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Critiques de Lucie Rico (110)
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Le chant du poulet sous vide

A la mort de sa mère, Paule revient à la ferme familiale, consacrée à l’élevage de poulets. Pour se déculpabiliser d’abattre ses volatiles avant de les vendre au marché, elle se met à leur rédiger de petites notices nécrologiques personnalisées, qui deviennent rapidement un véritable atout commercial. L’ampleur de son succès va toutefois la faire peu à peu s’éloigner de son objectif initial : le bien-être et le respect des animaux de boucherie.





Cette histoire que j’interprète au final comme une fable sur la déconnexion moderne, pratique pour nos bonnes consciences, entre la vie animale et la viande que nous consommons, qui nous fait accepter les élevages industriels hors-sol, les argumentations marketing fallacieuses, et la souffrance animale dénoncée dans certains abattoirs, a bien failli me perdre en cours de route : déjanté jusqu’à l’absurde, teinté d’une cruauté un tantinet perverse et dérangeante, habité par une héroïne dont on ne sait plus si elle est juste simplette ou carrément folle, le récit a eu d’autant plus de mal à m’emporter qu’aucune ironie ne vient alléger sa noirceur et que son écriture ne m’a semblé présenter aucune qualité distinctive.





Face à mon absence d’affinité à la fois pour son histoire, ses personnages et son style, sa vraie originalité n’a pas suffi à me rendre agréable cette plongée dans un cauchemar peuplé de poulets, à mes yeux presque sans queue ni tête.


Lien : https://leslecturesdecanneti..
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GPS

La narratrice est une journaliste de faits divers au chômage. Son amie d'enfance Sandrine lui demande de façon assez cavalière d'être le témoin de son mariage avec John, que la narratrice apprécie peu. Celle-ci accepte tout de même et est invitée aux fiançailles du couple. Comme elle a des difficultés à trouver l'endroit, Sandrine partage sa position GPS avec elle. le lendemain des fiançailles, Sandrine disparaît et n'est plus présente que par le point rouge de sa position GPS que la narratrice scrute avec opiniâtreté, quitte à ne plus faire que cela et à délaisser Antoine, un pompier qui partage sa vie. ● Ce qui frappe tout d'abord, c'est la narration à la deuxième personne, qui rappelle bien évidemment Michel Butor, le premier à l'avoir fait dans le fameux La Modification. Si elle n'est donc pas inédite, cette narration n'est pas désagréable et implique le lecteur dans le récit, de même qu'elle diminue la fiabilité de la narratrice. ● L'autre point important c'est le recours dans le récit aux technologies modernes liées à l'espace et au temps : GPS, bien sûr, comme le titre l'indique, mais aussi Timelapse, Google Maps, Street View, quitte à produire d'assez nombreuses invraisemblances car ces outils sont loin d'être aussi efficaces que cela est évoqué. ● Cela donne au roman une allure incontestablement moderne, et il est certain que c'est ce qui a plu aux jurys du Monde et de la Fnac, et à France Culture. On peut alors tresser de grandes théories sur la technologie qui nous dévore, qui nous vrille le cerveau, qui remplace la réalité, fait mourir les amitiés et même les gens. C'est très fécond pour des discussions intellos stériles. ● Malheureusement, tout cet habillage philosophico-moderniste alourdit un thriller déjà très poussif : le livre n'a vraiment pas grand intérêt.
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GPS

Très original, ce roman surfe sur la technologie, celle qui a envahi nos vies bien au delà que nous aurions pu l’imaginer il a peu, pour écrire l’histoire d’une belle amitié.



La jeune femme incarnée en tant que personnage principal, narratrice en miroir, puisque le récit utilise un tutoiement qui crée un doute, est-elle épiée par un observateur extérieur, ou s’adresse t-elle à elle-même, selon un processus pathologique d’automatisme mental (dixit Tobie Nathan lors de sa participation à la Grande Librairie en compagnie de Lucie Rico) ? On ne saurait le dire, mais cette technique narrative est ici tout à fait adaptée et prend tout son sens, en inscrivant le personnage dans un univers virtuel aussi inquiétant que mystérieux.



Le contexte est banal au départ, Sandrine veut guider son amie vers le lieu où elle fête ses fiançailles et lui propose de partager sa localisation. Le point rouge qui matérialise la destination va devenir un ancrage vital et compulsif et transformer la vie de la jeune femme.



Sans se priver d’égratigner les travers de ses contemporains, avec tout de même un brin de compassion pour les situations complexes de cette génération sur le plan de l’emploi, Lucie Rico manie l’ironie avec finesse.



Il est certain que l’on peut se perdre malgré le guidage, et l’autrice elle-même dit s’être égarée parfois lors de l’écriture entre le virtuel et la réalité. C’est la rançon du raffinement de la technologie.





Apprécié pour son originalité et la qualité de l’écriture, ce roman se démarque au sein de la rentrée littéraire et mérite le détour !



244 pages POL 18 Août 2022


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GPS

Résumé de l'éditeur :

Ariane, journaliste spécialisée en faits divers bien croustillants, est au chômage depuis deux ans. Fragile, elle vit cloîtrée chez elle en proie à des crises d'anxiété dès qu'elle sort. Sa meilleure amie, Sandrine, l'invite à ses fiançailles. Les deux jeunes femmes se sont rencontrées à l'âge de seize ans et sont très proches " Tu considères Sandrine comme une extension de toi."



Pour l'aider à se repérer et lui permettre d'arriver à bon port, Sandrine partage sa localisation avec elle sur son téléphone. Guidée par le point rouge représentant Sandrine dans l'espace GPS, Ariane parvient à rejoindre le lieu des fiançailles.



Mais le lendemain Sandrine disparaît et ne répond plus au téléphone. Aucune trace d'elle, sauf le point rouge GPS qui continue d'avancer. Ariane ne va plus quitter des yeux ce "point-corps" de Sandrine, elle a l'impression d'accompagner Sandrine, de partager un secret avec la jeune femme qui semble se diriger vers le lac où elles se sont rencontrées.



Mais un cadavre calciné est découvert près du lac. Est-ce celui de Sandrine ? le point rouge continue de bouger. Qui est derrière le point ? Son meurtrier ? Un point qui persiste à se rendre sur les lieux de leur amitié... Pour en avoir le coeur net, Ariane laisse un message vocal à Sandrine lui demandant de se rendre dans un lieu qu'elles seules connaissent. Lorsque le point GPS se dirige vers ce lieu, Ariane est persuadée de s'être jusqu'alors trompée : Sandrine est vivante! Sa joie est de courte durée car la police confirme que le corps calciné est bien celui de son amie.



Ariane désactive la localisation partagée et tente de reprendre le cours de sa vie jusqu'à ce qu'une nouvelle notification lui arrive : Sandrine souhaite à nouveau partager sa localisation avec elle. Pour un ultime rendez-vous.



Mon avis :

Un point rouge sur un écran de téléphone comme personnage principal d'un roman, voilà qui est bien original !

GPS est un roman ultra contemporain où l'auteure jongle avec toute la panoplie d'applications numériques Google Maps, Street View, Timelapse... et met en scène une héroïne qui se laisse absorber par son téléphone le cerveau envahi par un point rouge. le monde réel et le monde du GPS se confondent, le point rouge semble vivre dans un espace parallèle. " Vous êtes face à face. Toi derrière l'écran, elle dedans." le GPS devient un monde intermédiaire qu'Ariane nomme la " 33eme région" parce que trente-trois c'est leur âge à toutes les deux. " Tu es pleinement concentrée, du matin au soir. Tu perds le point si tu penses à autre chose. Si tu deviens trop sentimentale. "

Un roman aux allures de thriller impossible à lâcher. Etrange, un peu angoissant mais ponctué de passages pleins d'humour. Une histoire d'amitié et de deuil très originale. Un roman surprenant, atypique et brillant.
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Le chant du poulet sous vide

Paule, (Paulette, poulette, ...le glissement pourrait aisément se faire avec le destin de cette jeune fille) , retourne à la ferme de sa maman qui s'est cassée le bec, et va reprendre l'activité d'élevage de poulets.

Cette jeune femme à la belle plume, va s'attacher à ses pensionnaires et commence à écrire une petite biographie pour chaque poulet dont elle va tordre le cou. Une sorte d'hommage aux belles emplumées dont elle va s'amuser à conserver une trace...

Loufoque dans le ton, plein de bonnes idées, j'aurais bien mis un dix sur dix mais je n'ai pu mettre qu'un oeuf! Je n'irai pas jusqu'à dire que le récit ne casse pas trois pattes à un...poulet, il y a plein de bonnes trouvailles, plein de bonnes idées, de vraies bonnes idées mais parfois, sans vouloir faire la poule mouillée, je pense que ces tentatives ne sont pas assez exploitées et auraient pu être plus drôles. Je m'attendais à être comme un coq en pâte, mais de temps en temps, je me suis retrouvé comme une poule qui a trouvé un couteau.

Il y a un certain plaisir à lire ce roman et je ne le déconseillerai pas mais j'ai tout de même un tout petit peu l'impression de me retrouver le bec dans l'eau.

Vous savez quoi? Le mieux est que vous l'essayiez pour vous faire votre propre idée!
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Nos futurs désirables

Douze nouvelles qui tranchent avec un passé et un présent morose et plein de fureur.



Ce recueil de nouvelles juxtapose des textes d’auteur-e-s établis et connus comme Rim Battal, Laurent Petitmangin, Bertrand Vergely, Patrick K. Dewdney,... et de jeunes étudiant-e-s tels René Tamin, 20 ans, qui fait sciences politiques, Pauline Lachèvre, qui est en troisième année de lettres modernes et Lucille Petit, 17 ans, sortie première au concours d’écriture de l’AMOPA (Association des Membres de l’Ordre des Palmes Académiques).



L’initiative de ce recueil s’inscrit dans le cadre du projet ECOPOSS, lancé par l’Université Catholique de Lille. Ce projet relie des acteurs de la "transition écologique de demain" : étudiants, enseignants, chercheurs et entreprises.



ECOPOSS part du principe qu’il ne suffit pas d’alerter le monde sur les menaces écologiques futures, mais qu’il faut, au contraire, chercher des réponses concrètes pour y faire face, stipuler des actions positives pour pouvoir y arriver.



Dans les nouvelles retenues il est question des futurs dans lesquels seraient possibles "des relations plus saines aux autres, à la nature, à l’humanité, à la technologie, à l’économie...des futurs imaginés et sources d’une joie profonde "...



Ainsi, dans sa nouvelle "L’envolée", Laurent Petitmangin parle d’un "air nouveau", vers lequel les gouvernements, qui avant avaient aidé les marchés, imposeraient règles et interdictions.



Rémi Tamin dans "L’ours et l’enfant" insiste pour retrouver la nature perdue, tandis que Yohann Natale situe son conte "Dar-win" carrément dans le futur, au début de l’année scolaire 2025, où le jeune Yanco espère devenir médecin pour sauver sa belle Margot d’un cancer.



Rachel Corenblit dans "Soufflait un vent léger" nous confronte avec des records de chaleur, de sécheresse, des orages destructeurs et incendies mortels... et la guerre en Europe : ce "mépris des gens, de ce à quoi nous aspirions, la paix, la tranquillité".

"Vous êtes abîmée par la vie, Camille. Un peu d’espoir. C’est important l’espoir, c’est ce qui nous sauvera."



L’historienne Pauline Rouge nous explique dans "Guerre propre" comment éviter des guerres sanglantes et mortelles et Lucie Rico de Perpignan dans "Quand tu as voulu revenir" aimerait retrouver "les vœux que j’avais écrits pour le futur", son dernier devoir d’école.



La contribution qui m’a émerveillé le plus est la nouvelle de la jeune Pauline Lachèvre "Bientôt-vécu", comme l’opposé du "déjà-vu", que je vous laisse découvrir, car "il serait dommage de passer à côté d’un si bel avenir."



Le récit du théologien et essayiste Bertrand Vergely, intitulé "Le futur" constitue un tour de sagesse auprès de quelques éminents penseurs, tels Leibniz, Bergson, Paul Ricœur, Michel Foucault.



L’auteur franco-britannique Patrick K. Dewdney dans "Le futur, c’est maintenant" aurait voulu qu’on lui dise de beaucoup de choses pourquoi elles sont comme cela...



La poétesse et journaliste d’origine marocaine, Rim Battal, veut dans sa nouvelle "L’anniversaire" des réponses claires de sa chère maman sur son passé et le sens de l’existence.



Ces 12 nouvelles fort différentes de contenu et de style forment un ensemble harmonieux pour la bonne cause, un avenir radieux pour nous et nos descendants.

Si je peux me permettre de vous suggérer de ne pas les lire d’affilée, afin d’en mieux saisir leur signification profonde et leur portée.

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GPS

Tu te dis que c'est le livre idéal pour ce long voyage. Tu as vu de bonnes critiques, d'autres plus acidulées.

Tu sors ton téléphone , ouvre Google Maps, appuies sur la flèche . Gloup, le petit point bleu cerclé de blanc t'indique que tu es proche de Modane, le TGV file à bonne allure vers Milan.

Tu tapes Lucie Rico dans Safari et tu tombes sur une jeune femme ou plutôt l'aperçu d'une jeune femme , belle et rieuse, 34 ans, née à Perpignan.

Le livre est court. Tu as largement de le lire pendant ton trajet.

Diable, une sorte de thriller branché, où la narratrice convoque la 2e personne du singulier. Tu penses à Michel Butor bien sûr mais aussi à un procédé laissant planer une sorte de mystère sur la réalité des choses. Ariane : c'est cool comme prénom d'héroïne perdue qui cherche sa copine disparue. Tu te dis que tu vas bien aimer.

Mais très vite tu te perds aussi . Tu jettes un coup d'oeil sur ton propre GPS :tu traverses les Alpes, ça capte dans le tunnel du Fréjus...

Tu te demandes fugacement pourquoi ce livre a tant plu aux critiques du Monde et à ceux de la FNAC mais , au fond, tu t'en fiches un peu.

Tu te demandes quand même si Ariane va retrouver Sandrine ?

C'est là où tu reçois une demande de partage de connexion, un peu avant Turin. Lucie Rico. Impossible. Tu ne l'a connais que depuis 1heure ou 2. Bien sûr tu acceptes .

Tu vois un point rouge vif clignoter . Avec 2 doigts tu te rapproches du point : Lucie est à La Maison Jaune, une librairie de la banlieue lyonnaise , tout près de chez toi. Voilà , elle est en signature. Tu te rappelles l'avoir noter quelque part. Mais c'est top , tu vas pouvoir la suivre pendant sa tournée entre Perpignan et Aubervilliers.

Tu te dépêches de finir le livre. Tu n'es pas certain d'avoir tout compris. Pas grave : tu vas désormais suivre le point rouge...! Quelle aventure !!!
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GPS

Ariane se perd, Ariane est perdue, en marge de la société, mais elle s’évertue à rester ancrée à son amie disparue. Le seul fil qui la relie à elle est un point sur l’écran. Il l’amène dans les méandres surprenants de la mémoire. L’utilisation de la deuxième personne du singulier renforce l’impression de distance entre les vivants actifs et intégrés, et une vision plus nébuleuse du monde. On se déplace dans la géographie et l’histoire personnelle d’Ariane grâce à une écriture acérée à l’humour féroce, sensations et émotions se mêlent tout au long de cette quête effrénée. Le point virtuel du téléphone s'anime et j’ai particulièrement aimé les descriptions de sa démarche, de ses mouvements.

Ce roman original m’a interrogé sur nos capacités à dénouer tous les liens qui nous enchaînent, sur les séparations et les frontières du deuil.

Désorientation spatio-temporelle garantie.

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Le chant du poulet sous vide

Avec Le chant du poulet sous vide, Lucie Rico nous sert non pas le poulet rôti du dimanche mais un court roman étonnant pour ne pas dire détonnant. J'ai beaucoup aimé.

Paule revient à la ferme suite au décès de sa mère. Entre le deuil et l'élevage des poulets à gérer, c'est la confusion dans son esprit. Paule se raccroche aux poulets comme à la dernière chose qui lui reste de sa mère. Elle s'y attache, les laisse entrer dans la maison, essaye d'améliorer leur qualité de vie et quand vient le moment où il faut se résoudre à les tuer pour les vendre au marché, elle leur écrit un hommage, une biographie pour qu'ils conservent ce petit supplément d'âme qui fait qu'ils sont bien plus que de simples poulets sous cellophane...

Voilà comment toute l'histoire commence, dans le village où Paule a grandi, sous l'œil mauvais de ses habitants peu enchantés de la voir s'établir à la ferme. Paule, une jeune femme très touchante, complètement anéantie par la mort de sa mère et qui ne trouve du réconfort qu'en s'occupant de ses poulets. Son histoire de biographies de poulets présentées sur l'emballage va séduire Fernand, qui travaille dans le commerce, et il va lui proposer de s'associer à lui en montant un projet complètement fou, un projet qui va totalement dépasser Paule. À travers cette histoire, l'auteure présente une réflexion fine sur l'industrialisation des élevages et sur le bien-être animal. Le récit verse dans l'absurde sur les premières pages mais plus les pages défilent plus il se gorge de cynisme et plus la plume devient acide, même corrosive. On s'attache à Paule, à ses poulets, on a envie de savoir comment va tourner sa surprenante entreprise. La fin laisse pantois, c'est tellement bien tourné et tellement fracassant. Mon seul regret avec cette lecture c'est la transition abrupte de l'histoire entre le rural et l'urbain, il y a des sujets qui pour moi sont malheureusement restés en suspend à la ferme.

Le chant du poulet sous vide est un roman qui sous des airs de conte absurde nous parle de notre société et plus particulièrement de notre société de consommation. Un roman très original et très intéressant.
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GPS

Je me suis perdue dans ce roman malgré le titre ...

Une idée qui m'a plu, une jeune femme partage sa localisation avec son amie pour qu'elle puisse venir à ses fiançailles. Quand la fiancée disparaît et que son point GPS est toujours actif, notre héroïne part à sa recherche.

Et là on part dans un brouillon de pensées, de recherche qui n'ont ni queue ni tête. Bref je me suis perdue et ennuyée.

Je suis passée complétement à côté.
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GPS

«Faites demi-tour avec prudence»



En voulant suivre à la trace son amie disparue, une jeune femme va finir par se perdre. Elle disposait pourtant d'un outil de localisation. Avec «GPS» Lucie Rico nous propose de réfléchir au poids de la technologie dans nos vies.



Que ceux à qui cette mésaventure n'est jamais arrivée lui jettent la première pierre: on note notre destination dans l'application GPS et on se retrouve dans un endroit tout différent. Dans le meilleur des cas, on se rend compte à temps de son erreur et on corrige cette erreur. Quelquefois, on jure aussi qu'on ne nous y reprendra plus, avant de recommencer. Pour Ariane – un prénom bien choisi – c'est le fil qui lui permettra de surmonter sa déprime et sortir de chez elle pour se rendre aux fiançailles de son amie Sandrine. Elle lui offre de la géolocaliser, devenant le point rouge à suivre sur la carte. Au chômage, elle se cloîtrait jusque-là chez elle, anxieuse à l’idée de sortir, d’affronter ce monde qui lui voulait tant de mal.

Mais cette fois, pas de problème, elle arrive à destination et peut faire la fête. Mais c'est au petit matin que les choses vont prendre une tournure dramatique: Sandrine a disparu.

Face aux craintes qui s'expriment, à commencer par celles du fiancé, Ariane choisit de ne rien dire de sa carte maîtresse, la géolocalisation, et entend mener sa propre enquête. Après tout, avant de perdre son emploi, elle était journaliste spécialisée dans les faits divers. Elle va donc suivre le point rouge qui va la mener au Lac du Der, un endroit qu'elle connaît bien et où elle s'était déjà rendue avec Sandrine. Mais au lieu de retrouver son amie, elle apprend que la police a retrouvé un cadavre calciné et méconnaissable tout à proximité.

En attendant le résultat des analyses, elle se persuade que son amie est encore en vie, même si elle ne répond plus, car le point rouge continue à se signaler sur son écran. Alors, il ne faut surtout pas perdre ce point rouge qui est une trace de vie. Alors, il ne faut plus lâcher ce téléphone, car même si la police finit par confirmer le décès, Ariane sait bien qu’il n’en rien puisque ce point rouge continue à se déplacer.

Avec ce conte qui passe d’une joyeuse comédie à une sombre tragédie, Lucie Rico nous offre une intéressante réflexion sur nos addictions aux outils numériques, mais sans manichéisme. Après tout, c’est bien grâce à son smartphone qu’elle peut partager des souvenirs d’enfance avec son amie, entretenir l’illusion qu’elle se promène encore dans les endroits où elle a partagé de bons moments.

Comme dans son premier roman, Le chant du poulet sous vide, on est ici aux marges du fantastique, pour ne pas dire de la folie. Une odyssée glaçante.




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GPS

Avant toute chose : Evitez de lire le résumé Babelio : il dit tout ou presque.

La narratrice, dont on apprend tardivement qu’elle se prénomme Ariane, est journaliste de faits divers au chômage. Elle ne sort plus guère de chez elle. Il va pourtant falloir qu’elle fasse un effort pour se rendre aux fiançailles de Sandrine, sa meilleure amie.

Celle-ci, pour lui éviter de se perdre, lui envoie un partage de localisation via Google Maps : suivez le point rouge en quelque sorte.

Le lendemain de la soirée, Sandrine a disparu. Ariane, depuis son appartement la suit pas à pas, grâce à son téléphone qui géolocalise toujours. A travers les cartes google, les street view, elle est amenée sur les lieux de leur amitié.

Quel étrange récit que ce « GPS » !

Raconté à la 2ème personne, on ne sait trop à qui s’adresse la narratrice : à elle, à nous ? Accrochée à son téléphone comme à un fil qu’elle ne peut lâcher au risque non pas de se perdre (quoique) mais de perdre son amie, elle la poursuit dans ses pérégrinations. Après tout, elle a déjà disparu une fois par le passé…

Au gré des lieux fréquentés par le point rouge qui incarne Sandrine, elle se remémore les moments forts de leur amitié… Elle délire à travers les vues google et invente des faits divers à partir de captures d’écran intrigantes qu’elle saisit au gré de sa filature.

Je ne suis pas certaine que les possibilités qu’Ariane découvre via son GPS soient vraies mais après tout, qui s’en soucie ?

En tout cas, je me suis souvent perdue dans ce roman original…



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Le chant du poulet sous vide

Ça ne se picore pas, ça se déguste ! Le génial premier roman de Lucie Rico !



Tout débute avec Paule qui, pour respecter les dernières volontés de sa mère, doit tuer Théodore, le poulet borgne de l’élevage avicole dont elle a hérité. Et pour s’y résoudre, Paule écrit un hommage à la mémoire de Théodore. Début d’une longue série de biographies rédigées pour chaque poulet mis à mort et vendu - rejouant sans cesse, par là, le deuil de la mère - qui va mener Paule d’un stand sur le marché du village à un projet industriel et déshumanisé dans lequel elle va peu à peu se perdre, confrontée à ses paradoxes « ingérables ».



Derrière cette fable, d’une apparente innocence, pleine de candeur et de férocité, Lucie Rico interroge nos petits arrangements entre notre bonne conscience et notre soumission aux injonctions marketings, notre soif effrénée de consommation et notre déni face à leurs conséquences, l’ambivalence de notre rapport entre les animaux comestibles et domestiques, avec en creux une subtile réflexion sur l’utilisation des mots comme ultime trace d’une vie et détournement à des fins mercantiles, …



On est pris, tel Ulysse par le chant des sirènes, dans le chant de Lucie Rico, roman minutieusement composé autour de ces biographies, drôles, émouvantes, et emblématiques de notre époque, à l'écriture douce et fascinante, révélant avec un charmant suspens la contradiction entre la démarche littéraire et humaine de Paule et sa compromission dans son application commerciale.



Astucieux, ingénieux, inventif, saugrenu, fantaisiste, singulier, savoureux, c’est un premier roman et c’est tout simplement génial ! Bravo !!!
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GPS

De nos jours, finis les grands espaces, les road-movies à la Kerouac, peut être pas à cause d'un carburant trop cher, mais sans doute, comme l'héroïne de ce roman, à cause d'un mal être existentiel, ici doublé d'une phobie sociale. Les outils numériques d'aujourd'hui, sortes de relais au monde, permettent de voyager grâce entre autre à cet instrument qu'est le GPS. Dans ce récit, on s'accroche au portable de la narratrice qui va jouer un rôle terriblement troublant. Sous la forme d'un petit point, représentant son amie Sandrine avec qui elle a accepté de partager sa localisation via Google Maps le temps d'une fête de fiançailles, nous voyagerons au coeur d'un décor minimal et symbolique ( même si au bout d'un moment il deviendra beaucoup plus précis, peut être dans la tête de son utilisatrice). Et quand cette même amie, ne donnera plus signe de vie mais continuera à s'agiter sur l'écran, une traque silencieuse, de plus en plus angoissante, va commencer. Le lecteur, aussi fasciné que l'héroïne, vivra donc un road-movie immobile où l'espace et le temps joueront constamment les duettistes d'un fascinant fait divers.

Jouant autant sur la forme que sur un fond très sociétal autour de l'enfermement social et mental, Lucie Rico mélange habilement regard sur nos névroses contemporaines et récit façon thriller tout en semant une multitude de petits détails, donnant à son texte une profondeur qui nous habite encore longuement une fois le livre refermé ( avec une fin tellement ouverte qu'elle en devient énigmatique). Encore un premier roman fort et stimulant !



Un peu plus sur le blog


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GPS

Un curieux petit récit qui prend la forme d'un thriller introspectif, afin de permettre à l'auteure de brosser un portrait acéré de la génération qui est la sienne.



Le pitch est très simple : Sandrine demande à Ariane d'être son témoin de mariage, et requiert sa présence le soir de la fête organisée à l'occasion de ses fiançailles. Quand elle disparaît brutalement le lendemain matin, il ne reste plus qu'un point GPS sur une application téléphonique pour permettre à Ariane de retrouver son amie d'enfance. A sa charge désormais de ne pas perdre « le fil ».



Le choix narratif est intéressant : le « tu » employé dès le début du roman permet de nous mettre immédiatement sur la piste d'une narratrice peu fiable, qui se parle à elle-même. L'usage fait des outils numériques brouille les pistes au point de ne plus savoir si ces derniers sont des boussoles ou les instruments qui vont causer la perte des personnages. Quand le récit se met à dresser une sorte de cartographie des lieux qui ont compté au titre de cette amitié, on réalise alors qu'il est ici autant question de traiter d'une époque où chômage, travail, écrans, confinement, etc. mettent la santé mentale de chacun à rude épreuve, que de faire le deuil d'une amitié, et à travers elle, le deuil des illusions de sa jeunesse.
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GPS

Ariane, 33 ans, est journaliste spécialisée en faits divers, mais depuis deux ans, elle est au chômage. Elle s’enferme dans l’espace sécurisant de son appartement, le monde extérieur l’oppresse et elle ne met quasiment plus le nez dehors malgré sa relation avec Antoine, un pompier plutôt compréhensif.



Quand son amie d’adolescence, Sandrine, l’invite à son mariage et lui propose d’être témoin, elle n’a pas le choix, elle va à la cérémonie, au domaine Belle-Fenestre. Elle le fait pour Sandrine, même si elle n’aime pas son futur mari John.



Sandrine partage alors sa géolocalisation pour aider Ariane à se rendre sur les lieux. Alors que Sandrine est portée disparue, son point rouge continue à bouger sur la carte, non loin d’un cadavre immolé encore non identifié...



Elle ne lâche plus le point des yeux, tentant de comprendre l’étrange disparition de son amie. On suit Ariane qui suit Sandrine ou le meurtrier de Sandrine ou un bug Google Map. Elle se perd en conjectures, à la recherche d’indices, à travers les déambulations de ce point rouge, qui est maintenant la dernière chose qui la rattache à Sandrine. Son obsession pour le point rouge met en exergue sa détresse psychologique.



Ce texte est écrit à la deuxième personne du singulier. Le tutoiement crée une étrange distance avec le personnage d’Ariane, comme si on l’observait, de la même manière qu’elle « observe » Sandrine. Procédé intéressant qui colle bien à la psychologie fragile d’Ariane.



Plusieurs géographies et plusieurs temporalités se superposent. La géographie virtuelle recoupe la géographie intime d’Ariane qui revit son adolescence au fil des rues. Le présent se confronte au présent du GPS, le moment où la photo Google a été prise et rentre en résonnance avec le passé. La métaphore tient la route (ah ah !) et est parfaitement filée.



Ce roman est tout à fait original. Lucie Rico nous offre un texte très bien mené, aux frontières du roman policier. Le texte commence plus ou moins sur le ton de l'humour, pour devenir plus émouvant, plus tendu. J’ai été happée par le suspens sous-jacent qui monte au fil de la lecture. Je n’ai pas lâché le livre et en ai apprécié chaque page.



Lucie Rico a aiguisée ma curiosité. Je vais tenter de lire son précédent roman qui parle de poulets.



On aime ou on n’aime pas. J’adore ! Une belle performance d’écriture.





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GPS

Une lecture qui m'a désorienté, au meilleur sens du terme. A la fois, un thriller que l'on dévore pour savoir comment cela pourrait se terminer, la fin de l'itinéraire. En même temps : un miroir profond sur notre relation au monde, avec ou après les réseaux sociaux. Sur l'amitié aussi, et le fait de grandir. C'est sensible, la plume est belle et le livre retourne. Une très belle lecture, donc.
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Le chant du poulet sous vide

Un livre d'une candeur, d'une naïveté et d'une tristesse désarmantes. Se mêlent un peu de cruauté malsaine et d'humilité touchante.

Un très beau livre lu d'un coup.
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GPS

Ariane est journaliste au chômage depuis quelques années, elle est devenue sauvage et craint les sorties jusqu'à ce que son amie Sandrine la convie à ses fiançailles et partage avec elle ses coordonnées GPS pour la guider jusqu'à la fête.

Sandrine disparaît mais les coordonnées GPS restent, s'ensuivent alors des hypothétiques scenari de ce qui lui est arrivé car Ariane est journaliste de faits divers et son imagination foisonne.

Livre étonnant frôlant l'absurde qui se laisse lire comme un thriller et l'on suit ainsi le fil d'ariane
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Le chant du poulet sous vide

À la mort de la mère, Paule revient dans la ferme où elle a grandi, après dix ans à la ville. La première chose qu'elle doit accomplir, c'est la dernière volonté de sa mère : tuer Théodore, le borgne, ce poulet qu'elle aimait tant. Elle va par la même hériter de son quotidien, perpétuer la tradition : l'élevage, l'abattage et la vente de ses poulets. Scénariste de métier, elle va apporter sa patte en décidant d'écrire la biographie de chaque poulet qu'elle aura tué – ou plutôt, leur nécrologie -, afin de leur rendre hommage et existence à travers la mort.



Ses poulets ne sont pas n'importe quels poulets : ils font partie de la haute-cour. Il y a ceux qui ont des noms d'ex-mannequins comme Carla "isolée, calme et pourtant vicieuse jusqu'au bout des griffes" , d'autres, ceux d'héroïnes de romans comme Lolita "qui [courait] plus vite que les hommes, plus vite que la tramontane" , ou Gervaise "grande fluette, hoquetant parfois comme une ivrogne, avec une jolie petite face ronde [dont l'] infirmité était presque une grâce". Il y a encore ceux qui portent des noms d'objets comme Lacet, ou des prénoms comme Charles qui "aimait la fraîcheur des bras humains" ou bien Harold, "l'incarnation du poulet médiocre".



Ses poulets sont comme des enfants qu'elle cajole, caresse, sollicite, avec qui elle dort, même. Elle les aime d'un amour égal. Et pourtant, quand les seize semaines sont passées, elle ne ressent aucun scrupule à leur rompre le cou à coup de serpette. C'est dans l'ordre des choses. Et même, elle ne peut supporter de ne pas être celle qui les tue.



Le quotidien de Paule s'écoule ainsi entre les moments privilégiés qu'elle passe avec eux, ses matinées au marché où elle intrigue et enchante tour à tour certains habitants du village avec ses biographies, en même temps qu'elle en irrite d'autres… Alors quand Fernand, directeur d'une grande surface, vient lui proposer de voir plus grand en participant à un projet d'exploitation révolutionnaire abritant dix mille poulets – cette idée de biographies est un concept qui relève du génie, il faut l'exporter à la ville et à plus grande échelle -, elle y voit pour ses petits l'occasion d'une nouvelle expérience, la découverte d'un terrain de jeu plus vaste. Elle veut ce qu'il y a de mieux pour eux.



Les Poulets de Paule vont devenir une marque, le soin qu'elle leur apporte et leurs biographies, des outils Marketing brillants. L'entreprise va rapidement prospérer, Paule et Fernand devront faire appel à des scénaristes pour rédiger de plus en plus de biographies. le nombre de poulets va rapidement enfler et les machines finiront par prendre sa place de Médée. Paule va alors perdre l'emprise qu'elle exerçait sur la vie et la mort de ses poulets et peu à peu, glisser vers une forme de folie, sous les yeux de Louis, son mari…

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