Citations de Luca Tahtieazym (411)
À partir de maintenant, aucune heure ne guidera mon comportement. Je mangerai quand j’aurai faim, je me coucherai quand j’aurai sommeil. Je boirai quand j’aurai soif.
Oui, oui, il y a des chances que j’aie tout le temps soif. Qui vivra boira.
On pourrait croire qu'une nature cruelle et sadique est la source des remarques dénigrantes que vous recevez comme des gifles ; c'est faux. Ils font ça pour caresser leur égo, flatter leur cruauté, se sentir exister en annihilant les autres. Les outrages cinglent les victimes et ragaillardissent ceux qui les lancent, ça a toujours été ainsi.
Il faut se morfondre beaucoup pour ne plus se morfondre un jour. Non, non, c’est vraiment ma théorie. Pour mieux digérer, il faut vraiment ressentir le mal. L’endurer comme un supplice sans fin. Puis, quand on a tant souffert que plus rien n’a de sens, si ce n’est la mort qui abrège la douleur, alors on peut flotter.
"Y a un alpiniste dont la corde vient de lâcher en haut d'un sérac. Il se rattrape de justesse à la paroi verglacée. Comme il sent que ses doigts glissent, il crie "Hé ! Y a quelqu'un ?" Et une voix profonde lui répond, venue de nulle part : "C'est Dieu qui te parle. Si tu crois en moi, lâche tes deux mains et Sagarmatha te rattrapera". Et l'alpiniste répond : "Euh... Y a pas quelqu'un d'autre?"
Romain a été étonné de ce baiser. Un baiser arrivé trop vite. Sans tambour
ni trompette. Pas de solennité dans ce baiser. Un baiser volé, comme une baffe dans la gueule du marionnettiste.
— Vous allez le garder là, votre chien ?
— Oui. Ne vous inquiétez pas, il est nul aux échecs. Il ne m'aidera pas.
Noël me file la gerbe.
Si certains se laissent emporter par la magie, par les couleurs chaudes qui resplendissent dans l’atmosphère froide, par les symboles et l’espoir, moi, je n’y vois que forfanterie hypocrite de ceux qui ont au détriment de ceux qui n’ont pas.
« "- C’est normal que ça commence par la fin ?„
Vous »
J’aime bien mon frère. Je n’ai jamais eu quoi que ce soit à lui reprocher. Mais en vérité, je m’en fous. S’il venait à mourir, je le pleurerais très certainement. Et peut-être qu’il me manquerait. Mais si je suis honnête, je dois reconnaître que je passerais à autre chose assez vite. Je ferais avec son absence. Parfois, les larmes qui coulent d’un œil imperméable sèchent très vite.
Le marais ne dormait jamais. Quand le soleil épuisé venait se désagréger sur la cime des frênes, projetant une douce lumière dorée sur l’onde des conches frétillantes, les créatures de la nuit prenaient le relais pour accompagner la lune et ne pas la laisser seule chantonner sa mélodie obscure
Le plateau que nous empruntons avant de poser un premier pied sur la face verticale est couvert de roches. La voie s’ouvre sur un calcaire friable et de multiples fissures, mais au bout de trois mètres de grimpe, la paroi devient lisse et glissante. C’est un passage farouche, hostile, indompté. Ici, la nature te crache à la gueule qu’elle ne peut être domestiquée sans exiger un tribut. Le joug de l’homme cesse quand commencent les cimes, quand les vents violents vous versent vers les rivages sauvages, qu’ils deviennent puissants, quand on perd ses repères et qu’on s’en remet au hasard.
Je veux quelque chose d’épidermique, quelque chose de si tonitruant que j’en serai balayée comme une vétille.
Il tourne son visage taillé à coups de serpe pour que je ne le voie pas. Rien ne va dans ses traits sculptés à la hâte. Sa mâchoire est trop rectiligne, ses pommettes trop saillantes, son nez trop busqué. Pris indépendamment, chaque détail de sa face hagarde présente un défaut ; pourtant, l’assemblage du tout me chavire et me rend folle. Les vrais hommes beaux sont ainsi, faits de bric et de broc, et leur charme inné ne se façonne pas.
Et ça résume bien la situation. J’ai beau cogiter, je ne vois pas de réplique plus percutante, plus juste, plus appropriée, plus subtile que ce « ah » qui sonne finement, qu’importe le son du clairon. C’est maintenant si évident : j’aime les « ah ». J’ai dit tellement de conneries dans ma vie, j’ai seriné des affirmations ineptes avec tant d’aplomb, fanfaronné, le torse gonflé, gorgé de toute l’aisance du monde, alors que je me plantais misérablement. Vraiment, il n’y a que les « ah » qui vaillent. Et vous pouvez les placer partout, et dans n’importe quel contexte. Un « ah » vaut mille « je sais » et un milliard de « non ». Un « ah » peut vibrer avec sincérité pour manifester la colère, la soumission, la clairvoyance, le juste et le faux, le vrai et le semblant. Ah, comme j’aime les « Ah ».
Pour trouver le bonheur,il faut risquer le malheur.
Si vous voulez être heureux, il ne faut pas chercher à fuir le malheur à tout prix.
Il faut plutôt chercher comment -et grâce à qui- l'on pourra le surmonter.
Boris Cyrulnik
Oui, le brouillard est vivant. Il rôde. Il nous observe. C'est un marigot qui étouffe. Il choisit ses proies. Il nous traque et nous torture. T'as beau courir, il n'a pas besoin de te suivre puisqu'il est partout. On est à sa merci. Alors, autant arrêter de se faire du mouron, non ?
Agathe prit une grande inspiration. Dans un souffle, elle répondit :
"Maintenant, c'est toujours pareil, mais vous, vous n'êtes plus des autres.
_ Ah ?
_ Non. Vous, vous êtes ceux qui comptent."
À bout de souffle, je parvins enfin à rejoindre le porche du café des sports en titubant. J'avais les mollets en feu et un filet de bave coulait le long de mon menton sans que je fusse capable de lever mon bras pour l'essuyer avec la manche de mon blouson.
Il me fallut vingt minutes pour faire ce maudit kilomètre. J'étais en retard.
Pour retrouver contenance et récupérer physiquement, j'allumai une Gitane.
Et tout ça, tous ces sentiments qui animent un être en bien ou en mal, c'est avec elle que je les ai éprouvés. Merci pour ça, je vais bientôt mourir. Merci pour ça, tu m'as permis de pleurer plus de larmes que mon corps ne pouvait en contenir. Mais au moins j'ai pleuré, j'ai vibré, j'ai baisé, j'ai trahi, j'ai joui, j'ai crié, j'ai chanté. Un temps. Un temps seulement. Et c'est révolu. Il ne me reste plus qu'à écrire tout ça et à brûler.
Celui qui recherche la vengeance devrait commencer... par creuser deux tombes.
Confucius