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4.38/5 (sur 8 notes)

Nationalité : Brésil
Né(e) à : Curvelo, Minas Gerais, Brésil , le 14 aout 1912
Mort(e) à : Rio de Janeiro , 1968
Biographie :

Roman polyphonique, 'La chronique d'une maison assassinée' est un huis clos étouffant et vénéneux. Au fin fond du Minas, Nina, fraîchement débarquée de Rio, se confronte violemment à la famille Meneses. C'est une lutte à mort qui se construit autour de deux épisodes distincts : les amours de Nina avec le jardinier et celles avec le fils né de cette union scandaleuse. Composé de lettres, de confessions, de témoignages et rapports de médecin ou de prêtre, ce feuilleton brésilien palpitant navigue en eaux troubles, entre amour fou, amour haine, soupçons et fatalité.

Source : Evene
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Citations et extraits (4) Ajouter une citation
Ce fut alors, après avoir longtemps contemplé le corps sans proprement comprendre ce que je me représentais, que j’ai réalisé qu’elle était véritablement en train de mourir, car sa présence, ainsi qu’un fluide s’étant entièrement consumé, avait commencé aussi à s’éloigner des choses, à déserter les objets comme aspirée par une bouche énorme et invisible. Tout ce qui avait eu trait à la chaleur de son corps refluait des objets qu’elle avait touchés en vie et qui avaient jusque-là gardé la marque de son passage. Comme sous l’effet d’une drogue, je regardais dans tous les sens et je voyais se dévider cette présence des meubles, du lit, des fenêtres, des rideaux, s’écoulant en filets sur le sol et formant de légers ruisseaux d’endeuillement, puis se transformant en fontaines ascendantes et solennelles, s’enchevêtrant tout autour des rideaux, s’unissant à tous les liquides en présence, composant enfin le torrent réuni des souvenirs et des sentiments qui irait désormais se déverser dans l’immense estuaire du néant.

(traduction libre)
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Que représentent les faits dont nous nous souvenons, sinon la conscience d'une lumière fugitive planant dissimulée au-dessus de la vérité des choses?

(traduction libre)
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[...] ... A présent, suppose un instant que j'ai écrit cette lettre, que j'ai posé un verre devant moi et que j'y ai versé tout le tube de somnifères en attendant d'avoir le courage de le boire. Je mens, Valdo, ce n'était pas cette lettre que j'ai écrite à ce moment-là, le verre devant moi. Je voulais en faire ma somme, mon testament. Pour remplir de l'écho de mes cris ta vaste maison, pour traquer les coupables dans leur cachette. J'ai accusé Demétrio pour ce qu'il a fait, en affirmant que jamais je ne le lui pardonnerais, ni dans ce monde, ni dans l'autre. Je prévoyais les raisons qu'il saurait trouver à ma mort. Que d'adultères, que de péchés ne supposerait-il pas que je serais en train de commettre de l'autre côté ? Je ne peux te dire le plaisir avec lequel j'écrivais en imaginant mon propre corps entre quatre cierges allumés, livré à la curiosité des autres. Les morts ont leur langage et ils transmettent un message qui est à la fois un avertissement et une condamnation de ce que nous vivons. J'ai écrit des pages et des pages, et je ne sais pas combien au juste. Quels sanglots, quels appels et quelles malédictions ai-je jetés sur le papier ! Je suis seulement sûre que c'était un amoncellement confus que tu n'aurais eu ni la patience, ni l'intérêt de déchiffrer. Ainsi, je ne me souviens plus du temps que j'ai passé à écrire cette lettre, je me souviens seulement qu'il était tard et que la plume m'était tombée des mains lorsque j'ai entendu la porte s'ouvrir et la voix du colonel Gonçalvez résonner à mes côtés. .... [...]
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[...] ... - "Mon père, est-ce que moi non plus, je ne serai pas sauvée, puisque j'ai péché, comme les autres ?"

Que dire, que répondre à ce moment crucial ? Je regrettais presque ma vocation sacerdotale, j'ai poussé un soupir de tristesse face à l'aveuglement des hommes et à leur désarroi. Pourquoi s'adressait-elle à moi, un pauvre prêtre, vieux, sans lumières spéciales, dont le seul objectif était de servir et de craindre Dieu et non de résoudre ces problèmes de l'homme ? Que croit-on que nous sommes, nous, curés de campagne, sinon de tristes bêtes corvéables à merci, des hommes aveugles comme les autres mais qui désirons avec anxiété ne jamais sortir du droit chemin ? Comment définir le droit chemin devant les multiples chemins existants ? Comment attirer l'attention de Dieu ? Je me suis éloigné, mais elle implorait mon secours avec un mélange de paroles incohérentes et de larmes. Je me suis approché des grilles [de la propriété] et j'ai regardé le ciel qui s'obscurcissait. Un vide immense s'est fait dans mon âme, comme si rien ne subsistait en elle, ni la crainte, ni le souvenir de Dieu. Un goût amer et lancinant est monté d'un seul coup à ma bouche.

Non, je ne pouvais rien lui dire. Un jour, je lui avais dit quelque chose à ce sujet, mais il y avait si longtemps de cela. Et c'était justement ce qu'elle devait avoir sur le coeur. A quoi bon répéter maintenant les mots qui avaient un vrai sens à l'époque et qui me semblaient maintenant tellement étranges et paradoxaux, comme si d'autres les avaient prononcés à ma place ? La Maison des Meneses n'existait déjà plus. Ce dernier réduit, cette chambre de cave qui avait abrité autrefois l'amour et l'espérance, était prêt à s'écrouler aussi, et c'était cet abri qu'Ana avait élu comme refuge. A cet instant, la Maison des Meneses disparaissait pour toujours. Je voyais sa dernière clarté sur ce grabat d'agonisante. Ah ! Sans doute aurais-je pu lui dire : "Ma fille, ce que j'ai dit est toujours valable. Nous n'en sommes pas responsables, mais c'est valable. Nous sommes si nombreux à confondre Dieu avec l'idée du bien ... Si nombreux à Le réduire à une notion de mal, à éviter ... Et pourtant, le bien est une mesure des hommes. Comment mesurer avec lui l'Infini qu'est Dieu ?" Ce sont les mots qui ne me venaient pas à la bouche parce qu'elle ne les comprendrait pas et qu'elle continuerait à me prendre à partie, non pas au nom de Dieu, qu'elle ne connaissait pas, mais au nom de ce péché qui l'avait tourmentée sa vie durant. Ainsi, solitaire, cette âme devait souffrir? jusqu'au bout? des conséquences de ses erreurs. Je me trompe peut-être, peu importe. ... [...]
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