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3.39/5 (sur 184 notes)

Nationalité : France
Né(e) à : Var , 1971
Biographie :

Lucile Bordes est maître de conférences à l’université de Nice, elle anime également des ateliers d’écriture.

Dans son premier roman, «Je suis la marquise de Carabas» (Liana Levi), elle écrit la geste d’un grand clan de marionnettistes français qui se trouve être sa famille.

C’est au musée Gadagne, à Lyon, qu’elle a enfin pu voir une partie des décors et des marionnettes de ses arrière-arrière-grands-parents.

Elle vit à La Seyne-sur-Mer.

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Ravi de vous retrouver pour ce 2e épisode de la Voix des libraires, consacré aux derniers coups de coeur de nos équipes !    Les livres chroniqués, disponibles en librairie, sur decitre.fr (https://www.decitre.fr/) et furet.com (https://www.furet.com/) :   L'étoile absinthe - Jacques-Stephen Alexis - Ed. Zulma Final Fantaisie - François Cusset - Ed. POL Etats d'urgence - François Szabowski - Ed. le Tripode Que faire de la beauté - Lucile Bordes - Ed. Les Avrils Le chemin de la liberté - Jennifer Richard - Ed. Albin Michel Les pantoufles - Luc-Michel Fouassier - Ed. Folio Tu as vu le visage de Dieu - Gabriela Cabezon Camara - Ed. de l'Ogre Les abeilles grises - Andrei Kourkov - Ed. Liana Lievi Un long si long après-midi - Inga Vesper - Ed. La MartinièreLe rat, la mésange et le jardinier - Fanny Ducassé - Ed. Thierry Magnier La passeuse de mots - Alric et Jennifer Twice - Ed. Hachette Romans Lore Olympus - Rachel Smythe - Ed. Hugo BD Musique : Joakim Karud - Longing Retrouvez notre autre émssion, La Voix des auteur(e)s : https://smartlink.ausha.co/la-voix-des-auteur-e-s  © Tous droits réservés, Groupe Furet du Nord / Decitre.

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Citations et extraits (63) Voir plus Ajouter une citation
Changer de vie, paraît-il, ne s’improvise pas. Dans mon cas cependant il s'agissait plutôt de fuir ses semblables, de se mettre à l'écart du monde, ce qui, au niveau de misanthropie que j'avais atteint, ne demandait pas tant de préparatifs. La folle m'avait permis de tenir, ses mots sous les yeux comme un tube de ventoline dans la poche, deux bouffées en cas de crise. Après son départ, j'avais ressenti le besoin d’un traitement de fond.
J'avais alors quarante ans, un mari, un travail, une maison. Et quoi? Qu'est-ce que ça dit de moi? Je n'avais pas de plaisir. Tout me pesait.
L'écriture même était devenue un fardeau. J'aurais aimé qu'elle soit magique, qu'elle ait le pouvoir de modifier les choses, de leur donner du sens, mais elle n'était qu'un regard, rien de plus qu’une façon d'être. Je ne supportais plus son ambivalence. Qu'elle soit à la fois la preuve irréfutable de mon humanité et le signe flagrant de mon anachronisme. p. 95
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Les inscriptions sur les tombes, bien sûr, tout le monde peut les déchiffrer. Mais moi j'ai accès à ce qui ne s'affiche pas. Je sais qui est seul qui croyait être plusieurs, et dort au large dans onze mètres carrés. J'en connais qui s'entassent, misère ou hospitalité excessive, dans la mort comme dans la vie.(...)
Certains morts renoncent à l'hypocrisie et font mentir l'expression "emporter ses secrets dans la tombe".
p51-52 (Réalité des fantômes, p47-56)
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Car la guerre [1939-1945] n'a pas arrêté le cinéma. Les actualités, oui, c'est actualité unique. Mais les Allemands tiennent à ce qu'il y ait du spectacle, pour éviter que les gens se réunissent par désoeuvrement. Les bals, c'est défendu. Sortir en voiture, c'est défendu. Les cinémas marchent bien, du coup, y a plus que ça, comme distraction ! Et c'est bon pour la propagande. Pour un film français avec Fernandel, il faut louer un film allemand. Ils ne sont pas obligés de tout passer, mais enfin... les Allemands aiment mieux qu'on loue leurs films.
(p. 128-129)
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Tu es la personne idéale. J'ai réfléchi. Ce que je veux raconter, je ne peux le raconter qu'à toi. Peu importe ce que tu en feras. Que tu lises ces pages, que tu les détruises, elles seront passées entre tes mains, et en cela elles auront existé. Ne prends pas mal mon indifférence à ton égard. Si je me moque de connaître ta réaction, je ne t'ai pas non plus choisi par hasard. En ce moment m^me, tandis que je te veille, assise sur le fauteuil, tu dors dans le lit où personne d'autre que moi n'a dormi depuis des années. Demain tu partiras sans doute pour toujours, sans qu'il soit possible en tout cas que nous nous assurions mutuellement de "nous revoir bientôt". Enfin, tu es pour moi un parfait étranger. Ne sois pas surpris. Ce sont trois raisons valables de te remettre cette confession.
Je te le redis : fais-en ce que tu veux. Garde-la, jette-la, lis-la ou non. J'ai depuis longtemps compris que je m'étais trompée en pensant qu'écrire, c'était graver dans le marbre. je crois maintenant que c'est aller trouver un inconnu et lui donner un boit de papier. Un livre après tout ce n'est que ça : des mots qu'on tend à quelqu'un qu'on ne connaît pas, sans savoir ce qu'il en fera.
(pp.9-10)
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On a souvent dit, après coup, que l'Union soviétique finissait là, à Tchernobyl. mais seule l'URSS, l'utopie qu'elle représentait encore, pouvait demander à cinq cent mille hommes de donner leur vie (il fallait le faire diraient les survivants, sans esquisser un geste pour essuyer les larmes sur leur menton).
Donner sa vie, on meurt pour moins que cela.
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Je me rends compte, en y repensant, que j'étais morte de trouille. Je ne savais pas que la radioactivité tuait à petit feu. Je m'attendais à une mort foudroyante, une asphyxie, quelque chose comme un empoisonnement au monoxyde de carbone.
p. 55
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Ces gens avaient tout perdu. Il ne leur restait que la chance d'appartenir à un pays qui n'abandonnait pas les siens.
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Emile avait un pays, le théâtre, le périmètre de la baraque, l'espace qu'occupaient ses figures de bois.
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L'absence de Petro était à ce point libératrice que je ne pouvais pas m'empêcher de souhaiter sa disparition pure et simple, définitive. Qu'il ne revienne pas. Sur le plan pratique même, il était avantageux qu'il ne revienne pas. Plus de problème de divorce.
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LES BRUITS DU MONDE
(Félicité, le Bas-Pays, 2018)
Le jour du lucane
J’ai marché sur un lucane.
C’était un 8 juin.
Il se traînait, englué dans la flaque d’essence entre la pompe et la voiture, et j’ai marché dessus…
J’ai senti que j’écrasais quelque chose, et aussi que c’était vivant, parce que ça s’est étalé d’un coup après une très légère résistance (la carapace). Je savais avant de regarder, à la façon visqueuse dont ma sandale avait glissé, que ce serait dégueulasse, j’ai baissé les yeux à regret. Le lucane agonisait dans la flaque d’essence où trempait aussi mon pied droit. J’ai eu le temps de voir distinctement les griffes sur les pattes de l’insecte, qui faisaient comme des épines de rosier. Il n’arrivait plus à avancer, se balançait seulement dans le liquide épais.
Le plein était fait, putain – je t’ai dit comme j’étais grossière, et en moi-même je le suis souvent – je venais de réussir à remplir le réservoir de la bagnole, j’allais remonter dedans et me tirer enfin, après une demi-heure à attendre mon tour à la pompe, devant moi d’un côté une grosse femme en rouge et de l’autre un vieux en bleu qui n’arrivait pas à se servir, trop énervé pour suivre les instructions de l’automate, et cherchait mon regard, mais il n’était pas question que je le prenne en pitié, que je l’aide, les vieux à ce moment-là je n’en pouvais plus, celui-là par exemple j’étais sûre que son réservoir était aux trois-quarts plein mais qu’il s’était rué en entendant comme moi à la radio que les agriculteurs bloquaient les raffineries, il pouvait toujours courir pour choper mon regard, j’ai fait celle qui voyait à travers lui avec une facilité déconcertante, un genre de naïveté impitoyable, du grand art, et tant pis s’il se faisait insulter par les autres derrière moi qui étaient pressés aussi, sous la torture j’aurais refusé d’envisager ce vieux, c’est bien simple pour lui je n’avais pas de visage et lui n’en avait pas pour moi, d’ailleurs je m’en foutais j’avais déjà pris mon parti de passer à droite, après la grosse femme en rouge, impassible celle-là comme si seule dans un univers vide, un univers réduit à la pompe numéro trois de la station-service, la pompe et rien d’autre autour, un désert, à son rythme elle allait, la grosse femme, pas très efficace (elle avait mal positionné sa voiture) mais toujours plus que le vieux de l’autre côté, c’est aux autres derrière moi que le vieux allait faire perdre du temps, ils le savaient et l’insultaient en conséquence, pas mon problème. J’avais enfin fait le plein putain, j’allais pouvoir aller bosser, deux fois déjà ce matin j’avais essayé de prendre de l’essence et renoncé devant la file de voitures qui s’enroulait autour du rond-point, j’avais pris la voie de gauche pour sortir de la queue et roulé jusqu’à la plage le temps de réfléchir un peu, l’ordinateur de bord indiquait vingt-trois kilomètres d’autonomie, j’avais commandé un café en terrasse, assez pour arriver chez le collègue qui m’attendait afin d’examiner des dossiers et me rendre ensuite à la fac mais pas assez pour en revenir, est-ce que je prenais le risque de rester en rade là-bas, je réfléchissais à ma journée en portant la tasse à mes lèvres, ça me semblait difficile de ne pas y aller, il fallait que je trouve une voiture, j’ai appelé mes parents, payé le café, tourné le dos à la mer (la mer non plus n’a pas de visage, et n’envisage pas, c’est un visage de mer que j’opposais au vieux, un visage qui ne reflète rien, que le ciel, qui est vide), contre toute attente au rond-point ça roulait et j’ai pu m’engager sur une des pistes de la station-service, changeant mes plans in extremis, parce que de l’essence il m’en fallait, il m’en faudrait quoi qu’il en soit, ça pouvait durer cette histoire, et la pénurie s’installer très vite dans tout le Bas-Pays, avec les raffineries toutes proches et les vieux très nombreux. J’ai appelé le collègue avec lequel j’avais rendez-vous pour dire que je serais en retard, devant moi par miracle il n’y avait que deux voitures desquelles étaient sortis chacun à leur tour la grosse femme en rouge et le vieux en bleu, j’avais choisi la piste de droite derrière la femme, bien m’en a pris, enfin c’était à moi et l’automate fonctionnait (du côté du vieux j’entendais une voix énoncer les différents choix de carburant, et le vieux parler seul, et les coups de klaxon), je raccrochais la pompe et me penchais pour revisser le bouchon du réservoir quand j’avais senti un truc sous mon pied et maintenant le lucane agonisait dans la flaque, un lucane femelle de près de quatre centimètres, un beau spécimen comme je n’en avais pas vu depuis peut-être des années, depuis des vacances gamine à la campagne. J’ai eu envie de vomir.
J’ai hésité à l’achever. Il suffisait sans doute que je marche franchement dessus mais je n’étais pas sûre d’y arriver, n’ai pas essayé, m’en suis voulu longtemps. Je me sentais aussi mal que la veille devant les images à la télé de l’orang-outan assassiné.
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