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Critiques de Luc Van Campenhoudt (2)
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Cours de sociologie

Vous souvenez-vous ? La cime des tilleuls nouvellement parée couvait nos pas tandis que nous revenions de la fac. Encore étourdis des phrases prononcées dans l’amphi, encore pénétrés des possibilités qu’elles ouvraient, nous retournions dans notre premier chez-soi et commentions, exaltés, les parallèles, les intuitions et les hypothèses qui venaient d’être soumises à nos jeunes esprits. Quelques heures ou quelques jours plus tard, nous attendrions au grand comptoir de la bibliothèque que la petite souris renfrognée ou l’improbable porteur de chemises col pelle à tarte jaune citron – pas encore vintage mais déjà polyester – nous apporte, en échange du billet où nous avions griffonné une dizaine de côtes, la pile d’ouvrage qui viendrait éclairer, fortifier les pistes ouvertes par nos professeurs préférés. Exaltation de voir sous nos yeux se découvrir mille et une perspectives jusqu’ici insoupçonnées.

Plus tard, aussi enfiévrés que des chercheurs d’or, nous sortirions dans le soleil encore triomphant, retrouver de nouveaux amis, refaire la nuit et le monde sur la crête de tous les possibles qui s’offraient.

Ce que nous exhibions de capital symbolique avec nos bouquins sous le bras et nos airs inspirés, Bourdieu aurait pu le dire. Ce qui se jouait avec le paquet de biscuits Granola qu’une copine impécunieuse offrait toujours tandis qu’elle passait pour le thé et restait manger aurait conforté Mauss dans ses analyses. Et les quelques-uns des copains qui flirtaient avec une tentatrice marginalité, entre groupuscule musical et fumettes illustraient en aveugles ce qu’Howard Becker a pu écrire sur les outsiders.

Mais tout cela, nous ne le savions pas. Aucune distance critique ne venait déconstruire ce que nous éprouvions merveilleusement. Et ce d’autant moins que j’ai fait lettres.

Aujourd’hui, c’est moins pour retrouver la candide vigueur de ces jeunes années, espoir fatalement irréaliste, que pour approcher l’épiphanie intellectuelle qui me saisissait alors si souvent que je me suis plongée dans ce Cours de sociologie.

J’avais la sociologie dangereusement autodidacte, un kaléidoscope de lectures qui s’appuyaient sur des références jamais explicitées et l’impression que rien ne venait structurer, charpenter ces influences éparses.

J’ai retrouvé le plaisir d’être prise par la main. Que quelqu’un organise pour moi une progression, jalonne ses étapes, place des rappels. Une pensée problématisée, clairement construite qui passe en revue les écrits fondateurs de la discipline selon une méthode qui permette, non pas d’en visiter les concepts tel un musée livresque, mais d’éprouver la nécessité de leurs hypothèses pour mettre au jour une organisation du fait social. Certains développements m’ont davantage emportée que d’autres : j’ai dévoré toute la première partie qui aborde Richard Hoggart, la culture du pauvre, Erving Goffman, son étude sur la condition sociale des malades mentaux, le relativisme avec E.E. Evans-Pritchard et donc Becker avec ses Outsiders. Sur Durkheim et le suicide, j’ai ressenti la petite fierté de ne pas avoir appris grand-chose. Ça s’est corsé avec Max Weber et Karl Marx. J’avais trop lu d’allusions à leur travail pour qu’il m’apparaisse dans sa première virginité et le caractère incontournable de leur pensée n’a pas empêché une certaine forme d’ennui un peu désabusé. Toute la troisième partie sur les dimensions du social (Marcel Mauss et le don, Simmel, Giddens, Schütz… sur la construction de la réalité, Foucault, Elias et Bourdieu) a relancé mon enthousiasme.

Le parcours est dense, solidement étayé et vous dote d’un capital de connaissances parfaitement organisé. Quel cadeau ! Evidemment, l’étudiante critique que je suis n’a pu s’empêcher de regretter que les références datent un peu et que, si des ajouts ont été faits d’ouvrages des années 2000, le propos n’ait pas été pleinement revivifié par l’injection des problématiques sociales contemporaines telles l’assignation, les identités sexuelles en mouvement, la relecture de nos fonctionnements à la lumière du patriarcat, etc. Non pas, j’ai bien suivi le propos des deux auteurs, non pas que ces nouveaux questionnements invalident la pertinence des schémas de pensées proposés ici. Mais qu’au contraire, il m’aurait paru mille fois pertinent de les confronter à ces grilles d’analyse fondatrices.

La frondaison des tilleuls a verdi une fois encore. Les cerises rougissent tant que les merles les y laissent. Même à petits pas et pas très tard le soir, le monde des idées continue de m’exalter.

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Comment en sont-ils arrivés là ?

Je me demande franchement qui va acheter ce livre, et pourquoi les Éditions Armand Colin ont accepté de publier l'auteur qui est la représentation vivante du vide ontologique.



Alors que nous avions eu droit chez ces Éditions à l'excellent ouvrage L'Etat islamique pris aux mots - Poche – 17 mai 2017 de Myriam Benraad, dans la fameuse Collection Engagements - voici que nous avons droit ici à un discours d'un petit universitaire de bas niveau qui nous fait, en somme, une petite dissertation de Terminale, s'appliquant à faire une laborieuse introduction, un morne développement et une conclusion déplorable.

Je me demande comment et pourquoi les Éditions A. Colin ont pu accepter cet ouvrage, rempli d'incorrections orthographiques et grammaticales, et les lecteurs attentifs les auront certainement repérées. Incroyable, voire scandaleux.



Le pire est alors atteint tout au long de l'ouvrage dans les différents propos et assertions, car non seulement nous en savons autant que l'auteur, car chacun de nous a lu un certain nombre d'ouvrages de ce type, mais encore a pu en apprendre davantage par le biais des médias.

Comparé à l'excellent essai de Myriam Benraad, qui pose et expose des faits réels, fouillés, argumentés, ces clés et ces explications données dans cet opus de troisième ordre sont discutables, voire complètement fausses. Elles sont parfaitement partiales, sans envergure. On croit rêver quand on lit de telles absurdités, voire des truismes à la portée d'un élève de 3eme.



On peut aussi ne plus s'étonner en se rappelant quelle politique désastreuse et opportuniste a mené la Belgique tout au long des deux dernières décennies, faisant de son pays un terreau de terroristes.

Je pense alors au magnifique et pertinent ouvrage de Tobie Nathan, Les Âmes errantes, qu'il faut lire impérativement pour se faire réellement une idée exacte sur le terrorisme, sur l'Islam, sur les immigrés, sur la façon dont on peut agir pour lutter de manière efficace et intelligente contre les personnes susceptibles de provoquer des attentats, et chose remarquable, comment aider les terroristes en herbe pour tâcher de les faire sortir de l'enfer des himmams, gourous et autres manipulateurs des consciences.



Or, chez notre fameux auteur belge, rien de tout cela, rien de ce bon sens, de cette générosité propre à Tobie Nathan... J'en passe et des meilleures.



Comment Luc Campenhoudt en est-il arrivé là pour écrire un tel bouquin ? Il ferait mieux de réviser sa grammaire.
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