Le vin mordu ( à René-Guy Cadou)
De bas brouillards tremblaient aux vallées de l'automne
Les chiens jappaient sans fin sur le bord des ruisseaux
On entendait rouiller leurs abois dans l'écho
A des lieues et des lieues, sur des pays sans bornes.
Le vent sentait la pierre rêche et le gibier
Il était dur et vif à nous trancher la gorge.
Nous nous hâtions vers quelque grange, dont le porche
Offrait déjà l'abri à des coqs qui chantaient.
Lorsque sur le revers d'un coteau, nous trouvâmes
La jaune, apaisante caresse des raisins:
Bien à l'écart du vent, des grappes plein les mains
Nous bûmes longuement, renversés sur la flamme.