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Citation de Nastie92


Dans la pièce du rez-de-chaussée, efficaces, précises, les voisines sont venues préparer le corps, le laver, enfiler les habits de fête. Le travail des vieilles, celles qui ont tout vu, tout vécu, tout subi. Les hémorragies des mères qui se vident après les accouchements et qu'on voyait d'abord se débattre avec la douleur, puis sombrer, les yeux mi-clos, emportées par la fatigue et le découragement. Les pères ne voyaient rien, on venait leur dire, après des heures, parfois un jour ou deux, rarement plus, que c'était fini, qu'il faudrait continuer seuls à nourrir les enfants et la grand-mère ou le grand-père, bouches inutiles qui s'accrochaient à la vie. Cela les incitait à trouver très vite une autre épouse, systématiquement plus jeune, pour faire d'autres enfants, avec les mêmes risques. Les femmes, elles, on venait les prévenir lorsque leurs maris, leurs frères ou leurs fils avaient été blessés pendant la chasse, pendant la coupe, sur un sentier, dans une rivière − la montagne offre tant de lieux pour mourir. Une hache qui dérape et fait couler le sang. Un arbre qui ne tombe pas là où il devrait et fracasse l'imprudent. Un malheureux qui chute, déséquilibré, d'une vire et qui finit déchiqueté sur les roches éternelles.
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