La peur est une chose étrange, reprend-elle. C'est peut-être la plus puissante de toutes les émotions que nous sommes capables d'éprouver, et c'est souvent la plus irrationnelle, en apparence. La plus insidieuse, aussi. Elle peut vivre des années en nous sans se manifester pour surgir avec toute sa force au moment où nous nous y attendons le moins. L'ironie, bien sûr, conclut-elle dans un sourire, est que la plupart du temps notre peur est plus révélatrice de ce qui nous habite que de ce que nous percevons comme une menace extérieure.
- Avez-vous jamais entendu parler du syndrome de Munchhausen, mademoiselle DeBreen ? Elle s'est exprimée si vite que je ne suis pas sûre d'avoir saisi. Désarçonnée, je lui demande de répéter. "Le syndrome de Munchhausen, répète-t-elle en détachant les mots. On l'observe chez les personnes qui simulent ou mettent délibérément leur vie en danger pour attirer l'attention sur elles."
"La sécurité est un problème qui nous préoccupe tous, reprend gentiment Elena, sans plus plaisanter, cette fois.
Tous ceux d'entre-nous qui réfléchissons en tout cas. Seulement, n'est-ce pas,nous devons vivre avec les autres. Prendre le bus. Traverser la rue. Sortir la nuit pour promener nos chiens. Or, que se passe-t-il si nos peurs prennent le dessus ?
- Nous devenons des infirmes. Des prisonniers."