Meeting green-fingered French poet Lucien Suel
Sur la digue, avec des bouts de craie venus du crétacé -un autre nom pour la falaise-, les filles ont tracé un quadrillage. Terre et ciel, bois et goudron. Le palet poussé du pied, à cloche pied, traverse les cases. Le vent d’ouest fait claquer le linge sur la corde. Les robes à volants tourbillonnent. Cris des enfants, des mouettes et goélands. Penchée en avant, déséquilibre compensé en relevant la jambe gauche, Tite Mauricette lance dans la septième case. La voie est libre. La porte dans les nuages va s’ouvrir pour accueillir la fillette Behind The Rainbow au paradis des mouettes. Au prochain coup, elle ira au ciel. Saute et saute. Passe passe, petite passe, la dernière restera.
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Je lève l’œil au plafond au ciel de lit au ciel de l'art. Je m'allonge dans l'herbe des allées.
Je me couche dans la luzerne entre les draps blancs et bleus du ciel au milieu des âges. Des visages souriants me regardent.
Larme à l’œil, je récite les noms de ceux qui me précédèrent, me parlèrent au berceau ou dans les livres d'images.
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Aujourd’hui les vrais héros désertent les usines. Ils s’enfoncent du papier dans les oreilles et savent brouillonner dans les marges.
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Toute la salle commence à murmurer.
Le conférencier dévide son discours dans une odeur de sueur de pieds et de cigarette blonde.
La vie à l'envers au service de la machine
Travail pour la machine.
Sueur pour la machine.
Force pour la machine.
Amour pour la machine.
Les phrases défilent dans la flamme jaune et fuligineuse d’un briquet à essence qui lit à la vitesse de la lumière en brûlant l’être de papier.
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Tout est faux. Rien n’a changé. Communication croissance consommation contrôle. Standardisation du citoyen-citadin-conso-mateur. Les prévisions météorologiques restent sombres avec des flaques de lumière ici et là, maintenant ou ailleurs : zestes de drogue sexe & rock’n roll, prose bop spontanée à l’assaut des slogans par la méthode cut-up -coupé collé découpé décollé-, poèmes ready-made express, mixages verbaux monstres, profusion et désinvolture gaie de la langue, délire de la lyre, notes sur le décor moderne et son éparpillement, mysticisme punk rustique, auto-dérision et zéro nostalgie.
La formule individu brille magnifiquement dans le noir.
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(Préface à la nouvelle impression aux éditions QazaQ)
Blanche étincelle au creux de mes nuits. Blanche étincelle dans mon sommeil. Le plus souvent, au milieu d’un rêve, elle apparaît. Quelque fois, cela me réveille et les yeux encore fermés, je la regarde s’évanouir. C’est ainsi, ce matin, avant l’aube
Fantômes du passé et touristes d’aujourd’hui errent dans la ville historique
...
Leur avenir est déjà présent dans les ruines médiévales de la forteresse.
Je ne suis pas enfermée. Je suis protégée. J'en ai besoin. Je reprends des forces. Je ne veux pas projeter de sang sur les murs de ma chambre. Je ne veux pas retourner mon lit. Je ne veux pas sauter par la fenêtre. Je ne veux pas rester ainsi avec les mains sur les yeux dans le noir de mes fautes, de toutes mes erreurs. Je veux exister en moi.