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Citation de Charybde2


J’ai tenté de saisir, depuis, s’il n’y avait pas un lien entre mes deux recherches, une sorte de fil souterrain qui relierait Berlin à Staten Island. La seule constante réelle, celle qui pour moi importe, c’est la surdité et l’aveuglement volontaires dont nous savons faire preuve collectivement. Pour dire nettement les choses, alors qu’on s’interroge aujourd’hui encore à propos de l’héritage d’ « Auschwitz », de la marque laissée par l’extermination sur notre culture, il m’apparaît que c’est aussi d’Oswiecim, petite ville polonaise, ou de Mauthausen, ville d’Autriche (pour reprendre le titre de l’étude de Gordon J. Horwitz, historien qui retrace la vie des habitants de Mauthausen, dans le voisinage du camp), que nous sommes héritiers : ces bourgades calmes et industrieuses, imperturbables, au bord de l’horreur. Et il y a un vertige à considérer ces villes où une vie normale suivait son cours.
Ces temps sont révolus, n’est-ce pas ?
Pour parvenir à « fonctionner » dans notre monde, il reste pourtant nécessaire de fermer les yeux, d’alléger notre conscience, de l’ancrer dans un présent inoffensif et lisse.
La question du devenir de nos ordures ménagères est légère, dans le sens où aucune vie n’est en jeu, aucune mort, mais elle est symptomatique de l’aveuglement volontaire dans lequel nous vivons. Si le désastre écologique associé à notre consommation effrénée est préoccupant, s’il semble désormais évident qu’aucun geste de « sauvera » la planète, sinon un geste révolutionnaire et un changement radical de nos modes de production, ce qui me frappe surtout, c’est l’enclave mentale que nous nous construisons, l’illusion d’une ville propre, d’où disparaissent comme par magie tous les déchets, toutes les salissures.
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