.

Et alors, là, le lecteur se trouve scotché à son fauteuil, sa chaise, son canapé, son lit ou à même le sol (selon son confort de lecture) comme toute cette famille, parents et enfants réunis.

Le récit du nonagénaire est à peine croyable.

L'homme que vous avez devant vous n'est autre que l'un des plus célèbres hors-la-loi de l'ouest américain de la fin du 19ème siècle.

D'autant plus incroyable, que le célèbre Pat Garrett est censé avoir mis fin ,brutalement, à sa carrière de bandit le 14 juillet 1881.

Comme les McLaughlin, vous allez éprouver de l'empathie pour ce personnage, comme eux vous douterez sans doute, comme eux (et comme moi, d'ailleurs) vous irez consulter des ouvrages de référence qui ne feront qu'amplifier votre perplexité et vos interrogations.

L'auteur nous embarque dans une sacrée aventure. On va en croiser des célébrités. C'est toute une histoire du far-west qu'il va nous faire revivre au travers de son roman.

C'est Abigail, la fille de la famille qui nous raconte. Ce qu'elle a entendu, ce qu'elle a vécu. De 1949, elle avait13 ans, jusqu'au dernier souffle de Leroy Parker, qu'elle accompagna, quelques années plus tard.

Ce livre se lit comme un conte.

Un peu violent me direz-vous ?

Mais dans les contes, vous croyez que le loup est un agneau déguisé ?

Là, sous la peau d'un grand-père, un vieux bonhomme fragile et bougon que l'on prend en affection, se cache l'un des hommes les plus traqués en son temps... c'est ce que le romancier veut nous faire croire et moi, j'y crois.

Une découverte sympa, grâce à la chronique d'un lecteur qui m'a interpellé, et grâce aussi, à la personne qui me l'a offert...

Décidément le monde des lecteurs n'est empli que de gens bienveillants.





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Dès les pâlissements de l'aube

Alors quel voyage que cette lecture si riche en lieux, personnages, évènements tous grands ou petits ! Ils ont habité mon cheminement et ma réflexion dans cette histoire -écrite tour à tour avec un grand H ou pas-, et ont donné vie à un personnage fort autant qu’attachant souvent irrévérencieux. Pris dans les germes d’un ressentiment qui fera de la vengeance son but ultime.

Et ce sont les faits devenus le ferment de ce ressentiment que l’auteur nous dépeint ici avec tant de précision et de talent. Nous livrant un véritable travail d’historien en plus que de conteur.



Pour avoir beaucoup lu sur le sujet, je connais bien les grands évènements relatés ici, surtout ceux concernant l’Histoire des peuples Amérindiens. Pour autant la richesse du récit m’a permis de découvrir encore beaucoup de choses sur cette période. Les nombreuses anecdotes qui émaillent cette épopée, pour certaines fictives mais pour d’autres bien réelles rendent le tout terriblement vivant et intéressant.

On commence donc notre lecture dans les tranchées de la Grande Guerre où soldats américains côtoient les poilus de tous horizons et où l’on rencontre notre héros Dull Dawn, Indien Lakota dont l’histoire va ici nous être contée. L’une de ses particularités étant d’être né le jour de la bataille de Wounded Knee -dernier massacre ayant signé la fin des espoirs des peuples libres d’Amérique- en étant l’un des rares rescapés. Né au cœur d’une défaite dans la violence la plus barbare.



C’est donc au cœur d’un autre massacre que l’on fait sa connaissance, l’auteur ajoutant l’horreur à l’horreur en situant le début de son roman dans la tuerie de la première guerre mondiale.

Il parle de ces tranchées et des hommes qui les occupent avec un réalisme cru grâce à son écriture extrêmement précise et très imagée et surtout grâce à tous ces héros que l’on rencontre page après page. Réel ou non, chacun a une histoire, un passé, un trait de caractère, une particularité. Et l’auteur prend le temps de nous les raconter quel que soit le personnage auquel on s’intéresse et son importance dans le récit ou dans l’Histoire. Du lieutenant O’Reilly en passant par l’estafette du 131ème, jusqu’au Général Crook hypothétique fils d’un autre célèbre Général Crook connu pour son rôle durant les guerres indiennes, ou encore Sam -juif Ukrainien dans la Russie Tsariste- chacun prend vie le temps d’une page, d’un chapitre et nous livre assez de lui pour le rendre aimable ou non, mais dans tous les cas intéressant. Et je n’ai cité qu’eux mais ils foisonnent ces hommes et ces actes, anecdotiques ou non et ils donnent le sentiment de l’importance de chacun quelle que soit sa place dans le récit.



Après une incursion dans les tranchées de 14-18 donc, l’auteur nous emmène au cœur des guerres indiennes, nous livrant entre autre un récit de la bataille de Woudned Knee édifiant toujours en mêlant grande et petite Histoire. On rencontre d’autres personnages et des noms tels que Sitting Bull, Crazy Horse ou Red Cloud viennent alors résonner à nos oreilles comme ceux des derniers grands hommes gardiens d’un monde et d’une culture en train de disparaître. On se souvient de la Washita et de Sand Creek. Là commence réellement le récit de l’extermination d’un peuple. Et même si l’on connaît bien cette période et les faits qui s’y rattachent, on replonge dans l’horreur avec autant d’effarement, de dégoût et de honte qu’à chaque fois que l’on se rappelle.



L’auteur ensuite nous raconte comment le héros Dull Dawn a grandi et s’est construit entre deux cultures et deux époques. Comment sa naissance le jour de la bataille de Wounded Knee le charge d’un poids qui l’accompagnera toute sa vie. Comment son séjour au Canada raconté en troisième partie le placera définitivement entre deux cultures. Là aussi tout comme dans les chapitres consacrés aux guerres indiennes, on rencontre nombre de personnages encore une fois fictifs ou non, on reconnaît certains noms, on s’interroge sur d’autres. Buffalo Bill, Custer, Jean Louis Légaré, mais aussi d’autres moins connus. On continue le voyage avec de plus en plus de tendresse pour cet enfant né dans la violence et irrémédiablement marqué par elle.



Il y aurait tant à dire et commenter encore tant le récit est dense et foisonnant. La qualité des dialogues, le ton parfois grinçant, et la précision des tournures, des mots. Certaines scènes absolument grandioses comme la rencontre entre Dull et un certain général Crook dans les tranchées ou la quête d’un renard magique en compagnie de Stubborn Horse le grand-père de Dull.

Et l’importance du propos bien sûr plus encore que le ressort narratif à savoir l’histoire de la naissance d’une vengeance. Comment l’horreur, la violence et l’abomination dont l’homme est capable, coupable continuent de se répandre et de détruire longtemps après qu’elles aient été commises. Comment l’Histoire se recommence continuellement dans des territoires inconnus que l’on cherche à s’accaparer, ou dans d’autres tranchées, ailleurs, en d’autres temps.

Comment les Indiens d’Amérique ont été exterminés, abattus ou affamés, ou contaminés puis parqués, humiliés, brutalisés, contraints, dénaturés….

Comment il faut se souvenir pour qu’ils ne meurent pas tout à fait.

Comment dans le dernier chapitre tout gorgé d’émotion on fait ses adieux à un personnage devenu si familier au fil des pages, dont le destin nous a bouleversé grâce au travail de fond de Luc Baranger servi par une écriture puissante et parfois aussi irrévérencieuse qu’a pu l’être son héros. Parce que parfois l’ironie comme une arme contre l’absurde et l’horreur éloigne un peu le désespoir.





J’ai vraiment adoré ce livre même si par moments j’avoue que le foisonnement incessant d’informations de toutes sortes m’a quelque peu donné le vertige et obligée à ralentir pour les intégrer complètement et ne pas m’y perdre, au détriment parfois de l’émotion. Ça sera la seule réserve pour moi sur cet ouvrage que j’ai eu grand plaisir à découvrir grâce à une masse critique.

Un grand merci donc à Babelio et aux éditions des Équateurs.



Et un grand merci à Luc Baranger pour ce très bon moment de lecture et surtout pour avoir si brillamment redonné vie à ces peuples libres d’Amérique en contant leur histoire avec tant de force.

Pour moi ce livre a pleinement sa place entre Enterre mon cœur à Woudned Knee de Dee Brown ou Comme des ombres sur la terre de James Welch, c’est à dire parmi les plus grands.











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Tupelo Mississippi Flash

Tupelo Mississippi Flash une chanson de Jerry Reed en hommage à Elvis. Vous comprendrez quel diable de rapport il peut y avoir entre cette dernière et Franck Bompas, ado de 12 ans traînant ses guêtres sales et défraîchies à Angoutiers, Vienne Maritime.

Ce livre est drôle, il est aussi 'achement bien écrit ! D'abord dans le patois des campagnards et des pauvres des années 60. Ensuite dans un savoureux mélange de cajun et d'anglais francisé. C'est vraiment ce double langage qui apporte toute la plus value du livre, qui l'inscrit dans une singularité qui fait tout simplement du bien.

L'histoire, en elle même n'est pas en reste et l'on retrouve avec un certain délice tous les travers de notre chère humanité : blancs, noirs, femmes et couillus ne sont pas épargnés - le racisme et la famille éclatent de même.



Mais alors Bo, qu'as tu fait de ta nuit?

"- J'avions jonglé c'te nuit pendant que tu f'sais ton nap, dit il. Une Winchester et un taïot; si y a du grabeau pendant les r'trouvailles avec ton pop et ses acolytes, ça va pèse plume. Faut qu'nous aut' on s'aille s'artiller à Big Easy. J'avions beau êt un crack shot, un colt 45, un 9mm Parabellum, ça s'rait pas du luxe. Ça et puis p'têt' un bon fisil."



Bon ça fait peut être peur à première vue mais ce n'est pas du latin, ça se comprends dans le livre assez aisément. Et voir notre langue ainsi triturée, on pourrait dire malmenée est un sacré plaisir. Alors laissez vous emporter !
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Dès les pâlissements de l'aube

Dans les tranchées de la première guerre mondiale, Dull Dawn, soldat indien Lakota dans l’armée américaine, est volontaire pour toute une série de missions au-delà des les lignes ennemies. Derrière cette témérité se trouve un désir de vengeance, né 45 ans plus tôt lors du massacre des siens à Wounded Knee.



« Dès les palissements de l’aube » est une superbe épopée qui retrace le parcours de Dull depuis sa naissance au cours des évènements de Wounded Knee jusqu’à sa quête de vengeance. Le livre est composé à partir de retours en arrière et de disgressions qui immergent le lecteur dans l’Ouest américain de la fin du 19ème siècle. Il y découvre le coût réel de cette « conquête » opérée au détriment des populations indiennes. En effet, celles-ci ont été purement et simplement massacrées, les survivants étant parqués dans des réserves avec la volonté assumée des pouvoirs blancs de se débarrasser de leurs traditions et modes de vie. Quitte à les faire sombrer dans l’alcoolisme et la misère. Le constat est sans appel et sans complaisance, et bien loin du mythe des cow-boys et des indiens véhiculé par l’histoire officielle, les spectacles de Buffalo Bill ou encore le septième art.



Le roman est très fort et porté par la plume virevoltante de Luc Baranger, à la fois pleine de vie et acérée pour dénoncer la folie de l’homme blanc face aux populations indiennes. Le lecteur se laisse porter par la partition mélodieuse qui se déroule sous ses yeux, malgré la tristesse et la colère qu’il peut ressentir devant un tel traitement. Un livre à ne surtout pas rater !


Lien : https://mangeursdelivres.fr
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Visas antérieurs

A qui pensez-vous quand vous entendez fredonner : She don't lie, she don't lie, she don't lie, cocaïne ?



Eric Clapton ? Perdu...



J.J. Cale ? Gagné ! Visas antérieurs vous tend les bras.



Caloïnomane devant l'éternel, Luc Baranger nous narre, entre autres, l'histoire d'un jeune gars de Trélazé, guitariste de rock-blues, qui part du jour au lendemain sur la piste du génial compositeur de l'album Naturally. Je dis "entre autres" car Visas antérieurs nous parle aussi de la guerre 1939-1945, des luttes sociales, du blues, de la scène rock des années 70-80. Le tout dans une langue savoureuse que n'aurait pas reniée Michel Audiard.



Les amateurs de Cale seront ravis et les autres auront une bonne raison de découvrir le style unique, blues-country-rock-jazz, de l'inspirateur d'Eric Clapton et de Dire Straits.
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Dès les pâlissements de l'aube

Dans le grand cercle du monde.

Le lieutenant Sean O'Reilly, Bostonien d'ascendance irlandaise, fils de bonne famille, engagé sur ordre paternel, tue le temps dans les tranchées en attendant le casse-pipe. En 1918, en terre d'Argonne, les volontaires américains à l'air pimpant ont su apporter "une note de pittoresque inédit" selon la presse patriotique, dans l'effroyable boucherie de la Première guerre mondiale. L'Amérindien Lakota, Dull Dawn, chasseur de scalps allemands dans le no man's land, franc-tireur rattaché au lieutenant, opère en solitaire dans une guerre qui n'est pas la sienne. Quel est son secret et son but ? Avec de multiples flashbacks et autant de d'approfondissements historiques, le passé et la filiation du guerrier indien s'éclairent à mesure que les us et coutumes des Blancs s'épandent comme la peste noire sur la Terre. Anpó Luta ou Dull Dawn ou Aube Maussade porte son nom lakota en relation avec le jour sombre, froid et neigeux de sa naissance à Wounded Knee quand les Sioux désarmés et affamés se firent massacrer par la soldatesque haineuse et revancharde de l'armée américaine : "Six à sept millions de morts en Amérique du Nord... On n'a jamais trop su. Sans le moindre mausolée". Dull Dawn porte aussi la mémoire des ultimes feux d’une civilisation éradiquée par les Blancs.

L’écrivain canadien Luc Baranger a composé une fresque grandiose par son souffle épique et poétique à travers la vengeance froide et vrillée à l’âme de Dull Dawn. En se glissant à hauteur d’homme dans les tranchées ou sous un tipi mais aussi dans l’éveil du sentiment amoureux ou l’épanouissement de relations fraternelles, l’auteur rend justice aux laissés-pour-compte de l’histoire et il leur insuffle une présence atemporelle catalysant les heurs et malheurs d’une humanité malmenée depuis toujours. L’écriture réflexive et descriptive travaille la phrase, choisit les mots, s’appuie sur une solide documentation et ne se perd pas dans des circonvolutions ; elle entre immédiatement dans le vif du sujet, maintenant constamment l’intérêt du lecteur et délivrant une histoire passionnante à suivre.
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Dernières nouvelles du blues

12 nouvelles comme autant de mesures d’un bon vieux blues qui nous amènent du Mississipi de la ségrégation à l’archipel des Vanuatu en passant par la Réunion ou quelques banlieues de mornes villes françaises, voilà ce que nous propose Luc Baranger dans ce petit recueil paru en son temps chez L’Écailler du Sud.

Petites arnaques, petites lâchetés, petits renoncements et rêves de grands espaces se succèdent avec en commun une véritable tendresse de l’auteur pour ces gens de peu pas toujours très malins ni courageux, souvent dépassés par leurs rêves, qu’il met en scène. Derrière chacune de ces trajectoires abordées tour à tour sur le ton de la nostalgie, du regret ou du simple souvenir ému et, toujours, avec cet humour qui permet de contenir l’émotion ou de supporter la vie, Luc Baranger joue donc son petit blues entêtant.



Si, comme de rigueur dans ce genre d’exercice, notre préférence ira telle ou telle autre de ces nouvelles – la toute première, « Le blues de la Couleur en Noire et Blancs », récit du racisme ordinaire et des lâchetés hypocrisies qui l’accompagnent dans le Vieux Sud, « Mercury Blues », émouvant hommage à un homme droit dans ses bottes et peu porté sur la récupération des dettes, ou encore « Le blues du coup de pied de l’âme » et son héros à la conception particulière du paiement de sa dette à la société, en ce qui nous concerne – il n’en demeure pas moins que même les récits qui emportent moins notre adhésion ont leur charme. Grâce en particulier à la plume de Luc Baranger, ses accents parfois gouailleurs et ramenards et son art de la métaphore de la comparaison… son cynisme faussement méchant aussi et l’expression d’un esprit libertaire et jouisseur qui font de ce recueil un plaisir de lecture dans lequel on aime à picorer.


Lien : http://www.encoredunoir.com/..
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Visas antérieurs

Dans les années 60 et 70, un enfant de la mine d'ardoise devient un grand guitariste de rock aux USA



Publié en 1996, le premier roman de Luc Baranger - doté d'une puissante inspiration autobiographique pour cet enfant élevé par sa grand-mère, "ex-dame de petite vertu au grand cœur", et son grand-père d'adoption, militant anarchiste plusieurs fois emprisonné - posait les fondations d'une oeuvre singulière, nourrie de luttes sociales, d'injustices dénoncées souvent en vain, dans laquelle les personnages parviennent à survivre grâce au catalyseur de la musique, et tout particulièrement du blues rock.



On suivra donc, dans plusieurs séries de flash-backs, l'enfance dans le village minier des ardoisières de Trélazé dans le Maine-et-Loire, les premiers balbutiements musicaux passionnés, le départ vers l'Angleterre puis l'Amérique du protagoniste principal, rapidement guitariste renommé, jusqu'à la rencontre magique avec le - pas encore mythique, mais déjà nimbé d'une aura de talent exceptionnel - J.J. Cale (le créateur notamment de la chanson "Cocaine" qu'Eric Clapton rendra mondialement célèbre), les tournées hallucinées aux quatre coins des États-Unis, le mariage enfin - tout en plongeant au passage dans les vies paradoxales de ses deux parents adoptifs.



Pour reprendre la formule bienvenue et étonnamment juste de la quatrième couverture de la Noire Gallimard, un roman qui "raconte comment le rock'n'roll, sous d'autres formes, fut (un temps) la continuation de l'éternelle et polymorphe lutte des classes.





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Dès les pâlissements de l'aube

Tout d'abord, je tiens à remercier Babelio et les éditions Equateurs pour l'envoi de ce superbe roman suite à la masse critique.



Il faut savoir que tout ce qui concerne les Amérindiens me touche particulièrement. Me demandez pas pourquoi mais le destin des peuples natifs m'a toujours émue et révoltée au plus profond de moi. Alors je ne pouvais pas passer à côté de ce livre.

Dull Dawn est un Indien lakota dont la tribu et la famille ont été tuées lors du massacre de wounded Knee.

Je me suis souvent renseignée sur toute cette période et notamment ce terrible épisode qui marqua un tournant dans la conquête des colons et le massacre des peuples indiens. Mais ici, dans ce texte, j'ai vécu tout ça, au côté de Dull Dawn. Même si je savais plus ou moins à quoi m'attendre, j'ai pris une claque, ça m'a retourné le ventre et le cœur. La plume de Baranger est puissante.

On suit notre indien lakota durant plusieurs périodes de sa vie, de son enfance au massacre puis dans sa quête de vengeance qui le conduit jusque dans les tranchées de la Grande guerre. Comme lui, rien ne nous est épargné. Mais l'auteur ne tombe jamais dans le pathos, il nous happe, nous raconte la vérité d'une période racontée par les colons et non par ceux qui y ont sacrifié leur vie.

Baranger, à travers cette histoire foisonnante, passionnante, riche et terriblement dure mais nécessaire, dresse le portrait d'une Amérique née dans le sang et l'extinction d'un peuple entier.

L'auteur retranscrit avec une grande justesse les sentiments forts, notamment celui de vengeance, de Dull Dawn, et nous transporte du début à la fin. Avec la précision d'un historien mais sans jamais nous ennuyer, il nous fait traverser la vie d'un personnage incroyable. Et on se régale.

C'est un roman à lire absolument !
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Visas antérieurs

ce livre se présente comme un roman rock, c'est-à-dire un récit où la musique joue un rôle prépondérant, ce qui est le cas dans la 1re partie : un guitariste français se met sur la piste de son musicien fétiche : J.J. Cale.



Le récit est ensuite interrompu pour développer le passé. Cette longue digression n'a pas de lien avec la musique mais elle a le mérite de bien ancrer le personnage principal et mieux faire comprendre ses motivations pour quitter, d'abord la France puis l'Angleterre. En fait, l'histoire est un peu secondaire car c'est plutôt la langue qui mérite d'être appréciée. L'auteur a une façon bien à lui d'utiliser la musicalité des mots et ne serait-ce que pour ça, le livre mérite d'être lu.



Seul hic : comment peut-on passer sous l'Hudson en arrivant par l'aéroport JFK de New York (p. 17) et traverser l'East River (p. 20) pour se rendre au New Jersey ? L'auteur et moi n'avons pas eu le même cours de géographie.
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Dès les pâlissements de l'aube

L'histoire de Dull Dawn c'est presque une ‘'biographie romancée'' tant l'auteur s'est inspiré de faits réels relatifs à la vie des Premières Nations. L'auteur alterne les époques, nous entraînant des meurtrières tranchées d'Argonne en France à la triste réserve de Pine Ridge dans le Dakota du sud en passant par le Saskatchewan au Canada. Dull Dawn est un Lakota miniconjou né et élevé dans le monde cruel des Indiens, combatifs certes, mais impuissants face au danger de se voir disparaître et subissant inéluctablement l'invasion et les guerres d'anéantissement des blancs. La folie des hommes a-t-elle réellement un sens ? Dull Dawn naît à Wounded Knee le 26 décembre 1890, quelques heures avant le massacre de son clan par les revanchards du 7ème de cavalerie. Pendant ce tragique épisode historique, qui fit 300 victimes, la mère et la soeur de Dull sont abattues par les soldats. le nouveau né est sauvé par Stubborn Horse, son grand-père et élevé par ses grands-parents sur la réserve de Pine Ridge. En 1898, les enlèvements de jeunes Sioux par les autorités américaines se multiplient. Ils sont envoyés dans l'Est du pays, dans de vastes institutions à désindianiser tenues par des religieux. Craignant l'enlèvement de son petit-fils, Stubborn va le confier à Jean-Louis Légaré, ce rancher québécois installé à la Talle-de-Saules (Willow Bunch) en Saskatchewan, qu'il connaît bien puisque de 1876 à 1881 ce brave Légaré a hébergé Sitting Bull et près de 4000 sioux fuyant l'armée US qui voulait se venger de leur écrasante défaite à la bataille de Little Bighorn. Plus tard, pour parfaire l'éducation du jeune sioux, Légaré le confie à Jim son contremaître, un père de deux enfants, qui deviendront comme un frère et une soeur pour le jeune Lakota. Dull est scolarisé, il parle le lakota, le français et l'anglais. Il rêve de devenir cowboy dans le ranch de Légaré. Mais en 1904 son oncle Ten Bears autre rescapé du massacre de Wounded Knee, vient à Willow Bunch, apprendre à Dull la mort de ses grands-parents et lui proposer de rentrer aux États-Unis pour s'engager dans le Wild West Show de Buffalo Bill Cody. Dull accepte et sera l'un des nombreux Sioux du cirque qui effectuera une tournée de 105 dates en France en 1905. Dull apprend fortuitement que le général John Pershing, ami de Cody, commandait les éclaireurs lors du massacre de Wounded Knee. de ce jour, Dull va nourrir une haine viscérale à l'encontre de cet homme. Pershing doit payer pour tous ceux qui ont assassinés les siens. En 1917 Pershing est nommé généralissime et prend le commandement des 2 millions d'hommes du corps expéditionnaire US qui vont combattre en France après l'entrée en guerre des USA contre l'Allemagne. Dull s'engage et se retrouve voltigeur en Argonne. Il n'aura qu'un but, celui de ‘'jouer'' les héros et obtenir la Distinguished Cross...pour approcher Pershing.



Ecrivain – traducteur – baroudeur Luc Baranger a déjà écrit 15 romans avec son style bien particulier d'écriture de polars très rock' n' roll et plusieurs nouvelles. Ayant lu tous ses romans je peux dire que ce dernier ne ressemble à aucun autre. Un livre puissant qui emporte le lecteur tout au long des 496 pages pour lui parler d'humanité et …de barbarie. C'est, pour moi, son plus beau roman.
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L'Extravagant Monsieur Parker





” Leroy Parker était apparu comme un faux taiseux, un faux ronchon dont le visage parcheminé s'éclairait brusquement d'un regard malicieux, qui conservait quelque chose de juvénile, au moment où son interlocutrice s'y attendait le moins. Il fallut peu de visites pour maman, en tout bien tout honneur, cède au char suranné de ce vieillard barricadé derrière une constante mauvaise humeur de façade qu'un simple sourire féminin parvenait sans difficulté à lézarder. “





Au cours de l'automne de 1949 à Albuquerque, suite à un à accident de travail le mari de Maureen McLaughlin perds l'usage de ses jambes. Afin de subvenir aux besoins de sa famille, elle s'occupe des travaux ménagers de plusieurs personnes âgées, c'est à cette occasion qu'elle rencontre l'intriguant Leroy Parker.


Au fil des jours, ils s'attachent l'un à l'autre et une belle et solide amitié prends forme. 



Jusqu'au jour où il apprend que quelqu'un tente d'usurper sa véritable identité, ce bandit de grand chemin n'est pas d'accord et compte bien rétablir la vérité auprès de sa nouvelle amie en lui révélant son secret.


Celui qui fit trembler le Sud des États-Unis et que tous ont cru mort, le légendaire Billy theKid, c'est lui. 







” Parker tira sur son cigarillo et marqua à nouveau quelques secondes de silence. Sous le nuage de fumée bleutée revivait-il ce jour funeste vécu quelque soixante-dix ans plus tôt ou mentait-il avec un aplomb inouï ? Maman, tentée de croire le vieux bonhomme, n'arrivait pas à intégrer le fait qu'elle ait pu, sans s'en douter une seule seconde, fréquenter un personnage historique, une « légende » comme il disait. Perturbée, attristée par ce qu'elle venait d'entendre, elle n'osa relancer la conversation. Ce fut Parker qui s'y colla après avoir secoué sa cendre : 
– Comme je disais souvent quand j'étais jeune pour amuser mes copains : « je ne suis pas du genre à me laisser abattre »... “





Commence alors pour Maureen et sa famille un voyage fascinant dans le passé du vieux brigand et dans les mythes de l'Ouest américain. 






Ce que j'en dis :




Quand un auteur dégaine sa plume et m'invite à voyager dans le temps pour retrouver Billy the Kid, je ne résiste pas longtemps à l'appel sauvage de l'Ouest américain.


J'oublie que c'est une fiction, basée sur un mythe légendaire et je me laisse emporter par l'histoire absolument réjouissante.




L'écriture stylée de ce Frenchy m'a bluffée, et les pages ont défilé au galop à travers les souvenirs de ce brigand très attachant. 



Aussi étonnant que surprenant, ce roman fleure bon l'Amérique, rythmé par les chevauchées fantastique et les frasques de l'extravagant Parker.




Ressusciter à travers ce roman qui ne manque pas d'originalité, Billy the Kid revient sur les devants de la scène et ne se laisse pas voler la vedette par un charlatan. 







Alors si vous êtes nostalgique de western, si vous aimez certains auteurs comme Harisson ou Crumley, n'hésitez surtout pas à découvrir ce récit de ce français immigré au Canada qui risque très certainement de vous faire passer un sacré bon moment de lecture avec cette pépite étincelante. 


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Visas antérieurs

Albert Naubadie, héros et narrateur de ce récit, n’a a priori pas le patronyme d’un "Guitar Hero" yankee.



Guitariste fasciné par le blues depuis son enfance, habité de mythologie étasunienne, la musique de JJ Cale lui fait quitter l’Europe et prendre la route de Nashville pour rencontrer celui qui a réussi à matérialiser le son de ses rêves.



Ce voyage au loin va aussi lui faire remonter l’histoire des grands-parents qui l’ont élevé à Trélazé, au bord de la Loire - Laurène, la grand-mère si belle et pas mamie pour un sou, ancienne prostituée pendant la guerre pour ne pas être une crève-la-faim, et Henri, mineur, militant anar et libertaire avec une fossette à la Kirk Douglas, deux individus au grand cœur et au parcours d’aventuriers, à travers les bouleversements du vingtième siècle.



Visas antérieurs est une histoire qui n'a pas du tout le blues, pour un roman à la très belle musique.

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L'Extravagant Monsieur Parker

Albuquerque, 1949.

Depuis leur installation, les McLaughlin mènent une vie plutôt tranquille jusqu’à ce qu’un terrible accident chamboule la vie de la famille. Il en faut de peu pour que Sean McLaughlin perde la vie sous un éboulement. Secouru à temps, le robuste père de famille survit mais perd gros : ses jambes et son travail. La municipalité, pour laquelle il travaillait comme terrassier à la Compagnie des eaux, se dédouane de toute responsabilité et refuse de le reclasser. C’est donc Maureen, sa femme, qui va devoir travailler pour subvenir aux besoins de la maisonnée. Son audace lui permet de rapidement trouver un emploi d’aide à domicile chez des vétérans de guerre. Elle se prend d’amitié pour un drôle de vieux bonhomme se faisant appeler Leroy Parker. Faux ronchon sympathique, l'homme est toujours alerte et nettoie ses revolvers avec une étonnante virtuosité malgré ses quatre-vingt-onze ans.



Connu pour ses traductions de Christopher Moore ou Kris Nelscott entre autres, Luc Baranger, angevin d’origine vivant désormais au Québec, est aussi l’auteur de quelques romans noirs sur fond de blues et de Maria Chape de Haine, un Poulpe dépaysant paru chez Baleine en 2010. Dans L'Extravagant Monsieur Parker, il ne cache pas son appétence pour la mythologie de l’Ouest américain.

Un jour qu’elle est chez lui à faire le ménage, Maureen McLaughlin voit le vieux Parker manquer s’étouffer et pris d’une terrible colère. Il vient de lire dans le journal qu’un certain Brushy Bill Roberts déclare être Billy the Kid. Trop c’est trop ! En rage, c’est un Parker bouillonnant qui déballe tout à Maureen. Billy the Kid n’est pas mort. Pas plus qu’il n’est cet imposteur prétentieux. Et pour cause, Billy the Kid, c’est lui ! Mais il se gardera bien de le révéler, aussi il demande à la jeune femme de garder ça pour elle. Maureen n’y parvient pas et en parle à son mari et à ses deux enfants, Shane et Abigail, leur faisant jurer de garder le silence. C’est cette dernière, adolescente à l’époque, qui nous narre cette histoire hors du commun.

Les références sont nombreuses et Luc Baranger est sans doute féru de pans entiers de l’histoire américaine. Pour autant, le lecteur n’a pas besoin d’avoir de connaissances particulières en la matière pour se laisser embarquer et simplement profiter de ce roman enlevé. La plume de l’auteur est alerte et particulièrement agréable à l’œil. Bien qu’il raconte parfois des horreurs, on ne peut s’empêcher, à l’instar de la petite Abi, d’éprouver une certaine tendresse à l’égard de ce vieux monsieur haut en couleur qui a roulé sa bosse comme personne et frôlé la mort à d’innombrables reprises.



Passionnante, cette jolie fiction documentée sur la vie de Billy the Kid – qui n’aurait donc pas été abattu en 1881 par le fameux shérif Pat Garrett – est un régal. Bien qu’il n’y ait pas de suspense à véritablement parler, on ne voit pas le temps passer à écouter l’extravagant Monsieur Parker nous narrer ses aventures.
Lien : https://hanniballelecteur.wo..
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Au pas des raquettes

Vladimir Pichon est un militant communiste à la retraite. Il avait juré sur le lit de mort de son père qu’il ferait la peau des neuf professeurs qui lui ont mené la vie dure en 1965. En 2008, il en reste cinq, et il va tous les éliminer un par un. Alors qu’il vient d’apprendre qu’un de ses fils, trader, vient d’être poussé au suicide par un magnat de la finance, lui qui a toujours eu horreur du capitalisme décide que le chef de son fils doit mourir.



Encore un volume de cette collection Suite Noire qui vient de se faire connaitre via France 2. En effet, cet été, 8 romans ont été adaptés au format télévisuel. Je dois avouer que je n’en ai vu aucun … à cause de l’horaire tardif. Il n’empêche que je les ai tous, tous lus et donc voici l’avant dernier en date.



Je ne connais pas Luc Baranger mais je dois dire que ce livre m’a pris aux tripes, tant le rythme est rapide et l’humour omniprésent et corrosif. Faisant toujours appel à la culture, générale et contemporaine, le roman foisonne de bons mots ou d’excellentes phrases. Le personnage est bien décrit, mais un peu superficiel, et cela est seulement du au format obligé de l’exercice : 95 pages. Difficile de raconter une vie entière en si peu de pages !



La construction est faite de flash backs, mais il manque des liens (explicites ou pas) avec le moment présent. En bref, un bon petit livre qui n’est pas le meilleur de cette Suite Noire mais qui est bien agréable à lire. Et puis, la couverture est cartonnée et, franchement, j’ai vraiment l’impression de lire un vrai livre.
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Le Poulpe : Maria, chape de haine

Luc Baranger est un auteur né en France élevé par une ancienne prostituée et un militant anarchiste. Il a ensuite immigré au Québec.



Un auteur français aux racines anarchistes qui a émigré au Québec, voilà de quoi expliquer tout naturellement que celui-ci nous offre une aventure québécoise de notre anarchiste français préféré, Gabriel Lecouvreur alias Le Poulpe.

Gabriel et Quentin ont fait les 400 coups ensemble, dans leur jeunesse, liés par le fait d'être nés exactement le même jour. Quand Quentin, à 20 ans, décide de partir faire fortune au Québec, Gabriel le suit. Mais, très vite, sur place, les deux hommes tombent amoureux de la même femme, la belle Maria. Comme l'amitié est plus forte que tout pour Gabriel, ce dernier décide de retourner en France.



20 ans après, Quentin est assassiné et Maria fait appel à Gabriel pour trouver le meurtrier. Le Poulpe remet donc les pieds au Québec et va tomber dans une histoire qui plongera son point final dans la violence et le sang.



Luc Baranger s'amuse, se fait plaisir et parvient à faire plaisir au lecteur en jouant sur des langages ayant la même racine et leurs diversités. L'argot français répond alors aux expressions québécoises tel le fils caché de François Pérusse et de Michel Audiard. Mais l'auteur en rajoute encore avec des métaphores funambules qui se déplacent sur un fil sans jamais chuter.



Au Québec, Gabriel se rend compte que les choses sont pareilles que dans son hexagone, les politiciens sont corrompus, certains flics aussi, et que, si ce n'était un froid qui n'est d'ailleurs pas si présent que ça en cette période de l'année, il ne se rendrait pas compte de la distance qu'il vient de parcourir pour appliquer sa vengeance. D'autant qu'il sera épaulé par un vieux baroudeur breton, ami et partenaire de Quentin, qui, malgré ses 70 ans, se révèle un renfort de poids.



Comme je l'ai déjà dit, l'auteur se fait plaisir en multipliant les métaphores de haute volée, les expressions argotiques ou québécoises et les traits d'humour. Plus, Luc Baranger aurait sombré dans le trop, là, il flirte parfois avec l'indigestion, comme un excès de Poutine, sans, toutefois, provoquer la nausée (n'est pas Jean-Paul Sartre qui veut).



Cocasse et enlevé, avec un final violent et sanglant, bien qu'un peu trop rapide à mon goût, cet épisode de « Le Poulpe » est à situer dans le haut de la pile des épisodes de la saga.



Au final, un bon petit « Le Poulpe », à déguster pour se faire plaisir, avec l'accent de La Belle Province...
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Backstage

Après une excursion jazzie avec David Fulmer, un crochet rock’n’roll s’impose. Et qui peut mieux en parler que Luc Baranger ?



Une épidémie de péritonites foudroyante est en train d’éclaircir les rangs des anciennes gloires du rock. Clovis Reynolds, qui a un temps été un critique musical de premier plan et a tracé la route avec nombre de stars durant les années 1970 avant d’amorcer une longue chute jusqu’à un mobil-home et une feuille de chou locale des bords de Loire, voit dans ces morts rapprochées quelque chose de pas très catholique (ni très rock’n’roll, d’ailleurs). C’est l’occasion pour lui de se lancer dans une folle course autour du monde afin de faire la lumière sur cette sombre affaire et éclairer par la même occasion des zones d’ombre de son propre passé.



C’est sans surprise et toujours avec plaisir que l’on retrouve les thèmes chers à Luc Baranger, à savoir le rock et un regard nostalgique sur une époque révolue qui n’est toutefois pas idéalisée, à l’image de ce que l’on pu voir par ailleurs de le magnifique Visas antérieurs. C’est un fait que Baranger aime ses héros – ceux de ses bouquins comme ceux du rock ou du blues – avec leurs qualités mais aussi, et peut-être surtout, avec leurs défauts, leur lâcheté ordinaire, leurs actes parfois odieux.

À ce titre Clovis Reynolds est emblématique du héros barangien (barangérien ?) : un type qui mène sa barque tout seul, bouffe de la vache enragée mais reste fidèle à ses idéaux et qui, s’il n’a pas oublié le passé, le regarde sans illusions.

Éminemment sympathique, bourré d’un humour qui transparaît à travers la plume d’un Baranger qui n’a souvent rien à envier à Audiard pour ce qui est de la métaphore particulièrement parlante, Reynolds a toutefois sa part d’ombre. Et pas des moindres. C’est dans un grand périple à la recherche de lui-même qu’il nous entraîne, de la région angevine au Texas en passant par le Pays de Galle et les montagnes Rocheuses, aux côtés tour à tour d’un épaviste gitan, d’un vieil indien ou d’une volumineuse chasseuse de primes lesbienne.

Le tour de force de Luc Baranger, c’est de nous faire aimer autant que lui des héros et une Amérique dont les défauts et les actes pourraient nous interdire de leur accorder la moindre sympathie. Parce qu’ils sont humains, comme nous, parce que derrière la laideur il peut y avoir la beauté. Parce que le blues, parce que le rock, c’est aussi ça ; la catharsis, la violence des sentiments et de leur expression. La vie, quoi.



On signalera au passage, pour ceux qui seraient passés à côté, que Michel Embareck revient lui aussi, d’une autre manière, mais tout aussi percutante, sur un sujet similaire, dans son Rock en vrac.




Lien : http://encoredunoir.over-blo..
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L'Extravagant Monsieur Parker

Etats-Unis, 1949. Maureen McLaughlin, immigrée irlandaise, fait les ménages chez des vétérans pour faire vivre sa petite famille. Parmi ses bénéficiaires, Leroy Parker a sa préférence et une amitié se tisse doucement entre eux. Un jour, Parker révèle à Maureen son secret si bien gardé jusqu’à alors : la terreur de l’Ouest, Billy the Kid, c’est lui ! Maureen et sa famille va alors remonter le temps grâce aux souvenirs du vieil homme et découvrir les mythes de l’Ouest américain.



Leroy Parker, alias Billy the Kid, va dérouler le fil de sa vie mouvementée de bandit des grands chemins à une famille à la fois éberluée et fascinée par ce personnage haut en couleurs. À partir de cette révélation, il peut être un peu difficile pour le lecteur non averti de s’y retrouver parmi tous les noms et évènements marquants de l’Ouest. Heureusement, la famille McLaughlin est aussi perdue que nous ! Leurs recherches et leurs questions viendront donc éclairer un peu notre lanterne. L’histoire est racontée par Abigail, la fille de Maureen, fascinée, tout comme le lecteur, par la légende.



Mais au-delà du fonds, Luc Baranger a également soigné la forme. On retrouve vraiment l’esprit western dans son écriture par les descriptions ou les expressions des personnages. Le lecteur est donc en totale immersion.



Ce petit roman saura donc faire voyager son lecteur. En quelques pages, vous êtes à dos de cheval à fuir un shérif à vos trousses. En revanche, si vous n’êtes pas du tout adepte de western, il vaut mieux passer son chemin !
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