La journaliste Sonia Déchamps recevait sur la scène des Déblogueurs, lors de l'éditions 2022, les auteurs Luc-Michel Fouassier et Colin Thibert pour parler de leurs derniers ouvrages et d'humour...
Les pantoufles de Luc-Michel Fouassier aux éditions Folio
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Petites foulées au bord d'un canal de Luc-Michel Fouassier aux éditions Quadrature
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Mon frère, ce zéro de Colin Thibert aux éditions Pocket
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Torrentius de Colin Thibert aux éditions J'ai Lu
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La Supériorité du kangourou de Colin Thibert aux éditions Héloïse d'Ormesson
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Je n'étais pas devenu l'Homme Invisible, mais l'Homme Silencieux...
Je ne foulais plus le même sol que mes congénères, j'avançais en marge. A côté de mes pompes, en quelque sorte.
Ce n'était pas désagréable de marcher dans la rue avec des charentaises aux pieds, ça vous donnait la douce impression de fouler un tapis moelleux et silencieux de mousse, le dur trottoir revêtant les atours de sentier du sous-bois. J'avais utilisé toutes sortes de chaussures dans ma vie, du plus banal soulier de ville à l'espadrille, de la botte en caoutchouc à la tong, de la chaussure Stan Smith à la santiag, en passant le sabot en plastique et la palme d'homme grenouille.
Dans un endroit où les Sans -culottes s'étaient illustrés, un sans-chaussures ne pouvait que se sentir chez lui
Nous étions convenus de nous retrouver à Montargis, rive droite, au bout de la passerelle Gustave Eiffel. Sylvain avait dit que l’endroit était facile à dénicher, tous les pékins de Montargis connaissent la passerelle Gustave Eiffel. Tous, non. Il en reste encore quelques-uns pour ignorer l’existence de l’ouvrage métallique, tel ce type – casquette floquée aux armes d’un magasin de bricolage, baguette sous le bras – qui, lorsque je lui demande mon chemin, me répond par une moue évasive. Sa bouille de parfait ahuri me laisse à penser qu’il ne serait guère étonnant qu’il ne connaisse pas grand-chose non plus du chef-d’œuvre du même ingénieur, culminant à 320 mètres au-dessus de Paris.
J'aurais bien laissé glisser la fin du jour, comme ça, sans rien faire. D'ailleurs, j'aurais volontiers laissé glisser une multitude de choses. A commencer par le temps. N'était-ce pas un début de sagesse que de parvenir à ne plus brusquer le temps, donner sa chance à la durée, parfaire ainsi son aptitude à accueillir l'évènement ? Devenir lent au milieu de la frénésie convulsive des autres. Ne plus jamais lacer de chaussures.
En pantoufles et complet-veston, je risquais de détonner un peu, voire de passer carrément pour un cinglé.
On regarde sa montre, on constate qu’on est déjà en retard, on cherche le parapluie pliable, on vérifie que le portefeuille se trouve bien dans la poche intérieure de la veste, on dégotte le parapluie posé à même la moquette du couloir, on remarque un vilain petit duvet de poussière sur le dessus du meuble Ikea, on se demande s’il en est de même pour tous les autres meubles, on se dit qu’il serait peut-être souhaitable de changer de femme de ménage, on claque la porte de l’appartement. Puis, ayant snobé l’ascenseur, à l’instant où l’on quitte la moquette du palier pour le carrelage de l’escalier, au bruit étouffé de ses pas, on se rend compte qu’on a oublié de chausser ses mocassins.
Brune se positionna face à moi et commença à tortiller du croupion sur la musique d'un tube disco des années soixante-dix où il était essentiellement question de naître pour être vivant. [...] Tu es extrêmement magnétique, on te l'a déjà dit ? me glissa Brune, en rapprochant son visage du mien. Enfin, crus-je entendre. Avec les décibels que vomissait la sono, je n'étais pas sûr. Elle avait tout aussi bien pu dire tu es extrêmement sympathique, énergique, hypnotique. Ou encore, érotique, maléfique, authentique, excentrique, olympique, hygiénique, enfin, quelque chose dans le genre. A mon grand regret, ça ne pouvait être aristocratique, trop de syllabes." (p.71)
Étonnamment, Justine ne me fit aucune remarque concernant mes pantoufles. Elle se contenta de les regarder, avec, à chaque fois un air désolé. Elle estimait certainement que j'étais au fond du gouffre et devait se dire que ça allait de pair, cette paire, avec mon état mental du moment. J'étais quelque peu vexé qu'elle me pensât si mal en point. Comment lui faire comprendre que, contrairement à ce qu'elle imaginait, je me sentais plutôt bien, aérien, fluide ? "
Il n'en fallut pas moins pour que mon esprit se mit à vagabonder, m'imaginant comme le précurseur d'un courant de mode qui lancerait sur les trottoirs, aux quatre coins de la planète, des hommes et des femmes, riches ou pauvres, intellectuels ou manuels, jeunes ou vieux, convaincus d'appartenir à une élite planant au-dessus des autres, portant tous des pantoufles à leurs pieds.